Citations de François Blais (85)
C'est ça le beau de l'affaire avec la fréquentation des grands auteurs : peu importe la manière dont tu mènes ta barque, tu peux être sûr qu'un génie a déjà décrété qu'il s'agissait de la seule bonne manière de mener une barque.
Chaque fois qu’elle et moi on se voyait ou qu’on se parlait au téléphone, je m’empressais, sitôt que je me retrouvais seul, de noter dans mon cartable les nouveaux détails biographiques qu’elle avait laissé tomber au fil de la conversation. Mon dossier « Julie Parent » était bien étoffé. Si on m’avait invité à donner une conférence dans le cadre d’un colloque sur Julie Parent, j’aurais pu tenir deux heures au micro, facile. Mais personne n’organisait de colloque sur Julie Parent.
"Alors ce matin, c'est moi qui vais former les équipes. Qu'est-ce que vous en pensez ?" Bien entendu, son "Qu'est-ce que vous en pensez?" remplissait la même fonction que le mot "République" dans "République populaire de Chine", c'est-à-dire donner l'illusion de la démocratie.
Jude disait vrai: il s'agissait effectivement d'un chien pas très beau. Sa configuration générale s'apparentait à celle du lévrier, mais son bagage génétique contenait vraisemblablement l'ADN de toutes les races canines, à l'exception peut-être du saint-bernard. Il avait un peu la tête d'un colley, mais avec des petits yeux ahuris de chihuahua et un museau comme celui du chien de ma cousine Karine, un hideux chinese crested du nom de Marius. Ses côtes saillaient sous son pelage d'un blanc grisâtre constellé de taches noires et brunes. Il était si maigre qu'il fallait jouer sur les mots pour en parler comme d'un être en trois dimensions.
Toutes ces villes nous ont tentés à un moment ou à un autre mais, comme disent les participants d'Occupation Double, on n'avait de coup de coeur pour aucune. À un moment donné, j'ai lancé, sans trop réfléchir : « Ah ! Et pis fuck " Allons à Bird-in-Hand et tout sera dit ! » Jude a répondu : « Bin oui, c'est évident, calice ! » et on a éclaté de rire. Affaire conclue.
C’est niaiseux, je sais, mais depuis l’été 1994 j’ai décidé qu’il était important que je n’oublie jamais Mélanie Cabay.
(...) la plupart des gens tombent en amour avec des personnes imaginaires, ce qu'on aime chez les autres, au fond, c'est généralement nous qui l'y mettons, (...) il est possible de vivre des années auprès d'une personne sans jamais connaître autre chose d'elle qu'une représentation stylisée tirée de notre esprit.
Elle arborait bien sûr le sourire niais de commande (tout le monde sourit niaisement sur les emballages de produits, même les mannequins pour colliers cervicaux et pour poires à lavement), ….
Vous serez sans doute d’accord avec moi, monsieur, si j’affirme que les gens ont généralement l’air de ce qu’ils sont. Les hommes d’élite en imposent naturellement, avant même d’ouvrir la bouche, de même que les médiocres….
Ayant passé en revue toutes les carrières possibles, j'en arrivai à la conclusion que la seule manière d'accéder aux honneurs sans faire de longues études ni posséder quelque qualité ou talent particulier était la politique.
Qui a tué Mélanie Cabay? Comment pourrais-je le savoir? Je ne suis qu'un épais avec une connexion Internet.
Je suis irrésistiblement attiré par la bibliothèque dès que je mets le pied dans une nouvelle maison, et j'éprouve une joie sans mélange chaque fois qu'aucune règle de bienséance ne m'interdit d'y fureter à mon aise.
Mon déjeuner pris, j'ai posé mon livre et j'ai continué à siroter mon café en regardant la pluie tomber sur le champ de blé d'Inde de monsieur Gélinas. Le voisin de gauche de monsieur Gélinas a trois vaches, celui de droite cultive (entre autres) des pommes de terre et moi je n'ai personne à qui dire que ça fait comme un pâté chinois à l'état sauvage.
Ce qui est bien avec C***, c'est qu'il vit pleinement le moment présent, cela sans jamais avoir ouvert un seul ouvrage de croissance personnelle.
...et pour ma vocation de femme battue, il ne faut pas trop y compter: je vis avec un gars qui ne battrait même pas un oeuf. (p.85).
...nous étions devenus si proches que nous n'étions plus vraiment deux personnes distinctes mais de simples succursales l'un de l'autre. (p.50)
En fait, personne ne sait vraiment à quoi sert un président de classe au primaire. Du point de vue des grandes personnes chargées de former les citoyens de demain, les élections scolaires constituent avant tout un exercice pédagogique visant à initier l'élève à la vie démocratique. Dans la réalité, cela donne plutôt lieu à un odieux concours de popularité, ponctué par des manoeuvres de coulisses, du marchandage (Je vais t'inviter à ma fête si tu votes pour moi), des slogans creux à propos de changement et des promesses faites avec d'autant plus de désinvolture qu'on sait qu'on n'aura pas les moyens de les tenir. Rien à voir, donc, avec une véritable campagne électorale. Mais on ne peut pas trop en demander à des gamins.
Ce que beaucoup de gens auraient appelé l’enfer, Joey appelait cela un mardi après-midi.
Si je m’inventais des amis, ils ne seraient pas comme Thomas. J’inventerais du monde moins bizarre.
Si un enfant disparaissait, il pensait à Marc Dutroux avant de penser à Slenderman.