Citations de Fatima Daas (149)
C’est comme si une partie de moi, non, quelque chose de plus fort, de plus grand, mon double. Le double qu’on ne peut pas faire taire
Je crois que rien n'a été dit dans ma famille.
Le silence était le moyen de communication le moins codé.
Il m'a fallu du temps pour savoir que mes crises respiratoires pouvaient être déclenchées par des émotions.
J'ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu'elles ne se montrent.
Des restes de mon éducation: montrer par petites touches mais ne jamais dire.
J'ai envisagé ma relation avec Dieu comme une relation à part entière, de l'investissement, de l'amour, de la confiance.
J'ai vite compris que je ne pourrais pas aimer Dieu sans Le connaître, encore moins faire de l'islam ma religion sans avoir des connaissances solides.
" On ne se rend pas compte qu'on est musulmane et lesbienne jusqu'à ce qu'on vous le dise "
La foi c'est à la fois, quelque chose qui nous élève et nous fait tenir, mais nous fait aussi du mal
Fatima signifie “petite chamelle sevrée”. Sevrer, en arable : fatm. Cesser l’allaitement d’un bébé ou d’un jeune animal pour le faire passer à une nouvelle alimentation. Se sentir frustré, séparer quelqu’un de quelque chose ou quelque chose de quelqu’un ou quelqu’un de quelqu’un.
Comme Fatima, j’aurais dû avoir trois sœurs. Une de mes sœurs perd la vie quelques heures après sa naissance. Elle s’appelait Soumya.
Je m’appelle Fatima.
Dieu seul sait si je porte bien mon prénom.
Si je ne le salis pas.
Excusez-moi, j'aimerais descendre. Merde ! Je ne trouve plus mon ticket. Il est vraiment insupportable cet enfant. Il ne veut pas s'arrêter. Je descends à la prochaine. Mademoiselle, t'es belle. Tu peux ouvrir la fenêtre, s'il te plaît. Je suis tout écrasé. Laisse tomber, je vais raccrocher, tu commences à m'énerver. On arrive à Gare du Nord, t'inquiète, tout le monde va descendre. Pourquoi il me regarde comme ça lui ? Pervers ! Maman, il reste combien de stations ? Je ne respire plus. Bonjour mesdames, bonjour messieurs, je suis désolé de vous déranger pendant votre trajet. Alors voilà, ça fait dix ans que je suis à la rue. Je prend tout ce qu'on peut me donner, ticket-restaurant, une petite pièce. Merci, bonne journée.
Je m’appelle Fatima Daas.
J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne.
Parfois, je me demande si ce n'est pas moi qui décide.
J'ai besoin de contrôler.
J'ai besoin de me contrôler.
J'ai besoin de contrôler toutes mes émotions.
J'ai besoin de contrôler l'autre.
Je recherche une stabilité.
Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, à côté de sa vie, à côté de la plaque.
J’ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu’elles ne se montrent.
Je partais pour qu’on me retienne.
« Se rapprocher », c’est partir.
Partir : trahir, renoncer et quitter.
Puis j'ai réalisé que prouver, démontrer, me rendre légitime, montrer ce que je valais n'était pas le lot des autres élèves qui étaient à l'intérieur, au chaud. Personne n'avait à argumenter pendant dix minutes, en t-shirt, dans le froid, pour prouver qu'il avait bien mériter un dix-sept sur vingt.
Je m'appelle Fatima.
Je porte le nom d'un personnages symbolique en islam.
Un nom auquel il faut rendre honneur.
Un nom que j'ai déshonoré.
Je dis mon amour tout bas, les yeux remplis de larmes, la voix tremblante, le cœur lourd. Je jure de ne plus recommencer, d'être à la hauteur, d'alimenter ma foi, de cultiver ma croyance et mon adoration.
Je jure sans promettre.
Pourtant, il y a cette voix derrière, qui prend toute la place.
C'est comme si c'était une partie de moi, non, quelque chose de plus fort, de plus grand, mon double. Le double qu'on ne peut pas faire taire...