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Critiques de Francesca Melandri (264)
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Eva dort

«Eva dort» est un très beau livre d’une très grande tenue dont je sors émerveillée.

Premier roman d’une scénariste italienne, il nous retrace les moments forts d’une région méconnue où les Italiens, des blonds aux yeux bleus, sont germanophones: le Sud-Tyrol ou Haut-Adige, la région de Bolzano et du Val Gardena, enrichie désormais par l’or blanc.



C’est un roman à l’ancienne, parfaitement bien structuré, une fresque historique depuis 1919 , date où cette région frontalière des Alpes fut annexée par l’Italie après la chute de l’empire austro-hongrois jusqu’à nos jours, en passant par toutes les réclamations indépendantistes, les bombes les, attentats du siècle dernier jusqu’à la mort si odieuse d’Aldo Moro qui bouleversa tant toute l’Italie.



«Eva dort», est aussi surtout le roman de Gerda et de sa fille Eva, les deux héroïnes de l’histoire. Des femmes seules mais courageuses et libres qui ont réussi à imposer leur choix de vie dans un milieu hostile dominé par tous les préjugés de cette époque troublée.



«Eva dort» est la réponse type fournie par Gerda, la mère, à tous les moments importants de leur vie. C’est ainsi qu’Eva n’a pas connu son père venu la voir un jour, en cachette de sa propre famille. Elle n’a jamais reçu non plus les nombreuses lettres envoyées par son père adoptif adoré, Vito, le sous-officier des carabiniers en poste dans cette région, devenu l’amour de sa mère qu’il ne put épouser pour des raisons politiques. Elle se vengea en coupant tous les ponts avec lui.



Mais le roman est surtout celui du long voyage en train qu'Eva, désormais libre et indépendante, entreprend trente ans après, du nord au sud, jusqu'en Calabre où se meurt Vito qui l' a appelée à son chevet, après trente ans de silence et malgré le désaccord de Gerda, emmurée dans sa rancœur. Pendant que défilent les paysages des régions traversées, elle revit les moments forts de son existence dont beaucoup coïncident avec ceux du pays lui-même.



La fin est très belle. Juste celle que j'espérais.
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Eva dort

Qui peut imaginer la souffrance d'un peuple frontalier qui, du jour au lendemain, par la folie de la guerre, doit être assimilé à un côté de la frontière ?

Sans préparation aucune, ne parlant pas la même langue, cohabitant de loin et dans la défiance avec des italiens du sud que rien ne peut rapprocher de ces Allemands devenus Italiens.

L'histoire de Haut Adige est aussi captivante et instructive que celui d'une gamine trop tôt mère qui va gagner sa liberté au mépris de l'hostilité de la société.

La destinée de cette mère et de cette fille traverse l'histoire d'après-guerre jusqu'à aujourd'hui, magnifiquement écrit, émouvant sans jamais de pathos, encore une superbe histoire de femmes.
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Eva dort

Roman intéressant d'une auteure italienne . Sur fond historique, elle bâtit une fiction qui tient la route.

Ceux qui se passionnent pour la turbulente histoire de l'Italie au XX Eme siècle revisiteront la situation particulière du Tyrol du sud, du Haut Adige (enclave que Mussolini décide d'italianiser,on y parlait allemand )qui connaît dans les années 1960-1970 des actes de terrorisme.

Le récit déroule pendant un long voyage en train d'Eva jusqu'à Reggio de Calabre des histoires de femmes , des histoires d'amours contrariés.

Eva naît d'une aventure passagère de Gerda avec un certain Hannes.Pour continuer à travailler dans les hôtels, Gerda fait le choix de placer Eva dans une famille bienveillante .Eva se rend en Calabre pour répondre à l'appel de Vito, un ancien brigadier en Haut Adige qui avait brusquement quitté Gerda et Eva…
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Tous, sauf moi

J’ai déjà lu et apprécié les deux premiers romans de cette écrivaine italienne que Dominique m’avait amenée à lire . Eva dort (mon préféré) et Plus haut que la mer . Je me souviens bien de ces deux romans ce qui est un gage de qualité pour moi. Comme dans ses précédents romans Francesca Melandri, mêle l’histoire de l’Italie à une histoire d’une famille fictive pour nous la rendre plus humaine. Le reproche que je fais à ce dernier roman, c’est qu’elle a voulu cette fois couvrir une très large période de l’histoire italienne et que son roman est donc très dense voire un peu touffu.



La famille d’Iliaria Profeti est compliqué car son père, Attilio Profetti a eu deux épouses , trois enfants d’un premier mariage et un fils avec sa maîtresse qu’il a fini par épouser. De son passé, éthiopien, sa fille Iliaria n’aurait rien su si un jeune éthiopien du nom de son père n’était venu un jour frapper à sa porte lui apprenant de cette façon que son père était le grand père d’un jeune immigré en situation irrégulière. Ce sera un autre aspect du roman le parcours semé de souffrances à peine inimaginables, d’un jeune éthiopien, qui sans le recours à un ressort romanesque aurait été renvoyé en Ethiopie et à une mort certaine. L’inventaire de tous les thèmes abordés vous donnerait sans doute une impression de « trop », mais l’auteur s’en sort bien même si, parfois, j’ai eu besoin de faire des pauses dans ma lecture.



