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Critiques de Frédéric Gros (146)
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Possédées

"Les diables" de Ken Russell, sorti en 1976, avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave.

Magnifique ! Fascinant ! Même dans sa version tronquée par la censure...



40 ans plus tard, dans son roman "Possédées", Frédéric Gros nous conte l'histoire de ces religieuses de Loudun, possédées par Satan et manipulées par l'église catholique, à seule fin d'éliminer Urbain Grandier, favorable au mariage des prêtres.



J'avoue avoir eu beaucoup de mal à lire le style ampoulé utilisé par l'auteur racontant des faits dans lesquels il est difficile de distinguer l'historique du romancé. L'utilisation excessive des parenthèses, les dialogues rapportés, les phrases sans verbe, celles qu'il faut relire pour les comprendre, à cause de leur longueur et de leur lourdeur...



J'ai fini par mettre ce style sur le dos du langage de l'époque, et me suis imposé d'aller jusqu'au bout de ce récit qui pourrait aisément être attribué à wikipédia...

Quelques passages, trop peu nombreux, m'ont toutefois séduit, comme l'entrée de soeur Claire au couvent.

Mais la lourdeur du style a eu raison de mon assiduité quelques pages avant la mort annoncée d'Urbain Grandier.



Le récit semble pourtant bien documenté, avec de nombreux personnages, dont certains sont supposés connus par le lecteur. Mais je voudrais signaler une coquille de taille : l'ordre des Ursulines n'a jamais été assujetti à la règle de Saint Benoît ! Il s'agit de l'ordre des Bénédictines.

Encore un coup du Diable !?
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Possédées

J'ai entamé ce livre par curiosité, sans intérêt particulier pour l'époque où il se situe et sans connaître l'événement dont il s'inspire. J'avoue que le début de ma progression a été poussive: le style est plaisant mais sans plus, et je ne dirais pas que l'intrigue rendre cruels les moments où il me fallait interrompre ma lecture. J'ai commencé à prendre un certain plaisir à avancer dans ce livre une fois que je me suis mis à mettre en parallèle ces faits d'une autre époque avec ce que nous vivons à l'heure actuelle.



Voyez par exemple comment politique et religion s'entremêlent. Voyez comment un notable puissant peut, par les coups les plus bas, salir la réputation d'un homme public pour l'écarter du chemin de son ambition. Et comment, au nom de la religion (catholique, en ces temps-là), on peut torturer un homme à mort pour le faire rentrer dans le rang de l'idéologie dominante, qui plus est en masquant que la cause première de ces tortures est en fait un conflit d'intérêts personnels.



Oui, tout cela que nous condamnons maintenant ailleurs s'est passé ici, un jour. Bref, finalement un bon livre si on le prend comme point de départ d'un débat de société.
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Possédées

Après "Jésus Superstar", plus scandaleux que "Sous le Soleil de Satan", plus fort que "Les dernière tentations du Christ" Loudun vous propose son dernier spectacle vivant "Possédées" en 3 actes avec ses 3 personnages atypiques.



Acte I. Pourquoi et par qui "Notre Grandier" notre "curé" de campagne tout en se dévouant aussi bien à Dieu qu'aux femmes de son entourage est accusé d'avoir pactisé avec le Diable par "Notre" Sœur Jeanne des Anges la mère supérieure des Ursulines qui est à la fois une grande mystique mais également amoureuse déconfite de Grandier. Notre 3ème personnage et non des moindres "Notre Sainte Mère l'Eglise Inquisitrice".



Acte II. "Notre" Sœur Jeanne des Anges et une de ses consœurs certifie avoir été possédée par le "Malin" sous l'apparence de Grandier. Est ce un fantasme, une espérance ou par dépit? Grandier est jugé à mort puis gracié. Par vanité ou par orgueil il retourne exercer son sacerdoce à Loudun où il rencontre l'amour d'une femme qui tombe enceinte de ses œuvres.



Acte III. Il pense qu'il est le bienvenu dans sa ville mais est ce bien le cas ? Bien sur que non ! Entre le lobby des Inquisiteurs et l'érotomanie de Sœur Jeanne des Anges, il est arrêté, jugé et condamné à mort.



