Ce titre est resté dans ma PAL pendant des lustres : le titre ne m'attirait pas. Je crois qu'en traduction, il devrait s'intituler : « La riche héritière ».
Publié en 1907, il raconte les aventures de deux soeurs new-yorkaises, filles d'un riche homme d'affaire dont le grand-père avait émigré aux USA. L'héroïne est la plus jeune, mais l'histoire commence avec le mariage de l'aînée et son exil en Angleterre où réside son époux, un nobliau colérique qui l'a épousée pour sa fortune. Les relations avec les voisins, les villageois de tous les âges et les nobles des environs, sont vivantes et originales. Mention spéciale pour la description extensive du « méchant » et de ses relations avec les deux soeurs. Violent, orgueilleux et macho, il est en plus machiavélique à souhait.
Parmi les enjeux, bien sûr, la libération de l'épouse des griffes de son abuseur de mari, en tenant compte de son fils et d'autres circonstances favorables ou non. La jeune soeur célibataire aura sa part d'affrontements avec cet homme retors, elle trouvera aussi différents alliés… et même l'amour.
Seul défaut du livre… il faut le lire en VO. Bien qu'il ait été parmi les best-sellers pendant deux ans, il a connu le sort de beaucoup de romans publiés aux USA, qui ne voient un traducteur qu'à l'occasion d'une adaptation en film (ce qui en laisse énormément sur le côté). Pour les anglophiles amateurs de romans rétro, je précise que le texte n'est pas difficile et qu'il est disponible en numérique gratuitement ou presque.
Avec ses personnages attachants et bien décrits, sa richesse en actions et rebondissements, s'il avait été disponible en français à l'époque, il aurait sûrement eu son petit succès. Cela m'a donné l'idée de le comparer à un roman de
Jane Austen. Un siècle les sépare, mais les deux romancières décrivent leurs héroïnes et la vie sociale avec beaucoup de pertinence et un agréable mélange de profondeur et de légèreté. À ce qu'il me semble, l'intrigue de ce roman et la manière de la traiter sont largement à la hauteur d'un «
Mansfield Park ». Celui-ci n'est pas un roman satirique, mais il est en même temps léger et riche en descriptions pertinentes sur les ressorts de la nature humaine. le récit se déroule au moment où, après que leurs arrières grands-parents ont émigré aux États-Unis, les 3e et 4e générations renouent avec leurs racines anglaises par le moyen de transport régulier qu'était le paquebot-navette New-York-Liverpool.
En conclusion, c'est un roman très vivant, bien construit et bien écrit, avec une bonne intrigue qui nous tient en haleine.