L’interdiction du divorce en Italie et les doubles vies que cela entrainait.

L’engagement dans le mouvement fasciste d’un jeune diplômé.

Le parcours d’un prisonnier italien aux USA pendant la guerre 39/45

L’injustice d’une mère qui dévalorise un enfant au profit d’un autre.

Le parcours des immigrés arrivés clandestinement en Italie.

Les théories racistes reprises par le mouvement fascistes.

La corruption en politique.

La construction à Rome.

Les marchands de sommeil.

Les malversations de Berlusconi.

Et le plus important la guerre en Éthiopie menée par les fascistes Italiens avec son lot d’horreurs absolument insupportables.

Et peut-être que j’en oublie, mais on comprend sans doute mieux quand je dis que ce roman est touffu, car L’écrivaine veut aussi montrer que tout se tient . En particulier, que de ne pas avoir voulu regarder en face le passé fasciste entraîne de graves conséquences sur les choix politiques actuels en Italie. Elle a pour cela créé le personnage d’Attilio Profetti, un homme à qui tout sourit dans la vie. « Tous, sauf moi » c’est lui. Il sait se sortir de toutes les situations car il a de la chance. Sa première chance : avoir été l’enfant préféré de sa mère, Viola qui en sous main oeuvre pour la réussite de son fils adoré jusqu’à dénoncer anonymement un supérieur dont une grand-mère est juive ! Ensuite, il sait grâce un charisme indéniable aider les supérieurs militaires à gagner du terrain dans la guerre coloniale en se faisant aider par une partie de la population éthiopienne. Cela ne l’empêchera pas de participer aux actions les plus horribles de la conquête comme le gazage des derniers combattants avec le gaz moutarde et ensuite de les brûler au lance flamme. Il a su partir à temps du parti Fasciste et se refaire une dignité dans la politique d’après guerre. Et finalement, comme tous les politiciens de cette époque, il a vécu et bien vécu de la corruption.



Sa fille, Ilaria, se sent loin de tout cela sauf quand elle comprend que l’appartement qu’elle occupe, cadeau de son père, est certainement le fruit de la corruption.



Le personnage le plus intègre, c’est le frère aîné d’Attilio, Othello, qui a été prisonnier pendant la guerre . On voit alors un fait que je n’ignorais complètement. Les Américains ont demandé à partir de 1943 aux Italiens, de combattre pour eux. La situation était complexe puisque l’Italie était alors en partie occupée par les Allemands, donc l’autre partie s’est déclarée alliée des États Unis. Les prisonniers italiens qui ont accepté ont eu une vie très agréable et ont retrouvé leur liberté. Othello qui n’était pas fasciste n’a pas réussi à comprendre comment il pouvait après avoir combattu pendant deux ans les Américains et les Anglais devenir leur allié. Il paiera cette décision au prix fort, d’abord le camps de prisonniers devient très dur et ensuite en revenant il aura l’étiquette fasciste, ce qu’il n’avait jamais été, contrairement à son frère qui lui a réussi à faire oublier son passé. Et il ne pourra pas faire carrière comme ingénieur alors que lui avait eu tous ses diplômes (son frère non !)



Voilà un roman dans lequel vous apprendrez forcément quelque chose sur le passé italien. Quant à moi je n’oublierai jamais les pages sur la guerre en Éthiopie (même si je n’ai pas noté de passages sur cette guerre tout est trop horrible !).




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Tous, sauf moi

Il recommande de lire le livre plus comme une invitation à explorer l'histoire sombre de l'Italie fasciste et coloniale que comme un roman...Car il y a les 2 niveaux et j'ai ressenti l'histoire de la famille italienne et le doyen qui en fait la colonne vertébrale du roman plus comme un prétexte à plonger dans ce monde violent et sombre. Les allers retours dans le passé , dans des époques différentes, avec des personnages différents sont , j'ai trouvé, longs et parfois fastidieux. J'en sors pour autant ravi d'avoir tant appris car , si les personnages sont fictifs, l'histoire est hélas réelle
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Plus haut que la mer

Italie. 1979. Les années de plomb. Paolo et Luisa se rendent tous deux au même endroit : la prison de l’Île.

