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Citations de Frank Conroy (167)


Claude jeta un coup d’œil bref au public — ce qui lui parut être des milliers de personnes faisant des petits gestes saccadés, qu’il finit par identifier comme étant des applaudissements — et trouva le piano. Avec une sorte de vision en tunnel, il regarda l’instrument qui grandit, grandit, au fur et à mesure qu’il s’en approchait, jusqu’à remplir toute sa conscience au moment où il s’asseyait sur la banquette. Alors, presque dans un déclic, il vit Popkin, Frédéricks, l’orchestre, Éva fixant le sol. Ses oreilles s’ouvrirent aux applaudissements qui allaient en s’affaiblissant. Il inspira profondément, une sorte de soupir, et la musique commença, occupant instantanément tout l’espace, telle une fleur géante s’épanouissant à partir du néant en une fraction de seconde pour devenir aussi grande qu’une maison. L’air était dense de musique.
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Sa première vision sur l'extérieur était le soupirail en forme d'éventail de l'appartement en sous-sol.
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Vous devez comprendre que la tonalité n'est rien de plus que la manière dont nous avons été formés à entendre. Assonances et dissonances ne sont, en un sens, qu'une question de mode. Rien de plus. Nous avons été conditionnés à la tonalité, la nouvelle musique peut nous en déconditionner. Un jour, lorsqu'une musique plus large, plus pure, aura ouvert nos oreilles, nous entendrons différemment.

