Ce récit, ce faux polar jubilatoire, dont la lecture est avant toute chose un véritable régal, prend des accents graves – subversifs aussi – qu’il n’y paraît à première vue…
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Grâce est tombée dans un sommeil comateux, ses frères, sœurs et conjoint sont à son chevet.
Suite à un accident de voiture, Grâce Fougeray est plongée dans un coma profond. Son conjoint Franz et sa fratrie (Marina, Alexia, Jivan) sont à ses côtés. Il y aussi Hyacinthe, la fille de Marina. Les rapports entre les différents couples sont plutôt tendus. Ce sont des « je t’aime, moi non plus ». La maison familiale à Chavy en Normandie y joue aussi un rôle déterminant et également la mer ainsi que la nature hivernale.
Une écriture propre que celle de François Emmanuel : de longues phrases qui se déploient au plus grand bonheur du lecteur. Ça, c’est du style ! De belles descriptions, des sentiments exprimés autant que rentrés, une tension dramatique du plus bel effet. Le contenant est supérieur au contenu !
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Confession intime d’un frère sur la disparition de l’une de ses sœurs jumelles en Pologne. Je n’ai pas vraiment accroché à ce roman même si l’écriture est belle pourtant mais le récit n’est pas fluide. Il y a beaucoup de non-dits dans cette histoire de relations familiales, qui le rendent parfois lourd et pesant, difficile à appréhender. Il y a le poids du secret qui pèse au fil des pages jusqu’à ce que la chambre voisine nous révèle ses secrets.
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« La mémoire est comme un mur sur lequel on passe la main. » Un geste, une phrase, rendent parfois sensibles le mystère et le charme d’un livre. Une formule d’une simplicité biblique, qui intrigue tout en laissant entrevoir une calme évidence. Le jeu de la mémoire, obsessionnel chez François Emmanuel, résumé en un geste d’une douceur complice contrastant avec la violence d’un mur, dur et nu, dont on sent qu’il révèle autant qu’il dissimule. Les trois nouvelles réunies dans ce livre explorent les traces subtiles du passé après la disparition d’un être cher : une femme, dans les deux premières, un écrivain célèbre, dans la troisième, qui a donné son titre au recueil. Le narrateur, sur les traces du disparu, dévide comme sans y prendre garde les fils ténus d’un passé qui résiste, attentif à des détails qui semblaient jusque-là anodins. « Je marchais le long de la Mandovi avec le sentiment que tout était signe », remarque le premier ; « un moment surpris par une sensation très nette de déjà-vécu », ajoute le deuxième ; « je me suis souvenu que nous avions pratiqué la même opération trois ou quatre ans auparavant », enchérit le troisième en fermant les volets. Une sensibilité nouvelle au monde, aux lieux, aux personnes, aux objets d’art s’affine dans la disparition d’un être cher. Sans effets de manche intempestifs, avec une patience de dentellière, François Emmanuel excelle à évoquer ces impressions infimes qui colorent à peine le réel : « cette impression de vent qui chasse, de ténèbres qui gagnent de proche et proche » ; « comme pour installer une permanence du réel dans ce qui quelques jours plus tard appartiendrait au temps du rêve », « comme si nous appartenions lui et moi à ce monde hors du monde, ce cercle de chuchotements et de sidération »…
Et soudain, de grandes ruptures, de profondes déchirures traversent le pastel du monde. « Les plaques tectoniques de la nuit crissent l’une au-dessus de l’autre », le soleil incendie la chambre, une sirène d’ambulance hulule, le rivage étincelle… La vie se réveille, souveraine, le désir brûle, impérieux. Les disparus semblent plus vivants que ceux qui partent à leur recherche. « Si je ne suis plus visitée, je m’arrêterai », disait L. en parlant de sa peinture. Mais cette exigence d’absolu n’éclaire-t-elle pas aussi sa mort ? Quel désir a traversé le secrétaire de l’écrivain terrassé par un accident, au point de ne plus savoir distinguer ce qu’il recueille à la dictée, ce qu’il prolonge dans sa connaissance intime de l’œuvre, ce qu’il puise dans un amour secret pour la maîtresse de son employeur ? Des forces souterraines se trahissent par des biais insoupçonnés : un livre, une rencontre fortuite, un dessin de la Renaissance… Plus qu’un personnage perdu à jamais, c’est un rapport avec la vie, avec la mort que cherchent les trois narrateurs. « Comment aide-t-on les gens au moment du passage ? » se demande l’un ; comme « laisser tomber son corps comme une enveloppe inutile », s’interroge l’autre ; « un jour nous serons tous confondus dans la même lueur », découvre le troisième dans les derniers manuscrits de son maître. Entre ceux qui partent et ceux qui restent, quel est ce désir obsédant comme le murmure des vagues ?
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