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Critiques de Frédéric Gros (146)
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Possédées

Nous en sommes en 1630 à Loudun. Le livre commence par le décès de Scévole de Sainte Marthe - poète et héro - qui réunissait en son logis les esprits de Loudun pour des discussions qui les menaient vers le haut. A sa mort, sans guide, les esprits se tordent et redeviennent humain, méchants et vaniteux. Urbain Grangier est le prêtre de la ville. Il aime Dieu et aussi les femmes, sans doute un peu trop et de trop prêts. Il va se créer des inimités avec les quelques petits puissants de la ville. Le livre est assez impressionnant. On y croise toute la rouerie humaine, les manigances jusqu'au pire. Mélangez cela avec des croyances issues de l'inquisition et vous ferez bruler un homme en place publique. Atterrant, glaçant et terriblement efficace.
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Possédées

un livre qui sort de la routine. Grandier est curé dans la petite ville de Loudun. C'est un homme charmant, charmeur, intelligent et malheureusement il s'attire des jalousies. Après avoir mis enceinte la fille d'un paroissien influent, il devient la cible de la famille de la jeune fille qui fait de lui un magicien qui ensorcelle les jeunes femmes. La justice sera t-elle celle du pouvoir ou celle de Dieu ?
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Possédées

En 1634, Urbain Grandier, prêtre à Loudun est condamné à subir la question et à être brûlé vif. Il est accusé d’avoir ensorcelé les religieuses du couvent des ursulines. Cette histoire , mise en film par Ken Russel en 1971 sous le titre : « les diables » nous fait revivre les méfaits des accusations arbitraires relayées par un pouvoir royal (Louis XIII),un prêtre royal ( le père joseph) et toute un clique régionale exerçant une vengeance aveugle au détriment d’un pauvre innocent.
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Possédées

A partir d'une histoire déjà longuement débattue, F Gros a fait un roman plaisant à lire sur un thème qui n'est pas vraiment porteur a priori. Style alerte et fluide, avec une construction qui frise le polar.

F Gros a donné du corps à cet abbé Grandier et le parallèle avec notre époque n'est pas si loin.
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Possédées

Un excellent livre qui met bien avant le lien qui unit religion et pouvoir. Et quand on mélange les deux ça ne donne pas quelque chose de jojo.

Enfin, une autre manière de voir la supercherie des possédées de Loudun.
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Possédées

Voilà un fait divers de notre histoire de France des plus intéressants ; un de ceux qu’aurait pu s’approprier l’écrivain Jean Teulé !

L’ensemble du texte est très documenté et précis et nous permet aisément de se plonger dans le XVIIe siècle. Mais et ce malgré la thématique qui me botte, je n’ai pas réussi à entièrement entrer dans le récit, une dichotomie entre le style de l’auteur et le caractère romancé du récit m’ayant gênée. Frédéric Gros nous relate les faits au présent de l’indicatif, rendant le texte plus contemporain et plus vif, mais tombe bien souvent dans le piège que peut induire ce temps : le caractère trop journalistique ; et je trouve que son récit s’approche plus d’un long compte rendu journalistique que d’une fiction à proprement parlé (ce qu’on nous propose pourtant). Il y parvient seulement lorsqu’il délie le récit pour obtenir un format roman, comme dans les premiers chapitres et dans les passages de dialogues. Le reste m’a souvent laissé insensible car trop factuel.

Le côté incisif, dynamique et rapide de l’écriture se confronte de ce fait à la longueur de l’histoire dont certaines scènes sont répétitives à souhait (les crises d’hystérie, les élans d’amour de Grandier pour sa minette, les diatribes des autorités religieuses…, beaucoup de répétitions ennuyeuses qui entravent la lecture. Pour aller un peu plus loin, la description un peu poussive mais néanmoins imaginée des crises d’hystéries et leur manière de surgir ne sied pas avec la volonté de rester au plus proche de l’histoire, même si ces scènes sont certainement là les plus en adéquation avec l’envie de fiction, c’est fâcheux car on a un sentiment d’exagération.