Page 258
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Les deux accords gravés dans sa mémoire, il marcha lentement vers l'arrière du magasin, descendit l'escalier, prit un crayon et un papier, s'assit au Berchstein. Il lui fallut une demi-heure pour extraire les deux accords de sa tête et les transcrire totalement sur le papier. Lorsque ce fut fait, il resta assis une heure à les contempler, l'esprit fonctionnant à toute vitesse, prolongeant la moindre implication musicale concevable de la tension qui leur était inhérente. Il entrevoyait structure après structure, son excitation croissant au fur et à mesure que grandissait sa capacité à en imaginer de plus complexes, jusqu'à ce que finalement, tremblant d'allégresse et de terreur, il s'obligeât à se lever, à marcher dans le studio pour se calmer. Il avait désormais beaucoup de travail à faire - une pièce entière à écrire - et savait qu'il aurait à se controler. Autrement, la musique l'engloutirait, l'aspirerait hors de l'existence comme un astre géant avale une comète
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Faut décider si c'est la folie qui commande ou si c'est toi qui commande la folie.
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Il n'avait pas de limites, lorsqu'il regardait les gens dans les films. Débarrassé de son corps, au cœur de la cathédrale sombre, il absorbait les paraboles du Bien et du Mal qui reliaient tous les films - arc grandiose où se retrouvait pêle-mêle cow-boys, gangsters, flics, pères et mères, usines, armées, amants, voleurs, anges, villes et cités, animaux, rois et reines, chauffeurs de taxis, joueurs, prêtres, détectives, et le diable [...], belles et bêtes, comiques et fantômes. Ce n'était rien moins que l'histoire infinie de la vie, et il y participait. (p. 133-134)
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On met en sourdine une trompette, mais c'est toujours le même instrument. Les gens ne parlent pas de classes et de situation sociale, comme ils le faisaient autrefois. Mais cela ne signifie pas qu'ils les aient oubliées.
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L'amour romantique était profondément intéressant en ce sens que non seulement il promettait la fin de la solitude, mais suggérait un niveau supérieur de l'existence, une transcendance. (p. 177)
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On eût dit que Weisfeld était revenu d'au delà de la mort et se tenait dans la pièce avec eux. Le choc de sa présence fut si puissant que Claude sentit quelque chose éclater en lui, une grande explosion brûlante de l'amour de Weisfeld, qui fleurit de manière magique dans sa poitrine et le baigna de son pardon. Il pleura. Il sentit que son âme était lavée, à la fois détruite et reconstruite. Il pleura.
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Récemment, il avait parlé avec Weisfeld de ce phénomène - la sensation d'être le récepteur d'une matière qui lui arrivait comme par livraison cosmique spéciale. C'était terriblement excitant, et aussi un peu effrayant. "C'est bien, c'est bien, avait dit Weisfeld. Pratiquement tout le monde décrit ceci. Qui se soucie d'où ça vient ? Laisse d'autres s'en inquiéter. Et ne te tracasse pas à vouloir contrôler. Lorsque ça arrive, ça arrive. Ne force pas. Utilise -il leva le doigt- si c'est bon.
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Il y a des plaisirs plus profonds que l'amusement. Il est bon de s'amuser, cela fait avancer certaines choses, aide à en oublier d'autres. Mais ce n'est pas tout.
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Il sentit circuler en lui un flot tiède d'excitation, quelque chose qui ressemblait à ce qu'il éprouvait pendant quelques instants lorsqu'il écoutait la musique à la radio - le sentiment du grand large.
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Sans musique, il serait encore, et toujours, cet enfant vague, faible, aussi évanescent qu'une volute de fumée.
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Le silence, la pénombre, l'immobilité paisible du lieu, produisaient sur lui un effet bizarre - il n'avait pas peur de jouer mais presque peur de respirer, comme si le fait trivial d'être en vie pouvait, inexplicablement, déranger les objets.
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 Par quelque mystérieuse chimie, son visage reflétait donc concrètement la force de sa volonté, la méthode qu'il avait choisie pour affronter la souffrance – dont il avait eu son lot, comme tout être humain – étant la négation de celle-ci. Il ne niait pas l'existence de la souffrance, mais seulement l'empire qu'elle pourrait avoir sur lui. (Ce en quoi il se trompait, évidemment). Il avait vingt-huit ans, il était intelligent, et ne faisait pas cas des forces qui le manipulaient. Plus que la plupart des jeunes gens, il s'extasiait devant les apparences de la vie, non parce qu'il était superficiel, mais parce qu'il pensait que les apparences pourraient apporter la révélation de quelque voie d'accès inconnue (de lui) vers l'intérieur, vers le dedans de la vie, où il finirait par devenir un homme plutôt qu'un jeune homme. Il avait envie d'un visage plus mûr. 
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Le canapé bleu les mit à l'épreuve pendant plus d'un mois. Ils gardaient leurs vêtements, mais leurs mains et leurs bouches n'ignoraient rien de l'autre. Claude parvenait à se contrôler mais l'effort le rendait fou. Lorsqu'il atteignait le point de saturation - le corps tendu à la limite, les lèvres sensibles, gorgées de sangs, le pelvis endoloris, le pénis gourd et dur comme du bois, le cœur battaient à coups redoublés dans sa poitrine - il se jetait en arrière et roulait sur le sol, loin d'elle.
Puis un soir, alors qu'elle était allongée avec lui sur le canapé bleu, sa chevelure brune se balançant librement sur les tempes de Claude tandis qu'elle lui mordillait la bouche, elle releva soudain sa jupe, dégrafa le jean, prit le sexe de Claude dans sa main, écarta son slip, se coula en lui dans un gémissement tremblant. Il s'épanouit dans sa chaleur moelleuse.
"Ne jouis pas, chuchota t-elle, ne jouis pas, ne jouis pas..."
tout en se mouvant de haut en bas avec une lenteur atroce. Cela s'était passé si vite - tout à coup il était en elle - que le cerveau de Claude eut besoin d'un moment pour rattraper son corps. Il se contrôla aussi longtemps qu'il put puis repoussa très vites ses hanches du plat de la main et éjacula en l'air. Elle retomba cramponnée à lui de toutes ses forces. Étourdis, ils restèrent étendus en silence un long moment.

p296 (Edition NRF)
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Je crois que la première choses est le contrôle reprit-il. Non. Faux. La première chose est probablement la relation oeil-main. Tel qu'on enseigne la musique à la plupart des enfants - on insiste tellement sur l'oeil, sur la capacité à déchiffrer - ils deviennent des sortes de machines à ingurgiter et à régurgiter. Tu sais, il n'écoutent que les fausses notes, rien d'autre. J'ai eu de la chance. Dès le début, le son m'a paru si puissant, si passionnant que j'y ai prêté énormément d'attention. Des gammes différentes signifiaient des positions différentes, pour mes mains, et ces positions elles même finissaient pratiquement par devenir des émotions. Le do est une clef lumineuse, par exemple. Gaie. Le mi bémol est plus sombre, plus nostalgique. Presque comme des couleurs. Quoi qu'il en soit, il y'a là quelque chose qui concerne les mains, une sorte de va et vient entre le fond et soi même et la surface du clavier : les mains bougent, elles traquent pour ainsi dire, les émotions contenues dans les différentes gammes à la surface. Je crois qu'il faut sentir cela dès le début."