Nous avons tous les ingrédients pour fabriquer un blockbuster loudunien : la passion, le pouvoir, la religion.



Mélangez tout cela danss un chaudron en forme de livre, ajoutez une pincée de sorcellerie, laissez cuire pendant 304 pages à petit feu de diablotin puis sortez du feu et laissez refroidir jusqu'à ce que l'Enfer soit glacé et servez.

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Possédées

L’auteur s’est très bien documenté sur les faits historiques. La chronologie est largement détaillée, de même que les nombreux protagonistes, qu’ils fussent défenseurs ou détracteurs de Grandier. Les états d’âme du prêtre sont également décortiqués et c’est toute la psychologie des personnages qui est mise en avant. Les accusateurs de Grandier sont presque tout le temps ensemble, ils sont nommés les uns à la suite des autres, Trincant, Mignon, Mannoury, Laubardemont. Ils représentent cette masse de gens hypocrites qui ne servent que leurs intérêts. À l’inverse, Grandier se pose en solitaire et passe ainsi plus facilement pour une figure de victime, quasiment christique.

Tout le roman baigne dans une ambiance qui met mal à l'aise. D’abord, parce que le prêtre n’a pas un comportement respectable au vu de sa fonction. Ensuite, parce qu’un jeu de voyeurisme se met en place. Le lecteur y entre bien sûr en premier, pénétrant dans l’intimité des personnages, partageant tout. Puis, ce sont les personnages eux-mêmes qui introduisent la perversité dans ces événements en faisant des exorcismes des spectacles auxquels n’importe qui peut assister. On se retrouve donc forcé de suivre les faits, qu’on y croit ou non. L’immersion est totale, on se sent piégé dans Loudun.

Pour ce qui est de la forme, les chapitres sont relativement courts, surtout vers la fin où le rythme de la narration s’accélère, en même temps que les événements. Frédéric Gros écrit au présent, ce qui peut être déconcertant au début, mais qui présente l’avantage d’impliquer plus largement le lecteur et de faire résonner les faits dans notre époque. L’auteur traite du sujet sans tomber dans la facilité des descriptions crues. Il pose des mots pertinents, qui rendent compte de la violence, voire de l’horreur, et ne fait pas de ce livre un show où on ne se souviendrait que des scènes de possession et de torture.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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Possédées

Très belle reconstitution historique de l'affaire des possédées de Loudun, très bien documentée qui nous plonge dans une France, tourmentée par les questions de religions, les tensions entre catholiques et protestants, une France de fanatiques religieux et un Richelieu puissant aux commandes...



«Enfin quoi, ils étaient tous là, le clan des raseurs de murs, les anti-Grandiers, les bouffeurs de huguenots, les cardinaux haineux, se disant loyalistes. Les vrais chrétiens, les bons catholiques aimant la France fille aînée de l'Eglise, adorant la famille et le dimanche matin, trouvant justes la prospérité des notables, la misère des gens de rien et le malheur de qui ne pensait pas comme eux.»



Urbain Grandier, le curé de Loudun, le magicien, flétrisseur des âmes pures, corrupteur des vierges dévouées de Dieu, désigné comme le suppôt de Satan ... torturé et mort inutilement. Il était un homme libertin, apprécié des femmes, qui remettait en cause le célibat des prêtres. Ses pensées, eussent-elles été écoutées, auraient évité bien des tourments dans l'Église catholique !

Frédéric Gros dénonce avec brio la veulerie humaine, les manigances, la méchanceté, le sadisme de l'Église, la perversité des règlements de compte politiques et religieux; la fin est effroyablement bien écrite...Le style est froid, sec, pimenté de touches d'humour, il colle parfaitement avec le récit.

Une lecture à vous retourner l'estomac par moment, angoissante parfois aussi, une lecture émouvante et qui fait naître un sentiment de révolte.