Paolo va voir son fils et Luisa son mari. Elle, c’est la première fois qu’elle voit la mer et lui ne supporte pas qu’un lieu qui tient son fils enfermé soit si beau : « Il détestait son odeur, les oursins noirs qui mouchetaient les rochers à fleur d’eau, les couleurs pastel des maisons. Etait-il possible que les visiteurs d’une prison spéciale soient accueillis par la beauté de la nature ? »

Il se souvient de son fils, enfant, sur la plage de Framura. Il avait trois ans. Aujourd’hui, ce fils est adulte et a tué des hommes pour des raisons politiques, pour faire la révolution. Peut-être, est-ce parce qu’un jour, son père, professeur de philosophie, lui a expliqué la plus belle phrase de Kant : « Deux choses remplissent mon cœur d’admiration et de vénération : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » Le fils a écouté le père. Plus tard, le père s’est demandé si ce qu’il avait enseigné à son fils avait un sens, s’il n’était pas, finalement, un peu responsable de tout cela.

Luisa a apporté à son mari des raviolis qu’elle a fabriqués avec ses enfants. Cinq enfants qu’elle élève seule. Lui aussi a tué, à deux reprises, et il l’a frappée, plusieurs fois, mais elle n’a rien dit. L’a-t-elle d’ailleurs jamais aimé, cet homme, cet inconnu ?

Pour le moment, elle prend plaisir à regarder la mer et Paolo le voit.

Or, la tempête qui se lève va les empêcher de rentrer : Nitti Pierfrancesco, agent carcéral, sera chargé de leur surveillance. Le directeur de la prison veut qu’ils soient conduits au Palais de Verre : « Où est le verre ? » demande Paolo, « Il n’y en a pas. Il manque beaucoup de choses ici, il n’y a que le mot. » répond Nitti. Il faudra s’en contenter.

Le fils de Paolo n’avait pas voulu se contenter des mots, il avait pris les armes. En vain : « le mot révolution avait beau être scandé, polycopié, écrit sur les murs de façon presque obsessionnelle, la chose non, la chose n’existait pas. Les gens n’avaient pas empoigné leurs fourches, les électeurs n’avaient pas cessé de voter, les citoyens ne mettaient pas le feu au Parlement. » Ainsi, résumait son père, « quand la chose correspond au mot, on fait de l’Histoire. Mais s’il n’y a que le mot, alors c’est de la folie. » Folie qui l’avait conduit en prison…

Nitti, quant à lui, ne sait pas utiliser les mots. Il se tait, ne dit pas à sa femme, Maria Caterina, l’institutrice de l’Île, ce qu’il vit au quotidien, ce qu’il voit. Alors, elle imagine. Le pire parfois. Son mari frappe-t-il ? Est-il frappé ? Qui est-il au fond cet homme qui rentre les vêtements maculés de sang et dont elle finit par avoir peur ?

Ce texte poétique met en présence des êtres qui souffrent et qui se taisent. Cette rencontre totalement improbable d’un professeur de philosophie, d’une agricultrice, d’un gardien de prison et d’une institutrice, rencontre pleine de non-dits, de silences, d’hésitations, de quiproquos parfois, va les faire réfléchir à ce qu’ils sont et à ce qu’au fond ils sont venus chercher sur cette île.

La tempête rugit autour d’eux, en eux aussi certainement, parce qu’ils ont senti que le moment était venu de savoir, de se dire la vérité, d’accepter de pleurer.

Les éléments sont déchaînés. Eux sont là comme des personnages tragiques enfermés dans leur douleur, leur mutisme. Et pourtant, ce huis-clos presque shakespearien, cette nuit de tempête, les conduira à s’ouvrir à l’autre, à créer des liens de tendresse qu’ils avaient oubliés, perdus peut-être, à comprendre et à retrouver une certaine forme de paix, celle qui fait tenir debout et avancer. De cette nuit étrange naîtra une lumière qui les réchauffera et les guidera de nouveau sur le chemin de l’existence.

Un très beau roman tendre et humain sur les longs tunnels que la vie nous fait parfois traverser et dont on ne connaît pas toujours la longueur jusqu’à ce que, tout à coup, on perçoive l’éclaircie. Alors, on sait qu’on est sauvé, on respire, l’air est encore un peu frais mais l’on va vite s’y habituer…


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Eva dort

Ce roman est une belle façon de mettre l’accent sur un pan de l’histoire de l’Italie et sur une région magnifique.

Si vous avez lu Mario Rigoni Stern vous connaissez déjà un peu ce coin d’Italie qui appartint à l’Empire Austro-Hongrois et qui fut donné à l’Italie en 1918.

Lorsque l’on lit ça dans un livre d’histoire on a peine à imaginer les conséquences pour les hommes et femmes qui vivent là.



Francesca Melandri c’est attachée à nous faire comprendre les chose à travers l’histoire de deux femmes, Gerda et Eva.

Dans les montagnes du Haut-Adige (pour les italiens) ou du Sud Tyrol (pour les autrichiens) c’est le choc total, des autrichiens se retrouvent du jour au lendemain italiens, changement de langue, bouleversement de l’identité culturelle, ils deviennent les parias d’une communauté.

La famille Huber va faire les frais du changement apportant séparations, fracture familiale, conflit de génération.



