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Citations de Françoise Grard (44)


Ma solitude a pris alors un tour radical, comme si j’étais la seule rescapée d’un cataclysme. C’est à ce moment-là que j’ai cessé de guetter les bruits, de fixer le chemin, c’est à ce moment-là que l’espoir d’un secours m’a quittée.
Il était neuf heures du soir, Wilfred ne viendrait plus. Je n’aurais pu dire pourquoi cette certitude se glissait en moi comme un serpent froid entre mes omoplates. Seulement que je savais que mon salut ne passerait plus par lui ; une évidence monstrueuse qui ne me révoltait même pas.
Wilfred ne viendrait plus.
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Dans sa main, il tenait l'ouvrage qu'il devait me prêter et ses longs doigts palpaient la couverture, s'introduisaient parmi les pages ou le claquaient sur sa cuisse. Tout en ne perdant pas un mot de ses explications, je suivais le jeu de ses doigts sur le livre, et ce jeu me troublait comme celui de doigts sur un corps ; leur agilité, leur autorité, leur grâce, les détachaient de sa personne pour devenir aussi autonomes qu'un être à part entière auquel j'aurais voulu être livrée moi-même.
(p. 44-45)
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Je ne m'attarderai pas sur les semaines que j'ai passées à mon retour [...] dans une maison de rééducation de la banlieue parisienne.
A vingt ans, j'y ai fait l'apprentissage des futures délices de la maison de retraite. Les pensionnaires de cet établissement, sans avoir pour autant tous les cheveux bancs, y traînaient soit leurs douleurs, soit leur tristesse, parfois même leur agressivité.
J'y ai vécu dans une banlieue non seulement de la capitale, mais aussi de la vie.
(p. 81)
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De manière générale, les livres se divisent pour moi en deux catégories : ceux dont je me repais pour mon propre compte en pillant la bibliothèque de mon quartier." Encore toi Romain ! " s'écrie la bibliothécaire ravie en me prenant des mains la pile de romans que je lui rapporte. Ce sont des livres comme des rêves épais dans lesquels je plonge pour oublier ce qui m'entoure.
Et puis les livres prescrits par le collège qu'il faut non seulement lire pour une date précise, mais encore passer au laminoir de la fiche de lecture. Ceux-là, la plupart du temps, sont aussi secs que des croûtons oubliés dans la boîte à pain.
( p 27 )
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J'ai remis au lendemain l'explication que nous n'aurions pas. Puis j'ai ployé sous une vague de désir tremblant qui m'a fermé les yeux.
Car mon désir pour Wilfred, contrairement à ceux que j'avais connus auparavant, était un désir poignant où se mêlaient l'appel de mon corps et un attendrissement mélancolique, plus puissant, plus voluptueux qu'aucun autre.
Plus tard, tandis qu'il plongeait à mes côtés dans un sommeil épais, je me suis collée contre son dos, humant l'odeur de foin de sa nuque, mes bras noués autour de sa taille, et ne souhaitant rien d'autre que sa présence auprès de moi.
Le monde avait retrouvé sa densité, sa bienveillance ; je ne voulais plus penser, seulement savourer la fin de la terrible peur que j'avais eue de le perdre.
(p. 55)
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Le passé faut pas le déranger, sinon, il se fâche.
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On ne se rend compte du prix des choses qu'au moment de les perdre.
Charles, il me serait insupportable de te perdre. Allez, je sacrifierais le monde entier pour te garder. Mathilde la première. Tous dans le gouffre du Grand Veymont. Si tu savais comme il est devenu noir, le monde, depuis que tu es fâché...
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Quelque chose de plus vaste que moi, que mon histoire (...), planait pour me rappeler que nos vies ne s'inscrivent sur la ligne du temps qu'en proportion d'un grain de poussière répandue au-dessus de ma tête.
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La pluapart du temps, j'aime bien Diane. Parfois je la déteste. Souvent je l'envie. Et deux à trois fois par an, je voudrais qu'elle me prenne dans ses bras et que nous nous tenions serrés l'un contre l'autre, comme des orphelins.
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P94
J'ai soif de livres. Il me faut des livres.
Je me souviens avoir répété, avec une conviction inépuisable, que le meilleur moment de la journée, c'est
le soir. L'heure du livre, sous la lampe de chevet, le corps relâché sous sa couette, dans le recueillement de la chambre où la pénombre réduit le monde au cône de lumière projeté sur la page.
La fatigue qui dilate la réceptivité du lecteur finit par le faire dériver vers des zones troubles, aux frontières du
rêve, où il flotte au milieu d'images mêlées ; celles suscitées par sa lecture et celles du sommeil dans lequel il finit par plonger.
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Elle était si vivante dans l'ombre palpitante du feuillage, si droite et si courageuse... (...) Vivante comme toutes les jeunesses passées et à venir. Comme tous les étés qui reviennent, malgré la folie des homes, avec leur espoir de soleil, de verdure et de fruits.
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(...) l'école ne doit pas réduire son rôle à l'utilitaire comme on tendrait à le penser aujourd'hui. Elle doit aussi fournir des outils de réflexion qui permettront à nos élèves de "penser leur vie".
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La vérité était que je n'avais plus de maison, puisque le pot de yaourt à la fraise ne me concernait pas, pas plus que le restaurant où ma famille devait à cet instant se pencher sur la carte. En entrée, maman prendrait surement une salade; quand à Adrien, il se jetterait sur les rillettes avec cornichons.
D'un coup de reins, j'ai redressé le petit garçon, en me disant que nous étions presque dans la même situation, lui et moi. Saut que sa propre mère devait être dévorée d'inquiétude tandis que la mienne croquait paisiblement sa frisée aux lardons, sans savoir que j'errais sous le déluge.
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A ce moment, Tchang est venu s'agripper à mon manteau. Je me suis penchée vers lui, tandis qu'il me souriait. En l’élevant dans mes bras, en le serrant contre moi, j'ai compris alors que j'étais devenue sa Stella à lui, en attendant de retrouver la mienne, un jour...
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p.144.
Mais un professeur, par sa trop facile supériorité d'adulte, peut aussi « détruire » un élève. Remarques ironiques, jugements de valeur ou même d'abus ont marqué toutes les mémoires. Un exemple : « Faire des études supérieures, toi ? Tu n'y penses pas, avec ta mère qui est concierge ! » C'est la déclaration encourageante que j'ai entendu adresser à une camarade quand j'étais moi-même élève. Le même professeur, du fait de ma forte myopie, ne s'adressait à moi que par l'appellatif flatteur de « mes pauvres yeux » et m'imposait, malgré mes protestations, des m'asseoir à une table rapprochée du bureau, loin de mes camarades. Une véritable quarantaine qui me donnait le sentiment d'avoir la peste bubonique. Il y a là une lacune éthique dans la formation des enseignements. Qu'il faudrait rappeler plus souvent ?
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Les enfants que nos parents ont été sont comme des enfants défunts.
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La chevelure est la première parure d'une femme.
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Le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur ; c'est de dominer sa peur.
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Je devais découvrir par la suite que "petit" ou "petite" était l'adjectif préféré de Madame Lanier. Chez elle, tout était modèle réduit et donc charmant, inoffensif... et contrôlable.
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 Le chagrin, c'est presque doux en comparaison du remords.  (p.105)
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