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Critiques de Fernando Aramburu (122)
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Patria

De 1959 à 2018, l'ETA ("Pays basque et liberté") a sévi dans le Nord-Ouest de l'Espagne. Au départ organisation anti-franquiste, elle s'est au fil du temps transformée en un réseau terroriste influent, cruel, sans pitié.

Fernando Aramburu narre l'histoire de deux familles brisées par les luttes armées. Deux familles autrefois proches mais qu'une tragédie impardonnable va éloigner à tout jamais. Il est des atrocités que l'on ne peut effacer.
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Patria

L'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, pays basque et liberté) a annoncé la fin définitive de la lutte armée en Octobre 2011. Après avoir été crée par cinq étudiants basques en 1958 , les "etarras" ont tué plus de 800 personnes . des assassinats politiques mais aussi beaucoup d'innocents , comme en 87 au supermarché de Barcelone, plus de 20 morts.

L'ETA a terrorisé l'Espagne mais a aussi divisé "Euskal Herria". C'est cette division qui nous est narrée ici dans ce dense et épais roman dont on ne sort pas indemne.

Le roman commence sur cette annonce du dépôt des armes. Miren espère que son fils , emprisonné depuis de longues années, va être libéré. Son mari n'est plus qu'une loque , sa fille est paralysée et son autre fils qui a choiside s'éloigner ne donne que peu de nouvelles.

De plus Bitorri, son ancienne grande amie, est revenu au village . Elle veut découvrir la vérité sur l'assassinat de son Txato et partir le rejoindre soulagée dans sa tombe.



Pendant 600 pages, l'auteur va naviguer entre les deux familles, entre les époques. il va de façon remarquable montrer la déchirure du Pays basque, son Pays basque qu'il a quitté, l'insupportable pesanteur au sein d'un village où tout le monde soupçonne tout le monde, où la lutte armée et la reconnaissance des etarras est une quasi obligation.

Il va montrer comment l'ETA a pourri indirectement la vie de tout un peuple, entrainé dans les méandres de l'horreur par quelques fanatiques.

Bien entendu, l'impôt révolutionnaire est évoqué.L'ETA se finançait en taxant les entreprises locales qui se devaient de payer l'impôt mais aussi certaines personnalités . C'était un secret de polichinelle en Euskadi. Le grand public français l'a découvert avec Bixente Lizararu, footballeur à Bilbao, menacé par l'ETA dès son arrivée à l'Atletic (club de foot dont la singulartté est de ne jouer qu'avec des joueurs d'origine basques , ce qui est le cas de Bixente).

Tout ça est merveilleusement relaté ici, l'auteur réussissant brillamment à nous rapprocher de chacun des protagonistes , à partager leur haine, leur dégoût, leurs amours. Le personnage de Joxian , mari de Miren, est attendrissant : Soumis à une mégère qui n'a d'yeux que pour son fils impliqué dans la lutte armée, il va petit à petit tout perdre sauf son potager.



Enfin , Patria est aussi un livre sur l'Euskadi, son goût pour le vélo, ses parties de mus, le béret vissé sur la tête, les repas à la cidrerie... Il met en valeur la beauté du paysage , cette montagne qui plonge dans l'Atlantique, sans occulter la lancinante pluie qui le rend si vert.



J'ai grandi proche de la frontière espagnole et l'ETA était un sujet courant à la maison.Il a suscité la peur au sud des Landes. J'imagine la terreur du peuple basque, oscillant entre fierté et peur.

Un livre indispensable.
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Patria

un livre fleuve “à la russe”. c’est à la fois un livre historique, politique et sociologique sur la vie d’un petit village du pays basque et plus particulièrement les relations entre deux familles dur une quarantaine d’années. on voit les enfants grandir, les relations des adultes se détériorer et l ‘arrivée des petits enfants dans un contexte de transfo Romario not sociale et économique de l’Espagne. le roman est très contemporain avec la fin des idéologies, les repères moraux qui changent et le désarroi de ceux qui ont cru aux lendemains qui chantent. la barbarie est des deux côtés et l’auteur reste prudemment en équilibre entre les deux camps. Derriere l’obstination voire l’entêtement des deux femmes, il y a tout le jeu de certains des enfants, plus en lien avec l’évolution de la société, qui cherchent à rapprocher les parties. un livre passionnant qui offre un regard lucide et sans complaisance sur notre monde actuel.
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Patria

Phénomène littéraire 2017 en Espagne, le livre est le best-seller de l'année, les critiques sont souvent dithyrambiques. Je précise d'ailleurs que l'ai lu en espagnol (ma langue maternelle avec le français), je ne juge donc pas une éventuelle version traduite.