Le roman est un lent retour en arrière, Eva va traverser toute l’Italie pour être au chevet de Vito, son presque père qui va mourir, il fut l’amour de sa mère, un père de substitution dont elle n’a jamais accepté le départ.

Eva se souvient de l’homme qui l’appelait « sisiduzza » ce qui signifie « toute petite étincelle »

Le paysage se dessine d’une région supportant les changements historiques mais aussi les changements de société.

Dans les années 60 une jeune femme enceinte est une honte pour sa famille, elle devient une Matratze, une femme marquée au fer rouge

« C’était une Matratze parce que son père, Hermann, l’avait laissée partir » partir pour gagner sa vie.

Puis enceinte elle a été chassée par Herman, lui qui avait choisi le mauvais camp, celui des nazis.

Gerda a fait face avec courage pour élever seule sa fille Eva, elle a travaillé sans relâche au Grand Hôtel de Frau Mayer à Merano, elle a tenté d’oublier Peter l’apprenti terroriste, Segi le frère plein de haine, Ulli le presque frère qui lui opte pour la transgression, elle est devenue une cuisinière de talent.

Gerda est belle et rayonne d’amour pour sa fille. Lorsque Vito apparait il va être à la fois son amour et sa croix.

C’est un très beau roman qu’a écrit Francesca Melandri, mêlant l’histoire tourmentée de la région qui ne peut oublier son passé, et les personnages qu’elle nous livre toute en finesse et émotion. Si aujourd’hui la région voit affluer les touristes c’est après une période douloureuse. On croise des personnages bien réels de l’histoire italienne comme Aldo Moro, mais surtout on est pris d’affection pour Vito et Gerda qui portent le récit, et je vous défie de ne pas verser votre larme.


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Eva dort

Tôt dans le livre apparaît le fil rouge, comme un verset biblique : « Malheur aux filles des pères sans amour ; leur destin est celui des mal aimées ». La malédiction qui frappe Eva et sa mère Gerda sera levée aux dernières pages, trop tard pour le bonheur, mais l’auteur nous enseigne qu’il n’est jamais trop tard pour guérir, au moins cicatriser. L’histoire des deux femmes se raconte en deux pistes, celle du temps de 1919 à 1992 pour la mère, et celle d’un long voyage pour la fille, du km 0 au km 1397, du Haut-Adige/Sud-Tyrol à la Sicile. Les bonheurs, les chagrins, les injustices et les trahisons de ces années ne se résument pas, ils frappent et s’émoussent au long d’une histoire politique tout aussi brulante, celle de la lutte pour l’autonomie d’une province italienne germanophone dans un contexte de fascisme, puis de collaboration et de résistance, dans un cycle infernal attentats-répression.



À tous points de vue, Vito, père d’élection rejoint au terme de sa vie et au terme du voyage d’Eva, figure l’homme nouveau, l’homme de la réconciliation. Celui qui respecte Gerda, sœur de terroriste, mère célibataire, et qui offre à Eva, la fille qu’il n’a pu chérir, son désir d’être père, celui « qui te conseille, qui te console, qui te gronde au besoin si tu te trompes. Surtout qui te protège ». C’est aussi le carabinier du Sud qui travaille au Nord à la paix. Programme « freundlich », mais l’auteur mérite l’admiration pour la présence, la fraicheur et la beauté du décor, l’amitié pour ses personnages, un naturel aussi convaincant dans l’intime que dans l’épique, et le charme d’un humour discret, omniprésent.

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Tous, sauf moi

Par un tissage subtil, documenté et superbement écrit, Francesca Melandri rapproche l’Histoire Italienne de celle du patriarche Attilio Profeti. A 95 ans, Attilio se souvient d’une vieille promesse. Tous mourront, sauf lui… Et effectivement, même avec sa mémoire et sa raison en berne, il est là, porteur d’un passé foisonnant. Bigame, trigame, intelligent, attachant, mais aussi fasciste et raciste patenté, cet homme hors norme a traversé le 20è siècle avec nonchalance et intelligence. Librement inspiré de son propre père (qui n’était pas fasciste dans les années 30 en Italie?), l’auteure réveille un passé totalement enfoui, bien que très documenté historiquement.

Il était une fois l’Abyssinie, une terre éloignée, que le Duce voulut dompter. Aujourd’hui Éthiopie, cette terre se souvient encore des exactions terribles qui ont décimé une grande partie de sa population. Mais quand le racisme se fonde sur des mesures anthropomorphiques et scientifiques, est-il nécessaire de parler de population ? Ces sauvages ne sont pas tout à fait hommes, surtout les mâles. L’histoire montrera que les femelles ont eu un sort particulier.

Ainsi, Ilaria, enseignante engagée dans des combats humanistes, voit-elle un jour débarquer sur son palier Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti, qui dit être son neveu.

Patiemment, intégrant courageusement les découvertes nauséabondes qui auréolent son père, elle va détricoter tous les fils qui remontent à ce passé colonial. La situation des réfugiés à Lampedusa en sera le triste pendant.

