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Citations de Fatima Daas (149)


J’ai compris que partir ne signifie pas nécessairement rompre et abandonner
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Par ailleurs, je crois que c’est terrible de dire « Je t’aime ».
Je crois que c’est aussi terrible de ne pas le dire.
De ne pas réussir, s’en empêcher.
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Dorka, ntouma lazem derou haja kbira bach nkoun mheniya. « Aujourd’hui, c’est à vous de faire de grandes choses, comme ça je serai apaisée. »
Elle avait dit mheniya, apaisée, déchargée, soulagée, consolée.
J’aurais préféré qu’elle dise « fière ».
Mais, tout compte fait, c’est peut-être mieux d’être apaisée que fière.
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Avant, les vérités me paraissaient dangereuses à dire.
J’ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu’elles ne se montrent.
Des restes de mon éducation : montrer par petites touches mais ne jamais dire.
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Elle met une main sur ma bouche quand je m’apprête à parler.
Elle sait qu’il ne faut pas aborder les doutes.
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Ça arrive souvent que ma mère nous demande de nous taire.
Elle fait ça parce qu’elle ne veut pas que ça dérape.
En plus, ça part très vite.
Quand il en tape une, ça s’arrête rarement là.
Il en tape deux sur quatre, parfois je suis la seule qu’il ne tape pas.

Je le vois faire, je me mets entre eux, je sais qu’il va gagner, qu’à tout moment je peux me retrouver moi aussi à la même place que mes sœurs. Et quand il tire sa ceinture de son jean, là je sais qu’il faut que je parte, parce que ça me laisse des traces rouges sur les jambes et je trouve ça très moche, mais surtout ça pique fort pendant des jours et il n’y a aucun moyen de soulager ça.
Je m’écarte en sanglotant, je reviens chaque fois que j’entends une de mes sœurs pleurer trop fort ou pousser un cri.
Puis, je me retire dans un coin, la deuxième fois, heureusement ça passe vite, quelques minutes, j’entends un ou deux éclats de voix, puis des sanglots. Et c’est fini.

Le lendemain, tout le monde fait comme si de rien n’était.
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Au collège, j’ai des copines, mais je préfère traîner avec des garçons.
Nous sommes une bande de six.
Moussa, Zaidou et son petit frère Moun.
Tous les trois sont des Comoriens musulmans.
Samir est marocain musulman.
Wilkens, c’est le chrétien de la bande.

Je suis la seule fille du groupe, mais je ne le sais pas encore.

Je suis en cours de sport la première fois que j’ai mes règles.
Je réalise que je suis une fille.
Je pleure.
Le soir, je dis à ma mère que je ne veux pas.
Elle m’explique que c’est naturel.
Je déteste la nature.
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Je m’appelle Fatima.
Je porte le nom d’une Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports.

Dans le RER, une main maigrichonne se cramponne à la porte.
Un homme tient une gourde vert fluo.
Please mind the gap between the train and the platform.
Les passagers debout essaient de tenir en équilibre.
Tu peux t’accrocher à la barre de maintien, t’appuyer contre les portes, t’adosser aux vitres et guetter les passagers qui s’apprêtent à libérer leur siège. Ou agripper le bras d’un ami, si tu en as un.
Por favor, no olvide recoger todo su equipaje.
Il y a celles qui comptent les stations.
Ceux qui se disputent au téléphone.
Celles et ceux qui portent des sacs à dos.
Celles qui rient fort, que l’on remarque.
Ceux qui louchent sur l’écran du voisin.
Ceux qui, assis, plongés dans leur téléphone, leur tablette ou leur livre font abstraction de ceux qui les entourent.
Il y a les poussettes et les valises.

« Un incident a été signalé, la circulation des trains est momentanément interrompue. »
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Je me sens obligée de jouer à la justicière, de défendre les autres, de parler à leur place, de porter leurs paroles, de les rassurer, de les sauver.