Un premier roman très très prometteur !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Possédées

Sur la célébre affaire des possédées de Loudun, c'est l'histoire du curé Grandier que l'auteur nous narre. Il faut se repérer dans les différents personnages : hommes d'Eglise, de la Justice, bourgeois de Loudun. C'est la peinture d'une ville pendant la Réforme car Loudun devient le théâtre d'une lutte de pouvoir entre ses différents habitants : protestants, catholiques, représentants du roi, hommes d'Eglise. Au centre de ses luttes intestines, un homme va payer au prix fort son indépendance : le curé de Louvin. Les" possessions" simulées des religieuses, la place de l'Eglise, de Dieu, du Diable,ne sont là que pour servir l'intérêt, la vengeance de quelques uns. Et l'obscurantisme qui règne à cette époque n'est pas sans rappeler l'obscurantisme de ceux qui agissent au nom d'une foi sanguinaire. Pour ma part, une lecture un peu ardue au départ mais au fil des pages intéressante.





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Possédées

Beaucoup de modernité dans le texte et l'histoire pourtant nous sommes au 17e siècle, à Loudun ou se passe une sombre histoire de possession et d'exorcisme.

Petits pouvoirs, jalousies et manipulations vont entraîner la fin d'un homme.

La fin très bien écrite vous tient jusqu'au bout.

Ce livre porte à réfléchir sur le fanatisme quel qu' il soit .

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Possédées

Voila un ouvrage qu'aurait certainement aime ecrire notre cher Marquis de Sade.

L'auteur est tout-a-fait a la hauteur,j'ai beaucoup aime l'ecriture mais surtout l'esprit tortueux.Bravo,belle reussite pour un premier roman.

Rien ne manque pour reuusir:des cures hommes,des bonnes sœurs qui aimeraient etre femmes,l'intervention de Satan,la torture et l'humiliation en place publique.

C'est un roman qui captive et que j'ai devore

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Possédées

Le titre à lui seul dit de quoi ces femmes sont victimes. Replacé dans le contexte historique, rien d'étonnant , l'Eglise toute puissante,et les biens pensants qui en sont plus ou moins proches, sont prêts à toutes les exactions pour le bien paraître , sous le prétexte de la foi. Ce qui me dérange le plus sur ce fond de réflexion, c'est qu'au XXIème siècle, les mêmes prétextes soient invoqués pour éliminer ceux qui ne suivent pas la bonne ligne de conduite ; certes sous d'autres latitudes encore que ...Je me pose donc la question de savoir si F.Gros voulait ou non s'arrêter au seul moment historique.
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Possédées

L’écrivain français Frédéric Gros a réellement réussi à nous envoûter et à nous enchanter.
Lien : http://www.journaldequebec.c..
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Possédées

L’histoire est donc celle d’Urbain Grandier, prêtre de Loudun dans les années 1630. Le contexte historique et géographique est essentiel. Loudun est une petite ville de province entre l’Ouest le Centre de la France, à l’extrémité du « pays des huguenots », c’est-à-dire des régions plutôt occidentales du Royaume où, après l’Edit de Nantes de 1585, les protestants français vivent avec plus ou moins de tolérance. Ce sont aussi les années de l’apogée de Cardinal de Richelieu, premier ministre de Louis XIII, qui vient en 1627 de conquérir la Rochelle protestante après un siège éprouvant d’une année. Grandier est un Casanova avant l’heure, un séducteur, un beau parleur et un peu un libertin. Le libertinage au XVIIe siècle ce n’est pas celui du XVIIIe siècle ; c’est avant tout un libertinage de la pensée, qui ose tout doucement à remettre en cause les fondements de l’Eglise, de la Religion et donc aussi de l’Etat monarchique. Grandier porte ces paroles libres et agit librement, en particulier en séduisant les jolies jeunes filles ou les veuves éplorées de sa paroisse. Dans une autre partie de la ville il y a le couvent des Ursulines, commandé par l’étrange Mère supérieure Jeanne des Anges. En 1632, elle et plusieurs autres religieuses (elles seront jusqu’à 17) sont possédées par des diables et elles accusent Grandier d’être le sorcier qui leur envoie ces maléfices. Des exorcismes sont pratiqués, pendant plusieurs années (!) et à la fin en public (!). Grandier doit subir deux procès, dont le second, pour sorcellerie, le mène au bûcher en août 1634. Le lecteur qui voudrait en apprendre plus que le sujet peut visionner l’émission L’ombre d’un doute de 2011 sur le sujet.



