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Citations de Antoni Ferdynand Ossendowski (51)


C'est ainsi que voyagent les Mongols: au lieu de passer par le poste de relais, ils vont de troupeau en troupeau, y capturent à l'aide de l'ourga de nouveaux chevaux, dont les propriétaires font en même temps office de guides. Tous les Mongols ainsi réquisitionnés par droit d'ourga n'ont qu'une hâte: s'acquitter au plus vite de leur tâche; aussi galopent-ils à toute vitesse vers le troupeau suivant, afin de se décharger de leur mission sur le voisin. Un voyageur ayant le droit d'ourga peut attraper lui-même les chevaux; s'il ne trouve pas de gardiens, il peut contraindre ceux qui l'accompagnent déjà à continuer, en laissant leurs propres bêtes dans le troupeau où il fait sa nouvelle acquisition. Mais la chose ne se produit que très rarement car, par peur de litiges qui pourraient survenir, les Mongols n'aiment guère abandonner leurs animaux dans un troupeau appartenant à un autre gardien.
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Au début du XXe siècle, des géographes militaires russes préparaient une carte de la Mandchourie. Ne parlant pas la langue, ils demandèrent aux villageois le nom de l'endroit. La réponse était invariablement "pu tung te" ou "je ne comprends pas". L'officier inscrivait alors gentiment sur la carte "Putungte". Résultat : le nombre d'hameaux Putungte fût pléthorique, rendant l'état-major de l'armée du tsar fou furieux !

(page 18).
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Le géant Ienisseï a toujours exercé sur mon imagination un prestige irrésistible et dominateur. J’ai déjà dit comment cette immense masse d’eau verdâtre, froide et pure, qui descend des sommets neigeux des monts Sayan, de l’Abakan, de l’Oulan taïga et des Tannu-Ola, se soulève dans sa toute-puissance et brise la dalle massive de glace sous laquelle l’hiver cherche à l’ensevelir.

J’avais éprouvé une douloureuse sensation de malaise à voir les inimaginables épaves humaines que le fleuve charriait vers le nord, comme un affreux butin, jusqu’aux solitudes glacées de l’Arctique.

Quand je vis cette débâcle, en 1920, aux premiers jours de ma fuite de Sibérie, mon cœur frémit d’indignation et des paroles de malédiction montèrent à mes lèvres. Je me trouvais si loin du XXe siècle, de sa culture et de sa civilisation, en face d’un pareil anachronisme d’horreur !
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Je sais à quel point les Pères Blancs sont dévoués à leur mission, prêts à tout, mais je sais aussi que seule l'angoisse d'une âme tourmentée ou d'un coeur blessé a pu conduire ces moines dans les solitudes du Soudan, où, comme un vaisseau perdu dans l'océan, leur labeur opiniâtre ne voit jamais briller le rayon lumineux d'un phare à l'horizon.
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Chez l'homme, vous retrouvez le pouvoir de résistance et le calme de la pierre, la faculté de régénération de l'arbre, la loi inviolable du cours des étoiles, la flamme et la chaleur du soleil.
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Je veux seulement signaler un danger possible. Tant que l'Islam,cette internationale fanatique et militante, aussi sensible que l'océan à tous les souffles du vent, ne dominera pas les conceptions des tribus nègres, la possibilité du réveil parmi les Noirs n'apportera aucune menace de bouleversement. Mais si le Coran,, avec ses espoirs secrets de victoire finale pour la doctrine du Prophète, réussit à unir toute la population de l'Afrique-Occidentale, alors il est impossible de prévoir l'avenir.
p.47
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Le houtouktou de Narabanchi me raconta ceci quand je lui fis une visite à son monastère au commencement de 1921 :

— Quand le Roi du Monde apparut devant les lamas, favorisés de Dieu, dans notre monastère, il y a trente ans, il fit une prophétie relative aux siècles qui devaient suivre. La voici :

« De plus en plus les hommes oublieront leurs âmes et s’occuperont de leurs corps. La plus grande corruption régnera sur la terre. Les hommes deviendront semblables à des animaux féroces, assoiffés du sang de leurs frères. Le Croissant s’effacera et ses adeptes tomberont dans la mendicité et dans la guerre perpétuelle. Ses conquérants seront frappés par le soleil mais ne monteront pas deux fois ; il leur arrivera le plus grand des malheurs, qui s’achèvera en insultes aux yeux des autres peuples. Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont : un, deux, trois quatre, cinq, six, sept, huit… Il y aura une guerre terrible entre tous les peuples. Les océans rougiront… la terre et le fond des mers seront couverts d’ossements… des royaumes seront morcelés, des peuples entiers mourront… la faim, la maladie, des crimes inconnus des lois, que jamais encore le monde n’avait vus.

