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Citations de Frédéric Landragin (20)


Il est rare qu’un film parvienne, dès les premiers instants, à immerger le spectateur dans une atmosphère captivante. Pourtant, tel est le cas de Blade
Runner qui, dès l’apparition sur fond noir du titre, « Los Angeles, novembre 2019 », nous plonge dans une expérience cinématographique unique.
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Nos cinq voyelles écrites sont celles de l'alphabet latin, qui sert aussi à représenter plusieurs centaines de langues. Un même alphabet utilisé pour des langues très différentes du point de vue oral ne peut pas être parfaitement adapté à chacune.
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Prenons les deux phrases suivantes, qui ne diffèrent que par leur dernier mot : "le robot ne tient pas dans le coffre parce qu'il est trop grand" et "le robot ne tient pas dans le coffre parce qu'il est trop petit". Pour un humain, le pronom "il" désigne sans ambiguïté le robot dans la première phrase et le coffre dans la seconde. Toutes les techniques fondées sur des stocks de phrases et les statistiques ne suffisent pas à trouver la bonne solution...
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De nombreuses hypothèses ont été émises sur les raisons qui ont rendu la langue orale indispensable, lançant ainsi son évolution et sa diversification. Si le geste s'est imposé dans des situations telles que la chasse, où le gibier ne doit pas être effrayé, certains ont considéré que la langue orale – voire le cri – s'est imposé pour la communication à distance de nuit. C'est l'hypothèse que l'on peut désigner sous le nom de théorie « hé-ho » : des cris simples sont devenus de plus en plus signifiants avant d'évoluer vers les langues actuelles. Plusieurs autres hypothèses s'affrontent, portant elles aussi des noms évocateurs. La théorie « ouah-ouah » (ou « cui-cui ») soutient les langues se seraient formées en commençant par des onomatopées imitant des sons naturels, comme les jappements des chiens ou pépiements des oiseaux, pour ensuite se diversifier et se complexifier. Pas très éloignée, la théorie « peuh-peuh » considère la base des langues comme un ensemble d'interjections sonores exprimant une humeur, un sentiment ou une émotion. La théorie « la-la » rapproche quant à elle l'évolution de la langue de son apprentissage par les enfants, qui commencent par le babil. (...) La théorie « ding-dong » compare la langue à un jeu sonore musical rendu possible par la position du larynx, qui est l'un des aspects de l'évolution humaine conduisant à la capacité de parler. La théorie « ho-hisse » considère la langue comme une invention sociale, fruit du contact répété avec ses congénères et du travail en commun. La théorie « pfff » (ou désabusée) avance que la langue serait née par une volonté de conspirer, par exemple face à un chef trop autoritaire ou s'étant attribué trop de privilèges.

[Je compte moi-même apporter ma pierre à l'édifice en supputant que l'origine du langage vient d'un jour où Kaaris à force d'user ses cordes vocales a fini par dire des paroles cohérentes ou intelligibles : la théorie « tchoin-tchoin ».]
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Qu'est-ce qu'une linguistique-fiction ?
Deux romans ont marqué la SF par leur orientation linguistique originale : les langages de Pao de Jack Vance [...] Et Babel 17, de Samuel Delany, dont les titres memes signalent le rôle central qu'ils donnent au langage. [...]
Un tel catalogue - forcément incomplet - permet de souligner les composants possibles d'une linguistique-fiction : illustration des liens entre langage et pensée, langage et intelligence, langage et pouvoir, description d'une langue imaginaire, d'un problème de communication, aventure d'un héros linguiste etc...
