Citations de Franck Bouysse (2472)
Les vitres sont recouvertes de givre, semblable à ces mycéliums qui fleurissent la terre au printemps.
L'épaisse couche de neige est en train de geler et scintille, tel un drap brodé de fils d'or, et le brouillard ressemble à un buvard, qui lentement s'imbibe d'obscurité.
Il continuait de lire, le plus souvent de relire, la vingtaine de livres constituant son panthéon, comme on écoute jusqu'à sa mort Bach ou Schubert sans jamais se lasser, sans jamais en épuiser la forme.
Caleb considère chaque animal, à sa manière, sans pour autant vouloir en faire un complice, comme le chien. Il ne s’attacherait pas plus à un moustique qu’un rotengle.
(Albin Michel, p.45)
Habiter le présent, il n'y arrive guère. "Nous ne sommes jamais chez nous, nous sommes toujours au-delà." Montaigne avait raison en ce qui le concerne.
Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans jamais vraiment s'éloigner du cœur qu'est l'enfance, et quand les illusions disparaissent, quel les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n'y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d'une réalité évanouie, car seules ces ombres nous guident sur cette terre.
J'en sais rien si c'est un cadeau que je te fais. T'en disposeras bien comme tu voudras. Il faudra juste pas confondre don et pouvoir.
il devait ainsi éviter de côtoyer les humains,car selon elle, les formes d'attachement ne conduisent qu'au reniement de soi et l'on finit toujours par se trahir dans la haine ou le consentement.
L'homme
Ceux qui ont connu l'homme
Disent qu'il était bon
Qu' il s'y entendait
A poser des clôtures
Il n'est plus de ce monde
M'accompagne pourtant
A chaque coup de masse
C'est l'ombre de son geste
Qui enfonce un piquet
Et tend les barbelés
( p.29)
Après les coups
Assise sur un mur
Elle attend le printemps
Que s'allongent les jours
Que l'horizon verdisse
Un matin dit-elle
Je partirai
Un soir dit,-elle
Je m'en irai
Je partirai c'est sûr
Je m'en irai peut-être
( p.42)
Dans un pré, sur la gauche de la route, s’alignent des piquets de clôture sans fils qui dépassent de la couche neigeuse, semblables à des canons de fusils appartenant à des soldats ensevelis pendant une retraite. Harry imagine les cadavres toujours vêtus de leur uniforme, parfaitement conservés, les orbites et les bouches béantes, les traits marqués par la stupeur, qui attendent la fonte et la révélation de leur stature héroïque gravée dans un marbre friable, en souvenir de leur sacrifice ; et il craint pour eux, comme pour l’espèce humaine tout entière, que la mémoire soit une boue figée sous la neige le temps d’une saison.
Vieillir, est-ce la seule façon d'éprouver durablement la foi ?
Les mots sont les habits de tous les jours, qui s'endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde.
page 14
L'enfant n'est rien face à l'animal. Il marche vers lui, ses pieds nus, ses orteils foulent la paille tassée par la bête prodigieuse. , qui dresse fièrement la tête.
Je serais toi, je prendrais en compte que les mouches peuvent changer d'âne un de ces jours, ajouta Gobbo dans un sourire.
Onésime avait promis de ne pas revenir sans Rose. Il n'était pas revenu. Plus le temps passait, plus elle sentait son cœur d'abord incendié par la colère s'éteindre peu à peu, pour que ne subsiste plus qu'une pierre froide sous une ancienne coulée de lave.
La vie, il faut la laisser déborder tant qu’il y en a.
On sacrifia en leur nom. Les souvenirs lointains ne trouvèrent aucun écho. Les vices, les mensonges, la folie et la violence jaillirent en un feu destructeur.
- Mon ami, la vie quitte parfois un endroit sans raison apparente. Un lieu béni des dieux peut devenir soudainement repaire du diable.
Le sourire qu'il eut à ces mots me glaça le Sang.
Moi qui avais jusqu'alors considéré le bien et le mal comme des concepts rassurants pour lesquels j'avais forgé quelques armes, il allait bientôt me falloir glisser d'autres fers dans les braises.