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Citations de Fernando Pessoa (1983)


Toute cette journée, remplie de désolation avec ses nuages tièdes et légers, a été occupée par l'annonce d'une révolution. Ce genre de nouvelles, vraies ou fausses, me cause toujours un malaise particulier, mélange de dédain et de nausée physique. Cela me fait mal à l'intelligence, que quelqu'un puisse s'imaginer qu'il va changer quoi que ce soit en s'agitant. La violence, quelle qu'elle soit, a toujours représenté pour moi une forme hagarde de la bêtise humaine. Et puis tous les révolutionnaires sont stupides, comme le sont, quoique à un degré moindre, parce que moins gênants, tous les réformateurs.

Texte n ° 160.
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Les soins extrêmes que l’on peut prodiguer à son imaginaire sont entravés par ceux que l’on accorde à l’existence. On ne règne qu’à l’écart du vulgaire.
A vrai dire, je me contenterais facilement de cette théorie si je pouvais me convaincre qu’elle n’est pas ce qu’elle est réellement, c’est à dire un vacarme confus que je fais aux oreilles de mon intelligence, pour l’empêcher de comprendre qu’en somme, il n’y a là rien d’autre que ma timidité, et mon incompétence à vivre.
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Il est noble d'être timide, glorieux de ne point savoir agir, grand de n'être pas doué pour vivre.
Seul l'Ennui, qui est distanciation, et l'Art, qui est dédain, dorent d'un semblant de satisfaction notre vie.
Ces feux follets qu'engendre notre pourriture sont, du moins, une lumière au milieu de nos ténèbres.
Seule la tristesse nous élève, et l'ennui, qui macère en son sein, est héraldique, à l'instar des descendants de lointains héros.
Je suis un puits d'actions qui n'ont même pas été ébauchées au fond de moi, de mots que je ne pensais même pas tout en arrondissant les lèvres, de rêves que j'ai oublié de rêver jusqu'au bout.
Je suis les ruines d'un édifice qui n'a jamais été que ses propres ruines, et dont quelqu'un, au beau milieu de sa construction, s'est lassé de penser qu'il voulait le construire.
N'oublions jamais de détester ceux qui jouissent, simplement parce qu'ils jouissent, de mépriser les gens gais, parce que nous ne savons pas, nous, partager leur gaieté... Ce dédain factice, cette haine de médiocre ne sont que le piédestal grossier, souillé de la terre où il s'élève, sur lequel se dresse, unique et altière, la statue de notre Ennui, figure sombre dont la face se nimbe, en secret, d'un sourire impénétrable.
Bienheureux ceux qui ne confient leur vie à personne.
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C'était un jour de congé assez vague, officiel mais guerre respecté. Travail et repos voisinaient, et je n'avais rien à faire. Je m'étais levé tôt, et je trainais pour me préparer à exister. Je marchais de long en large dans ma chambre, et rêvais tout haut à des choses décousues autant qu'irréalisables - des démarches que j'avais négligé d'effectuer, des ambitions impossibles mais réalisées fortuitement, de longues et substantielles conversations, qui l'auraient été, en effet, si seulement elles avaient eu lieu. Et dans cette songerie sans calme ni grandeur, dans cette flânerie sans but ni espoir, mes pas usaient cette matinée de liberté, et mes phrases prononcées tout haut à voix basse résonnaient, en se multipliant, dans ce simple cloître de mon isolement.
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Fernando Pessoa
Il y a trois formes de culture - celle qui naît de l’érudition, celle qui naît de l’assimilation de l’expérience des autres et celle qui naît d’une multiplicité d’intérêts intellectuels.

Poésie et culture 1924
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Le poète sait l'art de feindre.
Il feint si complètement
Qu'il en vient à feindre qu'est sa douleur
La douleur qu'en fait il sent.

Et ceux qui lisent ses écrits
Dans la douleur lue sentent bien
Non les deux qu'il a connues,
Mais celle qu'ils n'éprouvent point.

Et ainsi, en ses engrenages
Tourne, jouet de la raison,
Ce petit train mécanique
Connu sous le nom de coeur.