Le récit est assez long mais très prenant et nous raconte un passage de l'histoire espagnole souvent ignoré par la littérature et le cinéma: la violence de l'ETA en Euzkadi (Pays Basque); ce roman de fiction (bien qu'inscrit dans un contexte très réel) parait quelques années après la signature du démantelement de l'ETA. Dans l'ouvrage on s'intéresse plus particulièrement au sort de deux familles, l'une avec un père de famille assassiné par l'ETA, l'autre avec un fils, ancien terroriste emprisonné dans le sud de l'Espagne. La force du bouquin est sans aucun doute de nous transmettre la douleur de la famille de la victime, une violence qui les a bouleversés à vie, et de voir comment ils tentent de se reconstruire après l'assassinat. Mieux encore, le contexte de radicalisation étouffante dans un petit village basque est bien transmis (connaissant un peu la réalité politique du Pays Basque, beaucoup d'éléments sont vrais): Txato, le propriétaire d'une PME, homme aimé dans le village, est avant son assassinat, mis au ban progressivement du village car menacé par l'ETA.

La langue d'Aramburu est quant à elle assez simple, mais la construction est une réussite, on saute facilement entre les très courts chapitres de personnage en personnage et de décennie meme à certains passages que l'on raconte un peu trop d'histoires personnelles (relations amoureuses, problèmes conjugaux) j'ai parfois eu l'impression que cela tournait aux potins.



Enfin deux grandes critiques à cet ouvrage, que j'ai retrouvé parmi les rares critiques journalistiques négatives: ce livre se prétend un grand récit mais est très partiel historiquement:

- Tout d'abord les membres de l'ETA et ses sympatisants, sont présentés comme des idiots finis (José Mari et autres terroristes, Miren sa mère), des ratés qui se sont engagés par ignorance et a qui on a bourré le crane de haine. Certainement l'ETA a recruté de jeunes ignares mais nombreux d'entre eux étaient très politisés, instruits. Il aurait été intéressant de parfois faire parler dans le roman des terroristes plus nuancés (afin de comprendre mieux les raisons de leur radicalisation; car bien sur comprendre ne veux pas dire justifier).

- Deuxièmement, dans le roman l'ensemble de la société basque semble apathique à la montée de la radicalisation, voir complice. Il est vrai que dans de nombreux villages une partie de la population se taisait face aux menaces et aux extorsions (soit par sympathie avec l'ETA, soit par peur), mais il aurait été juste de parler des nombreux mouvements de la société civile qui courageusement on rejeté la violence et ont permis que l'image de l'ETA se ternisse.





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Patria

Fernando Aramburu à réalisé un travail d'investigation très minutieux pour l'écriture de ce livre. Je l'ai lu en version originale (espagnole) et la langue et l'écriture sont incroyables. L'auteur nous fait vivre presque en temps réel la vie de deux familles qui vivent de manière très différente le conflit armé. Anciennement amies, ces deux familles se retrouvent totalement opposé quand El Txato est tué par l'organisation terroriste ETA et que Joxe Mari prend part au conflit du côté de l'organisation terroriste.

Jusqu'où le pardon peut-il aller ? Que peut-on faire pour la paix ? Fernando Aramburu répond parfaitement à ces questions dans son roman.
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Patria

Commençons par le côté négatif. Beaucoup de mots sont écrits en basque, et comme nous ne sommes qu'une minorité à pratiquer l'Euskara, c'est pénible d'aller à chaque mot en fin de livre, dans le glossaire pour aller chercher la traduction (et pire encore, lorsque la lecture se fait sur liseuse).

D'autre part, une succession de chapitres relativement courts, ou l'on change de personnages et de période à chaque fois, ce qui peut dérouter facilement.

