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Critiques de Frantz Duchazeau (150)
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Le peintre hors-la-loi

Voici le portrait un peu iconoclaste d'un peintre français hors-la-loi qui fuit la Terreur qui s'est emparée de la France révolutionnaire. En effet, celle-ci vient d’exécuter sur la place publique son bon roi Louis XVI alors que le pays s'enfonce dans la crise. Moi, je dis qu'il y a parfois des circonstances atténuantes vis à vis de la loi. Bref, cela dépend du régime.



On fait la connaissance de Lazare Bruandet, un fin bretteur bagarreur et jaloux, qui va s'intéresser à une jeune fille d'aubergiste. Il a du mal à s'extirper du monde de la violence et de l'alcool facile dans une époque assez troublée, je l'accorde. Il va peindre comme il respire sans fioriture, ni académisme. Cela va donner soi-disant des œuvres assez intéressantes qui font avant-gardistes.



Cependant, on ne verra pas du tout la moindre toile qu'il produit car on s'attarde plutôt sur la personnalité assez bourrue et parfois fantasque de ce personnage traumatisé par des soldats durant son enfance.



A noter qu'il n'était pas tendre avec les femmes puisqu'il a défenestre sa concubine qu'il accusait d'infidélité alors qu'il fréquentait lui-même des cabarets. Il a été condamné à mort et pourchassé par les autorités. Il a réussi à vivre caché dans la forêt de Fontainebleau à l'aide de la complicité d'un ami peintre également.



Il maniait mieux l'épée que le pinceau diront ses détracteurs. A vous d'en jugez ! On peut le trouver assez intéressant mais moi, je n'en garde pas un bon souvenir. Il est peu connu comme peintre mais l'auteur Frantz Duchazeau nous le fait découvrir du fait de sa vie très tumultueuse entre violence et folie. Comme dit, très peu pour moi même si objectivement, cela se défend quand même.
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Mozart à Paris

Je remercie Masse Critique et les éditions Casterman pour l'envoi de cet ouvrage.

Je ne suis pas une grande connaisseuse en bandes dessinées mais je m'intéresse particulièrement à celles qui traitent des faits historiques ou dédiées aux personnalités.



J'ai d'abord été aimantée par la grande diversité dans le style des dessins. Certaines séquences narratives ont un style glané dans l'architecture classique avec une profusion de détails incroyablement précis, notamment des paysages parisiens. Une profusion de couleurs côtoie des monochromes pour indiquer les flash-backs. Des passages un peu farfelus qui jouent avec la temporalité rythment le récit.



Certains passages décalés et fantasques qui font penser à Alice au pays des merveilles rajoutent une note d'humour bienvenue.



Frantz Duchazeau nous fait découvrir la virtuosité, le génie, la maîtrise parfaite et l'oreille absolue de Mozart. Mais aussi son arrogance, son indiscipline, son côté orgueilleux, et son franc-parler qui ne lui a pas fait que des amis.



Evoquer un fait peu connu du passage de Mozart à Paris à travers cette forme d'expression artistique d'un style un peu alternatif et d'une grande recherche graphique est un très bel hommage.





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Gilgamesh - Intégrale

Quelle bonne idée de transcrire sous forme de bande dessinée l'Épopée de Gilgamesh ! Ce récit mythique s'y prête particulièrement et c'est une façon originale et agréable de faire découvrir l'une des plus anciennes — pour ne pas dire LA plus ancienne — histoires écrites de l'humanité.



L'illustrateur a pris le parti d'un dessin assez nerveux, anguleux, qui n'est pas sans m'évoquer certaines représentations mythologiques des vases grecs anciens. C'est un choix discutable mais qui esthétiquement produit son effet et colle assez bien au tempérament du protagoniste principal. Personnellement, j'aime assez.



L'épopée se déroule en deux temps et nous présente tout d'abord sous un jour sombre le héros Gilgamesh, homme aux proportions gigantesques, à la force herculéenne avant l'heure et, au même titre que son successeur mythique, jouissant d'un statut mi-homme, mi-dieu.



Il n'était pas rare à l'époque, et ceci dans diverses civilisations, d'attribuer au chef d'une communauté un pouvoir divin. Les empereurs romains par exemple et plus tard l'essentiel des rois d'Europe se réclameront d'un dieu.



Gilgamesh, donc, est roi d'Uruk. Malgré la soumission de son peuple, la souveraineté de ce roi est mal vécue car il utilise quasi systématiquement un droit de cuissage de son cru sur toutes les jeunes mariées, avant même que le légitime n'ait pu faire valoir une quelconque prérogative dans la manœuvre.



Gilgamesh se permet tout et sa force empêche quiconque de s'opposer à lui. Mais trop c'est trop et les dieux eux-mêmes, alertés par les urukois (à ne pas confondre avec les indiens d'Amériques arborant une crête médio-crânienne), s'offusquent de tels procédés si bien que, dans une motte d'argile, ils façonnent un géant sauvage, rustre, en tout point comparable à Gilgamesh, sauf à considérer son abondante pilosité répartie sur tout le corps.



Enkidu, c'est son nom, vit donc comme une bête au milieu des bêtes et terrorise les malheureux bergers qui jamais de leur vie n'ont croisé pareil molosse, si ce n'est Gilgamesh lui-même.



Les choses parviennent aux oreilles du souverain qui, non content de déflorer l'essentiel de ce qu'Uruk compte de féminité, passe ses journées enlisé dans le stupre et la fornication au beau milieu de son harem, à compter ses innombrables favorites. Il ne lui vient donc pas à l'idée d'appâter le monstre Enkidu autrement que par... le sexe !



Brillante stratégie — il mandate donc l'une de ses courtisanes à cette mission, la Joyeuse, laquelle s’acquitte sans difficulté du contrat et ramène en Uruk le rude mâle, en ayant préalablement pris le temps de lui apprendre la langage articulé, les bonnes manières et l'art de se vêtir convenablement. Voyez ! À l'époque comme maintenant, en Mésopotamie comme ici, que ferait-on sans les femmes ? Je vous le demande ? !



Bref, notre Enkidu domestiqué ne va pas tarder à se mettre au service, non pas de la veuve et de l'orphelin, mais plutôt de la fiancée et du promis. Ceci provoque alors inévitablement un casus belli avec le roi des lieux.



