AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de François Mitterrand (51)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le bureau de poste de la rue Dupin et autre..

Marguerite Duras et François Mitterand sont tous deux amis de longue date, nous le savons bien grâce aux multiples textes de Duras dans lesquels elle parle de lui. Pour bien comprendre ce recueil, je conseille fortement d’avoir lu La Douleur auparavant, histoire de bien comprendre les enjeux qui se dégagent de leur lien et du premier entretien du texte – le plus important, et donnant son nom au recueil. Marguerite Duras a rencontré Robert Antelme en janvier 1936, et ces deux se sont retrouvés petit à petit de plus en plus engagés dans la résistance de la seconde guerre mondiale avec un troisième, Dionys Mascolo, qui deviendra l’amant français de Duras, et le père de son enfant. L’appartement qu’occuperont ces trois dissidents en plein cœur de Paris sous l’occupation, deviendra le repère d’un groupe de la Résistance, le RNPG dont François Mitterand était le chef. Il les rejoindra, avec de nombreux autres, formant ainsi le groupe de la rue Saint-Benoît. Le 1er juin 1944, le groupe tombera dans un guet-apens, alors au bureau de poste de la rue Dupin où une réunion devait s’y produire. Marguerite Duras et François Mitterand s’en tireront de justesse, mais ce n’est pas le cas de tous : Robert Antelme, parmi d’autres, se fera alors arrêter par la Gestapo. L’attente de Duras face à l’absence sera alors narrée dans La Douleur. Pourquoi raconte-je cela ? Tout simplement parce que c’est le sujet primaire de ce recueil, c’est le sujet primitif du lien entre les deux entretenus. Sur les cinq entretiens, le premier parlera presque uniquement de ce sujet épineux de tristesse, de mauvais (et bons) souvenirs. Suivront ensuite quatre autres entretiens aux sujets absolument diverses et variés : « Le dernier pays avant la mer », « Le ciel et la terre », « Africa, Africa » et « La Nouvelle Angoulême ». Au travers de ces entretiens se déroulant à l’Elysée en 1986, tous les sujets seront abordés : la mort, les espaces, la mer, la campagne, Paris, la politique, l’Histoire, les différents états de l’Afrique, le nucléaire, les Etats-Unis et son président (Ron Reagan, à l’époque), le nationalisme, le manque d’informations et d’implication dans la politique, l’immigration, le racisme, la défense sociale, Israël, les scandales parisiens, etc. Je ne connais franchement pas grand-chose à tous ces sujets que j’ai en revanche trouvé très actuels malgré l’époque – ces entretiens passés il y a près de quarante ans et qui parlent de sujets encore très actuels. C’est bien troublant de voir à quel point les temps n’ont pas vraiment changé –, mais les lire m’a appris beaucoup de choses.



Ces entretiens sont suivis de plusieurs annexes qui m’ont encore plus touché que lesdits entretiens. Il y a tout d’abord un texte de Yann Andréa, qu’on ne présente plus, nommé « L’adieu du Boulevard Raspail » sur la dernière fois que se sont vus les deux amis dont les noms se trouvent sur la couverture du recueil. C’était un texte très touchant d’un point de vue extérieur à cette amitié, mais qui arrive à faire ressentir cette épaisseur d’une cinquantaine d’années. Ensuite se trouvera un témoignage poignant de Jean Munier, « Le bureau de poste de la rue Dupin », narrant le jour de l’arrestation de Robert Antelme par la Gestapo, ce 1er juin 1944. Et puis viendra un extrait retranscrit d’un film documentaire de Jean Mascolo (fils de Dionys Mascolo et Marguerite Duras) sur le premier amour de la propre mère du réalisateur : « Autour de Robert Antelme ».



Cette petite série d’entretiens tient pour sujet majoritaire cette journée de l’arrestation de Robert Antelme par la Gestapo à la poste de la rue Dupin, évènement déjà narré dans La Douleur. Ici, il n’est pas romancé, ce sont des faits très réels qui sont expliqués, avec d’autres comme la politique, l’Histoire, le nucléaire, la mer, le racisme… J’y ai appris beaucoup de choses avec émotion. {14}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
Commenter  J’apprécie          00
Le pouvoir ne se partage pas. Conversations..

Le pouvoir ne se partage pas : un titre, au goût de conclusion, qui résume donc à lui seul le contenu de cet ouvrage. le sous-titre, lui, ("Conversations avec François Mitterrand") est réducteur ; sans doute eût-il mieux valu qu'il soit plus explicite : en effet, plus que ses conversations avec François Mitterrand, Edouard Balladur nous livre ici son journal de la cohabitation 1993-1995. Un récit chronologique et factuel, agrémenté de portraits, notamment de Mitterrand, Chirac et Bayrou (page 407), et de réflexions sur le pouvoir et sur la politique : "la politique est un domaine où la méchanceté gratuite se donne libre cours aux dépens de la froideur du raisonnement ou de la simple équité" (page 10); les rivalités visant le pouvoir "abîment les relations personnelles" (page 43). Un témoignage de premier ordre sur la cohabitation, cette "situation exceptionnelle et incommode de partage du pouvoir" (page 10), par l'un des deux protagonistes qui l'ont vécue.

Si les journalistes ont qualifiée de "cohabitation de velours" cette période, Édouard Balladur revient néanmoins sur les hauts et les bas de la relation avec le Président de la République qui ont jalonné ces deux années. Un Mitterrand soufflant le chaud et le froid, tantôt charmeur et séducteur, voulant instaurer une relation de connivence, se disant prêt à lui faciliter la tâche, tantôt hautain et méprisant (à François Léotard : "Parlez-en au Premier ministre, qui m'en parlera" - page 70), tantôt s'opposant à sa volonté de reprendre les essais nucléaires, le Chef d'Etat-Major des Armées indiquant à Édouard Balladur qu'il n'obéirait qu'au président. Il évoque aussi une autre forme de cohabitation : avec les figures tutélaires de la droite, Giscard d'Estaing et Chirac, qu'il inquiète par son indépendance d'esprit et dont il trouble les habitudes.