Mais il y a le côté positif, et là, je ne peux pas être avare en louanges, car dès le départ, je faisais partie d'une de ces deux familles, voire les deux, car le lecteur est invité dans la maison de chacun.

Sur fond de terrorisme basque, c'est l'histoire de ces deux familles, grands amis qui bien des années plus tard, ne se cotoient plus, se détestent, car le fils de l'une combat dans le terrorisme, et le père de l'autre est une des victimes de l'ETA.

Sans entrer dans le détail de l'organisation de l'ETA, l'auteur nous fait vivre paragraphe après paragraphe, la vie de ces deux familles, avec à leurs têtes des maîtresses-femmes qui règnent sur elles.

Roman poignant où l'on pourrait se dire à un moment qu'il va être long à lire, mais non, aucun ennui, certainement dû à cette succession de chapitres courts.

C'est un best-seller en Espagne, et je pense qu'il pourra se tailler une belle place de ce côté-ci des Pyrénées.
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Patria

La toile des souvenirs.



E.T.A. Euskadi Ta Askatasuna ("Pays basque et liberté"). Trois lettres qui inspirent autant la terreur pour certains que l'espérance pour d'autres. Présente sur le front politique et militaire, son engagement dans la lutte armée se mesure en centaines de victimes tuées ou mutilées après sa dissolution en 2018.

L'action du livre commence quelques années plus tôt. 2012, l'organisation vient d'annoncer à grande posture d'hommes cagoulés qu'elle déposait les armes. Bittori, épouse d'une victime assassinée au milieu des années 90, pense alors qu'il est temps pour elle de retourner dans son village qu'elle a dû quitter après la mort de son époux, subissant la double peine de la perte de son mari et de l'opprobre des siens. Mais sa mise à l'index avait commencé déjà depuis plusieurs années.



C'est le point de départ pour se souvenir, se remémorer des événements passés dans ce village, son village, et notamment son amitié brisée avec Miren. L'une est femme d'un chef d'entreprise qui réussit et refuse de payer l'impôt révolutionnaire exorbitant qu'on lui demande, quand l'autre est mère d'un activiste de l'ETA qui s'engagera éperdument dans la lutte armée. Elles étaient plus qu'amies, des sœurs qui ne peuvent plus se parler depuis des décennies.



À l'aide d'une technique narrative efficace alternant discours direct et indirect, et en faisant ressurgir la mémoire par bribes de souvenirs à partir d'une odeur, un son, une sensation, Fernando Aramburu compose un tableau, une toile de réminiscences dans laquelle la mémoire attrappe les événements distillés par groupes de deux-trois chapitres dans le désordre chronologique le plus complet pour mieux reconstruire sa toile et nous appâter dedans telle une araignée de la mémoire.



Ce n'est pas nouveau mais c'est admirablement fait. Et ça marche ! Peu à peu on s'accroche, on se laisse prendre, on veut savoir : pourquoi, comment on peut en arriver là... et on ne peut plus s'arrêter.

C'est l'histoire d'une organisation antifranquiste de la premiere heure qui s'est transformée de mouvement de libération, en mafia terroriste. L'adhésion qui peut paraître aveugle de ses soutiens, la reconstruction de toutes ses vies brisées, ses morts ou ses milliers de victimes collatérales, cette brûlure perpétuelle qui incendie ces âmes à la moindre braise, tout y est abordé avec lucidité, sobriété et surtout beaucoup d'humanité. C'est l'histoire du Pays basque, espagnol et français réunis.



Un roman admirable, écrit à hauteur d'homme, qui redonne ses lettres de noblesse à la fresque romanesque. Les pages mentales d'une conscience humaine bafouée sur l'autel de la violence, et dont le seul espoir réside dans le pardon des uns et la repentance des autres.

Un roman mélancolique comme peuvent l'être les souvenirs et comme le symbolise la pluie omniprésente rythmant les événements selon son intensité, dans une région réputée pour ses grandes chaleurs.