La mêlée s'annonce prometteuse, Gilgamesh a enfin un adversaire à sa taille ! Qu'en ressortira-t-il ? Qui va gagner ? Quels changements en attendre ? Ne comptez tout de même pas sur moi pour tout vous déflorer, attendu que la défloraison est l'apanage exclusif de Gilgamesh en personne et qu'il vaut mieux ne pas le contredire celui-là.



Par contre, on peut encore raisonner un peu, si vous m'y autorisez. Je ne vois pas de raison de douter de l'existence d'un chef dont le nom aurait pu être Gilgamesh, ou quelque chose d'approchant ou tout au moins un surnom. Ensuite, la fibre fabulatrice et créatrice humaine étant ce qu'elle est, la mégalomanie dudit Gilgamesh ou de ceux se réclamant de lui aura eu vite fait d'en faire l'être exceptionnel que l'on sait et que l'on aura magnifié dans l'écrit.



Toutefois, malgré tout le génie du conteur à présenter un Gilgamesh bon, loyal, sagace et s'amendant constamment, capable à lui seul de venir à bout des pires ennemis, on lit en creux, en filigrane, un roi brutal, oisif, mal aimé de son peuple et s'autorisant des libertés sexuelles mal vécues du peuple.



Il en va de même des exploits solitaires, qui, même dans le récit, semblent bien n'avoir été possibles que par l'entremise décisive d'un autre... L'Histoire ne retient que le nom des vainqueurs, a fortiori quand les vaincus ne sont plus là pour donner leur version.



À l'époque, plus de 2500 ans avant J-C, ceux qui manient l'écriture sont très rares et il faut vraisemblablement une bonne raison pour entamer la rédaction d'un tel récit. Il ne saurait être que commandité, et ce, par un proche du pouvoir, pourquoi pas le pouvoir même ? Dans quel but ? asseoir une légende ? légitimer une prise de pouvoir ? améliorer un portrait que la postérité jugerait trop défavorable ? Allez savoir...



Ensuite, le second temps de l'épopée est beaucoup plus empreint de mysticisme et de métaphysique. On le croirait écrit d'une autre main. On y découvre probablement le véritable but de ce récit, la véritable portée parabolique, à savoir : la quête de l'immortalité pour l'homme.



Gilgamesh, mis en face de sa propre nature bestiale grâce à l'espèce de miroir que constitue Enkidu, image pas forcément florissante qu'il a d'abord combattue, puis, peu à peu, s'est mis à l'accepter et à l'aimer. Maintenant, cette nature bestiale, faut-il encore qu'il accepte l'une de ses caractéristiques constitutives : le fait qu'elle soit mortelle.



Et là, c'est une autre paire de manche car non, ça, Gilgamesh il n'aime pas du tout. Accepter d'être un mortel comme un autre, accepter même que son image puisse disparaître, perdre ce que l'on a possédé : jeunesse, force, beauté, pouvoir, richesses, non, ça, il n'accepte pas du tout.



Il est taraudé par cette perspective et se résout à accomplir une x-ième prouesse : allez voir les dieux eux-mêmes pour leur demander l'offrande de la vie éternelle.



Le chemin est encore largement semé d'embûches, peu à peu, Gilgamesh devient sale, fourbu, amaigri, ses vêtements à force d'endurer les sévices du voyage ne sont plus que haillons.



Il finit malgré tout par rencontrer Urshanabi, un solitaire qui vit au bord de l'eau et qui possède un frêle esquif. Gilgamesh, grâce à ses gros muscles, parvient à le convaincre de le mener devant Utanapishtim.



Urshanabi, en passeur plein d'abnégation, fait éminemment penser à Charon dans la mythologie grecque qui a emprunté beaucoup à l'épopée de Gilgamesh. De même, Utanapishtim est une version prototypale de Noé et de son arche célèbre.



Après quelques nouveaux travaux, Gilgamesh, modèle d'Héraclès puis d'Hercule, finit par obtenir, de mauvaise grâce, de la bouche de Utanapishti, le secret de l'immortalité.



Ce sera encore une nouvelle épreuve que d'aller trouver cette plante rare, si elle existe et de s'en saisir, s'il est possible. Mais ceci est un défi à la mesure de Gilgamesh. Je vous laisse le plaisir de découvrir s'il y parviendra et ce qui adviendra alors, si vous ne le savez pas déjà.



Au total, un très beau mythe fondateur, plutôt très bien restitué sous format BD, avec des illustrations efficaces et un texte épuré. Une très jolie parabole aussi sur le sens de la vie, qu'il convient de méditer à chaque âge.



Et que dire de cette étonnante première moitié de l'épopée ? Et bien comme de tout autre récit fondateur, il recèle sûrement une partie de vérité, mais une partie seulement. Et, à plus de 4500 ans de distance, allez essayer de deviner laquelle ?



C'est pourtant ce qui me fascine dans la lecture des mythes. On sait par exemple que le mythe du cyclope chez les Grecs antiques provient presque à coup sûr de la nécessité d'interpréter un fait inexplicable.



Imaginez, en effet, le désarroi de ces hommes lorsqu'ils découvrirent sur leur terre des crânes d'éléphants datant des temps anciens où le climat et les hommes préhistoriques n'avaient pas encore eu raison des gigantesques proboscidiens d'Europe.



Voici donc un crâne énorme, présentant sur sa face avant non pas deux orbites, comme il est commun d'en rencontrer chez les mammifères, mais un seul et immense trou, en plein milieu, où s'ouvrait la cavité de la trompe. Ce n'est pas déraisonnable, c'est même un choix assez parcimonieux que d'attribuer un tel crâne à une créature géante, munie d'un seul œil. L'imaginaire est ensuite à l'œuvre pour tenter de mettre sur pied une hypothèse crédible relatant la mort de ces créatures exceptionnelles.



Il en va de même pour l'épisode biblique du déluge, (qui à l'instar de nombreux autres emprunts à des mythes antérieurs provient presque à coup sûr de cette épopée) qui semble bien être une interprétation ad hoc d'un raz de marée dans l'est de la Méditerranée, suite à un tremblement de terre, lequel raz de marée a probablement sonné le glas de la civilisation minoenne en Crète.