Alors viendront les ennemis de Dieu et de l’Esprit divin qui se trouvent dans l’homme. Ceux qui prennent la main d’un autre périront aussi. Les oubliés, les persécutés, se lèveront et retiendront l’attention du monde entier. Il y aura des brouillards et des tempêtes. Des montagnes dénudées se couvriront de forêts. La terre tremblera… Des millions d’hommes échangeront les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la maladie et la mort. Les anciennes routes seront couvertes de foules allant d’un endroit à un autre. Les plus grandes, les plus belles cités périront par le feu… une, deux, trois… Le père se dressera contre le fils, le frère contre le frère, la mère contre la fille. Le vice, le crime, la destruction du corps et de l’âme suivront… Les familles seront dispersées… La fidélité et l’amour disparaîtront… De dix mille hommes, un seul survivra… il sera nu, fou, sans force et ne saura pas se bâtir une maison ni trouver sa nourriture…

Il hurlera comme le loup furieux, dévorera des cadavres, mordra sa propre chair et défiera Dieu au combat… Toute la terre se videra. Dieu s’en détournera. Sur elle se répandra seulement la nuit et la mort. Alors j’enverrai un peuple, maintenant inconnu, qui, d’une main forte, arrachera les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira ceux qui restent fidèles à l’esprit de l’homme dans la bataille contre le mal. Ils fonderont une nouvelle vie sur la terre purifiée par la mort des nations. Dans la centième année, trois grands royaumes seulement apparaîtront qui vivront heureux pendant soixante et onze ans. Ensuite il y aura dix-huit ans de guerre et de destruction. Alors les peuples d’Agharti sortiront de leurs cavernes souterraines et apparaîtront sur la surface de la terre. »
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La nature ne connaît que la vie. La mort n'est pour elle qu'un épisode. Elle en efface les traces sous le sable ou sous la neige, les fait disparaître sous une végétation luxuriante de verdure ou de fleurs. Qu'importe à la nature si une mère, à Tché-Fou ou sur les rives du Yang-tsé-kiang, fait offrande d'un bol de riz et de quelques bâtons d'encens au dieu du sanctuaire, en priant pour le retour de son fils : martyr obscur, tombé sur les plaines de la Tola, ses ossements se dessèchent sous les rayons destructeurs du soleil, et les vents en éparpillent la poussière sur les sables de la prairie. Il y a de la grandeur dans cette indifférence de la nature envers la mort, dans son ardeur à ne connaître que la vie.
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C'est ainsi que voyagent les Mongols: au lieu de passer par le poste de relais, ils vont de troupeau en troupeau, y capturent à l'aide de l'ourga de nouveaux chevaux, dont les propriétaires font en même temps office de guides. Tous les Mongols ainsi réquisitionnés par droit d'ourga n'ont qu'une hâte: s'acquitter au plus vite de leur tâche; aussi galopent-ils à toute vitesse vers le troupeau suivant, afin de se décharger de leur mission sur le voisin. Un voyageur ayant le droit d'ourga peut attraper lui-même les chevaux; s'il ne trouve pas de gardiens, il peut contraindre ceux qui l'accompagnent déjà à continuer, en laissant leurs propres bêtes dans le troupeau où il fait sa nouvelle acquisition. Mais la chose ne se produit que très rarement car, par peur de litiges qui pourraient survenir, les Mongols n'aiment guère abandonner leurs animaux dans un troupeau appartenant à un autre gardien.