Autopsychographie.
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La véritable expérience consiste à restreindre le contact avec la réalité, et à intensifier l'analyse de ce contact. Ainsi la sensibilité vient-elle à se développer et à s'approfondir, car tout est en nous-mêmes ; il nous suffit de le chercher, et de savoir le chercher.
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Chaque fois que mes desseins se sont élevés, sous l'influence de mes rêves, au-dessus du niveau de me vie quotidienne, et que, pour un instant, je me suis cru dans les hauteurs, comme l'enfant en haut de sa balançoire — chaque fois j'ai dû, tout comme lui, redescendre au niveau du jardin public et reconnaître ma défaite. [...]
Je suppose que la plupart des gens, croisés au hasard des rues, emportent eux aussi [...] un même élan vers cette guerre inutile d'une armée sans bannières. Et eux tous [...] doivent connaître, comme moi, la grande, la sordide défaite, [...] une défaite minable et boutiquière.
Ils ont tous, comme moi, une âme exaltée et triste. [...] Ils ont tous, comme moi, leur avenir derrière eux.
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J'éprouve une grande lassitude au centre de mon coeur. Celui que je n'ai jamais été me désole, et je ne sais quelle sorte de nostalgie naît de mon souvenir de lui. Je suis tombé parmi les espoirs et les certitudes, comme tous les soleils couchants.
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Fernando Pessoa
L'enfant que j'ai été pleure sur le chemin
Je l'ai quitté en devenant ce que je suis
Et maintenant que je ne suis plus rien
Je veux aller chercher cet enfant que j'ai fui.
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L'ennui… C'est peut-être, au fond, l'insatisfaction de notre âme intime, à laquelle nous n'avons pas donné de croyance, l'affliction de l'enfant triste que nous sommes, intimement, et auquel nous n'avons pas acheté son jouet divin.

Texte n° 263.
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Dire ! Savoir dire ! Savoir exister par la voix écrite et l'image mentale ! La vie ne vaut pas davantage : le reste, ce sont des hommes et des femmes, des amours supposées et des vérités factices, subterfuges de la digestion et de l'oubli, êtres s'agitant en tous sens — comme ces bestioles sous une pierre qu'on soulève — sous le vaste rocher abstrait du ciel bleu dépourvu de sens.
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S'il pouvait penser, le coeur s'arrêterait.
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Que de fois ma propre rêverie, si futile, me laisse-t-elle l'horreur de la vie intérieure, la nausée physique des mysticismes et des contemplations. Avec quelle hâte je cours de chez moi (ce lieu choisi pour y rêver) à mon bureau ; alors je vois la figure de Moreira [son chef] comme si j'étais enfin au port. Tout bien considéré, je préfère Moreira au monde astral ; je préfère la réalité à la vérité ; je préfère la vie, oui, au Dieu même qui l'a créée. C'est ainsi qu'il me l'a donnée, c'est ainsi que je le vivrai. Je rêve parce que je rêve, mais je ne supporterai pas cette injure, faite à moi-même, de donner aux rêves une autre valeur que celle de constituer mon théâtre intime, de même que je ne donne pas au vin, sans pour autant m'en abstenir, le titre d'aliment ou de besoin vital.
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Si je considère attentivement la vie que mène les hommes, je n'y trouve rien qui la différencie de la vie que vivent les animaux. Les uns comme les autres sont lancés, inconscients, au beau milieu des choses et du monde ; les uns comme les autres accomplissent journellement le même parcours organique ; les uns comme les autres ne pensent rien au-delà de ce qu'ils pensent, et ne vivent rien au-delà de ce qu'ils vivent. Ni l'un ni l'autre n'échappe à la fatalité d'être ce qu'il est.
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Or, qu’est-ce qu’un anarchiste ? C’est un homme révolté contre l’injustice qui rend les hommes, dès la naissance, inégaux socialement – au fond, c’est ça, tout simplement. Il en résulte, naturellement, une révolte contre les conventions sociales qui créent cette inégalité. Ce que je vous indique en ce moment, c’est le cheminement psychologique, autrement dit, la façon dont on devient anarchiste ; nous verrons plus tard l’aspect théorique. P 17
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Je ne me fais pas une idée nette de moi-même. [...] Je suis un nomade de la conscience de soi.
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Eux ne sont anarchistes qu'en théorie, moi en théorie et en pratique; eux sont des anarchistes mystiques, moi je suis scientifique; eux sont des anarchistes qui courbent l'échine, moi je suis un anarchiste qui combat et libère...En un mot : eux sont des pseudo-anarchistes, moi je suis anarchiste.
p92
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Fernando Pessoa
Notre vie est un voyage
Dans la nuit et dans le vent
Nous trouvons notre passage
À travers espace et temps
Rien jamais ne nous arrête
Et du soir jusqu'au matin
Chaque nuit est une fête
Et non pas un songe vain.


(" Le gardeur de troupeau")
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Nous ne savons jamais quand nous sommes sincères. Peut-être ne le sommes-nous jamais. Et même si nous sommes sincères aujourd'hui, nous pouvons très bien l'être demain pour un motif opposé.

Texte n° 211.
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