Cette longue digression pour nous inviter à regarder d'un œil paléo-ethnologique cette première épopée écrite de l'humanité. On y lit sans doute déjà, hélas, et ce dès les origines, l'influence néfaste de l'homme sur son environnement.



Le recours à l'irrigation en Mésopotamie et l'exploitation abusive d'une végétation fragile de type méditerranéen est probablement cause de la raréfaction du bois de construction dans la cité d'Uruk puis de la désertification quasi générale de la région.



Aussi, faut-il aller bien loin pour encore rencontrer une forêt de cèdres et une simple mission d'approvisionnement en matériau de base est-elle perçue, au moment de la rédaction de l'épopée, comme un acte héroïque relevant de la plus intrépide bravoure...



En tout cas, c'est bien joué car plus de 4500 ans après avoir été cunéifié, il se trouve encore de sombres fous, de sombres folles pour en parler toujours et pour donner dessus leur avis qui, comme chacun sait, dans 4500 ans, ne signifiera plus grand-chose !
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Gilgamesh, Tome 2 : Le sage

Suite et fin de l'épopée de Gilgamesh. Cette moitié est beaucoup plus empreinte de mysticisme et de métaphysique. On y découvre le véritable but de ce récit, la véritable portée parabolique, à savoir : la quête de l'immortalité pour l'homme.



Gilgamesh, qui avait était mis en face de sa propre nature bestiale dans le tome précédent, en la personne d'Enkidu, qui après l'avoir combattue, c'était mis à l'accepter et à l'aimer. Maintenant, cette nature bestiale, faut-il encore qu'il accepte l'une de ses caractéristiques, le fait qu'elle soit mortelle.



Mais ça, non, Gilgamesh il n'aime pas du tout. Accepter d'être un mortel comme un autre, accepter même que son double puisse disparaître, perdre ce que l'on a possédé : jeunesse, force, beauté, pouvoir, richesses, non, ça, il n'accepte pas du tout.



Il est taraudé par cette perspective et se résout à accomplir une x-ième prouesse, allez voir les dieux eux-mêmes pour leur demander l'offrande de la vie éternelle.



Le chemin est encore largement semé d'embûches, peu à peu, Gilgamesh devient sale, fourbu, amaigri, ses vêtements à force d'endurer les sévices du voyage ne sont plus que haillons.



Il finit malgré tout par rencontrer Urshanabi, un solitaire qui vit au bord de l'eau et qui possède un frêle esquif. Gilgamesh, grâce à ses gros muscles, parvient à le convaincre de le mener devant Utanapishtim.



Urshanabi, en passeur plein d'abnégation, fait éminemment penser à Charon dans la mythologie grecque qui a emprunté beaucoup à l'épopée de Gilgamesh. De même, Utanapishtim est une version prototypale de Noé et de son arche célèbre.



Après quelques nouveaux travaux, Gilgamesh, modèle d'Héraclès puis d'Hercule, finit par obtenir, de mauvaise grâce, de la bouche de Utanapishti, le secret de l'immortalité.



Ce sera encore une nouvelle épreuve que d'aller trouver cette plante rare, si elle existe et de s'en saisir, s'il est possible. Mais ceci est un challenge à la mesure de Gilgamesh. Je vous laisse le plaisir de découvrir s'il y parviendra et ce qui adviendra alors, si vous ne le savez pas déjà.



Au total, un très beau mythe fondateur, plutôt très bien restitué sous format BD, avec des illustrations efficaces et un texte épuré. Une très jolie parabole aussi sur le sens de la vie, qu'il convient de méditer à chaque âge.



C'est donc un bon moment que nous passons en compagnie de Gilgamesh et que je ne saurais que vous conseiller, mais ce n'est bien sûr que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Gilgamesh, tome 1 : Le Tyran

Quelle bonne idée de transcrire sous forme de bande dessinée l'Épopée de Gilgamesh ! Ce récit mythique s'y prête particulièrement et c'est une façon originale et agréable de faire découvrir l'une des plus anciennes — pour ne pas dire LA plus ancienne — histoires écrites de l'humanité.



L'illustrateur a pris le parti d'un dessin assez nerveux, anguleux, qui n'est pas sans m'évoquer certaines représentations mythologiques des vases grecs anciens. C'est un choix discutable mais qui esthétiquement produit son effet et colle assez bien au tempérament du protagoniste principal. Personnellement, j'aime assez.



Que dire de cette première moitié de l'épopée ? Et bien comme de tout autre récit fondateur, il recèle sûrement une partie de vérité, mais une partie seulement. Et, à plus de 4500 ans de distance, allez essayer de deviner laquelle ?



C'est pourtant ce qui me fascine dans la lecture des mythes. On sait par exemple que le mythe du cyclope chez les Grecs antiques provient presque à coup sûr de la nécessité d'interpréter un fait inexplicable.



Imaginez, en effet, le désarroi de ces hommes lorsqu'ils découvrirent sur leur terre des crânes d'éléphants datant des temps anciens où le climat et les hommes préhistoriques n'avaient pas encore eu raison des gigantesques proboscidiens d'Europe.



Voici donc un crâne énorme, présentant sur sa face avant non pas deux orbites, comme il est commun d'en rencontrer chez les mammifères, mais un seul et immense trou, en plein milieu, où s'ouvrait la cavité de la trompe. Ce n'est pas déraisonnable, c'est même un choix assez parcimonieux que d'attribuer un tel crâne à une créature géante, munie d'un seul œil. L'imaginaire est ensuite à l'œuvre pour tenter de mettre sur pied une hypothèse crédible relatant la mort de ces créatures exceptionnelles.



Sans vouloir anticiper sur le deuxième tome de Gilgamesh, il en va de même pour l'épisode biblique du déluge qui semble bien être une interprétation ad hoc d'un raz de marée dans l'est de la Méditerranée, suite à un tremblement de terre, lequel raz de marée a probablement sonné le glas de la civilisation minoenne en Crète.



Cette longue digression pour nous inviter à regarder d'un œil paléo-ethnologique cette première épopée écrite de l'humanité. On y lit sans doute déjà, hélas, et ce dès les origines, l'influence néfaste de l'homme sur son environnement.



