Citations de Fatima Daas (149)
Elle a le regard fragile, pas sûr, pas certain, dur et délicat, doux.
Des yeux marron, presque noirs, ténébreux.
Elle oscille entre légèreté et sérieux.
Elle rit de tout, des autres et surtout d’elle-même.
Elle dit que le rire protège.
Dans le bus, je veille à ce que la femme avec son enfant, la femme enceinte, la femme âgée ait une place.
Je porte mon attention exclusivement sur les femmes.
Je me sens obligée de jouer à la justicière, de défendre les autres, de parler à leur place, de porter leurs paroles, de les rassurer, de les sauver.
Je crois que c'est terrible de dire "Je t'aime".
Je crois que c'est aussi terrible de ne pas le dire. De ne pas réussir, s'en empêcher.
L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi.
Ça raconte l'histoire d'une fille qui n'est pas vraiment une fille, qui n'est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d'autre ?
Tu vois, Fatima, tu dis que tu ne m’aimes pas, que tu n’as pas aimé, que tu n’es pas tombée amoureuse, mais là, quand on est ensemble, sous les draps (elle dit ça en montrant le lit), là, sous la douche (elle dit ça en pointant du doigt la salle de bains), ta manière de me regarder, de m’attraper la nuque, de mordiller mes lèvres, ta manière de sentir mon cou, de poser ta main entre mes cuisses, tout ça, qu’est-ce que ça veut dire ? Tu me fais l’amour comme si tu m’aimais, mais ce n’est pas le cas. Soit on baise, soit on fait l’amour, Fatima. Mais arrête de faire semblant !
[...] Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion.
[...] Je partais pour qu’on me retienne.
Je suis la seule fille du groupe mais je ne le sais pas encore.
Amina est algérienne musulmane, mais ce n'est pas marqué sur son front.
Tout le monde dit que sa famille est "francisée", parce que Amina va au conservatoire de musique à Livry, elle fait du piano et aussi de la gym.
Sa mère ne porte pas le voile.
Son père n'a pas de longue barbe.
Je porte le nom d'un personnage symbolique en islam.
Je porte un nom qu'il ne faut pas salir, un nom que je dois honorer.
Je m'appelle Fatima et je sens Dieu partout où je vais, partout où je suis.
Je sens Sa grâce m'envelopper.
Mon père s'appelle Ahmed. Ahmad, digne d'éloges.
Ma mère, Kamar, la lune.
Nous quittons Saint-Germain-en-Laye pour emménager dans une ville de musulmans : Clichy-sous-Bois.
En dehors de ma famille, à Clichy-sous-Bois, les personnes avec qui je grandis, le voisinage, les amies, les camarades de classe sont presque tous des musulmans. Alors je n'ai pas de mal à être une "musulmane".
Toutes les petites filles ne veulent pas être des princesses.
Je déteste tout ce qui se rapporte au monde des filles tel que ma mère me le présente, mais je ne le conscientise pas encore.
Mon père m'accompage à l'école, parfois.
Il ne vérifie pas mes devoirs.
Il ne demande pas ce que j'ai appris.
Il compte sur ma mère pour le faire.
Ma mère dit souvent : "Je fais mon wajeb."
Le wajeb : le rôle.
Son rôle de mère.
Un rôle : fonction remplie par quelqu'un; attribution assignée à une institution. Ensemble de normes et d'attentes qui régissent le comportement d'un individu, du fait de son statut social ou de sa fonction dans un groupe.
Mon père ne parle pas de son wajeb.
Avant moi, il y a trois filles.
Mon père espérait que je serais un garçon.
Pendant l'enfance, il m'appelle wlidi, "mon petit fils".
Pourtant, il doit m'appeler benti, ma fille.
Il dit souvent: "Tu n'es pas ma fille".
Pour me rassurer, je comprends que je suis son fils.
Fatima est la plus jeune fille du dernier prophète, Mohammed - Salla Allah alayhi wa salam, paix et salut sur lui-, et de sa première femme, Khadidja.
« Ca raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d’autre ? »
Un rôle : fonction remplie par quelqu’un ; attribution assignée à une institution. Ensemble de normes et d’attentes qui régissent le comportement d’un individu, du fait de son statut social ou de sa fonction dans un groupe
Dieu n’a pas besoin que je prie pour Lui. C’est moi qui en ai besoin
qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d’autre ?