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Citations de Fernando Pessoa (1984)


Considérer tout ce qui nous arrive comme autant d'incidents ou d'épisodes d'un roman, auquel nous assistons non pas avec notre attention, mais avec notre vie. Seule cette attitude nous permettra de surmonter la méchanceté des jours et les caprices des événements.

Texte n° 246.
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La vie, au bout du compte, est en elle-même une longue insomnie, coupée de sursauts lucides dans tout ce que nous pensons et faisons.

Texte n° 243.
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Je raconte avec indifférence mon autobiographie sans événements, mon histoire sans vie. [...] Si j'écris ce que je ressens, c'est qu'ainsi je diminue la fièvre de ressentir. Ce que je confie n'a pas d'importance, car rien n'a d'importance. Je fais des paysages de ce que j'éprouve. Je m'offre des vacances de mes sensations.
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Fernando Pessoa
Lorsque viendra le printemps,
Si je suis déjà mort,
Les fleurs s’épanouiront de la même façon
Et les arbres n’en seront pas moins verts qu’au printemps dernier.
La réalité n’a pas besoin de moi.
Fernando Pessoa « Lorsque viendra le printemps »
Cité dans "Le fracas du silence" de Fabien Fernandez
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En fin de compte, qui suis-je, lorsque je ne joue pas ? Un pauvre orphelin abandonné dans les rues des Sensations, grelottant de froid aux coins venteux de la Réalité, obligé de dormir sur les marches de la Tristesse et de mendier le pain de l'Imaginaire. [...]
Mais le vent traîne dans les rues, les feuilles tombent sur le trottoir... Je lève les yeux et je vois les étoiles, qui n'ont aucun sens... Et au milieu de tout cela il ne reste que moi, pauvre enfant abandonné, dont aucun Amour n'a voulu pour fils adoptif, ni aucune Amitié pour compagnon de jeu.
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Une sorte de prénévrose de ce que je serai quand je ne serai plus, me glace le corps et l'âme, comme un souvenir de ma mort future qui me hérisse au-dedans de moi. Dans un brouillard d'intuition, je me sens matière morte, couché sous la pluie, pleuré par le vent. Et le froid de ce que je ne sentirai pas étreint mon cœur d'à présent.
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Je suis un sombre stratège qui, ayant déjà perdu toutes les batailles, trace à l'avance sur le papier, et en en savourant chaque détail, le schéma précis de sa retraite finale, à la veille de chaque nouvelle bataille.

Texte n° 193.
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La vie en sa totalité ne peut être vécue que subjectivement.

Texte n° 232.
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J'ai demandé si peu à la vie - et ce peu lui-même, la vie ma l'a refusé.
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Quand je mets de côté mes artifices et range dans un coin, avec un soin amoureux et l'envie de les embrasser, mes jouets à moi - mots, images ou phrases -, alors je me sens si petit, si inoffensif et si seul, perdu dans une pièce immense, et si triste, si profondément triste !
En fin de compte, qui suis-je, lorsque je ne joue pas ? Un pauvre orphelin abandonné dans les rues des Sensations, grelottant de froid aux coins venteux de la Réalité, obligé de dormir sur les marches de la Tristesse et de mendier le pain de l'Imaginaire.
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Le monde appartient à ceux qui ne ressentent rien. La condition essentielle pour être un homme pratique, c'est l'absence de sensibilité. La qualité principale, dans la conduite de la vie, est celle qui mène à l'action, c'est-à-dire la volonté. Or, il est deux choses qui entravent l'action : la sensibilité et la pensée analytique, qui n'est elle-même rien d'autre, en fin de compte, qu'une pensée douée de sensibilité. Toute action, par nature, est la projection de notre personnalité sur le monde extérieur, et comme celui-ci est constitué, pour sa plus grande partie, d'êtres humains, il s'ensuit que cette projection de notre personnalité revient, pour l'essentiel, à nous mettre en travers du chemin de quelqu'un d'autre, à gêner, blesser et écraser les autres, selon notre façon d'agir.
Pour agir, il faut donc que nous ne puissions pas nous représenter aisément la personnalité des autres, leurs joies ou leurs souffrances. Si l'on sympathise, on s'arrête net. L'homme d'action considère le monde extérieur comme formé exclusivement de matière inerte — soit inerte en elle-même, comme une pierre sur laquelle il passe ou qu'il écarte de son chemin ; soit inerte comme un être humain qui, n'ayant pu résister, peut être un homme tout aussi bien qu'une pierre, car il le traite de la même façon : il l'écarte du pied, ou il lui passe dessus.
L'exemple suprême de l'homme pratique, car son action se caractérise autant par sa concentration que par son importance, c'est le stratège. La vie entière est une guerre, et toute bataille, par conséquent, est une synthèse de la vie. Or, le stratège est un homme qui joue avec les vies humaines comme le joueur d'échecs avec les pièces de l'échiquier. Que deviendrait le stratège s'il pensait que chaque coup de ce jeu apporte la nuit dans mille foyers, et la douleur dans trois mille cœurs ? Que deviendrait le monde si nous étions humains ? Si l'homme sentait vraiment, il n'y aurait pas de civilisation. L'art sert d'issue à la sensibilité que l'action s'est vue obligée d'oublier. L'art est la Cendrillon qui reste à la maison, parce qu'il l'a bien fallu.
Tout homme d'action est, essentiellement, énergique et optimiste, car si l'on n'éprouve rien, on est heureux. On reconnaît un homme d'action à sa perpétuelle bonne humeur. Quiconque travaille malgré sa mauvaise humeur n'est qu'un élément subsidiaire de l'action ; il peut être dans la vie, la vie dans sa grande généralité, un aide-comptable, comme je le suis dans mon cas particulier. Mais il ne peut, en aucun cas, commander aux choses ou aux hommes. Le commandement exige l'insensibilité. On gouverne si l'on est joyeux, car, pour être triste, il faut sentir.
Mon patron Vasquès a conclu aujourd'hui une affaire qui a ruiné un homme malade et sa famille. Tandis qu'il réalisait cette affaire, il a complètement oublié que cet individu existait, sauf comme adversaire sur le plan commercial. L'affaire une fois conclue, la sensibilité lui est revenue. Seulement ensuite, bien entendu, car si elle lui était revenue avant, l'affaire ne se serait jamais faite. « Ce pauvre type me fait de la peine, me dit-il. Il va se trouver dans la misère. » Puis, en allumant un cigare, il a ajouté : « En tout cas, s'il a besoin de moi pour quoi que ce soit — sous-entendu : pour une aumône quelconque —, je n'oublierai pas que je lui dois une bonne affaire qui me rapporte un sacré paquet. »
Mon patron Vasquès n'est pas un coquin : c'est un homme d'action. L'homme qui a perdu la partie peut en effet, car mon patron Vasquès est un homme généreux, compter sur ses aumônes à l'avenir.
Tous les hommes d'action ressemblent à mon patron Vasquès — chefs d'entreprises industrielles ou commerciales, politiciens, hommes de guerre, idéalistes religieux ou sociaux, grands poètes et grands artistes, jolies femmes ou enfants gâtés qui font tout ce qu'ils veulent. On commande si l'on ne sent pas. On gagne si on ne pense qu'autant qu'il est nécessaire pour gagner. Le reste — c'est-à-dire l'humanité en général, vague et informe, sensible, imaginative et fragile — n'est que le rideau de fond sur lequel se détachent ces vedettes de la scène, jusqu'au moment où disparaît ce théâtre de guignol ; elle n'est que l'échiquier banal et sans relief sur lequel se dressent les figurines du jeu — puis elles seront ramassées par le grand Maître du Jeu, qui fausse le compte des points par sa double personnalité, et s'amuse à jouer toujours contre lui-même.