Le recours à l'irrigation en Mésopotamie et l'exploitation abusive d'une végétation fragile de type méditerranéen est probablement cause de la raréfaction du bois de construction dans la cité d'Uruk puis de la désertification quasi générale de la région.



Aussi, faut-il aller bien loin pour encore rencontrer une forêt de cèdres et une simple mission d'approvisionnement en matériau de base est-elle perçue, au moment de la rédaction de l'épopée, comme un acte héroïque relevant de la plus intrépide bravoure...



Mais j'anticipe, pardonnez-moi. Cette première moitié de l'épopée nous présente Gilgamesh, homme aux proportions gigantesques, à la force herculéenne avant l'heure et, au même titre que son successeur mythique, jouissant d'un statut mi-homme, mi-dieu.



Il n'était pas rare à l'époque, et ceci dans diverses civilisations, d'attribuer au chef d'une communauté un pouvoir divin. Les empereurs romains par exemple et plus tard l'essentiel des rois d'Europe se réclameront d'un dieu.



Gilgamesh, donc, est roi d'Uruk. Malgré la soumission de son peuple, la souveraineté de ce roi est mal vécue car il utilise quasi systématiquement un droit de cuissage de son cru sur toutes les jeunes mariées, avant même que le légitime n'ait pu faire valoir une quelconque prérogative dans la manœuvre.



Gilgamesh se permet tout et sa force empêche quiconque de s'opposer à lui. Mais trop c'est trop et les dieux eux-mêmes, alertés par les urukois (à ne pas confondre avec les indiens d'Amériques arborant une crête médio-crânienne), s'offusquent de tels procédés si bien que, dans une motte d'argile, ils façonnent un géant sauvage, rustre, en tout point comparable à Gilgamesh, sauf à considérer son abondante pilosité répartie sur tout le corps.



Enkidu, c'est son nom, vit donc comme une bête au milieu des bêtes et terrorise les malheureux bergers qui jamais de leur vie n'ont croisé pareil molosse, si ce n'est Gilgamesh lui-même.



Les choses parviennent aux oreilles du souverain qui, non content de déflorer l'essentiel de ce qu'Uruk compte de féminité, passe ses journées enlisé dans le stupre et la fornication au beau milieu de son harem, à compter ses innombrables favorites. Il ne lui vient donc pas à l'idée d'appâter le monstre Enkidu autrement que par... le sexe !



Brillante stratégie — il mandate donc l'une de ses courtisanes à cette mission, la Joyeuse, laquelle s’acquitte sans difficulté du contrat et ramène en Uruk le rude mâle, en ayant préalablement pris le temps de lui apprendre la langage articulé, les bonnes manières et l'art de se vêtir convenablement. Voyez ! À l'époque comme maintenant, en Mésopotamie comme ici, que ferait-on sans les femmes ? Je vous le demande ? !



Bref, notre Enkidu domestiqué ne va pas tarder à se mettre au service, non pas de la veuve et de l'orphelin, mais plutôt de la fiancée et du promis. Ceci provoque alors inévitablement un casus belli avec le roi des lieux.



La mêlée s'annonce prometteuse, Gilgamesh a enfin un adversaire à sa taille ! Qu'en ressortira-t-il ? Qui va gagner ? Quels changements en attendre ? C'est ce que je me propose de ne pas vous déflorer, attendu que la défloraison est l'apanage exclusif de Gilgamesh en personne et qu'il vaut mieux ne pas le contredire celui-là.



Par contre, on peut encore raisonner un peu, si vous m'y autorisez. Je ne vois pas de raison de douter de l'existence d'un chef dont le nom aurait pu être Gilgamesh, ou quelque chose d'approchant ou tout au moins un surnom. Ensuite, la fibre fabulatrice et créatrice humaine étant ce qu'elle est, la mégalomanie dudit Gilgamesh ou de ceux se réclamant de lui aura eu vite fait d'en faire l'être exceptionnel que l'on sait et que l'on aura magnifié dans l'écrit.



Toutefois, malgré tout le génie du conteur à présenter un Gilgamesh bon, loyal, sagace et s'amendant constamment, capable à lui seul de venir à bout des pires ennemis, on lit en creux, en filigrane, un roi brutal, oisif, mal aimé de son peuple et s'autorisant des libertés sexuelles mal vécues du peuple.



Il en va de même des exploits solitaires, qui, même dans le récit, semblent bien n'avoir été possibles que par l'entremise décisive d'un autre... L'Histoire ne retient que le nom des vainqueurs, a fortiori quand les vaincus ne sont plus là pour donner leur version.



À l'époque, plus de 2500 ans avant J-C, ceux qui manient l'écriture sont très rares et il faut vraisemblablement une bonne raison pour entamer la rédaction d'un tel récit. Il ne saurait être que commandité, et ce, par un proche du pouvoir, pourquoi pas le pouvoir même ? Dans quel but ? asseoir une légende ? légitimer une prise de pouvoir ? améliorer un portrait que la postérité jugerait trop défavorable ? Allez savoir...



En tout cas, c'est bien joué car plus de 4500 ans après avoir été cunéifié, il se trouve encore de sombres fous, de sombres folles pour en parler toujours et pour donner dessus leur avis qui, comme chacun sait, dans 4500 ans, ne signifiera plus grand-chose !
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Pierre de cristal

Un grand merci à Babelio et aux éditions Casterman...



Dans ce petit village de campagne, à quelques jours des vacances scolaires, Pierre est fasciné par la nature, le soleil et est obsédé par le temps qui passe et la mort. Il aime alors prendre des photos pour figer le temps. Alors qu'il discute avec son papa, horloger, celui-ci lui donne un petit morceau de quartz que le petit garçon assimile à une pierre de soleil qui le protégera, lui et sa famille. Parce qu'il voudrait que rien ne change. Mais, il se rend compte que ses parents ne s'entendent pas aussi bien qu'avant. Un sentiment redouté qui se confirme lorsqu'il entend un autre gamin, se bagarrant avec son frère, évoquer sa maman avec un autre homme. Il craint que ses parents ne se séparent d'autant que pour l'anniversaire de sa maman, son papa ne l'a pas embrassée. Il appréhende alors ces quelques jours passés chez ses grands-parents, là où il retrouvera sa cousine avec qui il aime discuter et se promener. Mais, il est inquiet car il a oublié sa pierre de cristal à la maison...