J’ai par ailleurs été particulièrement gêné par la fin. L’auteur confère à son personnage un caractère fort « christique » et j’avais la sensation de lire les dernières heures du Christ. Ici, pas de crucifixion mais une immolation, pas de flagellation au préalable mais une torture des jambes, hormis ces différences, Grandier dans le texte à une telle grandeur d’âme que même dans ces instants les plus intolérables, il garde ce sourire affable, cette gentillesse à tout va, cette commisération envers ses bourreaux… « Pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Mouais, j’ai beaucoup de mal à croire que les choses se soient passé ainsi…

Voilà une lecture non dénuée de plaisir et d’intérêt mais qui m’a paru un peu hésitante entre le délire de la fiction et la volonté de relater les faits au plus proche. Le positionnement de l’auteur est trouble.



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Possédées

Pour se souvenir combien l'aveuglement religieux couplé à la bêtise humaine peut engendrer d'intolérance et de cruauté.
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Possédées

La rentrée littéraire et moi ne faisons généralement pas bon ménage. Pourtant, j'ai tout de suite été interpelée par ce roman, basé sur un fait divers ayant vraiment eu lieu. J'ai décidé de le lire lors d'une lecture commune avec mon amie Ingrid, du blog Histoire du soir. Grand bien m'en a pris!



L'affaire des possédées de Loudun, c'est avant tout l'histoire d'un homme, d'un curé, Urbain Grandier, jugé trop gênant par ses contemporains. Pensez donc: nous sommes dans les années 1630, la France connaît des heures particulières et est régie d'une main de maître par Louis XIII et le Cardinal Richelieu. Alors un curé ouvert aux Protestants, pour le mariage des prêtres, qui ose s'opposer à Richelieu et qui engrosse la fille du procureur du roi, cela fait forcément beaucoup et certains ne reculeront devant rien pour l'accuser de tous les vices.



Après une épidémie de peste dans la ville de Loudun, Jeanne des Anges, la mère supérieure du couvent de la ville, annonce que ses soeurs et elle sont victimes de possession. Les démons seraient commandés par Grandier lui-même, qui n'a jamais vu les nonnes de sa vie. L'occasion tombe à pic, et c'est parti pour un simulacre de procès.



"Et surtout, vous avez contre vous tous ceux qui ne sont ni pour ni contre personne et qui suivront, et qui croiront ce qu'on leur dit de croire. Ça leur fera récréation."



Je connaissais l'issue de cette affaire, puisque j'en avais déjà entendu parler, mais j'ai beaucoup aimé être immergée dans le contexte de l'époque. Frédéric Gros dresse avec justesse le portrait d'une ville de province, au XVIIe siècle, qui vit avec ses peurs et ses croyances. Le spectre de l'Inquisition n'est d'ailleurs pas si loin et bien ancré dans les mémoires. J'ai également beaucoup appris sur la personnalité de Grandier, même si certaines choses ont été très romancées, et surtout, j'ai trouvé très intéressant le profil psychologique de la mère supérieure, atteinte de sévères troubles du comportement.



Outre ces personnages, le contexte politique joue bien sûr un rôle important. Manipulations, menaces, tout était bon pour faire reconnaître coupable un curé un peu trop dérangeant, en faisant passer une hystérie collective pour un cas de possession (manoeuvre qui n'était pas rare à l'époque). Ce roman nous donne cet horrible sentiment de se sentir impuissant face aux événements qui se jouent.



C'est saisissant, glaçant, et on se dit que finalement, ce fanatisme dépeint ici n'est si éloigné de celui d'aujourd'hui.
Lien : http://www.placedeslivres.ca..
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Possédées

Très belle reconstitution historique de l'affaire des possédées de Loudun, très bien documentée qui nous plonge dans une France, tourmentée par les questions de religions, les tensions entre catholiques et protestants, une France de fanatiques religieux et un Richelieu puissant aux commandes...



«Enfin quoi, ils étaient tous là, le clan des raseurs de murs, les anti-Grandiers, les bouffeurs de huguenots, les cardinaux haineux, se disant loyalistes. Les vrais chrétiens, les bons catholiques aimant la France fille aînée de l'Eglise, adorant la famille et le dimanche matin, trouvant justes la prospérité des notables, la misère des gens de rien et le malheur de qui ne pensait pas comme eux.»



Urbain Grandier, le curé de Loudun, le magicien, flétrisseur des âmes pures, corrupteur des vierges dévouées de Dieu, désigné comme le suppôt de Satan ... torturé et mort inutilement. Il était un homme libertin, apprécié des femmes, qui remettait en cause le célibat des prêtres. Ses pensées, eussent-elles été écoutées, auraient évité bien des tourments dans l'Église catholique !

