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Citations de Francesca Kay (27)


Des cris toute la journée et des bouches à nourrir, tous ces gens affamés de soins, affamés d'attention.
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sa thèse est qu'il y a un caractère spécifique, impossible à définir mais sur lequel il est aussi impossible de se méprendre, qui permet de distinguer une oeuvre de génie des autres, aussi bien faites ou agréables soient elles.
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regarder et posséder. la relation ambiguë entre l'image et le spectateur. l'homme qui possède le nu possède-t-il son sujet?
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aux yeux du monde un artiste se devait d'être libéré de toute obligation personnelle, condition vitale pour atteindre dans son oeuvre les idéaux les plus élevés, les plus transcendantaux.
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elle se demanda si le sang pouvait charrier des souvenirs de couleurs. la surprise de l'aile verte d'un colibri, le jaune de l'allamanda.
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En général les femmes chargées de leur instruction avaient elles mêmes du se battre contre les préjugés victoriens pour recevoir une éducation et, par conséquent, voyaient en leurs élèves une succession de vagues de nouvelles recrues sur l'éternel front des batailles amazoniennes.
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les peintres font passer les âmes de os morts immémoriaux par delà la passerelle du temps pour l'édification des cent mille contemplateurs qui en ignoraient tout.
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Les objets exquis exigent un effort
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Sable rond, martre pure, forme usée-bombée. Eventail en blaireau doux, petit-gris Raphaël pur, pointu, soie de porc au long manche. Jennet s’en délectait, ainsi que de la matière des peintures, leur limon, les odeurs d’huile de lin et de l’essence de térébenthine, qu’elle inhalait profondément, en alchimiste honteuse, quand elle était à l’abri des regards, à lire et à relire les instructions incantatoires et les recettes. Vous aurez besoin de gomme arabique, d’eau distillée, de miel, de glycérine, de fiel de bœuf et de pigments. Du fiel de bœuf. Magie.
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Patrick Mann joua un grand rôle dans la confiance nouvelle de Jennet. C'était alors un jeune homme, il lançait une nouvelle galerie, il avait soif de reconnaissance. Mais ce n'était pas un simple imprésario : il avait du goût, l'oeil sûr, et dès le début il sut qu'avec Jennet il avait de l'or entre les mains. Elle ne lui échapperait pas. Il lui écrivit à Santiago, renouvelant la proposition faite par l'intermédiaire de David, et en juin 1952, il se présenta devant sa porte. Je passais dans le coin, souffla-t-il en toute invraisemblance. (...)

Comme disait David avec justesse, il ressemblait davantage à un fonctionnaire anversois qu'à un galeriste prometteur ; il semblait tout droit sorti d'un tableau de Magritte. Il ne lui manque plus, poursuivait David, qu'une colombe plantée dans ce chapeau. Mais David l'aimait bien. Tout le monde l'aimait bien ; il était plein de reconnaissance et de politesse (...)

Il est monté sur ressorts, un vrai petit ballon gonflé aux superlatifs, dit David à Jennet. Montre-lui n'importe quel tableau, et il va exploser.
En l'occurrence, il garda une remarquable maîtrise de lui-même.
Jennet conservait ses tableaux dans la cabane d'un voisin ; un matin, elle y emmena Patrick. Elle lui montra Santiago.

Avec David, ils avaient dû ôter la porte de ses gonds pour faire entrer le tableau dans la cabane ; il occupait quasiment toute la place.
Contre le mur en bois, avec la lumière du jour qui filtrait par l'ouverture de la porte, il semblait rayonner.
Lumineux dans les bleus, le safran, comme un trésor illuminé par le feu d'un dragon ou un retable par une myriade de cierges.

Dans la cabane poussiéreuse qui sentait le poisson, Patrick Mann regardait fixement le tableau. Jennet s'était attendue à un flot de paroles surexcitées, mais il ne souffla mot pendant plusieurs minutes.
Elle n'apprit que des années plus tard qu'il avait eu le plus grand mal à retenir ses larmes.