Frantz Duchazeau nous replonge, avec une certaine nostalgie et un brin de mélancolie, dans notre enfance avec cet album qui fleure bon le passé. À l'âge où l'on aime se soucier de peu de choses, découvrir ce qui nous entoure avec les yeux écarquillés, l'on se rend compte qu'il n'en sera pas toujours ainsi. Tout comme Pierre qui, au fil du temps, accepte peu à peu de grandir et de quitter peu à peu le gamin qu'il ne pourra pas rester éternellement. Autour de lui, il prend conscience du couple que forment ses parents, de la mort qui, inexorablement, nous emportera tous, des copains qui parlent de sexe, du sérieux des conversations qu'il tient avec sa cousine. L'auteur nous offre un récit intimiste, tendre et suave. Avec justesse et beaucoup d'émotion, il dresse le portrait touchant et attendrissant d'un enfant qui peu à peu perd son insouciance au cours de cet été qui le changera à tout jamais. Graphiquement, le noir et blanc ainsi que le trait vaporeux siéent à cette atmosphère emplie de silence et de rêverie.
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Les derniers jours de Robert Johnson

Club N°56 : BD non sélectionnée

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Dommage, vraiment dommage.



Le sujet est plutôt intéressant, Robert Johnson, grand joueur de Blues des années '30 et les quelques derniers jours de sa vie.



La couverture donne envie, le format également, mais un scenario assez brouillon avec des aller-retour temporels dans la vie de Johnson entre son enfance et ses derniers jours.



Un dessin très inconsistant qui passe d'un noir et blanc superbe d'atmosphère dans le sud ségrégationniste des États-Unis à des presque brouillons, et une traduction des chansons en Français, font qu'on reste au final un peu en dehors de cette BD.



Greg

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Graphiquement très beau mais contenu confus.



J'ai été vraiment dérangée moi aussi par la traduction des chansons en français.



Myriam

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Belle hommage à Robert Johnson à travers des dessins en noir et blanc.



Il y a en effet plusieurs flashback impactant un peu la fluidité de lecture.



On ressent bien à travers l'ouvrage les tensions raciales de l'époque.



Sam

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Je ne l'ai pas lu mais cela parle du blues.



Et Robert Johnson est une figure du blues (repris par de nombreux artistes) et de mémoire, il n'y a pas de BD sur lui.



Suite à la lecture des avis, je ne trouve pas idiot de traduire en français ces textes.



Au contraire, cela le rend plus accessible.



Les textes de Bob Dylan, J.J. Cale ont bien été traduits et chantés en français.



Au contraire, quand on ne connait pas le bluesman et son histoire, cela est intéressant de lire cette BD.



Peut être la mettre au rayon musique ?



Nol

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Je suis un peu perdu par l'absence de chronologie (il meurt pourtant bien à la fin, non ?!), je me suis dit que c'était la licence artistique choisie par l'auteur (et ça, je respecte).



Et alors ? quel pied d'admirer tous les paysages magnifiés en noir et blanc, et toute cette collection de "olds mobils" superbes, sans parler de ce dynamisme dans la vibration du trait pour dessiner les personnages.



Benoit

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Malheureusement trop confus pour rendre hommage à Robert Johnson.



On ne juge pas un livre à sa couverture, elle, plus réussie...



Vincent

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Magnifique couverture qui donne envie de se plonger dans l'album... mais le contenu m'a beaucoup moins séduit : c'est assez confus et quelle drôle d'idée de traduire les textes des chansons en français !



A lire ou à relire sur Robert Johnson : "Love in vain" de Mezzo (qui s'est depuis penché sur Jimi Hendrix), une vraie réussite.



Clément

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Pierre de cristal

Pierre a une dizaine d'années.

Comme la plupart des petits garçons des 1970's, il lit Rahan, regarde Casimir et L'Age de cristal à la TV, porte sous-pulls en acrylique & débardeurs, et passe ses vacances chez ses grands-parents.

Enfant solitaire et rêveur, il aime prendre des photos, mais se prête aussi au jeu quand son grand frère lui propose de mimer les parents avec leurs Big Jim :

« Lui, il dit : 'Tu as passé une bonne journée ?' Et la maman répond : 'Ah non, atroce, je me suis ennuyée à mourir, il y a rien à faire dans ce bled pourri, pourquoi tu m'as emmenée vivre ici ?'

- AHAHAH !

- On continue ?

- Ouais.

- 'Alors qu'est-ce qu'on mange, ce soir ?' ... 'Si t'as faim, t'as qu'à te faire à bouffer, patate.' »

Ambiance ! 😢



Pierre en souffre, d'autant plus qu'il est particulièrement sensible et observateur. Il se pose plein de questions. Certaines terre à terre : ses parents vont-ils divorcer ? D'autres plus existentielles sur la fuite du temps et l'irréversibilité des événements.



Comme il est touchant, cet enfant !

Grâce à la délicatesse du graphisme et à la subtilité du propos, on s'immerge rapidement dans cette histoire, a fortiori si on a connu 'ces années-là' et ressenti ce genre de malaise en passant des vacances forcées avec des 'vieux' un peu rudes, loin de la tendresse maternelle.

L'intrigue a un petit air de 'Le grand chemin' (film de JL Hubert, 1987), avec la découverte des cruautés de la campagne, et les reparties de l'intrépide petite cousine - reparties bienvenues pour alléger tant de tristesse.



Bel album doux-amer qui exprime à merveille les angoisses enfantines.
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Mozart à Paris

En 1778, fuyant la médiocrité de la Cour de l'Archevêque de Salzbourg - où, comme tous les musiciens, il est considéré comme un domestique - mais aussi, et pour la première fois, l'autorité tyrannique de son père, Mozart s'installe pour quelques mois à Paris, avec sa mère. Il a vingt-deux ans.



Survolté, parfois frivole et toujours passionné, il court le cachet, multiplie les leçons particulières et les exhibitions dans les salons de la haute société, compose à tour de bras et s'efforce avec l'aide (problématique) de Grimm – critique musical ami de son père – et de Legros – Directeur du Concert Spirituel – de se faire une place parmi les musiciens et les compositeurs de la Cour.