Frédéric Gros dénonce avec brio la veulerie humaine, les manigances, la méchanceté, le sadisme de l'Église, la perversité des règlements de compte politiques et religieux; la fin est effroyablement bien écrite...Le style est froid, sec, pimenté de touches d'humour, il colle parfaitement avec le récit.

Une lecture à vous retourner l'estomac par moment, angoissante parfois aussi, une lecture émouvante et qui fait naître un sentiment de révolte.

Un premier roman très très prometteur !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Possédées

"Les diables" de Ken Russell, sorti en 1976, avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave.

Magnifique ! Fascinant ! Même dans sa version tronquée par la censure...



40 ans plus tard, dans son roman "Possédées", Frédéric Gros nous conte l'histoire de ces religieuses de Loudun, possédées par Satan et manipulées par l'église catholique, à seule fin d'éliminer Urbain Grandier, favorable au mariage des prêtres.



J'avoue avoir eu beaucoup de mal à lire le style ampoulé utilisé par l'auteur racontant des faits dans lesquels il est difficile de distinguer l'historique du romancé. L'utilisation excessive des parenthèses, les dialogues rapportés, les phrases sans verbe, celles qu'il faut relire pour les comprendre, à cause de leur longueur et de leur lourdeur...



J'ai fini par mettre ce style sur le dos du langage de l'époque, et me suis imposé d'aller jusqu'au bout de ce récit qui pourrait aisément être attribué à wikipédia...

Quelques passages, trop peu nombreux, m'ont toutefois séduit, comme l'entrée de soeur Claire au couvent.

Mais la lourdeur du style a eu raison de mon assiduité quelques pages avant la mort annoncée d'Urbain Grandier.



Le récit semble pourtant bien documenté, avec de nombreux personnages, dont certains sont supposés connus par le lecteur. Mais je voudrais signaler une coquille de taille : l'ordre des Ursulines n'a jamais été assujetti à la règle de Saint Benoît ! Il s'agit de l'ordre des Bénédictines.

Encore un coup du Diable !?
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Possédées

J'ai entamé ce livre par curiosité, sans intérêt particulier pour l'époque où il se situe et sans connaître l'événement dont il s'inspire. J'avoue que le début de ma progression a été poussive: le style est plaisant mais sans plus, et je ne dirais pas que l'intrigue rendre cruels les moments où il me fallait interrompre ma lecture. J'ai commencé à prendre un certain plaisir à avancer dans ce livre une fois que je me suis mis à mettre en parallèle ces faits d'une autre époque avec ce que nous vivons à l'heure actuelle.



Voyez par exemple comment politique et religion s'entremêlent. Voyez comment un notable puissant peut, par les coups les plus bas, salir la réputation d'un homme public pour l'écarter du chemin de son ambition. Et comment, au nom de la religion (catholique, en ces temps-là), on peut torturer un homme à mort pour le faire rentrer dans le rang de l'idéologie dominante, qui plus est en masquant que la cause première de ces tortures est en fait un conflit d'intérêts personnels.



Oui, tout cela que nous condamnons maintenant ailleurs s'est passé ici, un jour. Bref, finalement un bon livre si on le prend comme point de départ d'un débat de société.
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Possédées

Après "Jésus Superstar", plus scandaleux que "Sous le Soleil de Satan", plus fort que "Les dernière tentations du Christ" Loudun vous propose son dernier spectacle vivant "Possédées" en 3 actes avec ses 3 personnages atypiques.



Acte I. Pourquoi et par qui "Notre Grandier" notre "curé" de campagne tout en se dévouant aussi bien à Dieu qu'aux femmes de son entourage est accusé d'avoir pactisé avec le Diable par "Notre" Sœur Jeanne des Anges la mère supérieure des Ursulines qui est à la fois une grande mystique mais également amoureuse déconfite de Grandier. Notre 3ème personnage et non des moindres "Notre Sainte Mère l'Eglise Inquisitrice".



Acte II. "Notre" Sœur Jeanne des Anges et une de ses consœurs certifie avoir été possédée par le "Malin" sous l'apparence de Grandier. Est ce un fantasme, une espérance ou par dépit? Grandier est jugé à mort puis gracié. Par vanité ou par orgueil il retourne exercer son sacerdoce à Loudun où il rencontre l'amour d'une femme qui tombe enceinte de ses œuvres.