Texte n° 303.
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La lecture des classiques, qui ne parlent jamais de soleils couchants, m'a rendu intelligibles bien des soleils couchants, dans toutes leurs nuances. Il existe un rapport entre la compétence syntaxique, qui permet de distinguer les différentes valeurs du cependant, du mais et du néanmoins, et l'aptitude à comprendre le moment où le bleu du ciel, en fait, est vert, et quelle part de jaune peut renfermer le vert-bleu du ciel.
C'est au fond la même chose, que l'aptitude à distinguer et celle à " subtiliser ". Sans syntaxe, pas d'émotion durable. L'immortalité est une fonction du grammairien.

Texte n° 228.
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Fernando Pessoa
LE POÈME

Un poème sommeille en moi

Qui exprimera mon âme entière.

Je le sens aussi vague que le son et le vent

Non modelé dans sa forme accomplie.

Il n’a ni stance, ni vers, ni mot.

Il n’est même pas tel que je le rêve.

Rien qu’un sentiment confus de lui,

Rien qu’une brume heureuse entourant la pensée.

Jour et nuit dans mon mystère intime

Je le rêve, je le lis, je l’épelle,

Et sa vague perfection toujours

Gravite en moi à la frange des mots.

Jamais, je le sais, il ne sera écrit.

Je sais et j’ignore à la fois ce qu’il est.

Mais je jouis de le rêver,

Car le bonheur, même faux, reste le bonheur.
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Un homme doté de la véritable sagesse peut savourer le spectacle du monde entier en restant assis sur sa chaise, sans même savoir lire, sans parler à quiconque, rien que par l'usage de ses sens et grâce à une âme ignorant la tristesse.
Monotoniser la vie, pour qu'elle ne soit jamais monotone. Rendre anodin le quotidien, pour que la plus petite chose nous devienne une distraction. Au beau milieu de mon travail journalier — toujours semblable à lui-même, terne et inutile —, je vois surgir brusquement l'évasion : vestiges rêvés d'îles lointaines, fêtes dans les parcs des anciens temps, d'autres paysages, d'autres sentiments, un autre moi. Mais je reconnais, entre deux écritures comptables, que si j'avais tout cela, rien de tout cela ne m'appartiendrait.

Texte n°171.
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Si je considère attentivement la vie que vivent les hommes, je n'y trouve rien qui la différencie de la vie que vivent les animaux. […] Nous tous, hommes et chiens, chats et héros, puces et génies, nous jouons à exister sans vraiment y penser (car les meilleurs ne pensent qu'à penser) sous l'immense paix des étoiles.

Texte n° 166.
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Je me trouve ici sans raison, comme tout dans la vie.
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Fernando Pessoa
Presque tous les hommes, dans le secret de leur cœur, rêvent d'un grand impérialisme bien à eux, de la sujétion de tous les hommes, de la soumission de toutes les femmes, de l'adoration de tous les peuples et, pour les plus nobles, de toutes les époques...

LE LIVRE DE L'INTRANQUILLITÉ.
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Fernando Pessoa
Ne pas tenter de comprendre ; ne pas analyser… Se voir soi-même comme on voit la nature ; contempler ses émotions comme on contemple un paysage — c'est cela, la sagesse…

LE LIVRE DE L'INTRANQUILLITÉ, Texte n° 252.
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Fernando Pessoa
Ce n'est pas l'amour qui vaut la peine, mais les environs de l'amour…

LE LIVRE DE L'INTRANQUILLITÉ, texte n° 271.
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Certains ont dans leur vie un grand rêve, et ils le trahissent. D'autres n'ont pas dans leur vie le moindre rêve — et ils le trahissent tout autant.
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