En ce qui concerne le livre de Frédéric Gros, ma première remarque porte sur le style et le genre du livre. Il est présenté comme un roman, mais franchement je n’ai pas du tout eu l’impression de lire un roman. J’ai eu la sensation de lire un essai sous forme un peu fictionnelle. Des dialogues apportent la dimension de fiction, mais une large part du livre est tout de même plus proche du documentaire, de l’essai, même s’il reste largement narratif. La forme chronologique est très pregnante, les faits historiques sont présentés sans fioritures, les personnages ne sont pas vraiment travaillés mais juste décrit à partir ce ce que l’on sait par ailleurs d’eux et d’elles dans les études historiques. Ce livre est donc entre-deux, et pour ma part cela m’a gêbé dans la lecture car je n’ai jamais su ce que je lisais.



L’autre élément qui m’a posé problème est, connaissant un peu l’affaire, que certaines parties ont été modifiées ou effacées. Cela peut-être un parti prit dans un roman basé sur un fait réel, mais comme je disais que justement je ne pensais pas lire un roman, je n’ai pas compris pourquoi ces modifications. La principale entorse à l’Histoire tourne autour du personnage de la maîtresse, de l’amour de Grandier, Madeleine de Brou, qui est appelé Maddalena dans le livre, qui tombe enceinte alors que ce fait n’est pas connu. Mais surtout, on sait que Grandier organisa pour sa bien-aimée un mariage, où il joua le rôle du mari, du prêtre et du témoin, car elle ne voulait pas se donner à lui hors de ces liens sacrés ! Cette scène aurait eu toute sa place dans le livre mais elle n’apparaît pas… on ne sait pas trop pourquoi.

L’autre « manque » si on peut dire est le fait que les possessions des Ursulines ne s’arrêtent pas à la mort de Grandier et que la Mère Jeanne des Anges, la plus possédée de toutes, devient dans le Royaume une sorte de sainte, presqu’une star, qui va même jusqu’au chevet de la Reine de France pour son accouchement. C’est vrai que décrire cette fin aurait rendu le livre plus épais… mais le titre est bien « Possédées », le thème est donc davantage les Ursulines et Jeanne qu’Urbain Grandier. D’ailleurs, on sent, et là aussi je trouve un peu trop, l’amitié que l’auteur porte à son personnage… et au contraire l’antipathie qu’il semble avoir pour Jeanne des Anges. Le procédé est un peu trop caricatural dans ce livre où, par ailleurs, les personnages n’ont pas vraiment de psychologie propre et plus développée, plus imaginée par l’auteur.
Lien : https://wp.me/p4XEVi-jy
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Possédées

D'un philosophe spécialiste de Michel Foucault, on espérait plus ambitieux. Au moins réveille-t-il ici une ténébreuse affaire qui n'en finit pas de surprendre et d'inquiéter.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Possédées

Frédéric Gros pourrait apprécier ce roman dont il est l'auteur à la lumière de son dernier essai, intitulé « désobéir ». Pourquoi le prêtre de Loudun, Urbain Grandet, en est-il venu à désobéir à l'ordre de l'Eglise et à sa doctrine ? Ne revendique-t-il pas l'affirmation d'une libre subjectivité qui est responsable de ses actes, quand d'autres n'oseraient y penser, enchainés qu'ils sont, avec la peur au ventre qui les maintient dans la servitude ? Pourquoi sa liaison avec une nonne de l'ordre des Ursulines, Maddalena, constitue une menace pour le pouvoir spirituel, étroitement lié au pouvoir temporel ? Ne risque-t-il pas de succomber à la sanction divine, sous le glaive du prêtre Inquisiteur ? Pourquoi les prêtres n'aspireraient-ils pas à l'humanité et à la capacité à aimer ? Un roman captivant à lire et à questionner.
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Possédées

Philippe Gros sort de ses essais philosophiques habituels pour nous raconter l'histoire étrange d'un couvent d'ursulines possédé par de terribles diables tentateurs au début du 17e siècle.