Un roman plein de contrastes et d'émotions, telle une déflagration, qui éloigne pourtant toute tristesse en se refusant au pathos et en se contentant (c'est déjà tellement) d'être profondément humain. Le genre de livres qui vous fait dire que oui, la littérature est utile à quelque chose.
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Patria

Bittori et Miren sont des amies de longue date au point d'envisager le noviciat ensemble. Mais la rencontre respective avec leur futur mari les en dissuade. Deux femmes basques de (mauvais) caractère. Et si leurs parcours diffèrent, l'une mariée à un chef d'entreprise, vit bourgeoisement, tandis que l'autre vit plus chichement avec son homme ouvrier à la fonderie du village, leur amitié perdure au fil des ans, créant entre les des deux couples un lien très fort. L'attachement à leur village, à leur pays, à ses traditions et ses paysages, ces liens qui semblent résister au temps…

Mais Bittori et Miren ne se parlent plus depuis de nombreuses années : depuis que le Txato, le mari de Bittori, a été assassiné par l'ETA, depuis que Joxe Mari, le fils de Miren, est justement entré comme combattant à l'ETA. Les deux familles sont irrémédiablement séparées. le Txato, qui gérait son entreprise de transport, refusait de payer l'impôt révolutionnaire et se vît calomnié, insulté et menacé par des graffitis apparaissant dans le village. Toute la population leur tourna le dos. Soit par militantisme, soit par peur des représailles.

Cette emprise est l'un des nombreux thèmes évoqués dans les 125 chapitres de ce roman. Des chapitres éparpillés dans le temps et les époques qui racontent l'amitié puis la haine/l'incompréhension, le rejet et la peur de ces deux familles, les deux couples et leurs enfants adultes.

Trente ans de l'histoire du pays basque, trente de violences et de haine, depuis la fin du franquisme (l'ETA dans un premier temps fut un mouvement d'opposition au Caudillo) jusqu'à la fin de la lutte armée en 2011. Que ce soit la famille de Bittori ou celle de Miren, chacun tente à sa manière de trouver sa voie dans une société bloquée et divisée. L'auteur dresse ainsi les portraits émouvants de Miren, Joxian, Joxe Miro, Arantxa, Gorka, Bittori, le Txato, Xabier ou Nerea, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses, tout simplement humains.

Et de nous montrer, s'il en était besoin que la paix et le pardon sont beaucoup plus difficiles à obtenir que la guerre, la violence et la défiance.

Un grand roman sur le pays basque, mais aussi la douleur et la résilience.
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Patria

Une inguérissable fracture dans un village basque espagnol.



Deux familles amies, brisées par un attentat terroriste de l'ETA: l'une pleurant un père, victime désigné pour ne pas avoir apporté son soutien à l'organisation, l'autre orpheline d'un fils, emprisonné pour en avoir été le bras armé.



Le livre commence après la fin de la lutte armée de l'Euskadi ta Askatasuna.

Et le récit va déplier les années de lutte, mêlant les époques et les personnages, opposant un sentiment de danger immédiat à la sérénité douloureuse et les rancoeurs du récent « cessez le feu ».



On est au plus près des familles, on suit l'embrigadement des jeunes, on subit le racket de l'ETA, l'ostracisme des non engagés, les prises de position qui fracturent les amitiés et les relations de voisinage. On vit dans la peur, la délation empirique d'être désigné comme mouchard, oppresseur ou traître à la cause.



Tout en mettant en scène le terrorisme vécu comme une guerre civile dans la population basque, le livre participe intelligemment à une étude psychologique de l'impact sur les individus, qu'ils soient victimes ou nationalistes.



Les figures des mères de famille (et en général des femmes) sont particulièrement bien construites, volontaires, têtues, implacables. Toutes les vies personnelles sont impactées, avenir et bonheur précaires, tranquillité détruite, loyauté familiale écartelée.



Radioscopie d'une époque meurtrière, d'une société sous terreur où le fondamentalisme politique a surtout fait des victimes au sein de la « nation » basque. Comment vivre après avoir perdu un proche dans un attentat terroriste venant de son propre camp ?

Et l'avenir? Des victimes qui dérangent, un oubli collectif à venir?



Un roman indispensable.