Un livre fort, courageux, intelligent et humain. Accompagner Ilaria est une tâche difficile, parfois à la limite du supportable, qu’il est important de mener à son terme. Pour, face à tous ces visages échoués sur nos plages européennes, ne jamais pouvoir dire : « je ne savais pas. »
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Tous, sauf moi

Ça, c’est un roman dense, passionnant, instructif et dépaysant. J’ai appris plein de choses sur les relations entre l’Ethiopie et l’Italie, sur la société italienne et ses dirigeants, du début du vingtième siècle à nos jours. Quel roman !



Extrêmement bien documenté, c’est une mine d’informations, notamment sur la colonisation de l’Ethiopie, on apprend tellement de choses qu’on a peur d’en oublier la moitié. Ceci dit, des images vont rester imprimées dans un coin de mon cerveau, des images horribles, fruits d’un racisme innommable. Et la race humaine n’en ressort pas grandie, loin de là.



On perd le fil de l’histoire pendant plusieurs chapitres pour mieux comprendre la situation historique et ceci à plusieurs reprises mais cela ne nuit aucunement à la lecture parce qu’on lit autant pour s’informer que pour s’immerger dans cette histoire familiale atypique. D’ailleurs, l’auteure combine adroitement l’Histoire avec celle de ses personnages. Du grand art !



On va et vient entre plusieurs époques au gré des recherches sur ce père qui a menti toute sa vie à sa famille en lui cachant l’existence d’un enfant métis. Jamais l’auteure ne perd son lecteur, elle l’embarque avec elle, avec une assurance à toute épreuve, rien ne l’arrête.



Le personnage du père est particulièrement ambigu, fasciste un jour, à l’écoute de son fils caché un autre, détestable et parfois émouvant. Qui est-il vraiment sous cette carapace ?



Les personnages sont tous, profonds, denses, ils ne sont pas des êtres de papier mais bien des individus de sang et d’âme. Du plus petit rôle au plus important, Francesca Melandri offre à ses personnages une incarnation.



Elle a privilégié dans ce roman l’aspect historique au détriment de l’aspect romanesque, ce qui rend la lecture de ce petit pavé, assez ardu par moment. Et en même temps elle maîtrise parfaitement la construction de son œuvre, elle met en place les pièces du puzzle avec art. Je suis admirative.



Ce n’est pas un roman qu’on dévore à pleines dents, c’est plutôt un roman qu’on déguste à petites bouchées pour en garder des odeurs, des images, des faits, pour ne pas oublier.



Un grand roman ambitieux, édifiant et engagé qui suscite une réflexion sur les méfaits de la colonisation, ou sur la place que l’Europe accorde ou pas aux réfugiés.
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Plus haut que la mer

Sur fond d'incarcération de détenus violents, l'auteur visite l'Italie et son histoire avec beaucoup d'humanisme tout au long de cet agréable roman.
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Plus haut que la mer

Exploration du sentiment d’attachement autant que réflexion philosophique et politique, un étrange huis-clos maritime ouvert aux quatre vents.



1979. Les années de plomb, en Italie. Luisa et Paolo prennent un petit bateau, chacun de leur côté, pour se rendre sur l’Île, « qui n’était pas en pleine mer mais semblait bien l’être« , une île qui est de facto une prison de haute sécurité. La première va rendre visite à son mari, un homme violent condamné pour homicide, et le second son fils, terroriste auteur de plusieurs assassinats. Tous deux sont irrémédiablement brisés par les actions de ces proches. Ils seront pris en charge par un gardien qui vit sur place depuis de nombreuses années, Pierfrancesco, et ce court temps passé ensemble sera pour chacun des trois chargé d’émotions et de bouleversements.



Avançant par petites touches pour évoquer l’histoire de chacun de ses personnages, aux vies si dissemblables (surtout, ne lisez pas la 4ème de couverture !!!), ainsi que les actes commis par les deux hommes emprisonnés sur l’Île, proposant une réflexion sur la peur, l’amour, la violence, le langage, au fil des souvenirs qui émergent par instants, Plus haut que la mer est un très très beau livre, extrêmement prenant, écrit dans une langue musicale et précise, un livre violent et pétri d’humanité, étrangement porteur d’une lumière réconfortante, à l’image de l’air de cette Île désolée, « qui sentait le sel de mer, le figuier, l’hélichryse ».
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Plus haut que la mer

Plus haut que la mer de Francesca Melandri est l'histoire d'une rencontre improbable sur une île-prison dans l'Italie des années de plomb.



Paolo et Luisa, qui ne se connaissent pas, se retrouvent tous deux sur le bateau qui les emmène voir leurs proches, détenus dans une prison de haute sécurité sur une île au large de la Sardaigne. Paysanne, épouse mal aimée et mère de cinq enfants, Luisa rend visite à son mari incarcéré depuis près de 10 ans pour le meurtre de deux hommes. Paolo, lui, est un ancien professeur de philosophie et d'histoire. Il est veuf et rend visite à son fils unique, révolutionnaire et membre des brigades rouges. Empêchés après le parloir de rejoindre le continent en raison d'une forte tempête, ils vont cohabiter le temps d'une journée et d'une nuit.