Mais avec son caractère susceptible, intransigeant et indocile, son franc-parler, son inconscience, son arrogance et son humour douteux, il ne se fait pas que des amis dans ce milieu très fermé pollué par l'ambition, la jalousie, les intrigues et les coups bas et où les compositeurs italiens, alors très en vogue et en lutte ouverte avec les compositeurs allemands, tiennent le haut du pavé. L'argent manque, le quotidien est difficile, et surtout sa mère, victime de fièvres, meurt brutalement – ce dont son père le rend responsable. Méconnu, méprisé et sans le sou, c'est sur un constat d'échec amer et douloureux qu'il rentre chez lui…



Le dessin de Frantz Duchazeau est tantôt aérien, onirique, léger et plein d'impertinence, tantôt extrêmement fouillé, avec un grand souci du détail : certaines cases, notamment celles consacrées aux rues et aux quartiers de Paris, sont de petits bijoux de précision et de raffinement, et il fait merveille dans cette très belle bande dessinée qui nous restitue un Mozart touchant, complexe, plein de doutes et d'humanité. le scénario, quant à lui, par son approche sensible et nuancée, rend particulièrement bien compte du poids permanent de culpabilité et de reproches que Léopold –présent en « voix off » tout au long de l'album – fit peser toute sa vie sur la conscience de Wolfgang. Habilement monté et bien documenté, il est par ailleurs fidèle à la vérité historique (telle qu'elle transparaît dans les documents d'époque et les correspondances) d'un homme hors du commun et d'un génie que nulle biographie ne saura néanmoins jamais totalement cerner.



Une très belle BD, avec laquelle je me suis régalée, et un très bel hommage à Mozart.

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Lomax

Juin 1933. Dans une clairière, Alan et son père John Lomax, en pleine forêt, enregistrent leurs voix à l'aide de leur phonographe. Mandatés par le Congrès de Washington, ils ont pour mission d'enregistrer sur des rouleaux de cire des chansons traditionnelles afin de préserver le patrimoine folklorique. Sillonnant les Etats-Unis du nord au sud, ils s'arrêtent au gré de leurs rencontres. Même si certains ne voient pas l'intérêt de leur entreprise, la plupart se prêtent au jeu. Des bucherons aux prisonniers en passant par les employés des chemins de fer ou aux ouvriers des cotonniers, les noirs laisseront immanquablement une trace dans cette Amérique ségrégationniste...



Inspiré d'une histoire vraie du père et du fils Lomax qui sillonnèrent les routes des Etats-Unis du nord au sud en 1933 afin d'enregistrer les chansons blues et folk, cet album retrace leur histoire dont le seul but était de conserver ces chants traditionnels, le plus souvent tristes. Confrontés à la dure réalité de la vie et au racisme, les Lomax n'auront d'autres choix que d'y croire. Et cela marchera puisqu'Alan Lomax continuera à enregistrer jusqu'en 1985. Empli de musique, cet album relate seulement quelques mois de l'année 1933 mais cela suffit à comprendre le contexte et le but de leur démarche n'en est que plus touchante et louable. Finalement, on regrettera le trop peu. L'auteur réussit à nous plonger dans cette Amérique ségrégationniste. Le trait, tantôt travaillé tantôt plus grossier, reste élégant. Elégance renforcée par un noir et blanc maîtrisé.



Lomax, pour l'amour de la musique...
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Gilgamesh, tome 1 : Le Tyran

Gil-ga-mesh ! Gil-ga-mesh !



Ouais, bon, ça va.

Aussi puissant que tyrannique, il règne sur Uruk avec une arrogance et une bestialité peu communes.

Las de ces petits travers, nombre de ses administrés s'adressèrent au bureau des réclamations des Dieux en les enjoignant de créer un être susceptible de rivaliser avec ce roi omnipotent.

Ainsi naquit Enkidu. Monstrueux sauvageon à la force tout aussi herculéenne mais aux valeurs diamétralement opposées.

Son pendant censé ramener la paix et la sérénité au sein de cette délicieuse petite cité antique de caractère.

Leur affrontement semblant déjà acté, la tournure des évènements allait cependant en surprendre plus d'un.



Bien moins connu qu'Hercule et ses quelques travaux ménagers, Gilgamesh fut un roi mésopotamien qui défraya la chronique en son temps. Cf Ouest-Sumérien du 2650 av JC.

Comme tout personnage mythique qui se respecte, il fondit sa légende sur moults récits épiques régulièrement reniés par Colégram, allez savoir pourquoi.



Bonneval et Duchazeau reviennent ici sur ce personnage haut en couleurs, au caractère bien trempé, et à la vie aussi dissolue que trépidante. Mais évoquer Gilgamesh en éclipsant Enkidu, ce serait invoquer le yin sans le yang. Cela ne présenterait aucune légitimité historique, dixit Alain Decaux, alors...

Le trait est approximatif, majoritairement hachuré, ce qui n'empêche pas le récit de fonctionner à plein.

L'intérêt est immédiat et durable, tout comme le plaisir éprouvé à sa découverte.

Une excellente entrée en matière qui n'incite finalement qu'à une seule chose, poursuivre l'aventure avec ces deux êtres de légende bougrement attachants.

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Les Cinq Conteurs de Bagdad

Une silhouette fantomatique invite le lecteur à connaître l’histoire mystérieuse des cinq conteurs de Bagdad. Il y a fort longtemps, le Calife de la ville organisa le concours du meilleur conteur. Mille et un candidats s’inscrivirent mais cinq d’entre eux décidèrent de parcourir le monde afin de recueillir les meilleures histoires. Parmi les cinq voyageurs, on trouva le fils du Calife, une femme déguisée en homme et les meilleurs conteurs de la ville. Avant de partir, selon la coutume, ils consultèrent la meilleure devineresse, Fahima, afin qu’elle lise dans le marc de café ce qui allait se passer. Elle prédit une histoire d’amour, un meurtre et donna même le nom du futur gagnant…

Le périple commença avec un terrible compte à rebours, les prédictions allaient elles se réaliser ?