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Patria

"Il n'y a que trois solutions. Tu paies, tu te barres ou tu prends des risques. (P. 54)

...L'ETA, organisation d'inspiration marxiste à ses débuts est devenue progressivement une organisation terroriste, exécutant violemment tous ceux qui refusaient de se plier et de payer l'impôt révolutionnaire...Une guerre entre basques, une guerre dans laquelle familles de victimes et familles de terroristes vivaient côte à côte dans les mêmes rues et villages .

Un matin, parce que tu es chef d'entreprise, que tu as sans doute des moyens financiers, tu reçois une lettre expédiée par "Monsieur OXIA"...une lettre qui demande de l'argent, qui exige cet impôt ....dorénavant on ne t'oubliera plus..tu es inscrit...tu sais ce qui t'attend si tu refuses de t'y plier : la suite t'appartient....

Ainsi côte à côte vivent des familles de tueurs, des familles qui ont payé cet impôt et des familles de victimes.

Patria est ainsi une fresque romanesque mettant en scène des hommes, chefs d'entreprise, des pères, des mères, des frères et sœurs de victimes mais aussi de tueurs vivant dans les même villes et villages, des basques contraints à choisir leur camp et ainsi à en assumer les conséquences au quotidien, et accepter de devenir un tueur ou une possible victime...conséquences d'un choix qui se manifesteront encore une fois que l'ETA aura abandonné sa lutte.

Un titre sans véritable chronologie...un titre qui fut, en ce qui me concerne un vrai coup de coeur....pas toujours facile cependant

Un titre sans prise de position politique de l'auteur, qui retrace ainsi une partie de l'histoire du peuple et du pays basque au travers d'un récit qui ira explorer les conséquences d'une décision qui brisera à jamais les relations et la vie de deux familles amies à l'origine, celle du tueur et celle de la victime

Oui, Patria est un titre qui ne peut laisser indifférent, qui pose tant de questions, une agréable leçon d'Histoire de la société espagnole de l'après franquisme mais aussi et surtout une réflexion sur les conséquences familiales et humaines d'une décision, d'un choix politique.

La construction en chapitres courts, non chronologiques , alternant les époques, les lieux et la vie des deux familles, celle du tueur et celle de la victime, est parfois déroutante mais ce puzzle est agréable, mais doit s'apprécier dans la calme
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Patria

L'auteur nous raconte l'histoire de deux familles basques séparées par un attentat. L'ombre de l'E.T.A. (de ce qu'est devenu cette organisation) plane sur le livre entier. Nous suivons la vie des parents et des enfants après la mort violente d'un des deux patriarches.

Les deux "mères courage", personnages forts du récit, m'ont été passablement antipathique, aussi bien l'une que l'autre. Et les commérages de ce petit village sont insupportables, ainsi que l'attention accordée par ces femmes au "qu'en dira-t-on". La religion aussi est omniprésente dans leur vie.

Les jeunes femmes sont attachantes, l'un des protagonistes est présenté comme une brute, ce qui fait que j'ai trouvé ce livre un peu manichéen, avec les bons d'un côté et les méchants (ou plutôt la méchante) de l'autre. Mais avec le temps... (tout s'arrange).

L'intérêt réside en partie dans la description de l'évolution politique des nationalistes basques, pour certains vers la lutte armée et la mafia, pour d'autres vers le pacifisme.

Vue de France, je n'imaginais pas non plus une telle violence.

Ce livre est aussi intéressant car il montre comment s'organise le pardon et la réconciliation, ce qui a été le cas lors d'autres situations dramatiques.

Une série tirée de ce livre est diffusée en ce moment à la télévision, mais, n'étant pas abonnée à Canal + je ne la vois pas.

Il manque au glossaire en fin de livre la prononciation des mots en basque.



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Patria

Roman prenant sur le pays basque espagnol pendant les années sanglantes de l'ETA, quand deux familles se divisent et qu'il y a des victimes des deux côtés.

