Citations de Frances Hodgson Burnett (205)
Si vous savez maîtriser votre colère, les gens sentent que vous les do-minez. Ils se laissent aller alors à proférer des choses stupides qu'ils regrettent ensuite d'avoir dites. Il n'y arien de plus fort que la colère, sice n'est l'impassibilité qui vous lafait dominer et vous en rend maître. Il faut savoir ne pas répondre à ses ennemis.
Au temps où elle était la princesse Sara et se promenait en voiture avec Mariette, son petit visage plein de gaieté et de vivacité et ses jolies toilettes avaient souvent fait retourner les passants.
Mais les enfants pauvres et mal habillés ne sont ni assez rares ni assez attrayants pour qu'on se retourne et leur sourie.
–Oh, Sara, c'est comme un conte de fées!
— Mais c'est un conte, en effet! dit Sara. Tout est un conte.
C'est plus fort que moi, il me faut imaginer des histoires et, si je ne le faisais pas, je crois que je ne pourrais plus vivre.
- La réussite, j'ai bien peur d'en être exclu.
- Bien sûr que non, le railla-t-il chaleureusement. Vous n'êtes pas mort, n'est-ce pas ? Tant que vous n'êtes pas mort depuis un mois, la chance peut vous attendre au coin de la rue.
- I'm afraid I'm down and out.
- No, you're not, with cheerful scorn. You're not dead, are you? S'long as a man's not been dead a month, there's always a chance that there's luck round the corner.
Chap. 23
Il était assez astucieux pour comprendre qu'une fille timide ne serait pas difficile à gouverner. Il avait remarqué qu'il pouvait la faire rougir d'embarras quand il lui disait qu'elle avait fait une erreur, et il pouvait la rendre misérable en affichant un air sévère et hautain.
Les armes ne manquent pas à un homme vis à vis de sa femme, s'il peut la faire se sentir dans l'erreur, gauche et sans expérience.
He was shrewd enough to realise that [...] a timid girl would not be difficult to manage. He had seen [...] that he could make her blush with embarrassment when he conveyed to her that she had made a mistake, that he could chill her miserably when he chose to assume a lofty stiffness.
A man's domestic armoury was filled with weapons if he could make a woman feel gauche, inexperienced, in the wrong.
Chap. 3
Sir Nigel avait été élevé au bon vieux temps des débuts de l'ère victorienne, à l'époque où "une gentille petite femme vous apportant vos pantoufles" était dans certains cercles considéré comme le sommet du bonheur conjugal.
Les filles étaient élevées à apporter les pantoufles comme les chiens de chasse étaient entrainés à plonger à l'eau pour rapporter des bâtons et les terriers à rapporter les balles qu'on leur lançait.
Sir Nigel had been brought up in the good Early Victorian days when "a nice little woman to fetch your slippers for you" figured in certain circles as domestic bliss. Girls were educated to fetch slippers as retrievers were trained to go into the water after sticks, and terriers to bring back balls thrown for them.
Chap. 3
Un morceau de balustrade vermoulu était tombé sur l’escalier, ramassé par Jane, juste avant qu’elle ne descende pour aller manger. Mais de quoi aurait-elle l'air face à son mari, lady Maria ou quiconque dans la bonne société, si elle leur faisait part de sa conviction qu'au sein d'une respectable maisonnée anglaise, un gentleman anglais – ex-héritier présomptif – ourdissait contre elle un ingénieux attentat digne d'un mélodrame ? [...]
« Et pourtant je pourrais être dans la mare sans fond, je pourrais être dans la mare sans fond et personne n’aurait rien su. »
It was a piece of rotten wood which had fallen from the balustrade upon the stairs, to be seen and picked up by Jane just before she would have passed down on her way to dinner.
And yet, what would she appear to her husband, to Lady Maria, to anyone in the decorous world, if she told them that she believed that in a dignified English household, an English gentleman, even a deposed heir presumptive, was working out a subtle plot against her such as might adorn a melodrama ? […]
"And yet I might have been in the bottomless pond, in the bottomless pond, and no one would have known.”