À travers le portrait et les souvenirs de Luisa et de Paolo mais aussi de ceux de Pierfrancesco, gardien de prison chargé de veiller sur eux, l'auteure évoque avec beaucoup de délicatesse et d'humanité l'univers carcéral, les peines et les difficultés rencontrées par les familles des détenus et des agents de prison.



Le récit de la rencontre de ces personnes simples, malmenées et fragilisées par l'existence et qui vont se retrouver le temps de se confier et de partager un peu de chaleur humaine est très beau et touchant. La psychologie des personnages et les descriptions de l'île sont par ailleurs très bien rendues rendant la lecture très agréable. Je recommande!
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Eva dort

De cet auteur, j'avais bien aimé "Plus haut que la mer", donc je voulais découvrir son premier roman, mais je suis assez déçue.

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, les personnages féminins ne sont pas très sympathiques, on ne peut pas vraiment s'identifier à elles et surtout, pour moi l'aspect historique est trop important. C'est vrai que je ne connaissais pas le Haut-Adige ou Tyrol du sud mais je n'ai pas forcément envie de lire des descriptions de guides touristiques ou des compte-rendus politico-historiques dans les romans que je lis. Je crois que je suis passée à côté, même si l'écriture est belle. Mais bon, c'est juste mon avis !
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Eva dort

"Une terre dont, aujourd'hui encore, beaucoup d'italiens aiment la géographie mais ignorent l'histoire." Cette région est celle du Haut-Adige ou Tyrol du Sud, cédée à l'Italie en 1919, des débris de l'Autriche-Hongrie, alors qu'elle n'était peuplée que de germanophones. Dans son premier roman, Eva dort, Francesca Melandri y raconte presque un siècle de luttes, souvent violentes, pour ne pas perdre son identité, et gagner son autonomie, de Mussolini à Moro. Une fresque historique qui est plus qu'une toile de fond et qui prend parfois toute la place, reléguant son intrigue principale, familiale celle-ci, au deuxième plan. Eva dort trace les portraits de deux femmes, une mère et une fille, et de l'homme qui a le plus compté pour elles, même s'il ne fut jamais le mari de la première ni le père de la seconde. Le roman est riche, presque trop. Sa construction, en incessants retours en arrière, dilue les passions intimes au profit des événements historiques. Francesca Melandri ne voulait pas écrire un livre seulement sentimental, ce qu'il est pourtant, une sorte de mélodrame où le droit d'aimer est dénié par les contraintes d'une époque où les unions mixtes (une germanophone et un italien) étaient sinon interdites, du moins proscrites par la morale. Malgré un aspect répétitif et une frustration de ne pas mieux entendre le thème principal de cette partition, Eva dort est une oeuvre estimable, pudique et douce, au-delà de la douleur de la perte, et dont la langue, cristalline, révèle une romancière promise à un bel avenir.
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Tous, sauf moi

C’est la confrontation entre deux mondes qui ont bien plus d’imbrications que beaucoup ne voudraient l’admettre. Nous découvrons les liens qui les unissent en même temps qu’Ilaria, que l’apparition soudaine sur son palier d’un jeune homme noir prétendant être son neveu amène à se plonger dans un pan tabou du passé italien, ainsi que celui de son père, Attilio Profeti. Ce dernier aura quelques difficultés à confirmer ou expliciter sa filiation avec ce jeune éthiopien (dont il serait le grand-père) : si, conformément à la promesse qu’il s’est fait à ses 9 ans face au cadavre de sa grand-mère il s’obstine, presque centenaire, à ne pas mourir, son esprit quant à lui divague.

C’est donc par un autre biais qu’Ilaria s’instruit sur la sombre Histoire de son pays, d’abord en écoutant le jeune homme lui raconter son histoire, celle d’un exil clandestin, motivé par sa volonté de survivre en fuyant un pays où la corruption et la dictature, après lui avoir valu un long séjour en prison, le promettaient à une mort quasi-certaine. Celle, aussi, d’un passé marqué par l’occupation italienne en Ethiopie (1936-1941), qu’occultent les manuels scolaires, et à propos de laquelle la société italienne entretient une insistante cécité. L’ampleur des atrocités alors commises (déportations de populations, viols, prostitution forcée de fillettes au profit d’officiers supérieurs, assassinats de masse) s’accompagna d’une politique de ségrégation visant entre autres à interdire le métissage, que la cohabitation entre colons ou militaires italiens et population locale faisait craindre aux autorités soucieuses de défendre la pureté de la race italienne.