p314 (Edition NRF)
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Il sourit. Jamais jusqu'alors, il n'avait éprouvé un tel sentiment de bien-être continu, pénétrant, l'impression de détenir de vastes ressources d'énergie, bien plus qu'il n'en fallait pour affronter n'importe quelle épreuve. Regardant les yeux incroyablement beaux de Catherine, il sentit circuler en lui un flot d'amour et de tendresse si violent qu'il se surprit à s'agripper au bord de la table, comme pour se retrouver.
"Ce n'est pas moi, fit elle, lisant une de plus dans ses pensées. C'est vraiment toi.
- Je suis amoureux, dit-il. Et c'est toi."

p484 (Edition nRF)
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J'ai l'impression d'avoir dormi toute ma vie, dit-il
- Bonjour, alors.
- Le sexe est si puissant qu'il m'a toujours aveuglé. Je n'ai jamais vraiment su ce que je faisais, d'une certaine façon. Tu sais, tellement avide - peut-être un peu effrayé, me semble t-il à présent.
- Eh bien...un nombre terrible de femmes n'aiment pas particulièrement le sexe, si la vérité devait être dites, fi-elle. La plupart, je pense.
- Tu plaisantes" Bien qu'il apprit vite, il n'était pas simple de se libérer de la méséducation romantique qu'ils avait reçue du cinéma et des livres.
" Pour certaines, c'est un truc social, pas plus important que ça. D'autres y voient la preuve qu'on a besoin d'elles. Une sorte de réconfort. Cela peut être également une façon d'exercer le pouvoir sur une autre personne. Rien dans tout cela n'implique qu'on doive l'aimer.
- Un outil tu veux dire.
- Quelquefois. Parfois juste un cadeau pour l'homme.
- Personne n'en parle jamais ainsi.
- Bien-sur que non, fit-elle. Mais n'oublie pas : il y'a des femmes pour qui c'est aussi important que pour les hommes.
- Oublier ! protesta t-il. Comment pourrais-je ? Où en étions-nous?
- Bon, bon..." Elle sourit, lui donna un baiser léger par surprise. "Pare que ça s'en va, tu sais.
- Jamais
- La passion s'en va. C'est trop intense. Ça se fane. Pense aux couleurs. Les couleurs se transforment progressivement en nuances. C'est ainsi.
- Je ne veux pas penser de cette façon.
- Je sais.
- C'est comme si tu me prévenais."
Elle lui prit la main. "Il est bon que je sache ces choses-là. Je ne te préviens pas. Je ne reculerai pas, lorsque les couleurs changeront.

p475 (Edition NRF)
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Un éclair de satisfaction éclaira soudain le visage de Catherine, une sorte de sourire intérieur. Elle rit, se tourna vers Claude. "N'est ce pas merveilleux ?"
Le dimanche soir, ils avaient perdu la notion du temps et presque toute conscience du monde extérieur. Claude se sentait enveloppé dans un cocon d'amour et de confiance, une confiance si profonde et pourtant, paradoxalement, si naturelle, si fondamentale, qu'il ne parvenait pas à croire qu'il ne l'eût jamais éprouvée jusqu'alors. Les frontières de la pensée semblèrent s'effacer comme s'étaient effacées celles de la chair, si bien qu'ils étaient une créature unique autant que deux êtres. Ils parlaient, se caressaient, murmuraient sans hâte. Le plus souvent, leurs mots n'avaient d'autres propos que celui de donner voix à leur conscience, en partir parallèle , en partie partagée. Le plus souvent, c'était volupté pure et simple.

p470 (Edition NRF)
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