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Enfin, ça y est ! Des aliens ont débarqué sur Terre, en plein Paris ! À moins que ce ne soit l'inverse : une mission d'exploration humaine aurait découvert une planète lointaine et habitée, au-delà de l'épaule d'Orion. Ce pourrait aussi être une rencontre dans l'espace intersidéral, non loin de la porte de Tannhäuser. Peu importe, en fait, car ces situations posent le même problème : comment parler à ces aliens ? Comment arriver à s'en faire comprendre sans commettre d'impair ? Comment saisir ce qu'ils cherchent à nous dire, sans se tromper et provoquer involontairement un conflit irrattrapable ? Et puis, à quoi peut bien ressembler une langue alien ? Reflète-t-elle les caractéristiques extraordinaires de la morphologie des aliens, de leur culture ? Tels les explorateurs d'antan rencontrant pour la première fois une population indigène, il faudra lever la barrière de la langue avant de pouvoir communiquer, car il y a des chances pour que les aliens ne parlent pas l'anglais américain, comme un certain cinéma nous y a habitués. Et même si les linguistes humains se penchent sans relâche sur le problème, le langage recèlera toujours une part de mystère, une facette aussi obscure et indéchiffrable qu'un code secret. Mais que peuvent faire des linguistes face à un tel défi ? Les méthodes classiques des explorateurs peuvent-elles s'appliquer ? Qu'apportent les méthodes modernes, les ressources en ligne comme Wikipédia et les connaissances récentes sur l'oral et l'écrit ? Ne peut-on pas créer une langue universelle, ou une extension de l'espéranto pour aliens ? Un linguiste est-il vraiment indispensable pour un premier contact ? Ces questions sont l'objet de ce livre dédié au langage et aux langues dans la science-fiction. Il s'intéressera aussi à toutes celles que vous avez dû vous poser en lisant Isaac Asimov, Philip K. Dick, Jack Vance, Greg Egan ou Ted Chiang. Nous verrons dans quelle mesure ce qu'ils décrivent est scientifiquement possible, déjà réalisé, ou totalement fictionnel. Plus que cela, ce livre vous fournira des connaissances de base en linguistique afin de vous permettre de mieux apprécier vos auteurs préférés et d'aller au cinéma avec une oreille plus avertie. Car Steven Spielberg, James Cameron, Ridley Scott ou Denis Villeneuve flirtent avec la linguistique de manière parfois pertinente, souvent exagérée, mais aussi totalement improbable. Quel rapport la SF entretient-elle donc avec la linguistique ? A-t-elle quelque chose à en apprendre, ou a-t-elle déjà prévu toutes les situations possibles, toutes les bizarreries linguistiques qui puissent être imaginées ? En route pour la galaxie du langage !

Avant-propos, pp. 13-14
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Mais c'est Lancelot Hogben (1895-1975), spécialiste de statistiques, qui proposa d'utiliser les ondes radio pour communiquer. Essayant de se glisser dans la peau de Martiens recevant un message, il met au point un code très simple pour transmettre des chiffres, puis des opérations sur les chiffres comme l'addition. Il enchaîne avec des mots-phrases comme "oui", "non", "compris", puis va de plus en plus loin, fondant ainsi l' « astraglossa » sur laquelle nous reviendrons. Il ira même jusqu'à imaginer comment jouer aux échecs avec les Martiens !
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Commençons la pragmatique du troisième degré par le principe des performatifs décrit dans l'introduction en citant un passage de « L'Histoire de ta vie » de Ted Chiang : « le langage ne sert pas qu'à communiquer : il s'agit aussi d'une forme d'action. Selon la théorie des actes de langage, "Vous êtes en état d'arrestation", "Je baptise ce navire" ou "Je vous le promets" était un énoncé performatif : le locuteur n'effectuait l'action qu'à condition de prononcer les mots. Pour ces actes, savoir ce qui serait dit ne changeait rien. Au cours d'un mariage, chacun s'attendait à entendre la phrase "Je vous déclare unis par les liens du mariage", mais, jusqu'à ce que l'officiant les prononce, la cérémonie ne comptait pas. Dans un langage performatif, dire égalait faire. Pour les heptapodes, toute langue était performative. Au lieu d'utiliser le langage pour informer, ils s'en servaient pour réaliser. Bien sûr, ils savaient déjà ce qui allait se dire durant une conversation ; mais, afin que ce savoir s'avère, la conversation devait avoir lieu. »
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Un exemple du premier cas est le « laadan » construite en 1982 par Suzette Haden Elgin pour son roman Native Tongue. Le but de cette langue est clairement féministe et consiste à rendre compte, dans une langue artificielle, du vécu des femmes, de leur univers et de pensées non machistes. Le roman met en scène des personnages féminins qui développent leur propre langue secrète, dans un monde où les femmes ont été privées de leurs droits civils. Cette langue leur servira pour communiquer avec des aliens. Il s'agit d'une langue agglutinante avec des tons. Elle comprend 36 pronoms personnels afin de traduire différents types de relations sociales et affectives entre les locuteurs. L'autrice a publié toutes ses ressources dans un livre intitulé A first Dictionary and Grammar of Laadan et a également écrit des ouvrages sur l'auto-défense verbale, confirmant ainsi l'origine militante du laadan.