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Je dois à cette circonstance que j'ai pu faire connaissance avec le peuple mongol calme, bon et honnête. Je pouvais lire dans son âme, voir sa souffrance et ses espoirs. J'ai été témoin de l'horrible état d'oppression et de peur qui sommeille face au Mystère dans ce pays où le Mystère remplit toute vie. J'ai regardé les rivières briser leurs chaînes de glace avec un claquement de tonnerre sourd pendant le froid hivernal rigoureux, j'ai vu des lacs jeter des ossements humains sur leurs rives, j'ai entendu des voix sauvages résonner dans les gorges des montagnes, j'ai remarqué des flammes de feu sur des steppes marécageuses, j'ai vu des lacs en feu, j'ai regardé gravissant des montagnes dont les sommets sont infranchissables, rencontra de grands tas de serpents qui se tortillaient hivernant dans des fosses, arriva aux ruisseaux,gelés à jamais, j'ai trouvé des rochers qui ressemblaient à des trains pétrifiés de chameaux, de cavaliers et de caravanes, et partout j'ai vu les montagnes nues, nues, dont les plis ressemblent au manteau de Satan trempé de sang dans la lueur du soleil du soir.
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L’Asie se réveille. Pleine d’énigmes, elle possède ses propres réponses aux questions posées par les destinées de l’humanité. Ce grand continent de pontifes mystérieux, de dieux vivants, de mahatmas, d’hommes qui lisent dans le livre terrible du Karma, sort d’un long sommeil. L’Asie est un océan de centaines de millions d’êtres humains, un océan démonté, agité de vagues monstrueuses.
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Il se peut qu'un jour le gouvernement français se heurte au mouvement qui commence en faveur de l'indépendance nègre. Mais il n'y a aucun doute, autant que je puisse en juger d'après ce que j'ai observé moi-même, qu'il se trouvera, à ce moment, non pas en face d'un ennemi déclaré, mais devant un "jeune" qui, au jour de sa majorité, aura reçu la préparation nécessaire pour savoir profiter de ses droits nouvellement acquis. En tout cas, ce ne sera pas une guerre qui s'en suivra, mais un traité.
p.46
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Avez-vous jamais fait attention aux toiles d'araignée poussiéreuses, à la moisissure des caves que l'on rencontre parfois dans les vieux châteaux, en Italie, en France ou en Angleterre? C'est la poussière des siècles. Elle a peut-être effleuré le visage, le casque ou l'épée d'un empereur romain, de Saint-Louis, du Grand Inquisiteur, de Galilée ou du roi Richard. A cette pensée votre coeur se contracte involontairement et vous vous sentez plein de respect pour ces témoins des siècles passés.
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J'atteignis bientôt la grand-route et engageai les services d'un paysan qui, en quatre heures, m'avait transporté à trente kilomètres et déposé au milieu d'une région très boisée. En chemin, j'avais acheté un fusil, trois cents cartouches, une hache, un couteau, un manteau en peau de mouton, du thé, du sel, des biscuits et une bouilloire. Je m'enfonçai au cœur de la forêt jusqu'à une cabane abandonnée, à moitié brûlée.
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Il y a de la grandeur dans cette indifférence de la nature envers la mort, dans son ardeur à ne connaître que la vie.
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L’homme s’éloignera du divin et du spirituel. La grande guerre a prouvé que l’humanité doit s’élever vers un idéal toujours plus haut ; mais c’est à ce moment qu’apparut la malédiction que pressentirent le Christ, l’apôtre Saint Jean, Bouddha, les premiers martyrs chrétiens, Dante, Léonard de Vinci, Goethe, Dostoïevski. La malédiction apparaissant fit reculer le progrès, nous barrant la route vers le divin. La révolution est une maladie contagieuse, et l’Europe, en traitant avec Moscou, s’est trompée elle-même comme elle a trompé les autres parties du monde. Le Grand Esprit nous a mis au seuil de notre vie , ll ne connaît ni la colère ni le pardon. Il règle nos comptes, et le résultat sera la famine, la destruction, la mort de la civilisation, de la gloire, de l’honneur, la mort des nations, la mort des peuples. Je vois déjà cette horreur, cette sombre et folle destruction de l’humanité.
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Nous suivîmes la route des courriers. Dans cette région, les Mongols n’avaient que de misérables chevaux épuisés, obligés qu’ils étaient continuellement de fournir des montures aux nombreux messagers de Daichin Van et du colonel Kazagrandi. Nous dûmes nous arrêter au dernier relais précédant Van Kure, où un vieux Mongol et son fils tenaient le poste. Après souper, il prit l’omoplate du mouton, d’où la chair avait été soigneusement grattée puis, me regardant, et plaçant l’os dans les charbons ardents avec quelques incantations, il me dit :
