Citations de Frédéric Viguier (121)
J'ai immédiatement pensé à mon frère, je me suis dit qu'il avait dû faire une connerie avec ses copains, peut-être pas voler une voiture, il avait passé l'âge, mais conduire en ayant trop bu, ça ne m'aurait pas surpris, l'ivresse n'a pas que des avantages.
p.25
Les rats meurent à cause de l'eau polluée que rejettent les usines, surtout celle de mon père. Tout le monde sait que c'est à cause de cette usine que plus personne ne pêche de poissons dans la rivière. Mais d'un autre côté, les rats sont exterminés et l'usine fait travailler mille deux cents salariés, alors personne ne se plaint et le représentant du parti des écologistes a changé de village.
p.21
Elle a voulu argumenter, se défendre, comme si sa vie en dépendait, de ce bilan triste à crever: "J'ai travaillé, beaucoup, peut-être trop, mais j'étais très occupée...
J'avais des responsabilités, un devoir d'exigence et des objectifs à respecter...Des patrons à satisfaire...Des employés à motiver...Des fournisseurs à surveiller...Et des ennemis à éliminer..."
On ne va nulle part, quand on n'a pas le courage de rester avec soi. On ne va nulle part en s'interdisant de montrer ses faiblesses. Nos fragilités deviennent une force quand on n'a plus le soucis de prouver aux autres ce que l'on n'est pas
Je ne connais rien à l’ivresse, je ne connais que le mot. Je pense que c’est une invention qui rend la solitude insupportable, je n’ai jamais essayé, je suis pourtant seul, mais j’ai ma mère, et je pense que c’est un rempart à l’ivresse’’.
« - Et puis, tu veux que je te dise ? Cet arbre me rappelle trop de souvenirs…parce que c’est sous un tilleul, figure-toi, dans le sud de la France, que j’ai embrassé ta mère pour la première fois.
J’ai été si content que mon père me parle, pour une fois, qu’il me raconte autre chose que ces histoires de femme qu’il me faudrait bien baiser un jour, que je lui ai répondu :
- C’est un chouette souvenir
- J’aurais dû tomber, me casser le cou, et remonter un peu plus haut. Ca m’aurait épargné bien des emmerdes.
Elle ne voulait pas que l'on découvre .. le grand vide qui occupait tout son être et dont elle se savait dépendante, car c'était le moteur de tout ce qu'elle entreprenait (p148)
Dans ce courrier de candidature elle exprimait sa volonté, réelle et sans limites, de réaliser son stage d’immersion professionnelle, durant les mois de juillet et août, au sein du magasin dans lequel elle faisait ses courses régulièrement.
Elle leur disait que, lorsqu’elle déambulait dans les rayons, elle ne pouvait s’empêcher d’apprécier leurs techniques de merchandising efficaces qui lui faisaient dépenser de 10 à 30 % de plus que ce que pouvait réellement supporter son budget. Mais elle les rassurait, dans la phrase suivante, en les remerciant d’avoir inventé une carte de fidélité permettant de dépenser plus sans s’en rendre compte.
Elle mentait.
Son cardiologue lui avait conseillé de pratiquer un sport et de changer de métier. Il avait changé de cardiologue. Depuis, il prenait des pilules contre le cholestérol et des cachets pour faire baisser sa tension.
On ne va nulle part, quand on n'a pas le courage de rester avec soi. On ne va nulle part en s'interdisant de montrer ses faiblesses. Nos fragilités deviennent une force quand on n'a plus le souci de prouver aux autres ce que l'on n'est pas.
La posture de l’écrivain ses avantages. Si les stars de la téléréalité entrent gratuitement dans les boites de nuit, les auteurs de roman pénètrent à l'œil dans le cœur démoli des malheureux.
C’est souvent ce qui se passe en prison, on préfère être précédé par une réputation que par une rumeur.
Les villas sont toutes équipées de toits brillants qui gardent pour elles les rares efforts du soleil, c'est ce que mon père a expliqué à ma mère : "Ils se croient les patrons partout, même du ciel, ils transforment les rayons du soleil en énergie, comme si le soleil était à eux." Mon père, il est comme les autres gens du village, il n'aime pas ceux qui ne font pas comme lui, mais il aimerait vivre autrement.
Je suis laid, depuis le début. On me dit que je ressemble à ma mère, qu’on a le même nez. Mais ma mère, je la trouve belle. Elle est courageuse, si différente de moi.
- Il y a ceux qui ont le pouvoir et l'argent et les autres, qui, pour s'occuper l'esprit et ne pas devenir fous, font parfois des bêtises pour se faire remarquer... Celui qui a tué le petit Barral, s'il vient du lotissement, perdra un statut. S'il est du village, rien ne changera pour lui...
- Rien ne changera pour lui ?
- Parfaitement. Il sera toujours aussi malheureux. Mais lui, au moins, il saura pourquoi.
Depuis le début on se fout de mon nez, qui est trop long, et de mes jambes, qui sont tordues, et de mon ventre, qui est gros, et de mes cheveux, qui sont trop roux, et de moi, qui ne parle jamais. On me regarde avec dégoût. Plus tard, en plus du regard, il y a eu les mots. Ensuite, en plus des regards et des mots, il y a eu les coups.
Les naufragés ont tous un radeau pour se rassurer, une épave qui continue de flotter ; les voyageurs égarés ont droit à une grotte ou à n'importe quoi d'autres qui peut les abriter ; moi, j'ai le sommeil.
[p117]
L'humanité a besoin d'intuition et de sincérité, pas de compromis et de fascination...
“Tu apprendras qu’il faut toujours cacher ses échecs et les utiliser pour décrédibiliser les autres.”
L'art n'a pas vocation à respecter la réalité mais à la transcender.
La littérature n'a pas pour mission d'apporter des réponses.
- Alors elle sert à quoi?
- A aider les lecteurs à se poser les bonnes questions?