Ce roman s'évertue à donner le point de vue de ces victimes.
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Patria



Dans un petit village du pays basque espagnol où les gens vivent en bonne intelligence , deux familles se trouvent séparées lorsque le fils de l'une devenu militant de l'ETA est mêlé à l'assassinat du père de l'autre . Dés lors l'ancienne amitié , les services rendus dans le passé sont oubliés et remplacés par une haine qui les empêchent de se parler . L'ETA qui naquit en réaction au franquisme perdure bien longtemps après la mort de Franco et la police se trouve toujours du même coté , au service de nouveaux maîtres ( néo franquistes ) qui laissent empirer la situation et ferment les yeux sur les exactions policières et les agissements du GAL .



Les événements de cette histoire nous sont montrés à travers les vicissitudes et ressentis des

habitants du village tous aussi humains les uns que les autres mais assujettis à l'opinion des autres villageois . Des vies brisées par des revendications politiques qui les écrasent et finiront au fil des ans par s'oublier .
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Patria

Je ne suis pas basque, je n’ai pas de connaissances approfondies sur les combats menés par l’ETA, sur ce qu’a vécu le peuple basque et sur l’histoire politique de l’Espagne en général.



Mais peu importe car, ce que Fernando Aramburu nous propose ici, ce n’est pas un livre politique, c’est d’abord une œuvre littéraire, une fresque romanesque à hauteur d’homme, de père, de fils, de mère et de sœur.



Qui a tort ? Qui a raison ? Ce n’est pas le sujet.

Fernando Aramburu essaie simplement de nous dire : dans une telle voie, il n’y a pas de gagnant mais des familles en souffrance, qu’elles soient du côté des militants de l’ETA ou du côté de leurs victimes. Il y a seulement des individus, comme vous, comme moi, face à leurs dilemmes moraux, soumis au regard impitoyable d’un microcosme villageois, obligés de choisir leur camp et d’en assumer les conséquences toute leur vie.



Toute cette ambiance, ces sentiments, ces non-dits, ces déchirements, l’auteur arrive à nous les faire ressentir à travers une belle écriture et une construction de chapitres en chronologie bouleversée.



J’en retiendrai ceci : cette histoire pourrait prendre place dans n’importe quel pays tant les groupes terroristes, leurs combats et leurs méthodes se ressemblent d’un pays à l’autre. Et le grand gagnant est toujours l’ignorance, ce terreau si fertile pour les fanatismes en tous genres.



Alors, lisez, cultivez-vous, élargissez vos horizons et surtout abreuvez-vous à la source de ce message universel.



Un énorme coup de cœur pour cette fresque touchante, délicate et intelligente.
















Lien : https://belettedusud.wixsite..
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"Patria" de Fernando Aramburu, phénomène littéraire en Espagne, raconte l’impact humain de la guerre de l’ETA.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Récit des années de plomb imposées par ETA dans un village du Guipuscoa, Patria a été un véritable phénomène éditorial en Espagne.


Lien : https://www.lexpress.fr/actu..
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Patria

Lu ce livre paru en 2018 chez Actes Sud et qui est un gros pavé de plus de six cent pages mais qu'on lit avec intérêt et plaisir car le style de cet écrivain est original , direct et très évocateur. Les chapitres sont courts et tout est conçu comme une peinture par touches qui mélangent passé et présent. L'histoire se passe dans un petit village basque , en Espagne , tout près de San Sebastian et évoque à travers l'histoire de deux familles l'histoire récente de cette région au moment de la guerre menée par l'ETA pour l’indépendance du pays basque. Je pense que pour vraiment comprendre l'histoire il n' y a que le roman qui puisse en donner tous les aspects. Qui mieux que Léon Tolstoï nus fait comprendre la campagne de Russie dans Guerre et Paix? J'ai beaucoup appris de la guerre d'Algérie que j'ai pourtant , en partie vécu, dans les romans consacrées a cette période.

Eh bien je comprends mieux le problème basque après la lecture de ce beau roman.

C'est l'histoire de deux femmes Bitori et Miren qui se connaissent depuis l'enfance, qui ont voulu toutes deux devenir religieuses, qui toutes les deux se sont mariés et ont eu des enfants et que le conflit basque va séparer. Le mari de Bitori a refusé de payer l'impôt révolutionnaire d'ETA ( en réalité soyons clair une rançon sous la menace) et il est tué devant sa maison alors du doigt et et sa famille montré par le reste du village.