Le pouvoir ne se partage pas. Edouard Balladur se souvient avoir, le premier, théorisé la cohabitation, plus comme un expédient provisoire que comme un système durable. Après l'exercice pratique, il reconnaît qu'il faut "changer nos institutions pour mettre la France à l'abri de cette confusion" (page 13). Il illustre son propos avec une expression très forte de François Mitterrand, évoquant 1988, lorsqu'il est redevenu président de la République "de plein exercice" (page 82).

On apprend aussi dans ce livre que sa nomination à Matignon a résulté de la seule décision de François Mitterrand, que François Mitterrand a d'ailleurs innové dans la forme, en annonçant lui-même à la télévision la nomination du Premier ministre, qu'en aucun cas il n'y a eu de "pacte" de partage des rôles entre Chirac et Balladur, et que François Mitterrand associait à Michel Rocard le terme "charabia" !

Avec une grande humilité, qui incite d'ailleurs à lui donner crédit sur la véracité du reste de son récit, Édouard Balladur revient aussi sur les raisons de son échec à l'élection présidentielle : le soutien de la seule opinion, son indépendance par rapport aux partis et l'absence de soutien de la part d'un grand parti structuré, le manque d'organisation de sa campagne, sa tendance à parler à la raison plus qu'au coeur ("Il ne suffisait pas de chercher à convaincre, il fallait séduire" - page 308), sa naïveté à croire que la vérité finit toujours par l'emporter, le calme et l'indifférence qu'il affichait en réponse à la violence des attaques, etc.

Françoise Giroud avait intitulé ses mémoires "la comédie du pouvoir". L'intérêt du livre d'Édouard Balladur, c'est de nous montrer ce qui s'est passé en dehors de la scène, à l'abri du regard des journalistes, dans les coulisses du pouvoir. Pour Georges Pompidou, dont il avait accompagné en 1974 la fin de mandat en qualité de Secrétaire général de l'Élysée, Édouard Balladur avait parlé de "la tragédie du pouvoir". Pour son cas personnel, en refermant son livre, je suis tenté de parler de la solitude du pouvoir, voire de sa cruauté.

Un témoignage passionnant.
Commenter  J’apprécie          00
Le bureau de poste de la rue Dupin et autre..

J’ai découvert par hasard ce livre d’entretiens. Il est d’une lecture très facile et passionnante. J’ai beaucoup appris sur le passé de Marguerite Duras et François Mitterand. Les notes en fin de livre sont très instructives.
Commenter  J’apprécie          00
Le bureau de poste de la rue Dupin et autre..

Commenter  J’apprécie          00
Lettres à Anne : 1962-1995

Bien que l'homme politique ne m'intéressait pas particulièrement, ...et ne n'intéresse pas plus historiquement maintenant ... j'apprécie par contre, beaucoup "l'écriture" (parfois abstraite) de cette correspondance retraçant l'histoire -peu banale- de ces deux personnages : romantique, sincère je pense, teintée cependant d'un peu d'égoïsme dû aux obligations familiales et politiques auxquelles F.Mitterrand était obligé de se soumettre.

Je suis transporté dans un certain contexte des années 60-95, et notamment dans la région du sud-ouest.

J'ai aimé cette lecture très intéressante que je recommande .C'est magnifique vraiment ... Je lis des passages de temps en temps et se n'est que du bonheur !!

Je ne pouvais imaginer François Mitterand aussi beau, amoureux, attentionné dans sa vie ...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          00
Lettres à Anne : 1962-1995

Et si Lettres à Anne de François Mitterrand était LE livre de l’année 2016? Mille deux cent dix-huit lettres écrites à la femme aimée pendant plus de trente années! Roman d’amour et roman épistolaire bien sûr, mais aussi autobiographie, essai politique et même œuvre poétique, jouant de tous les styles, longs épanchements lyriques, brèves factuelles, portraits caustiques, poèmes en prose… Une œuvre totale et peut-être la dernière correspondance amoureuse.

lire la suite sur les heures perdues
Lien : http://www.lesheuresperdues.fr
Commenter  J’apprécie          00
Journal pour Anne, 1964-1970

Un aperçu inédit de la vie privée de François Mitterrand à travers sa correspondance et son journal destinés à sa maîtresse Anne Pingeot.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Lettres à Anne : 1962-1995

Un aperçu inédit de la vie privée de François Mitterrand à travers sa correspondance et son journal destinés à sa maîtresse Anne Pingeot.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00
Lettres à Anne : 1962-1995

Plus de mille lettres et vingt-deux blocs de papier bleu... De 1962 à sa mort, en 1995, François Mitterrand écrit à Anne Pingeot. Exprimant avec une folle intensité son amour éperdu.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          00
Lettres à Anne : 1962-1995

Les lettres brûlantes de Mitterrand à Anne Pingeot.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
Commenter  J’apprécie          00
Le bureau de poste de la rue Dupin et autre..

Un entretien-vérité passionnant entre la romancière française et l'ancien Président de la République.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de François Mitterrand (402)Voir plus

Quiz Voir plus

No et moi

Comment s'appelle l’héroïne de l'histoire ?

Léa
Louise
Lou
Judith

15 questions
584 lecteurs ont répondu
Thème : Delphine de ViganCréer un quiz sur cet auteur

{* *}