Je n’ai sauvé personne, ni Nina ni ma mère.
Ni même ma propre personne.
Nina avait raison.
C’est malsain de vouloir sauver le monde.
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"Tu n'es pas méchante, petite Fatima, tu manques seulement d'affection".
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Il m'avait dit" Tu n'écriras pas un livre sur moi". Mais je n'ai pas écrit un livre sur lui, ni même sur moi. J'ai seulement rendu en mots -qu'il ne lira sans doute pas, qui ne lui sont destinés - ce que son existence, par elle seule, m'a apporté. Une sorte de don reversé.
Tout ce temps, j'ai eu l'impression de vivre ma passion sur le mode romanesque, mais je ne sais pas, maintenant, sur quel mode je l'écris, si c'est celui du témoignage, voire de la confidence telle qu'elle se pratique dans les journaux féminins, celui du manifeste ou du procès-verbal, ou même du commentaire de texte.
Je ne veux pas expliquer ma passion - cela reviendrait à la considérer comme une erreur ou un désordre dont il faut se justifier - mais simplement l'exposer.
Annie Ernaux, Passion simple.
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J'ai appelé ça le tour de table des alcooliques anonymes. Tu dois parler de ton identité. Dire le strict minimum : t'arrêter à tes nom, prénom et âge, trois choses que tu ne choisit pas.
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Je m'appelle Fatima.
Je suis une petite chamelle sevrée.
Je suis la mazoziya, la dernière.
La petite dernière.
Avant moi, il y a trois filles.
Mon père espérait que je serais un garçon.
Pendant l'enfance, il m'appelle wlidi, "mon dernier petit fils".
Pourtant, il doit m'appeler binti, ma fille.
Il dit souvent "tu n'es pas ma fille ".
Pour me rassurer, je comprends que je suis son fils.
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INCIPIT
Je m’appelle Fatima.
Je porte le nom d’un personnage symbolique en islam.
Je porte un nom auquel il faut rendre honneur.
Un nom qu’il ne faut pas « salir », comme on dit chez moi.
Chez moi, salir, c’est déshonorer. Wassekh, en arabe algérien.
On dit darja, darija, pour dire dialecte.

Wassekh: salir, foutre la merde, noircir.
C’est comme «se rapprocher» en français, c’est polysémique.

Ma mère utilisait le même mot pour me dire que j’avais sali mes vêtements, le même mot quand elle rentrait à la maison et qu’elle trouvait son Royaume en mauvais état.

Son Royaume: la cuisine.
Là où l’on ne pouvait pas mettre les pieds ni la main.

Ma mère détestait que les choses ne soient pas remises à leur place.
Il y avait des codes dans la cuisine, comme partout ailleurs, il fallait les connaître, les respecter et les suivre.
Si l’on n’en était pas capable, on devait se tenir à l’écart du Royaume.

Parmi les phrases que ma mère répétait souvent, il y avait celle-ci : Makènch li ghawèn, fi hadi dar, izzèdolèk.
Ça sonnait comme une punchline à mon oreille.
«Il n’y a personne pour t’aider dans cette maison, mais on t’en rajoute.»

En tordant mes orteils dans mes chaussettes hautes, je rétorquais souvent la même chose.
– Il faut me le dire si tu as besoin d’aide, je ne suis pas voyante, je ne peux pas le deviner.
À quoi ma mère répondait du tac au tac qu’elle n’avait pas besoin de « notre » aide. Elle prenait bien soin de dire « notre », une manière de rendre son reproche collectif, d’éviter que je ne le prenne personnellement, que je ne me sente attaquée.

Ma mère a commencé à cuisiner à l’âge de quatorze ans.
D’abord, des choses qu’elle nomme sahline : faciles.
Du couscous, de la tchouktchouka, du djouwèz, des tajines d’agneau aux pruneaux, des tajines de poulet aux olives.

À quatorze ans, je ne savais pas faire mon lit.
À vingt ans, je ne savais pas repasser une chemise.
À vingt-huit ans, je ne savais pas faire de pâtes au beurre.

Je n’aimais pas me retrouver dans la cuisine, sauf pour manger.
J’aimais bien manger, mais pas n’importe quoi.
Ma mère cuisinait pour toute la famille.
Elle élaborait des menus en fonction de nos caprices.
Je refusais la viande, j’avais du poisson ; mon père ne pouvait pas faire sans, son assiette n’en manquait pas.
Si Dounia, ma grande sœur, avait envie de frites plutôt que d’un repas traditionnel, elle l’obtenait.

