L’intrigue se déroule dans la région d’Arras, fief historique de Robespierre, en l’an 1794, alors que la période révolutionnaire la plus sanglante accumule les exécutions d’une multitude de citoyens sommairement jugés et que les envahisseurs autrichiens et consorts attaquent la France de toutes parts.
Axel, Lieutenant du prestigieux régiment des dragons parisiens est enrôlé de force pour retrouver son ancien Capitaine, Pierre Villiers, et le remettre à la justice révolutionnaire. Ce fil conducteur va mener notre héros dans une aventure où il risquera, lui et les siens, plus souvent sa peau que sur les champs de batailles proches.
Paradoxalement en pareil cas, on est surpris de trouver un héros dénué d’initiative, balloté par les évènements et manipulé par de mystérieux intervenants aussi sanguinaires que peu loquaces.
Il reste une description très fine des évènements historiques, de la vie quotidienne, des mœurs. C’est certainement dans ces tableaux au réalisme parfois cru que réside tout l’intérêt de l’ouvrage, l’intrigue n’étant qu’un prétexte à cette exploration.
Les personnages ont bien du mal à sortir de ce contexte démonstratif et sont de ce fait assez falots, hormis quelques identités remarquables tels Pierrot l’aide de camp comique de la bande ou la princesse de Samareze, voyante occasionnelle et érudite, ou encore le Sieur Le Bon, âme damnée de Robespierre qui, tel un Savonarole républicain, mélange intérêts publiques et soif de pouvoir aussi peu légitime que très sanglant (son patronyme, bien réel, ne manque pas d’étonner).
Pour finir, le roman est écrit dans la langue de l’époque, truffée d’expressions désuètes, de tournures vieillies, de vocabulaire oublié parfois graveleux et osé (mais aussi d’une forme de patois habilement reconstitué).
Dès les premières pages, j’ai pensé au film de Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs avec Jean Reno et Christian Clavier, comédie culte des années 1990 en particulier grâce à une mise en scène basée sur des anachronismes et servie par un langage vert, coloré et décalé de nos héros moyenâgeux et prêtait immédiatement au rire par ses situations cocasses.
L’ouvrage de Françoise Dag’naud quant à lui hésite entre reconstitution historique, thriller historique et comédie historique. C’est ce qui me semble faire la faiblesse du roman, faiblesse aggravée par cette écriture au vocabulaire et aux tournures qui nuisent à une lecture fluide qui risque fort d’en décourager plus d’un…
A titre personnel, l’écueil de la langue ne m’a pas gêné outre mesure. J’y ai trouvé une mine d’expressions souvent très imagées. Malheureusement, l’aventure en elle-même est peu passionnante et sans suspens (ou le suspens tombe à plat, le héros n’étant que le jouet des évènements).
Merci aux éditions Larousse et à Babelio de m’avoir offert l’opportunité de recevoir ce livre élégant au papier raffiné. C’est une très belle édition pour un texte très original qui divisera les lecteurs à n’en pas douter.
Michelangelo 21/04/2021
Lien :
http://jaimelireetecrire.ove..