Perversions, trahisons, jalousies, complots - pour notre plus grand plaisir de lecteurs - vont venir troublés le calme de la petite ville de Loundun.

Le rythme de l'écriture est dynamique, la tension menée par la sucession de phrases courtes.

Cependant, des "situations" (jalousies, tentations) reviennent un peu trop souvent et alourdissent le récit à mon goût.
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Possédées

Loudun, 1632. A quelques kilomètres de Richelieu, nouveau fief du cardinal premier ministre de Louis XIII, cette petite ville est secouée par les tensions religieuses entre catholiques et protestants lorsque la supérieure du couvent des ursulines, la mère Jeanne des Anges, et peu à peu l’ensemble de sa congrégation, est saisie de convulsions et d’hallucinations.



Elle avoue à son confesseur, le chanoine mignon, qu’un homme en soutane les visitent chaque nuit et les forcent à se caresser. C’est le diable assurément qui les poursuit ainsi, les laissant bientôt sans trêve s’épuiser en de folles sarabandes.



Le diable, il ne faut pas aller le chercher loin mais du côté du curé du village : Urbain Grandier. Le prêtre de la paroisse est bel homme, les femmes en sont folles et il ne dédaigne pas rompre son vœu de chasteté à l’occasion.



Souvenez-vous, c’est lui qui a engrossé Estelle, la fille du procureur du roi, précipitant la fureur de son père qui s’est juré de se venger de son ami qui l’a trahi…



L’affaire des possédées de Loudun, brassant les énergies du désir et les calculs politiques, les intrigues religieuses et les complots judiciaires, a fait grand bruit sous le règne de Louis XIII et a inspiré depuis plusieurs cinéastes et essayistes.



Possession ? Folie ? Hallucination collective ? Schizophrénie ? Hystérie ? Frédéric Gros fait dans Possédées au-delà de l’affaire, le roman d’un homme injustement condamné : Urbain Grandier.



Brillant serviteur de l’Eglise, fin lettré, humaniste rebelle, amoureux des femmes, figure expiatoire toute trouvée de la Contre-Réforme, Urbain Grandier complote soi-disant contre le cardinal de Richelieu et est l’auteur d’un libelle demande au Saint-Père de mettre fin au célibat des prêtres.



Toutes les facettes de cet homme conduiront à sa perte et à son martyr le 18 août 1634, exécuté pour sorcellerie. Sous la torture et dans les flammes, il criera son innocence et l’auteur montre comment toute cette affaire a été montée en épingle par le procureur Trincant et ses amis Mignon, Mannoury et Adam.



J’ai trouvé ce roman très intéressant d’un point de vue historique bien sûr, Frédéric Gros s’est remarquablement bien documenté et grâce à lui je suis dorénavant incollable sur cette terrible affaire.



Mais c’est aussi un roman exigeant, très bien écrit, avec un vocabulaire et un style plutôt soutenus, ce qui peut rebuter celles et ceux habitués à lire des récits nettement plus simples d’accès.



Certains passages, notamment ceux ayant attrait à Jeanne de Belciel, future Jeanne des Anges, s’étirent toutefois un peu trop en longueur. Cette femme particulièrement exaltée et totalement centrée sur elle-même m’a rebuté. De nos jours, elle finirait à l’asile mais à l’époque sa parole a compté, il y a bien eu des voix pour mettre en cause cette possession et les simulacres auxquelles les sœurs se livraient mais le pouvoir judiciaire a fini par s’abattre sur ce pauvre Urbain Grandier, pourtant soutenu par les autorités ecclésiastiques.