D’aussi loin que je me souvienne, je vois ma mère dans la cuisine, les mains abîmées par le froid, les joues en creux, en train de dessiner un bonhomme avec du ketchup sur mes pâtes, décorer le dessert, préparer le thé, ranger les poêles dans le four.
Il ne me reste qu’une seule image : nos pieds sous la table, la tête dans notre assiette.
Ma mère aux fourneaux, la dernière à s’installer.
Le Royaume de Kamar Daas, ce n’était pas mon espace.
Je m’appelle Fatima Daas.
Je porte le nom d’une Clichoise qui voyage de l’autre côté du périph pour poursuivre ses études.
C’est à la gare du Raincy-Villemomble que j’attrape le journal Direct Matin avant de prendre le train de huit heures trente-trois. Je lèche mon doigt pour faire défiler les pages efficacement. Page 31, en grand titre : Se détendre.
En bas de la météo, je trouve mon horoscope.
Je lis, sur le quai, mon horoscope de la journée et celui de la semaine.

Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort (Sigmund Freud).

Votre climat astral : Ne vous minez pas si vous ne pouvez pas rendre service à tous ceux qui vous le demandent, pensez à vous ! Réfléchissez avant de vous lancer dans des projets de grande ampleur, ne confondez pas votre optimisme avec forme olympique.

TRAVAIL : Il faudra prendre des décisions énergiques. Votre réalisme sera largement votre meilleur atout aujourd’hui.
AMOUR : Si vous êtes en couple, faites attention de ne pas décourager votre conjoint par vos demandes excessives. Si vous êtes seule, vous pourrez rêver au prince charmant, mais ne vous attendez pas à le croiser au coin de la rue.

Je parcours ensuite les malheurs du monde en essayant de renoncer au désir d’observer les personnes dans le train.

Pas un jour ne passe sans que des passagers refusent d’avancer dans les couloirs. Le matin, je répète la même formule pas magique : « Pouvez-vous avancer, s’il vous plaît ? Il y a des personnes qui souhaitent aller au travail, comme vous. »
En fin de journée, je change de ton.
Je supprime volontairement les marques de politesse.

Ces passagers qui n’avancent pas dans les couloirs sont les mêmes qui s’apprêtent à descendre aux deux prochaines stations : à Bondy ou à Noisy-le-Sec.
Leur astuce : rester postés près des portes de sortie pour ne pas rater leur arrêt.
Dans le bus, je veille à ce que la femme avec son enfant, la femme enceinte, la femme âgée ait une place.
Je porte mon attention exclusivement sur les femmes.
Je me sens obligée de jouer à la justicière, de défendre les autres, de parler à leur place, de porter leurs paroles, de les rassurer, de les sauver.

Je n’ai sauvé personne, ni Nina ni ma mère.
Ni même ma propre personne.
Nina avait raison.
C’est malsain de vouloir sauver le monde.
Je m’appelle Fatima Daas.
Je porte le nom d’une Clichoise qui voyage de l’autre côté du périph pour poursuivre ses études.
C’est à la gare du Raincy-Villemomble que j’attrape le journal Direct Matin avant de prendre le train de huit heures trente-trois. Je lèche mon doigt pour faire défiler les pages efficacement. Page 31, en grand titre : Se détendre.
En bas de la météo, je trouve mon horoscope.
Je lis, sur le quai, mon horoscope de la journée et celui de la semaine.

Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort (Sigmund Freud).

Votre climat astral : Ne vous minez pas si vous ne pouvez pas rendre service à tous ceux qui vous le demandent, pensez à vous ! Réfléchissez avant de vous lancer dans des projets de grande ampleur, ne confondez pas votre optimisme avec forme olympique.

TRAVAIL : Il faudra prendre des décisions énergiques. Votre réalisme sera largement votre meilleur atout aujourd’hui.
AMOUR : Si vous êtes en couple, faites attention de ne pas décourager votre conjoint par vos demandes excessives. Si vous êtes seule, vous pourrez rêver au prince charmant, mais ne vous attendez pas à le croiser au coin de la rue.

Je parcours ensuite les malheurs du monde en essayant de renoncer au désir d’observer les personnes dans le train.

Pas un jour ne passe sans que des passagers refusent d’avancer dans les couloirs. Le matin, je répète la même formule pas magique : « Pouvez-vous avancer, s’il vous plaît ? Il y a des personnes qui souhaitent aller au travail, comme vous. »
En fin de journée, je change de ton.
Je supprime volontairement les marques de politesse.