Sous l'enthousiasme à tous crins de Patrick, il y avait du discernement, des compétences et du savoir. Et une absence de sensiblerie. Il pleurait rarement.
Son intérêt pour Jennet était avant tout commercial.
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Deux filles. Sarah et Vanessa. Sarah est d'une santé florissante, mais Vanessa est maladive, chétive (...)
Et cependant, Sarah tète avec avidité. Vanessa pousse des plaintes faiblardes, bêlantes, un bruit suraigu et désespéré qui transperce Jennet jusqu'aux os la nuit comme le jour.

(note : Ben est le fils aîné de Jennet et David Heaton, né en Angleterre, avant leur déménagement en Espagne) Ben n'a pas encore trois ans et reste stupéfait par ces intruses qui font régner leur loi sur sa mère, il se remet à sucer son pouce, à faire pipi au lit et à pleurnicher (...)

(note : Barbara est la soeur aînée de Jennet) Barbara se montre inamicale avec David, mais sa rancoeur touche également Jennet.
Même à présent, Jennet, ensanglantée, coupée, épuisée, en larmes, est plus jolie, plus mince, plus intelligente que sa soeur.

Jennet a un mari, et il est très beau, même si c'est un vaurien.
Jennet a trois enfants, dont deux sont charmants, même si la troisième est cireuse et vouée à ne pas vivre.
Il en a toujours été ainsi. Quand elles étaient petites, Jennet avait toujours plus de tout que Barbara et elle était la préférée de leur père, c'était tellement injuste.
Barbara n'a pas de mari, n'a même jamais eu d'amant, l'année prochaine elle aura trente ans, elle gâche sa vie à être infirmière, personne ne l'a jamais payée pour jouer avec de la peinture et du papier.
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L'Espagne. Pays, dans l'esprit de David, jaune sous le soleil brillant ; rouge du sang versé par les jeunes hommes passionnés qui, au nom de la liberté, avaient sacrifié leur vie pour les Brigades internationales; noir du voile des veuves et de la peau des taureaux massacrés. Il n'y était jamais allé et n'en connaissait pas la langue, mais ce pays parlait à son imagination.
Son apparente réserve durant son isolement d'après guerre l'excitait.

En outre, il restait piqué au vif par des propos tenus à son égard dans le New Statesman d'octobre 1949.
Après avoir loué l'habileté technique de David, un critique l'avait éreinté pour sa surexploitation des traditions, selon ses termes.
Les tableaux de M. Heaton relèvent de cette forme spécifiquement anglaise qu'est le haut romantisme, écrivait le critique. Démodés. Excessivement dépendants du pseudo-mysticisme de William Blake et des paysages visionnaires de Samuel Palmer. Ce clair-obscur pompeux, ces formes dénaturées ...

David ne se considérait pas comme un peintre typiquement anglais, ce qui, à l'époque et par définition, signifiait provincial : il préférait être perçu comme cosmopolite, et avait ainsi des raisons bien à lui de rechercher le changement.
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Cet été-là, l'été 1947, marqua l'époque où Jennet commença à sentir naître en elle sa véritable vision d'artiste, concomitante à l'éveil de son enfant.
Quelque chose, quelque pouvoir atavique sur la forme et la couleur s'insinua dans les espaces qu'elle avait gardés à cet effet. Elle se mit également à essayer de nouvelles techniques, à la recherche du médium approprié pour exprimer la pureté de la lumière sur l'eau ou sur l'herbe, les teintes du brouillard, et en arriva ainsi à l'art de la détrempe : la couleur dispersée en émulsion.
Cela nécessitait du jaune d'oeuf ; seulement le jaune et non le blanc, et pour les séparer, elle laissait le jaune d'oeuf dégoutter entre ses doigts, globe chaud de jaune pur et son potentiel d'une nouvelle vie sacrifiée, dans le cas présent, pour l'alchimie de la couleur.
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Tu es venue voir les tableaux de David ? demande Corinne pour la forme. Elle tend à Jennet une feuille où figurent les prix. (...) Les tableaux de David.
Principalement des peintures à l'huile : des couleurs phosphorescentes balafrant les toiles, des verts surnaturels des marron et des bleus. De grands filets de peinture grossièrement appliqués ; pour certains tableaux, l'on croirait qu'il a jeté son pinceau afin de le remplacer par ses doigts, traînés à la manière de griffes sur sa peinture. Des paysages : des souches tordues sur la lande désolée, la froideur mortelle du clair de lune sur un champ labouré, une colline dominée par trois arbres pareils à trois potences. Une forêt enchevêtrée en une contorsion de branches, une plaine ocre constellée d'un millier de croix tordues et noires. Lazare ressuscité des morts : silhouette indistincte vue de dos ; au centre du tableau un cercueil brisé en éclats, le couvercle soulevé à l'extrémité d'une tombe vers laquelle rampe un homme vêtu d'un uniforme kaki. David a peint l'homme avec une minutie soigneuse.
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Jennet pouvait acquérir ce pouvoir, la puissance votive des initiés ; elle le savait. Les rêves jaillis de son esprit toucheraient ses doigts pour prendre une forme durable sur la toile. Elle pourrait être celle qui, peignant des yeux sur le visage d'une idole, la transforme de pierre à chair.
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Pourquoi crayonner les filaments d'une plume ? Parce que la description est une espèce de révélation, et pour Jennet Mallow, après un an passé à l'école d'art, c'était l'unique manière dont elle pouvait un tant soit peu approcher la vérité. Elle avait espéré que la révélation viendrait vite.