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J. R. R. Tolkien est la figure même du logophile, voire du « fou du langage » : dès son enfance, il a créé des langues imaginaires sur lesquelles des livres entiers ont été écrits. Son originalité est de concevoir une langue avant de mettre en place les personnages qui la parleront et le décor dans lequel elle s'inscrira. La langue elle-même se matérialise dans des proverbes et des poèmes, que Tolkien aurait récités (avec parfois un accompagnement musical au piano) : après tout, seul le créateur d'une langue sait vraiment comment elle se prononce ! Lors de la préparation de la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux réalisée par Peter Jackson, c'est un linguiste, David Salon, qui a recréé les langues imaginaires pour l'écran, avec l'aide de deux phonéticiens chargés de faire répéter les acteurs.
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Soutenu en son temps par Winston Churchill (1874-1965), le « Basic English » constitue un exemple typique de langue « minimale » issue d'une langue naturelle réelle. Reflet inévitable de la culture de son auteur, on y trouve le mot « bouilloire » (ah, le thé anglais !).

Un deuxième exemple est le « cablese », sorte de sténographie verbale consistant à tronquer et à condenser les mots, pour améliorer la rapidité de transmission des dépêches journalistiques. La novlangue de 1984 serait inspirée à la fois du « Basic English » et du « cablese », George Orwell ayant été un journaliste au courant de ces initiatives.
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Dans La Voix du maître, Stanislas Lem prend l'exemple de la dépêche suivante : « grand-mère décédée, obsèques mercredi ». Ce message peut être traduit dans n'importe quelle langue du monde, et sera compréhensible pour tous les francophones, belges comme québécois. C'est que les humains sont habitués à la mort des personnes âgées et à ce qu'un rite funéraire ait lieu pour s'occuper du corps du défunt. (...) En revanche, le sens peut totalement échapper à des aliens : « des créatures asexuées ne peuvent connaître la différenciation entre le père et la mère, et celles qui se diviseraient à la façon des amibes n'auraient pas besoin de créer le concept de parent, même asexué. Elles ne saisiraient donc pas la signification de "grand-mère". Des créatures qui ne connaîtraient pas le mort (les amibes, en se divisant, ne meurent pas) ne sauraient ce que sont les concepts de mort et d'enterrement). » Langues et sociétés sont liées, et décrypter un message alien va donc bien au-delà de la traduction d'un message linguistique.
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Plus plausible est la situation décrite dans le roman La Forêt Sombre de Liu Cixin : après une hibernation de presque deux siècles, le personnage de Luo Ji, un « colmateur », se réveille dans le futur où les termes techniques sont passés d'une langue à l'autre : « En l'entendant parler, le regret éprouvé plus tôt par Luo Ji de voir la langue chinoise unilatéralement envahie de concepts occidentaux s'évanouit aussitôt, car l'anglais de Jonathan était lui aussi entremêlé de termes en chinois, tels que par exemple "programme Colmateur", prononcé dans sa langue. Ainsi donc, l'anglais - la langue la plus répandue de par le monde - et le chinois mandarin - la langue parlée par le plus grand nombre de locuteurs - s'étaient interpénétrées et fondues en un langage commun. Luo Ji apprendrait plus tard que toutes les autres langues du monde connaissaient elles aussi ce même phénomène de fusion. » En restreignant le processus de fusion de langues aux mots techniques, l'auteur ne fait finalement qu'extrapoler une situation courante.
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Un autre point sur lequel Ian Watson montre quelques manques concerne le choix des langues parlées par les six cerveaux requis par l'extraterrestre : anglais, russe, japonais, esquimau, vietnamien et iranien. L'anglais, le russe et l'iranien sont des langues indo-européennes tandis que les trois autres appartiennent à des familles distinctes, mais aussi plus réduites. Pour obtenir un éventail plus diversifié, Ian Watson aurait pu ajouter une langue bantoue ou une langue amérindienne, ou encore une langue isolée de toute famille, par exemple le pirahã.