Acte III. Il pense qu'il est le bienvenu dans sa ville mais est ce bien le cas ? Bien sur que non ! Entre le lobby des Inquisiteurs et l'érotomanie de Sœur Jeanne des Anges, il est arrêté, jugé et condamné à mort.



Nous avons tous les ingrédients pour fabriquer un blockbuster loudunien : la passion, le pouvoir, la religion.



Mélangez tout cela danss un chaudron en forme de livre, ajoutez une pincée de sorcellerie, laissez cuire pendant 304 pages à petit feu de diablotin puis sortez du feu et laissez refroidir jusqu'à ce que l'Enfer soit glacé et servez.

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Possédées

L’auteur s’est très bien documenté sur les faits historiques. La chronologie est largement détaillée, de même que les nombreux protagonistes, qu’ils fussent défenseurs ou détracteurs de Grandier. Les états d’âme du prêtre sont également décortiqués et c’est toute la psychologie des personnages qui est mise en avant. Les accusateurs de Grandier sont presque tout le temps ensemble, ils sont nommés les uns à la suite des autres, Trincant, Mignon, Mannoury, Laubardemont. Ils représentent cette masse de gens hypocrites qui ne servent que leurs intérêts. À l’inverse, Grandier se pose en solitaire et passe ainsi plus facilement pour une figure de victime, quasiment christique.

Tout le roman baigne dans une ambiance qui met mal à l'aise. D’abord, parce que le prêtre n’a pas un comportement respectable au vu de sa fonction. Ensuite, parce qu’un jeu de voyeurisme se met en place. Le lecteur y entre bien sûr en premier, pénétrant dans l’intimité des personnages, partageant tout. Puis, ce sont les personnages eux-mêmes qui introduisent la perversité dans ces événements en faisant des exorcismes des spectacles auxquels n’importe qui peut assister. On se retrouve donc forcé de suivre les faits, qu’on y croit ou non. L’immersion est totale, on se sent piégé dans Loudun.

Pour ce qui est de la forme, les chapitres sont relativement courts, surtout vers la fin où le rythme de la narration s’accélère, en même temps que les événements. Frédéric Gros écrit au présent, ce qui peut être déconcertant au début, mais qui présente l’avantage d’impliquer plus largement le lecteur et de faire résonner les faits dans notre époque. L’auteur traite du sujet sans tomber dans la facilité des descriptions crues. Il pose des mots pertinents, qui rendent compte de la violence, voire de l’horreur, et ne fait pas de ce livre un show où on ne se souviendrait que des scènes de possession et de torture.
Lien : http://voulezvoustourner.blo..
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Possédées

Le titre à lui seul dit de quoi ces femmes sont victimes. Replacé dans le contexte historique, rien d'étonnant , l'Eglise toute puissante,et les biens pensants qui en sont plus ou moins proches, sont prêts à toutes les exactions pour le bien paraître , sous le prétexte de la foi. Ce qui me dérange le plus sur ce fond de réflexion, c'est qu'au XXIème siècle, les mêmes prétextes soient invoqués pour éliminer ceux qui ne suivent pas la bonne ligne de conduite ; certes sous d'autres latitudes encore que ...Je me pose donc la question de savoir si F.Gros voulait ou non s'arrêter au seul moment historique.
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Possédées

Beaucoup de modernité dans le texte et l'histoire pourtant nous sommes au 17e siècle, à Loudun ou se passe une sombre histoire de possession et d'exorcisme.

Petits pouvoirs, jalousies et manipulations vont entraîner la fin d'un homme.

La fin très bien écrite vous tient jusqu'au bout.

Ce livre porte à réfléchir sur le fanatisme quel qu' il soit .

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Possédées

Voila un ouvrage qu'aurait certainement aime ecrire notre cher Marquis de Sade.

L'auteur est tout-a-fait a la hauteur,j'ai beaucoup aime l'ecriture mais surtout l'esprit tortueux.Bravo,belle reussite pour un premier roman.

Rien ne manque pour reuusir:des cures hommes,des bonnes sœurs qui aimeraient etre femmes,l'intervention de Satan,la torture et l'humiliation en place publique.

C'est un roman qui captive et que j'ai devore

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Possédées

Philippe Gros sort de ses essais philosophiques habituels pour nous raconter l'histoire étrange d'un couvent d'ursulines possédé par de terribles diables tentateurs au début du 17e siècle.