Les cinq conteurs de Bagdad est une sorte de conte des mille et une nuits revisité. Les dessins de Fabien Vehlmann ressemblent beaucoup à ceux de Joann Sfar mais les personnages de l'album ne sont pas aussi attachants que dans Le chat du Rabbin par exemple, et l’intrigue n’a pas le même mordant. Certaines histoires détournées sont assez décevantes, c’est dommage.

Il y a néanmoins beaucoup d’humour et d’ironie tout au long de cette histoire qui permet de passer un moment assez agréable.

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Les Cinq Conteurs de Bagdad

Un personnage mystérieux ouvre le récit pour nous parler de l'histoire des Cinq Conteurs de Bagdad. Cinq hommes très différents, par leur origine , leur âge et leur façon de raconter les histoires.

5 hommes parmi 1001 conteurs participants à un concours organisé par le calife. Concours, qui comme dans tous récits oriental, promet à celui qui le gagnera des montagnes d'or, et la mort à celui qui aura été le plus médiocre.

Ces 5 compagnons vont entreprendre un voyage qui devra leur permettre de raconter la meilleure des histoires. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il y ait de la place pour la surprise, puisque ces 5 compagnons vont consulter une voyante qui leur révèle l'issue du concours ainsi que toutes les (més)aventures qui les attendent. Mais, c'est le voyage lui même qui importe, pas la destination finale..



Une petite histoire racontée à la façon des Mille et Une Nuits, où, comme Schérazade l'avait déjà montré, la narration (la manière dont on raconte une histoire) importe souvent plus que l'histoire en elle-même. Les personnages y sont secondaires, car c'est l'intrigue dont ils sont porteurs qui compte. Mieux vaut aimer les personnages un peu "vaporeux" des contes orientaux !

Quant aux graphismes, ils rappellent beaucoup ceux du Chat du Rabbin de Joann Sfar.

Ce n'est peut-être pas la BD de l'année, mais on passe un bon moment.
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Mozart à Paris

Mozart et Paris.

Deux noms propres qui sonnent comme un opéra à mes oreilles, qui donnent une folle envie de printemps, de gaité, de notes de musique et d’air mutin.



Mozart à Paris.

Une BD qui m’a vite fait redescendre sur terre et retrouver un air plus noir et troublé. Paris y est sombre. Comme son époque. Mozart, en compositeur et musicien surdoué manque d’humilité et de reconnaissance. Il y apparaît déprimé et ligoté tout au long de l’ouvrage.

On en oublie les cabrioles de ses triolets et on plonge en mode mineur dans le tragique.



On continue d’espérer pourtant…



Je vous l’ai souvent dit, je n’apprécie pas particulièrement le 9ème art, passant régulièrement à côté des scénarios et des dessins, frustrée de ne pas arriver à contempler pleinement les planches tout en appréciant les dialogues simultanément.



Le trait du dessin de Frantz Duchazeau est fin, vif et percutant. Il ravira certains adeptes de ce genre d’ouvrages par son énergie et ses mouvements. Il en déconcertera d’autres par une sorte d’agressivité visuelle piquante qui nous rappelle que les temps étaient durs à Paris à l’époque de Mozart.



Je continuerai d’explorer de temps à autres le monde de la BD et des romans graphiques pour ne pas mourir idiote. Mais je sais que je vais devoir redoubler d’efforts pour y trouver un coup de cœur inoubliable.

Je garderai une pensée pour ce livre ce dimanche de Pâques quand je chanterai la Missa brevis D-dur KV 194 de notre cher Wolfgangerl.

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Mozart à Paris

"Mozart à Paris" : quel beau programme ! Malgré son sujet pour lequel j'ai une affection sans bornes, j'ai longuement hésité avant de me procurer cette BD. À chaque fois que je la feuilletais en librairie, j'étais rebuté par le style graphique de Frantz Duchazeau. Pourtant l'auteur (que je ne connaissais pas du tout jusqu'à présent) sait dessiner : il nous gratifie çà et là de très belles cases, il excelle notamment dans la représentation des décors, des bâtiments, de l'architecture de ce Paris d'avant Haussmann, quasi médiéval. En revanche, que dire des personnages... Certes, Mozart n'était pas le plus bel homme de son temps, mais quelle idée de le représenter sous la forme d'un être minuscule, un gnome ridicule et difforme, d'une laideur repoussante ! Je pense comprendre l'intention de l'auteur : montrer que lors de son séjour à Paris, Mozart était encore considéré comme un enfant, un être inachevé, qui ne deviendra véritablement adulte qu'à son départ pour Vienne à l'âge de vingt-cinq ans. Mais impossible pour moi d'adhérer à ce parti pris, d'autant que les autres personnages ne valent guère mieux dans leur esthétique, quoi qu'ils apparaissent plus humains. Les spécialistes me corrigeront peut-être, mais j'ai l'impression que pour avoir le privilège d'être estampillé "roman graphique", mieux vaut ne pas trop se soucier du dessin, un trait faussement négligé doit paraître cool et branché... Bref, le même genre de snobisme qu'on retrouve en littérature où seul compte le style et non l'histoire.



Pour ce qui est de l'histoire, justement : je ne suis pas le dernier à pester contre le format traditionnel de la BD qui, souvent, empêche un développement satisfaisant de l'intrigue ou des personnages, mais à l'inverse, j'ai trouvé que celle-ci, avec près de cent pages, aurait pu être raccourcie. Sur la fin, l'album déborde de son sujet puisque notre héros quitte Paris pour de bon, et les étapes à Strasbourg, Mannheim, Munich, puis le retour au bercail précédant le départ définitif pour Vienne, prennent l'allure d'un interminable épilogue. Il y a néanmoins dans ce scénario des choses intéressantes, ne serait-ce que parce que Frantz Duchazeau a eu la bonne idée de se focaliser sur une période charnière dans la vie passionnante de Mozart, un moment de crise qui a eu une importance capitale dans son parcours créatif. La France avait réservé un triomphe à l'enfant prodige ; une décennie plus tard, elle fut terriblement ingrate avec le jeune homme de vingt-deux ans. La famille Mozart n'aimait pas Paris, qui le lui rendit bien. La BD rend parfaitement compte des difficultés rencontrées par le compositeur durant les six mois de son séjour parisien, le dédain avec lequel il a été traité, l'état d'esprit détestable de l'intelligentsia : le baron Grimm le dit sans ambages, ce qui compte pour percer à Paris, c'est d'avoir des relations, le talent est accessoire. Pourtant, malgré l'incompréhension qu'il a trouvée en France, Mozart ne s'est jamais découragé, il est demeuré égal à lui-même : indocile, droit dans ses bottes, refusant toute compromission, sûr de son génie sans pour autant tomber dans la vanité. Si le lecteur connaissant mal la personnalité de Mozart se dit "ce jeune homme était sacrément orgueilleux, mais il avait toutes les raisons de l'être", alors c'est réussi.