— Je vais vous dire votre avenir ; toutes mes prédictions se réalisent.
Quand l’os fut noirci, il le retira, souffla les cendres, et commença à examiner la surface très attentivement, puis, le mettant devant le feu, à regarder à travers. Il continua cet examen pendant longtemps puis, son visage exprimant, la terreur, replaça l’os dans le feu.
— Qu’avez-vous vu ? demandai-je en riant.
– Taisez-vous ! murmura-t-il. J’ai découvert des signes horribles.
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Les Soyotes qui vivent dans la région des Urianhays sont fiers d'être de vrais bouddhistes, convaincus d'avoir conservé la pure doctrine de Rama et la sagesse profonde de Çakya-Mouni. Au XIIIe siècle, ils préférèrent émigrer et chercher refuge au nord plutôt que de livrer combat ou de se soumettre au sanguinaire Gengis Khan qui voulait enrôler dans ses forces ces merveilleux cavaliers-archers. Trois fois au cours de leur histoire, ils ont ainsi émigré vers le nord pour éviter la lutte, et nul ne peut dire aujourd'hui que sur les mains des Soyotes on ait jamais vu de sang humain. Avec leur seul amour de la paix pour arme, ils ont combattu la guerre et ses maux.
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Il est heureux pour nous que, parmi les bolcheviks, l'incapable d'hier soit devenu le gouverneur d'aujourd'hui, et qu'au contraire des savants soient employés à balayer les rues ou à nettoyer les écuries de la cavalerie rouge. Je puis causer avec les bolcheviks parce qu'ils ne connaissent pas la différence entre "désinfecté" et "désaffecté", "anthracite" et "appendicite" ; je m'arrange toujours pour les amener à ma manière de voir, et même à les persuader de ne pas me fusiller.
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La société de cette petite créature m'avait apporté un grand soulagement et j'étais vraiment très impressionné par la façon dont mon moineau se montrait sensible à mes états d'âme. Lorsque j'étais calme, il venait se poser sur mon épaule ou sur ma tête et me piquait du bec comme pour me taquiner ou bien sautillait sur mon papier. Quand au contraire j'étais triste, il restait silencieux, à me regarder, immobile, sur le rebord de la fenêtre. Un coup d'oeil, un appel suffisait à le faire sortir de sa torpeur et il arrivait aussitôt sur ma table en pépiant joyeusement comme s'il voulait me réconforter. Le matin, il me réveillait en volant autour de la cellule ou en se posant sur mon visage. Il me regardait curieusement, semblant insister pour me faire lever, réclamant son déjeuner et de l'eau fraîche pour son bain.

C'était vraiment une intelligente petite bête: ses yeux noirs, semblables à des perles, pénétraient jusqu'au fond des âmes. Il avait de la sympathie pour le directeur de la prison qui passait faire son inspection une fois par semaine. Dès que celui-ci entrait, l'oiseau lui faisait un accueil tout à fait cordial, se posant sur la table et sautillant de la façon la plus amusante, de manière à se rapprocher petit à petit de la manche galonnée.

Au contraire, quand arrivait le procureur, l'attitude de l'oiseau était absolument différente: il se cachait dans son nid et gardait obstinément le silence. Si le magistrat prolongeait un peu sa visite, la petite créature se posait sur le rebord de la fenêtre, ouvrait les ailes et criait à tue-tête des injures à l'intrus. Une fois que la porte s'était refermée sur l'indésirable visiteur, mon compagnon se mettait aussitôt à voleter joyeusement en exprimant sa satisfaction.

Quand je fus bien assuré que le moineau était rétabli, je décidai de lui rendre sa liberté et de l'envoyer porter notre message au monde extérieur si proche de nous et cependant si affreusement loin.
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