Perversions, trahisons, jalousies, complots - pour notre plus grand plaisir de lecteurs - vont venir troublés le calme de la petite ville de Loundun.

Le rythme de l'écriture est dynamique, la tension menée par la sucession de phrases courtes.

Cependant, des "situations" (jalousies, tentations) reviennent un peu trop souvent et alourdissent le récit à mon goût.
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Possédées

Loudun, 1632. A quelques kilomètres de Richelieu, nouveau fief du cardinal premier ministre de Louis XIII, cette petite ville est secouée par les tensions religieuses entre catholiques et protestants lorsque la supérieure du couvent des ursulines, la mère Jeanne des Anges, et peu à peu l’ensemble de sa congrégation, est saisie de convulsions et d’hallucinations.



Elle avoue à son confesseur, le chanoine mignon, qu’un homme en soutane les visitent chaque nuit et les forcent à se caresser. C’est le diable assurément qui les poursuit ainsi, les laissant bientôt sans trêve s’épuiser en de folles sarabandes.



Le diable, il ne faut pas aller le chercher loin mais du côté du curé du village : Urbain Grandier. Le prêtre de la paroisse est bel homme, les femmes en sont folles et il ne dédaigne pas rompre son vœu de chasteté à l’occasion.



Souvenez-vous, c’est lui qui a engrossé Estelle, la fille du procureur du roi, précipitant la fureur de son père qui s’est juré de se venger de son ami qui l’a trahi…



L’affaire des possédées de Loudun, brassant les énergies du désir et les calculs politiques, les intrigues religieuses et les complots judiciaires, a fait grand bruit sous le règne de Louis XIII et a inspiré depuis plusieurs cinéastes et essayistes.



Possession ? Folie ? Hallucination collective ? Schizophrénie ? Hystérie ? Frédéric Gros fait dans Possédées au-delà de l’affaire, le roman d’un homme injustement condamné : Urbain Grandier.



Brillant serviteur de l’Eglise, fin lettré, humaniste rebelle, amoureux des femmes, figure expiatoire toute trouvée de la Contre-Réforme, Urbain Grandier complote soi-disant contre le cardinal de Richelieu et est l’auteur d’un libelle demande au Saint-Père de mettre fin au célibat des prêtres.



Toutes les facettes de cet homme conduiront à sa perte et à son martyr le 18 août 1634, exécuté pour sorcellerie. Sous la torture et dans les flammes, il criera son innocence et l’auteur montre comment toute cette affaire a été montée en épingle par le procureur Trincant et ses amis Mignon, Mannoury et Adam.



J’ai trouvé ce roman très intéressant d’un point de vue historique bien sûr, Frédéric Gros s’est remarquablement bien documenté et grâce à lui je suis dorénavant incollable sur cette terrible affaire.



Mais c’est aussi un roman exigeant, très bien écrit, avec un vocabulaire et un style plutôt soutenus, ce qui peut rebuter celles et ceux habitués à lire des récits nettement plus simples d’accès.



Certains passages, notamment ceux ayant attrait à Jeanne de Belciel, future Jeanne des Anges, s’étirent toutefois un peu trop en longueur. Cette femme particulièrement exaltée et totalement centrée sur elle-même m’a rebuté. De nos jours, elle finirait à l’asile mais à l’époque sa parole a compté, il y a bien eu des voix pour mettre en cause cette possession et les simulacres auxquelles les sœurs se livraient mais le pouvoir judiciaire a fini par s’abattre sur ce pauvre Urbain Grandier, pourtant soutenu par les autorités ecclésiastiques.



Car cette affaire, si elle prend son origine dans l’exaltation religieuse et ses débordements, lorsque le tribunal ecclésiastique acquitte Grandier, elle devient politique et personnellement conduite par le père Joseph, l’éminence grise du cardinal, puis par le commissaire de Laubardemont, parent de la mère supérieure, lorsque Trincant avertit Richelieu que son curé complote contre lui.



Là encore, aucune preuve contre Grandier mais peu importe, la machine implacable va alors s’abattre sur lui. Grandier, ami des protestants, est héritier du XVIème siècle humaniste, de Rabelais, Jacques Amyot, Erasme et Thomas More, et paiera cher son modernisme, pris dans le tourbillon vengeur d’une époque qui se conclura par la révocation de l’Edit de Nantes.