Au fil de la lecture nous voyons la vie de ces deux familles, leurs bonheurs et leurs malheurs et les liens , quelques fois forts qui existaient entre eux détruis par l'attentat. Nous suivons le drame d' Arantza victime d'un accident neurologique et qui se retrouve complètement paralysée et muette avec une scène émouvante lorsque Xavier le fils de Birotti, médecin va voir cette jeune femme avec laquelle il a flirté dans a jeunesse.

On suit l'évolution des enfants devenus des adultes, leurs histoires personnelles ,leurs amours et la façon dont ils font face, chacun a sa manière, au drame qui a eu lieu et qui déchire le village.

On suit les ravages que fait le ressentiment, la division, la haine qui s'installe et les diverses façon dont chacun fait face .Certains veulent s'éloigner, quitter cette ambiance délétère, d’autres au contraire sont en plein dans la volonté de participer a la lutte pour indépendance avec des motivations quelques fois très légères et acceptent l' inacceptable de tuer sans plus avoir aucune considération pour la personne, le meurtre devenant un acte banal de lutte et les uns et les autres se montent la tête sans réelle réflexion.L'auteur décrit très bien cet sorte d'engrenage qui fait que plus personne n'a la moindre barrière morale et particulièrement les jeunes comme le fils de Miren dont on doit constater qu'il n'est pas une lumière et qu'il suit entraîné par d'autres. Et a un moment (p.398) un des protagonistes dit ce qu'il en pense : "L'ETA doit agir dans interruption. Il n' a pas le choix. Il ya belle lurette qu'il est tombé dans l'automatisme de l'activisme aveugle. S'il ne fait pas de mal,il n'est pas,il n'existe pas, il n'a plus aucun rôle. Cette façon mafieuse de fonctionner dépasse la volonté de ses membres......." et plus loin "Je ne peux pas comprendre que des types qui prétendent défendre l' euskera tuent des euskaldunes; que des gens qui veulent reconstruire Euskadi tuent des Basques....." Tout est dit de la folie de ce genre de mouvement.Le roman est émouvant en ce qu'il nous montre des vies bousculées à la fois par les événements naturels de la vie et par la folie de certaines idéologies irresponsables. A la fin de la lecture on a envie de se dire : Quel gâchis! Tant de vies meurtries et pour quoi?


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Patria

Quand j'étais enfant dans les années 80-90, nous allions chaque année en vacances en Galice (nord-ouest de l'Espagne), dans la famille de ma mère. Deux jours de trajet en voiture depuis la Belgique, avec une étape à mi-chemin, de préférence pas au Pays Basque, qui n'était pas exactement l'endroit le plus paisible de la péninsule ibérique à ce moment.

Je me souviens d'une portion de trajet (près de San Sebastián je crois), où il fallait quitter l'autoroute pendant quelques kilomètres, et où on tombait sur des barrages de la Guardia Civil tenus par des soldats armés jusqu'aux dents. Pendant ces étés, il ne se passait pas 15 jours sans que l'ETA lance une alerte à la bombe par-ci ou par-là, dans des endroits plus ou moins touristiques à travers toute l'Espagne. Il n'y avait pas nécessairement de victimes, mais les messages de l'organisation séparatiste étaient clairs : attirer l'attention sur son « combat », montrer sa force de frappe hors du Pays Basque, faire peur aux touristes, nuire à l'Espagne et au gouvernement de Madrid.

Je me souviens qu'un de mes cousins plus âgé, militaire à Saragosse puis à Madrid, racontait que sa hiérarchie interdisait aux soldats et officiers de porter leur uniforme notamment dans les transports publics, histoire de ne pas servir de cible potentielle.

Je me souviens de l'exécution de Miguel Angel Blanco en juillet 1997, après une séquestration et un ultimatum de 48 heures*...

Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça, ni moi ni personne de mon entourage n'avons été confrontés de manière directe à la violence de l'ETA. Mais il faut croire que le contexte anxiogène de cette époque m'a marquée d'une façon ou d'une autre puisque, presque trente ans après, la colère de F. Aramburu et celle qu'il instille dans ses personnages me parle et réveille ces échos dans mes souvenirs. Et si moi (qui, après tout, n'ai vécu tout cela que depuis un extérieur lointain et protégé), je suis marquée par ce conflit, alors je n'ose imaginer ce qu'ont ressenti et ressentent encore les protagonistes directs de cette tragédie.