Tout le monde semble avoir quelque chose à lui reprocher, se plaignit Lucia. J'ai entendu tant de choses peu aimables ce soir que cela me rend triste. Je suis sûre qu'elle est simple et candide. Pourquoi devrions-nous attendre d'elle qu'elle soit exactement comme nous?
Au fil des jours, en dépit des différents chocs qu'elle avait encaissés, miss Belinda avait commencé à découvrir chez sa jeune invitée des qualités qui avaient touché son cœur tendre et affectueux. Tout d'abord, la jeune fille n'était pas affectée : si elle avait été un peu affectée, elle aurait peut-être été moins la cible de critiques. Elle était aimable, et amicale, et généreuse jusqu'à l'extravagance.
– Est-ce que je te plais ? demanda-t-elle.
– Oui, répondit-il avec chaleur, et rudement ! tu me plais tout à fait, et au rouge-gorge aussi, je crois.
Chose étrange, dans ce bas-monde, c'est de loin en loin seulement qu'on se sent assuré de vivre toujours, toujours. On a cette certitude, quelquefois, quand on se lève à l'heure douce et solennelle de l'aurore, et que, debout, en plein air, rejetant la tête en arrière, on regarde le ciel pâle changer lentement et se colorer de rose, en tandis que des choses si merveilleuses et si mystérieuses se passent à l'orient qu'elles vous arrachent presque des cris, et que notre cœur s'arrête de battre devant l'étrange et Immuable majesté de soleil levant, qui a surgi chaque matin, durant des milliers et des milliers d'années. On possède alors cette assurance pendant quelques instants.
- Ce qu'il y a de plus avantageux quand on fait des conférences, dit Ben, c'est qu'on peut dire ce qui vous chante et personne ne peut répondre.
Elle s'en alla rayonnante, après avoir donné à Mary son déjeuner. Elle allait faire huit kilomètres sur la lande jusqu'à sa chaumière, pour aider sa mère à faire la lessive et le pain pour la semaine : tous les plaisirs à la fois !
Quelquefois je pense que je suis peut être un oiseau, ou un renard, ou un lapin ou un écureuil, ou même un hanneton sans m’en douter.
toi et moi, nous nous ressemblons assez, dit-il. Nous sommes taillés dans la même étoffe – pas beaux, et pas plus aimables que beaux. nous avons le même fichu caractère, j’en réponds.
Avec ce vent, on a toujours l'impression qu'une âme errante appelle en pleurant sur la lande...
Non contente de savoir raconter des histoires, Sara adorait ça. Pendant qu'elle inventait toutes sortes de péripéties merveilleuses, debout ou assise au milieu de son auditoire, ses yeux verts s'agrandissaient, ses joues devenaient roses et elle jouait la comédie sans même s'en apercevoir. Elle haussait ou baissait le ton, penchait et balançait son corps menu en faisant de grands gestes pendant que le récit devenait enchanteur ou inquiétant. Elle oubliait qu'elle parlait et qu'on l'écoutait. Elle vivait avec les fées ou les rois, les reines ou les belles dames dont elle racontait les aventures. Et lorsque, tout excitée, elle arrivait à la fin de son histoire, elle portait parfois la main à son cœur qui battait à un rythme accéléré, en riant un peu comme si elle se moquait d'elle même.
- je n'ai pas l'impression d'inventer, disait-elle. Sur le moment, ce que je raconte me paraît plus vrai que tout ce qui m'entoure - plus réel que vous, que cette classe. Il me semble que je deviens les personnages les uns après les autres. C'est vraiment bizarre.
Le plus grand atout de Sara était incontestablement son talent de conteuse. Elle avait l'art de rendre tout ce qu'elle racontait aussi intéressant qu'une histoire, même quand ça n'en était pas une.
Après son départ, Sara se mit à penser à tout ce que son visage et son comportement lui avaient rappelé. Sa tenue traditionnelle et la déférence qu’il lui avait témoignée avaient ravivé une foule de souvenirs. Et dire qu’il y avait quelques années à peine, elle était entourée de domestiques qui la traitaient comme le lascar l’avait fait, en la saluant bien bas lorsqu’elle passait ou leut adressait la parole… elle, la petite servante à qui une heure auparavant la cuisinière lançait des insultes! Ce passé révolu n’était plus qu’un rêve et ne reviendrait jamais.