Citations de Franck Medioni (40)
Gouffres et sombres abysses
révélant
des jardins de délices
(Kenneth White)
Regard accaparé
par la beauté
la vie devient chant
(Louis Calaferte,
p. 105)
Nous devrons vivre
Avec l'herbe apaisée
et le rire des catacombes
(Tomas Tranströmer
p. 55)
Dans le prunier blanc
la nuit désormais
se change en aube
Buson
C'était drôle, ses petites danses. Quand sa musique marchait bien, il se levait et faisait une petite danse. Il se sentait bien dans sa peau. Il vous sentait là, et la musique swinguait, et il avait ce qu'il voulait. Il avait l'air de vous dire : " Je n'ai plus besoin de jouer, c'est vous qui faites la musique maintenant [...]." Il se levait, il dansait pendant que Charlie Rousse jouait. Et dès l'instant où Rousse finissait son solo, Monk reprenait son jeu au piano, et il rentrait dans la musique instantanément, sans temps mort, rien. La danse faisait partie du piano.
Au-delà du silence immobile
ah!
ce rire dans l'air
Kenneth White
Au milieu de la nuit
un vent bleu
hurle autour d'une maison
Kenneth White
Il dessine et peint beaucoup. Partout. Sur les murs, sur ses meubles coûteux. Il peint des formes géométriques aux couleurs vives inspirées de l'art africain, des visages et des corps de femmes déformés. "La musique est une peinture que l'on peut entendre, et la peinture est une musique que l'on peut voir", dit-il. (34-35)
"Sois toujours prêt à jouer ce que tu ne sais pas", lance Miles au batteur Jack DeJohnette. Pour lui, la musique n'est pas une compétition, mais une coopération, une aventure collective. Il a l'art de réunir des musiciens, de les stimuler et faire jaillir le meilleur d'eux-mêmes. (24)
Chacune de ses notes est chargée, vitale. Peu de notes, beaucoup de musique. Il sculpte dans le silence de belles notes qui chantent. "Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles ?" dira-t-il. (14)
Un jour, le jeune Miles se trouve en cours d'histoire de la musique. L'enseignante est blanche. Elle explique que si les Noirs jouent le blues, c'est parce qu'ils sont pauvres et doivent cueillir le coton. Cela les rend tristes, et de cette tristesse vient le blues. La main de Miles se tend en un éclair, il se dresse et explique : "Je suis d'East Saint Louis, mon père est riche, il est dentiste, et je joue le blues. Mon père n'a jamais ramassé le coton, je ne me suis pas réveillé triste ce matin et je ne me suis pas mus à chanter le blues. C'est plus compliqué que ça." Miles Davis le raconte dans ses mémoires, l'enseignante est devenue verte et n'a plus rien dit.
(10-11)
Madame Davis est mélomane, elle joue du piano et du violon. Elle aimerait voir son fils Miles jouer du violon, l'instrument noble de la culture blanche. Mais, pour ses 13 ans, monsieur Davis offre à son fils une trompette flambant neuve. (8)
Ce que la peinture représentait et représente pour moi : c'était en fait la même chose que de faire de la musique. C'était un moyen de m'exprimer, de présenter des sentiments et des idées. Je n'était pas particulièrement doué pour exprimer mes sentiments et mes émotions par des mots.
Gerhswin s'affirme de plus en plus comme un musicien de son temps. C'est un créateur aux aguets. Musique, peinture, littérature, art dans sa globalité, il s'intéresse à tout.
Gerswin est un esprit curieux, ouvert. Il savait toujours tout sur tout, rapporte la chanteuse Kitty Carlisle. Il pouvait parler de tout ce qui se passait.
Ma certitude vint de ce que le jazz était mieux qu'un rythme: une pulsation. Je tenais le pouls de la Muse. Je sentais battre son sang rouge. Il venait du coeur. Il effrayait. Il rassurait.
Jean Cocteau
Cette anthologie témoigne de la fraternité qui unit le jazz et la littérature.
La musique de jazz, c'est comme les bananes, ça se consomme sur place.
Jean-Paul Sartre
Un de ces matins
Tu te lèveras en chantant
Puis tu déploieras tes ailes
Pour t'envoler vers le ciel
Mais en attendant ce jour-là
Rien ne pourra te faire de mal...
George Gershwin
Je ne cesserai pas
de chanter les cloches des rencontres muettes,
les bras des divans parfumés,
les grandes chutes d'oiseaux ressemblants,
les éternels miroirs vibrants.
Je ne cesserai pas
de chanter la morsure rouge des lèvres,
l'épaule insoumise, les aisselles surprises,
les seins toujours à l'heure aux rendez-vous nocturnes.(...)
Je ne cesserai pas
de chanter la rue, le parc, la mer
car je te connais
car je t'aime et te connais.
Edmond Jabès, " je bâtis ma demeure"