Même s'il est question de pardon et de repentance dans « Patria », ce sont surtout les sentiments de colère et de haine qui dominent.

La colère (ô combien justifiée) contre une violence aveugle; contre une idéologie fanatique peut-être légitime à l'origine mais poussée jusqu'à un extrémisme absurde, qui transforme des amitiés d'une vie en combat fratricide et mortel; contre la terreur éprouvée par tout qui est en désaccord avec l'ETA; contre la bêtise (et son exploitation) de certains humains bas du front qui feraient n'importe quoi pour exister.

La haine invraisemblable, quasi délirante, de ces mêmes bas du front et des partisans du mouvement, qui prétendent appartenir à un peuple opprimé par l'Etat central (qui, soyons clair, est loin d'être innocent dans cette histoire), mais qui ne se sont jamais préoccupés de tenir compte de l'avis du peuple précité (à supposer qu'ils pensent à le lui demander). Démocratie, liberté d'expression, mais qu'est-ce donc ?

A travers l'histoire de deux femmes, meilleures amies jusqu'à ce que le mari de l'une d'elle tombe en disgrâce (avant d'être assassiné) pour avoir refusé de payer l'impôt révolutionnaire (lire : le racket mafieux des chefs d'entreprises basques par l'ETA), et devenues ensuite ennemies jurées, F. Aramburu plonge dans le conflit basque pour nous le raconter à hauteur d'homme, et surtout de femme. Une plongée dans le quotidien des deux camps, allant et venant dans le temps et les générations, des années les plus violentes jusqu'à 2011-2012, après que l'ETA ait annoncé son abandon de la lutte armée.

Bien qu'à travers ses personnages, il se place aussi dans la peau des pro-ETA, on sent bien que l'auteur garde une dent dure contre l'organisation terroriste, et on comprend que la déchirure, la fracture entre les deux camps est profonde et durable : c'est bien beau de parler de réconciliation, de pardon et de page à tourner, mais n'est-ce pas infliger une double peine aux victimes ?



Grâce au mélange de styles direct et indirect et à sa construction non linéaire, ce roman est addictif, puissant et surtout, comme ses personnages, bouleversant et profondément humain.



*Âgé de 29 ans, ce conseiller municipal (Parti Popular) de la localité d'Ermua a été enlevé par l'ETA, qui exigeait, en échange de sa libération, que tous les prisonniers etarras (dispersés à travers toutes les prisons d'Espagne) soient rapatriés dans les prisons basques, et ce dans le délai surréaliste de 48h. L'enlèvement avait été ultra-médiatisé en Espagne et avait soulevé une vague d'indignation énorme, y compris au Pays Basque. En vain.
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Patria

Depuis le temps que ce livre était dans ma pile à lire, je prends enfin le temps de le lire.



En habitant au Pays Basque français, nous avons tous déjà entendu des histoires comme celle ci. Des familles, des amitiés détruites à cause de ce conflit idéologique qui dure encore parfois dans certains esprits.

L'histoire a lieu au pays basque dans un village proche de San Sebastián mais l'auteur ne nous donnera jamais le nom du village car ce qu'il se passe dans ce village s'est passé un peu partout au pays basque.



Nous suivons donc deux familles vivant dans un petit village près de San Sebastián. La première ne se remet toujours pas de la mort du père de famille El Txato, tué en pleine rue pour avoir tardé à payer l'impôt révolutionnaire. Et la deuxième marquée par l'emprisonnement d'un de leur fils Jose Mari, activiste de la première heure.

Deux familles autrefois proches, qui se côtoyaient régulièrement dans ce petit village où tout le monde se connaît et tout le monde sait ce qu'il se passe. Et maintenant deux familles que tout oppose.



Une fois que le pire est passé il ne reste plus qu'à pardonner et à oublier... Mais comment faire, comment s'y prendre ? S'il faut pardonner, Qui doit le faire ?

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Patria

Un chef d'œuvre, magnifiquement traduit par Claude Bleton.
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