Certaines choses m'ont fait tiquer, m'ont gêné ou déplu, et je n'avais pas l'intention d'écrire une critique sur cette BD que je croyais vite oublier... Mais il se trouve que je continue d'y songer quelques jours après et, même si c'est pour me dire "ça, je l'aurais traité d'une autre manière", c'est toujours mieux qu'une lecture qui laisse indifférent. Je pense que plus globalement, ça m'aura fait du bien de relire un livre sur Mozart : mine de rien, le bougre m'avait manqué.
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Dieu qui pue Dieu qui pète : Et autres petite..

Il serait si mal élevé que ça, le Très-Haut ? Il n'a pas eu de parents pour lui apprendre l'hygiène et la politesse, certes. Il n'a pas pu se former en autodidacte aux 'convenances et bonnes manières' : trop tard pour changer ses habitudes de vieux garçon quand la Baronne de R. a publié ses manuels. Et puis de toute façon, il ne vit pas en société, alors...



Trêve de blasphème, ce titre est purement racoleur. La BD risque d'attirer les petits en pleine période scato, ou d'être choisi par leurs (grands) parents pour cette raison, alors que ce titre générique est celui d'une histoire très courte parmi les huit de l'album.

En fait, la typographie minuscule, le propos et les enseignements à tirer de ces récits ne sont guère accessibles avant 8-10 ans.



Vehlmann et Duchazeau reprennent quelques contes africains et le résultat est convaincant, ce qui me semble rare dans ce genre d'exercice.

Histoires inégales, certaines (sur)prenantes, d'autres trop prévisibles. Les trois dernières se démarquent des précédentes par un ton familier qui surprend d'abord, mais qui, loin d'être incongru, s'avère amusant.



On retrouve dans ces décors africains les thématiques universelles des contes : l'arrogance de l'être humain, sa soif de pouvoir et de richesse, la sagesse des anciens, la crainte et le respect qu'inspirent les divinités. Et, incontournable : le parcours initiatique.
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Le rêve de Meteor Slim

La vie d’un bluesman dans les années 30, Meteor Slim, de son vrai nom Edward Ray Cochran, décide un jour de tout plaquer pour se consacrer à la musique, envie de gloire, de vie libre, de soirées arrosées, de femmes, mais le chemin sera dur. Il va rencontrer le fameux Robert Johnson, qui deviendra son mentor, et un peu ange gardien. Meteor Slim est souvent dans l’excès, sans filtres, explosif. C’est l’univers des quartiers noirs et pauvres de l’Amérique des années 30, dur et violent. Avec Meteor Slim, on découvre la soif de création, l’univers du blues est superbement raconté, la musique comme seul moyen de s’exprimer, de vivre, c’est les punks de l’époque, no future, toujours dans l’excès, refusant la vie “ordinaire”.

Le graphisme en noir et blanc est dans le ton, sec et agressif, brut, au coups de pinceaux presque sec, le pinceau semble avoir perdu des poils, aussi délabré que les personnages. Les espaces sont mornes et durs, comme la chaleur dans les champs de cotons où ses congénères se crèvent au travail, et il y les quartiers sales avec des maisons branlantes en bois, et le monde de la musique de l’époque, les cabarets à l’ambiance chaude et électrique, et les producteurs tout puissants.

On est totalement immergé dans cette ambiance, les musiciens réels côtoient les personnages fictifs, Robert Johnson, Johnny Shines, tout cela semble très réel.

C’est le blues des années 30, on y est, les coups de pinceaux résonnent comme des accords de guitare, secs et justes, c’est du blues en bande dessinée… et Meteor Slim est devenu si réel…
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Le diable amoureux et autres films jamais t..

Ceci n’est pas un documentaire ou une biographie sur Georges Méliès, c’est une suite de contes fantastiques avec comme personnage central Georges Méliès, l’inventeur du trucage au cinéma. Ces contes tournent évidemment autour de la magie mais bien plus encore du fantastique, on retrouve l’ambiance de Paris de 1900 aux années 20, avec un graphisme simple, comme un crayonné rapide et brut en noir et blanc, ou les costumes et les décors d’époque créent une atmosphère bien caractéristique. J’ai aimé cette suite de récits, laissant entendre que le trucage au cinéma n’en est pas forcément, redonnant sa place au rêve et au merveilleux, même si c’est parfois assez glaçant. Il est permis de rêver...
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Gilgamesh - Intégrale

Très bonne idée d'adapter l'épopée de Gilgamesh, Un des plus vieux texte du monde, en BD. J'aime le dessin, vif, dynamique, non surchargé de détails, et qui avec ses silhouettes fantastiques rendent la lecture attrayante. C'est plein d'énergie. L'histoire quand à elle, assez classique dans ses thèmes, déification des héros, rapport avec les dieux, quête de l'immortalité... nous permet aussi de nous rendre compte que les religions monothéistes ont piqué leur thèmes dans les religions polythéistes... Copieurs !
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Les Cinq Conteurs de Bagdad

L'histoire reprend l'esprit des mille et une nuits. Le calife de Bagdad organise un concours de contes, cinq conteur vont partir pour un voyage initiatique pour améliorer leur art de conteur. C'est dans le ton magique, merveilleux et inquiétant du livre persans auquel il fait référence, avec le poids du destin très présent. Le dessin est simple, léger, loin de la ligne claire, avec un jeu subtil sur la colorisation. J'ai vraiment aimé ce rapport à l'orient, son état d'esprit, je déplore cependant que les contes dans le conte ne soient pas tout à fait à la hauteur.
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