Au-delà de la découverte de l’histoire nationale, c’est aussi le passé paternel que creuse Ilaria, consultant des archives, lisant de vieilles correspondances. Des incursions dans le passé nous révèle toute l’ambiguïté du charismatique Attilio Profeti, engagé volontaire dans les chemises noires à la fin des années 30, alors auteur d’un manifeste raciste, ce dont il s’est bien gardé de se vanter auprès de sa famille. Au contraire, il s’est toujours fait vaguement passer pour un résistant, mais cet homme qui a de longues années durant mené une double vie, entretenant parallèlement deux familles -sans compter celle qu’il avait laissé en Ethiopie- n’en était pas à un mensonge près. Il faut dire qu’Attilio a toujours bénéficié d’une chance surnaturelle, presque scandaleuse, s’accompagnant d’un puissant charisme, d’une élégance et d’une nonchalance naturelles lui attirant une bienveillante admiration et une confiance qu’il était inconsciemment persuadé de mériter. Il a par ailleurs toujours refusé l'utilisation de la force ou de la violence, ceci dit plus par élégance que par véritable éthique. Mais cela lui a permis de n’être jamais vraiment mouillé dans le pire, de survoler, en quelque sorte, l’immonde tout en gardant une certaine distance. Tout comme, bien que faisant officiellement partie d’une classe dirigeante corrompue qui n’échappera pas à la broyeuse de la magistrature, il n’a finalement eu à son actif, en tant que pion de moyenne envergure, qu’une condamnation avec sursis.



En prenant peu à peu conscience de ce qui s’est joué lors de l’occupation italienne en Ethiopie, et de la possible participation de son père à cette ignominie, Ilaria en vient à s’interroger sur la responsabilité de chacun -et donc la sienne- sur la manière dont les atrocités commises par les nations sont occultées, mais aussi sur ce que la richesse des nations occidentales doit à l’exploitation -passée ou présente- des pays pauvres. Elle-même se sent viscéralement de gauche et mène sa vie en équilibre précaire sur une corde tendue entre ses origines et sa détermination à ne pas se laisser conditionner par elle. Elle a pour amant un ami d’enfance proche de Berlusconi, avec lequel elle sait n’avoir aucun avenir commun. Elle vit dans un quartier populaire et cosmopolite, mais dans un appartement acheté par son père, et ses préoccupations sont finalement bien éloignées de celles de ce jeune homme apparu à sa porte ou de ses semblables, dont les malheurs émeuvent le monde, avant qu’il s’indigne pour d'autres causes, le temps d'un reportage.



"Le parfum du privilège est comme la salle odeur de pauvreté : on a beau se laver les mains, il ne partira jamais."



La posture des citoyens des pays riches revient ainsi à un tacite assentiment au cynisme dont font preuve leurs états. L’Italie, gouvernée par un réseau d’intérêts et de privilèges, n’en a d’ailleurs pas fini de s’enrichir sur le dos de ceux qu’elle refoule avec d’autant plus de sévérité depuis l’accès au pouvoir de Berlusconi, et l'absurde inhumanité de sa politique migratoire.



Le roman de Francesca Melandri, dense, au rythme lent, navigue ainsi entre divers lieux et diverses époques, tourne autour de plusieurs personnages, le tout cimenté par une impeccable maitrise narrative, et porté par une écriture au grand pouvoir immersif.



La multiplicité des points de vue lui permet d’illustrer les connexions d’une part entre passé et présent, et d’autre part entre ces zones géographiques du monde a priori éloignées mais qu’un épisode d’histoire commune relie, avec des répercussions sur du long terme.



Brillant.


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Plus haut que la mer

Un homme et une femme visitent respectivement leur fils et leur mari en prison, sur une île sarde, et se retrouvent coincés par une tempête. Une histoire d'amour naît d'une peine indicible partagée. Un roman tout en contrastes : une prison sur une île merveilleuse durant les "années de plomb" ; le choc des cultures au sein de ce nouveau couple ; un huis-clos à l'extérieur. Prenez le temps de découvrir ce roman qui fait d'un paysage maritime en tempête une véritable œuvre synesthésique.



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Tous, sauf moi

L'autre dans toute son incompréhension devient ici le vecteur d'un récit admirablement construit de l'Histoire italienne, du fascisme aux désastres de sa colonisation éthiopienne. Un père, dissimulateur et séduisant, perd la tête, sa fille tente de reconstituer son passé et ses effarants agencements. Dans Tous, sauf moi, Francesca Melandri tisse une image complexe, accusatrice mais sans être moralisatrice, de son pays et de son rapport à l'étranger, à lui-même donc.
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Tous, sauf moi

L’histoire contemporaine de l’Italie revistée à la lumière de son passé fasciste. Grandiose et terrifiant. Un jour sur son pallier Ilaria, professeure, fille d’Attilio 93 ans, soeur d’Attilio (aussi), d’Emilio et de Frédérico dont j’ai oublié le nom, découvre sur son pallier un migrant Éthiopien qui lui dit être son neveu.