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Cette hypothèse sur la langue hopi mena à une généralisation nommée « thèse de Sapir-Whorf » : la langue d'une société contraint la façon dont pensent ses membres. Notamment, les catégories linguistiques déterminent les catégories cognitives et donc la perception du monde.
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Mais alors, quelle définition peut-on donner d'une langue ? D'autres termes désignent une façon de communiquer, comme idiome, patois, dialecte, sabir, pidgin ou créole. En quoi se distinguent-ils du terme « langue » ? Le terme de base est l'idiome, système de communication orale développé par une communauté, sans autre forme de précision. Un patois est un idiome utilisé dans un territoire de taille limitée ou par seulement une partie de la population d'un territoire. Un dialecte est un patois qui, en plus de la forme orale, possède aussi une forme écrite. Une langue est un dialecte qui a réussi, c'est-à-dire qui s'est imposé comme la forme de communication officielle d'un pays entier. Une langue possède ainsi un caractère politique et joue notamment un rôle administratif.
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Plus récemment, on peut difficilement passer sous silence l'initiative un peu loufoque d'Elon Musk (1971-), qui en février 2018 a profité d'un tir expérimental de la fusée Falcon Heavy pour lancer dans l'espace une voiture électronique Tesla Roadster, avec, dans l'habitacle, un mannequin dans un scaphandre et des messages visibles sur le tableau de bord, dont « fabriquée sur la Terre par des humains » et surtout le fameux « Don't panic ! » repris du Guide galactique de Douglas Adams. Quand la réalité rejoint la SF !
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C'est ainsi que le fameux klingon de la série Star Trek a eu un tel retentissement qu'il existe désormais un institut de formation dédié, le Klingon Language Institute ! On y apprend sa prononciation, sur la base de celle de l'anglais (qui s'avère très proche), son écriture, à l'aide d'un alphabet totalement spécifique et plutôt esthétique, et surtout à construire des phrases. Quelques œuvres de la littérature ont été traduites en klingon, car le vocabulaire s'est enrichi au fil des efforts de passionnés. Quand à la grammaire, elle mélange des phénomènes connus et des originalités.
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On doit au linguiste Roman Jakobson (1896-1982) d'avoir décortiqué la question de la communication en proposant six fonctions du langage (...) : la fonction expressive (...) la fonction conative (...) la fonction poétique (...) la fonction métalinguistique (...) la fonction référentielle (...) enfin, la fonction phatique (...) En revanche, aucun linguiste n'a jamais proposé de fonction « magique » du langage, fonction fictive qui a fait couler beaucoup d'encre - c'est La Septième Fonction du langage de Laurent Binet - notamment en SF. Ursula Le Guin (1929-2018) dans Terremer, Arthur C. Clarke (1917-2008) dans « Les Neuf Milliards de noms de Dieu », Frank Herbert (1920-1986) dans Dune avec la « Voix », Greg Egan (1961-) avec sa nouvelle « LAMA », ou plus récemment Erik L'Homme (1967-) dans Le Livre des étoiles : ces auteurs et bien d'autres mettent en scène des mots capables d'avoir une action directe sur le monde ou sur les humains. Connaître le nom secret des choses ou le nom secret de Dieu a des conséquences concrètes.
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On estime l'âge des proto-langages à près d'un million d'années (époque d'homo erectus), tandis que les premières langues remonteraient à environ 100 000 ans, en gros à l'avènement d'homo sapiens. Dans les deux cas, il s'agirait de langues uniquement orales, les systèmes d'écriture datant, eux, de 6 à 10 000 ans avant notre ère. Là encore, l'incertitude règne : les traces que nous avons découvertes (comme la fameuse pierre de Rosette ou, plus anciennes, les tablettes d'argiles mésopotamiennes et autres kudurrus - stèles de donation de terre - tels que le caillou Michaux, kudurru découvert en Mésopotamie par le botaniste André Michaux (1746-1802) et ramené en France en 1786) sont celles qui ont résisté aux ravages du temps. Une écriture plus ancienne a pu exister, utilisant des supports périssables comme des peaux ou des morceaux de bois.
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