Durant l'année écoulée, elle avait beaucoup appris sur les techniques de peinture. Les peintures à l'huile et leur application, détrempe, gouache, spatules et sous-couches, solvant, vernis, résines. Un vocabulaire poétique en soi, les noms des différents pinceaux. Sable rond, martre pure, forme usée-bombée. Eventail en blaireau doux, petit-gris Raphaël pur, pointu, soie de porc au long manche.
Jennet s'en délectait, ainsi que de la matière des peintures, leur limon, les odeurs d'huile de lin et de l'essence de térébenthine, qu'elle inhalait profondément, en alchimiste honteuse, quand elle était à l'abri des regards, à lire et à relire les instructions incantatoires et les recettes.
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Lorna repensa à la boîte de crayons de couleur qu'elle avait offerte à Jennet quand l'enfant était tombée malade. Comme il était gratifiant d'avoir été sa source d'inspiration. Elle se demanda si le sang pouvait charrier des souvenirs de couleurs. La surprise de l'aile verte d'un colibri, le jaune de l'allamanda.
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"Fidelma formait une grosse tache noire sur fond de fenêtre. Mary-Margaret ne la quittait plus du regard. Masse sombre, gros monstre noir, créature de l'enfer. Sorcière déguisée en femme, femme ensevelie sous des chairs pourries, vêtue d'une jupe noire, d'un pull noir, aux pieds gonflés enveloppés de chaussons crasseux. Ses jambes étaient des colonnes de lard dont les bourrelets avaient été pétris à la main".
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Avant la mort de son père, Jennett ne s'était pas doutée qu'il lui manquerait à ce point...Quelle surprise alors de voir son père transfiguré par la mort, devenu une vraie présence. Elle le sentait sur son épaule, qui la regardait au travail, la jugeait comme il l'avait toujours fait, avec une bienveillante sévérité. Il était constamment dans son champ de vision. Et pourtant sa présence n'était pas un réconfort. C'était un reproche, un avertissement, un rappel du peu de temps imparti à chaque vie, et de celui qui se perd dans la solitude.... La mort de son père fut une révélation, et c'est sa voix qu'elle entendit lui ordonner d'agir, de sauver ce qu'elle avait avant qu'il ne fût trop tard.
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La solitude n'est pas dure quand on est jeune. Elle n'est pas dure quand tout reste ouvert, que les années se présentent pleines de promesses, et que n'importe quel inconnu rencontré par hasard est susceptible de devenir un amant. Elle ne put en aucun cas être confondue avec l'isolement. Enfant, Jennett était souvent seule et, jeune femme, elle s’accommodait très bien de sa propre compagnie. La trentaine passée, elle commençait à apprendre à quel point la vie est courte.
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