En parallèle à ses
Lettres à Anne, 1962-1995, le superbe
Journal pour Anne 1964-1970, tout vibrant du secret d'une fougue d'adolescent, collages destinés à l'Aimée, versant de la face d'ombre de
François Mitterrand alors en pleine lumière de son ascension politique vers son Capitole - peut-on jurer connaître totalement un être ? - dans la pleine maturité de l'âge et l'éblouissement de sa folle passion pour une jeune fille de trente ans sa cadette, 21 ans en 1964.
" Mais qu'était-il allé faire dans cette galère, la politique ? Aux côtés des guignols de l'officialité, lui qui chaque jour, en tapinois, au débotté, tuait en lui la marionnette ? Adhérer aux discours filandreux et guindés de la profession, lui qui trouvait sa vérité dans un oeillet des dunes, une pluie multicolore sur des pavés de bois, une mélodie de Thelonious Monk ou un film de Vadim ? [...]
Fin des propos convenus, naissance d'un inconnu intimiste dont la carrière publique prend rétrospectivement des allures de bouche-trou. Un écrivain à coeur ouvert, sans apprêt ni affectation, crayonnant la vie à main levée, avec le grain ultra-fin d'un
Benjamin Constant, pour l'intime des sentiments, et la patte irrespectueuse d'un
Jules Renard, pour le croquis de société." (
Régis Debray, « Mitterrand, un écrivain à coeur ouvert », le Figaro du 13/10/2016).
Tout est dit. Mais la révélation de la profondeur de l'amour-passion et la création littéraire ne pouvaient éteindre chez l'homme politique l'ardente obligation d'une ambition dévorante vers une destinée à la mesure de l'Histoire.
Un must. Incontournable