Ces passagers qui n’avancent pas dans les couloirs sont les mêmes qui s’apprêtent à descendre aux deux prochaines stations : à Bondy ou à Noisy-le-Sec.
Leur astuce : rester postés près des portes de sortie pour ne pas rater leur arrêt.
Je m’appelle Fatima Daas.
Je porte le nom d’une Clichoise qui voyage de l’autre côté du périph pour poursuivre ses études.
C’est à la gare du Raincy-Villemomble que j’attrape le journal Direct Matin avant de prendre le train de huit heures trente-trois. Je lèche mon doigt pour faire défiler les pages efficacement. Page 31, en grand titre : Se détendre.
En bas de la météo, je trouve mon horoscope.
Je lis, sur le quai, mon horoscope de la journée et celui de la semaine.

Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort (Sigmund Freud).

Votre climat astral : Ne vous minez pas si vous ne pouvez pas rendre service à tous ceux qui vous le demandent, pensez à vous ! Réfléchissez avant de vous lancer dans des projets de grande ampleur, ne confondez pas votre optimisme avec forme olympique.

TRAVAIL : Il faudra prendre des décisions énergiques. Votre réalisme sera largement votre meilleur atout aujourd’hui.
AMOUR : Si vous êtes en couple, faites attention de ne pas décourager votre conjoint par vos demandes excessives. Si vous êtes seule, vous pourrez rêver au prince charmant, mais ne vous attendez pas à le croiser au coin de la rue.

Je parcours ensuite les malheurs du monde en essayant de renoncer au désir d’observer les personnes dans le train.

Pas un jour ne passe sans que des passagers refusent d’avancer dans les couloirs. Le matin, je répète la même formule pas magique : « Pouvez-vous avancer, s’il vous plaît ? Il y a des personnes qui souhaitent aller au travail, comme vous. »
En fin de journée, je change de ton.
Je supprime volontairement les marques de politesse.

Ces passagers qui n’avancent pas dans les couloirs sont les mêmes qui s’apprêtent à descendre aux deux prochaines stations : à Bondy ou à Noisy-le-Sec.
Leur astuce : rester postés près des portes de sortie pour ne pas rater leur arrêt.
Dans le bus, je veille à ce que la femme avec son enfant, la femme enceinte, la femme âgée ait une place.
Je porte mon attention exclusivement sur les femmes.
Je me sens obligée de jouer à la justicière, de défendre les autres, de parler à leur place, de porter leurs paroles, de les rassurer, de les sauver.

Je n’ai sauvé personne, ni Nina ni ma mère.
Ni même ma propre personne.
Nina avait raison.
C’est malsain de vouloir sauver le monde.
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Elle disait si tu aimes quelqu'un tu t'investis, tu lui offres ton temps, ta bienveillance et tes attentions.
Tu alimentes la relation.
Avec Dieu c'est pareil, tu ne peux pas L'aimer sans avoir à le Lui prouver.

page 108
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Il y avait des commandement à respecter.
Tu ne lui diras pas si elle te fait souffrir, si tu éprouves de la jalousie, de la tristesse ou de la rancœur.
Tu ne lui fera pas remarquer si elle te met à distance, si elle t'oublie un peu.
Tu ne lui avoueras pas que tu t'ennuies de son absence quand elle part pendant trois semaines à l'autre bout du monde, que tu attends impatiemment un appel mais que tu finis par recevoir au total deux messages.
Tu ne lui révélera pas ce que tu ressens.
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Mon père disait souvent que les mots c’est « du cinéma », il n’y a que les actes qui comptent.
Il disait smata, qui signifie insister jusqu’à provoquer le dégoût, quand il voyait à la télé deux personnes se dire « Je t’aime .
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Je m'appelle Fatima. Je suis musulmane. Pendant mes trajets, parfois j'essaie de faire le dhikr, mais toutes ces voix mélangées dégoulinent autour de moi, alors je me fonds dans le bruit des rames, dans les paroles parisiennes, dans les odeurs de sueur, d'alcool et de parfum.... Le dhikr, c'est répeter le nom de Dieu pour raviver Son souvenir.
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- Gagh nass thèb lmadlène ! - Tout le monde aime les madeleines !
(P.185)
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Fatima Daas
On aime pas les gens parce qu'ils nous aiment en retour.
On les aime. C'est tout.
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