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Possédées

L’écrivain français Frédéric Gros a réellement réussi à nous envoûter et à nous enchanter.
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Possédées

L’histoire est donc celle d’Urbain Grandier, prêtre de Loudun dans les années 1630. Le contexte historique et géographique est essentiel. Loudun est une petite ville de province entre l’Ouest le Centre de la France, à l’extrémité du « pays des huguenots », c’est-à-dire des régions plutôt occidentales du Royaume où, après l’Edit de Nantes de 1585, les protestants français vivent avec plus ou moins de tolérance. Ce sont aussi les années de l’apogée de Cardinal de Richelieu, premier ministre de Louis XIII, qui vient en 1627 de conquérir la Rochelle protestante après un siège éprouvant d’une année. Grandier est un Casanova avant l’heure, un séducteur, un beau parleur et un peu un libertin. Le libertinage au XVIIe siècle ce n’est pas celui du XVIIIe siècle ; c’est avant tout un libertinage de la pensée, qui ose tout doucement à remettre en cause les fondements de l’Eglise, de la Religion et donc aussi de l’Etat monarchique. Grandier porte ces paroles libres et agit librement, en particulier en séduisant les jolies jeunes filles ou les veuves éplorées de sa paroisse. Dans une autre partie de la ville il y a le couvent des Ursulines, commandé par l’étrange Mère supérieure Jeanne des Anges. En 1632, elle et plusieurs autres religieuses (elles seront jusqu’à 17) sont possédées par des diables et elles accusent Grandier d’être le sorcier qui leur envoie ces maléfices. Des exorcismes sont pratiqués, pendant plusieurs années (!) et à la fin en public (!). Grandier doit subir deux procès, dont le second, pour sorcellerie, le mène au bûcher en août 1634. Le lecteur qui voudrait en apprendre plus que le sujet peut visionner l’émission L’ombre d’un doute de 2011 sur le sujet.



En ce qui concerne le livre de Frédéric Gros, ma première remarque porte sur le style et le genre du livre. Il est présenté comme un roman, mais franchement je n’ai pas du tout eu l’impression de lire un roman. J’ai eu la sensation de lire un essai sous forme un peu fictionnelle. Des dialogues apportent la dimension de fiction, mais une large part du livre est tout de même plus proche du documentaire, de l’essai, même s’il reste largement narratif. La forme chronologique est très pregnante, les faits historiques sont présentés sans fioritures, les personnages ne sont pas vraiment travaillés mais juste décrit à partir ce ce que l’on sait par ailleurs d’eux et d’elles dans les études historiques. Ce livre est donc entre-deux, et pour ma part cela m’a gêbé dans la lecture car je n’ai jamais su ce que je lisais.



L’autre élément qui m’a posé problème est, connaissant un peu l’affaire, que certaines parties ont été modifiées ou effacées. Cela peut-être un parti prit dans un roman basé sur un fait réel, mais comme je disais que justement je ne pensais pas lire un roman, je n’ai pas compris pourquoi ces modifications. La principale entorse à l’Histoire tourne autour du personnage de la maîtresse, de l’amour de Grandier, Madeleine de Brou, qui est appelé Maddalena dans le livre, qui tombe enceinte alors que ce fait n’est pas connu. Mais surtout, on sait que Grandier organisa pour sa bien-aimée un mariage, où il joua le rôle du mari, du prêtre et du témoin, car elle ne voulait pas se donner à lui hors de ces liens sacrés ! Cette scène aurait eu toute sa place dans le livre mais elle n’apparaît pas… on ne sait pas trop pourquoi.

L’autre « manque » si on peut dire est le fait que les possessions des Ursulines ne s’arrêtent pas à la mort de Grandier et que la Mère Jeanne des Anges, la plus possédée de toutes, devient dans le Royaume une sorte de sainte, presqu’une star, qui va même jusqu’au chevet de la Reine de France pour son accouchement. C’est vrai que décrire cette fin aurait rendu le livre plus épais… mais le titre est bien « Possédées », le thème est donc davantage les Ursulines et Jeanne qu’Urbain Grandier. D’ailleurs, on sent, et là aussi je trouve un peu trop, l’amitié que l’auteur porte à son personnage… et au contraire l’antipathie qu’il semble avoir pour Jeanne des Anges. Le procédé est un peu trop caricatural dans ce livre où, par ailleurs, les personnages n’ont pas vraiment de psychologie propre et plus développée, plus imaginée par l’auteur.
Lien : https://wp.me/p4XEVi-jy
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