C’est l’époque où Berlusconi est au pouvoir, Khadafi vient lui rendre visite leurs frasques sont indécents, leurs abus de pouvoir sans limite... en contrepoint à cette visite le long chemin des migrants africains qui finissent dans les prisons Libyennes violés, torturés, affamés sans raison aucune. Shimeta fait parti de ces hommes qui mettront des années de misère à arriver jusqu’à une destination où personne ne les accueillera. En repartant sur les traces de Shimeta, Ilaria va découvrir le passé fasciste de son père, le colonialisme italien qui exploite met à feu et à sang l’Ethiopie, un Mussolini complètement fou, l’arrogance Berlusconienne qui envoie ses entreprises dévorer un morceau du gâteau d’un pays brisé par la guerre civile. Son père qui comme tout les colons va se servir du corps d’autrui comme s’il en était le propriétaire, l’indifférence, l’amour un peu, par touche mais toujours le mépris de l’autre, l’abandon, la voracité capitaliste, le toujours plus de pouvoir, d’argent, de corps à soumettre, de ressources à épuiser.

Un long roman (trop long à mon goût) qui fouille dans le détail le passé colonial italien et le relie à la crise des migrants. Comment l’occident a inoculé le virus des guerres et des famines dans des pays pauvres mais en lien avec leur écosystème. Pour un Shimeta qui va retrouver une famille, combien vont être mis dans un vol retour et finir dans des prisons cauchemardesques. Où l’on constate que les stigmates mussolinien sont encore présents dans les rouages du pouvoir italien, les monstruosités toujours là;

Un livre qui secoue
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Eva dort

Qui sait que la région italienne du Haut-Adige/Tyrol du Sud est celle qui a l’autonomie la plus aboutie de toute l’Europe ?

Qui sait que la majorité des habitants de cette région est de langue allemande ? Qu’une partie seulement parle italien et qu’une autre toute petite partie parle une des langues les plus rares d’Europe, le ladin ?

Qui sait que ces habitants germanophones ont subi une « italianisation forcée » de la part du régime fasciste en place à partir des années 1920 et qu’aux vues des tensions que cette volonté politique a provoquées, un accord a été trouvé avec le troisième Reich pour proposer à ces personnes d’émigrer vers les nouveaux territoires allemands ?

Qui sait que dans les années 1960, certains de ces citoyens germanophones se sentaient tellement persécutés par le pouvoir en place qu’ils ont basculé dans la violence du terrorisme en créant le BAS, Befreiungausschuss Südtirol militant pour la réunification de la région avec l’Autriche ?

Qui sait qu’aujourd’hui la spécificité du Trentin-Haut-Adige a été reconnue et que les écoles, les administrations… respectent la langue de chacun ? Que les panneaux de signalisations sont en trois langues ?



Après la lecture de « Eva dort », je peux répondre : Moi ! Moi ! Moi ! À toutes ces questions et bien d’autres encore !



Francesca Melandri nous fait découvrir un pan assez méconnu de l’histoire italienne en mettant en scène les personnages fictifs de Gerda Huber et de sa fille Eva.

Eva reçoit un jour l’appel de Vito, qui fût comme un père pour elle avant que le contact ne soit rompu. Il est au crépuscule de sa vie et lui demande de venir lui rendre visite en Calabre. Eva quitte alors précipitamment son Tyrol du Sud natal pour faire le voyage jusqu’à l’autre bout de l’Italie. Pendant que le train la transporte au travers des paysages de carte postale, elle se remémore son enfance, l’histoire personnelle de sa mère ainsi que celle du Haut-Adige.



Francesca Melandri a réalisé plusieurs documentaires avant de se lancer dans l’écriture et on peut dire que cela se ressent fortement dans son premier roman. Ce n’est pas du tout une critique, au contraire. Le livre est extrêmement bien documenté et les quelques libertés historiques prises par l’autrice pour les besoins de la narration sont corrigées par elle-même à la fin de l’ouvrage.

L’amour de l’écrivaine pour l’Italie transpire à chaque page, avec toute sa richesse culturelle et ses différences. J’ai particulièrement apprécié toutes les descriptions culinaires et énumération de plats typiques du nord de l’Italie, en allemand dans le texte et loin des clichés habituels sur la cuisine italienne : pas de pizzas ni de pâtes ici !



Par contre, j’ai eu un peu plus de mal avec les personnages. Gerda et Eva sont grandes, blondes et belles. Gerda encore plus qu’Eva d’ailleurs. Mais c’est tout.

Bien sûr grâce au déroulé du récit, la vie des deux protagonistes se dévoile devant nous. De par leurs agissements, leurs choix, on devine leur caractère mais il manque quelque chose pour que leur portrait soit vraiment convainquant.

C’est dommage mais cela ne gâche pas non plus cette belle lecture, elle a juste un tout petit goût d’inachevé…

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Plus haut que la mer

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De regarder l’horizon
De se taire pour écouter le bruit du vent
De courir avec elle
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