Car cette affaire, si elle prend son origine dans l’exaltation religieuse et ses débordements, lorsque le tribunal ecclésiastique acquitte Grandier, elle devient politique et personnellement conduite par le père Joseph, l’éminence grise du cardinal, puis par le commissaire de Laubardemont, parent de la mère supérieure, lorsque Trincant avertit Richelieu que son curé complote contre lui.



Là encore, aucune preuve contre Grandier mais peu importe, la machine implacable va alors s’abattre sur lui. Grandier, ami des protestants, est héritier du XVIème siècle humaniste, de Rabelais, Jacques Amyot, Erasme et Thomas More, et paiera cher son modernisme, pris dans le tourbillon vengeur d’une époque qui se conclura par la révocation de l’Edit de Nantes.



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Possédées

Frédéric GROS romance un épisode réel qui s'est déroulé en 1632 dans la ville de Loudun en France. Il nous relate comment Satan- Zébulon - Astaroth - Belzebuth, autant de synonymes donnés par l'auteur à l'ensorceleur de Loudun, personnifié par le Père GRANDIER est entré au couvent des Ursulines pour ensorceler les moniales de pensées impures au point de les rendre si folles qu'il fallut les exorciser. Cela finit mal pour le prêtre de Loudun.

Au delà des faits, c'est l'Eglise et l'Etat français qui doivent triompher. La France n'est-elle pas la fille aînée de l'Eglise?

Au début du 17è siècle la France est unifiée, dirigée par un pouvoir central, Louis XIII et sa clique mais elle est gênée par les Hugenots qui bénéficient encore de la liberté d'exercer leur culte aux termes de l'Edit de Nantes qui ne sera révoqué qu'en 1695.

L'histoire des possédées de Loudun n'est donc qu'un complot politique dont le Père GRANDIER a été la victime. Certes, il n'était un pas un saint, il aimait les femmes.

Le roman est très bien écrit, la plume de l'auteur est haletante. La juxtaposition de synonymes donne un rythme rapide et on accroche au récit même si on connait à l'avance la fin tragique de GRANDIER.

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Possédées

Frédéric Gros, né le 30 novembre 1965 à Saint-Cyr-l’École est un philosophe français, spécialiste de Michel Foucault. Il est professeur de pensée politique à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po). Dans ce récit romancé, Frédéric Gros revisite l'affaire des démons de Loudun, cette chasse aux sorcières lancée par le Cardinal de Richelieu dans les années 1630 contre le prêtre catholique Urbain Grandier.



Difficile de revenir plus amplement sur cette affaire de diablerie de Loudun qui, en son temps, a provoqué un défoulement des foules venus de divertir du spectacle public des exorcismes et suscité une littérature polémique sans égale. Tout a été dit et c'est d'ailleurs parce que je connaissais l'affaire des Possédées de Loudun, et surtout son dénouement, que le roman de Frédéric Gros m'a semblé parfois un peu trop théâtral et se cantonner à un romanesque un peu facile...



Il n'empêche que, pour qui ne connaîtrait pas le destin de ce prêtre un peu trop séduisant et cultivé, l'hystérie collective de ces sœurs Ursulines, brusquement saisies de convulsions et d'hallucinations, a de quoi faire frémir ! Frédéric Gros offre une très belle reconstitution historique d'une petite ville de province, divisée entre Huguenots et Catholiques, qui va rapidement se sentir dépassée par les enjeux et les affrontements qui s'y déroulent... Brassant les énergies du désir et les calculs politiques, les intrigues religieuses et les complots judiciaires, l'auteur fait de Possédées le roman d'un homme devenu la figure expiatoire de toute trouvée de la contre-réforme.



Parce qu'il est soupçonné d'être trop proche des Protestants, parce qu'il prône le mariage des prêtres et n'hésite pas à prendre amante parmi ses ouailles, Urbain Grangier s'est attiré l'inimitié d'un grand nombre de ses paroissiens. Le procureur du roi, notamment, lui voue une haine farouche depuis qu'il a engrossé sa fille mais c'est surtout le Cardinal de Richelieu qui, au nom de la raison d'Etat, causera le plus de tort à Urbain Grandier. Déterminé à soumettre les villes protestantes et à affirmer la souveraineté de son Roi très chrétien, Richelieu se servira de ces prétendues possessions pour manipuler les foules et redorer le blason de l'Église.



«Les vérités avec lesquelles nous gouvernons, Monsieur, ne se tiennent pas dans l'intimité muette des consciences. Ce sont des spectacles.»



En mêlant les différents points de vue, Frédéric Gros réactualise cette ténébreuse affaire d'Église et d'État qui, en son temps, a défrayé la chronique. Sur fond de croyances occultes, d'exorcismes effrayants et de tortures sophistiquées, Possédées plonge le lecteur dans le Loudun du XVIIème siècle et redonne vie à tout un horizon de croyances qui n'est pas sans rappeler l'obscurantisme de ceux qui, de nos jours, agissent au nom d'une foi sanguinaire...
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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Possédées

Année 1632. Une petite ville du nom de Loudun, située dans le département de la Vienne devient le théâtre d'une affaire de possession démoniaque, mélangée à un complot politique et ce, dans l'unique but de faire tomber une personne: le père Grandier.

Ce curé charismatique ne fait rien comme les autres. Il aime les femmes, ce qui lui vaudra plusieurs problèmes avec d'autres autorités de la ville, il rédige un traité contre le célibat des prêtres et défend le parti des protestants, bien que les guerres de religion soient finies depuis plus d'une décennie.

L'impitoyable raison d'état est ici représentée par trois personnes: Richelieu, l'impitoyable cardinal avec sa pourpre, Laubardemont, mandaté par l'homme en rouge pour détruire les murailles de Loudun et briser le prêtre et le roi Louis XIII, bien que n'apparaissant peu dans le roman.

Le couvent des Ursulines de Loudun dirigé par la frustrée schizophrène et vengeresse mère supérieure Jeanne des Anges est frappé par une véritable épidémie de possession démoniaque. Mais Grandier est-il vraiment coupable? Ou bien est-il la victime de plusieurs vengances personnelles regroupées en une seule?? Le malheureux finira brûlé en place publique en août 1634.

Ce fait réel, un des plus connus du XVII°s continue encore de faire parler de lui. Je vous encourage à le lire mais aussi à regarder le documentaire sur "l'ombre d'un doute" qui porte le même nom!
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Possédées

Loudun est une place forte du Poitou au début du XVII ème mais grouille de "Huguenots", ce qui agace une partie de l'intelligentsia locale. Le prêtre, Urbain Grandier est même soupçonné de bienveillance envers eux , en plus de culbuter tout ce que la ville fait de femmes trop solitaires...

Urbain Grandier , aimé de ses paroissiens , n'est pas donc trop en odeur de Sainteté auprès des notables locaux.

Quand au couvent des Ursulines les sœurs commencent à avoir un comportement irrationnel et être dévorées par la tentation de la chair, les adversaires de Grandier se saisissent de l'occasion.



Roman très cultivé et "cultivant " que ce "possédé". Le style , très sec, et les tournures parfois archaïques cohabitent à merveille.

L'intrigue, historique, est fortement bien expliquée et l'on se rend compte de la place de la sorcellerie , de l'exorcisme et de toutes les croyances de l'époque .

Le roman est intense , à suspens si l'on n'est pas au fait de ce fait de l'histoire et bien moins austère qu'il ne semblait à première vue. De là à en faire un Goncourt...

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Possédées

J'ai hésité à entamer ce livre pour je ne sais quelle raison ou tout simplement parce que je n'étais pas dans le "mood". Ma foi, je ne regrette nullement de l'avoir ouvert pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin.

On se prend à vouloir sermonner le prêtre Grandier de son comportement orgueilleux, libertin puis de souhaiter qu'il soit acquitté tant son procès n'est pas équitable.

Rien ne nous est épargné des procédures de torture, nous apprenant qu'il était possible de détecter un "suppot de Satan" en enfonçant dans le corps une aiguille qui ne provoquera aucune douleur, ni écoulement de sang, aux endroits où le diable aurait posé ses lèvres pour sceller le contrat.
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