Citations de Friedrich Nietzsche (3496)
Voici ! Je vous montre le dernier homme.
« Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ? » — Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil.
La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps.
« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.
Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui : car on a besoin de chaleur.
Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !
Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.
On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.
On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles.
Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous.
« Autrefois tout le monde était fou, » — disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil.
On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé : c’est ainsi que l’on peut railler sans fin. On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt — car on ne veut pas se gâter l’estomac.
On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé.
« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil.
Après la mort de Bouddha l'on montra encore pendant des siècles son ombre dans une caverne - une ombre énorme et épouvantable. Dieu est mort : mais, à la façon dont sont faits les hommes, il y aura peut-être encore pendant des milliers d'années des cavernes où l'on montrera son ombre.
(Le Gai Savoir)
Plus d’un qui ne peut se libérer de ses propres chaînes a su néanmoins en libérer son ami.
Je marche beaucoup, à travers les forêts, et j'ai avec moi-même de fameux entretiens.
Celui qui est mécontent de lui-même est toujours prêt à s'en venger : nous autres deviendrons ses victimes, ne serait-ce que pour avoir à toujours supporter la laideur de son aspect. Car la vision du laid rend mauvais et sombre.
Le pas de quelqu’un révèle s’il marche sur son propre chemin.
Il y a tant de choses entre le ciel et la terre que les poètes sont seuls à avoir rêvées.
La jalousie qui se tait s'accroît dans le silence.
Il ne suffit pas, pour se comprendre mutuellement, d'employer les mêmes mots ; il faut encore employer les mêmes mots pour désigner la même sorte d'expériences intérieures, il faut enfin avoir en commun certaines expériences.
Qui sait combien il faudra de générations pour produire quelques hommes qui comprennent dans toute sa profondeur ce que j’ai fait ! Et même alors je suis effrayé en pensant à tous ceux qui, totalement incompétents et sans justification, se réclameront un jour de mon autorité.
— Lettre à Malwyda von Meysenbug, début mai 1884
« La vie sans musique est tout simplement une erreur, un calvaire, un exil ». Friedrich Nietzsche Lettre au compositeur Peter Gast
in "Berlin Requiem" de Xavier-Marie Bonnot
Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde de ne pas devenir monstre soi-même. Si tu regardes longtemps dans l'abîme, l'abîme regarde aussi en toi.
Corruption n'est qu'un terme péjoratif pour désigner les automnes d'un peuple.
Telle est bien la fatalité de l’Europe – cessant de craindre l’homme, nous avons aussi perdu notre amour pour lui, notre vénération pour lui, l’espoir en lui et même la volonté qu’il advienne. La vision de l’homme n’est plus que fatigue – qu’est aujourd’hui le nihilisme, sinon cela?... Nous sommes fatigués de l’homme....
Ce qui est fait par amour s’accomplit toujours par-delà bien et mal.
" Je crains que les animaux voient l'homme comme un être pareil à eux-mêmes, qui de façon inquiétante a perdu sa saine intelligence animalière. "
L'homme s’étonne de lui-même, de ne pouvoir apprendre à oublier et de toujours rester accroché au passé. Si loin qu’il aille, si vite qu’il coure, sa chaîne court avec lui. C’est un prodige : l'instant est là, présent en un éclair, puis il disparaît en un éclair à nouveau. Rien auparavant, rien après. Pourtant l'instant revient comme un fantôme troubler la paix d’un instant ultérieur. Chaque feuille, l'une après l'autre, se détache du rouleau du temps, chute en voltigeant et retourne se poser sur les genoux de l’homme. Celui-ci dit alors : « Je me souviens », et il envie l’animal qui oublie aussitôt et voit réellement mourir chaque instant, retombé dans la nuit et le brouillard, évanoui à jamais.
Le prochain
Je n’aime pas que mon prochain soit trop proche de moi :
Qu’il s’en aille au loin dans les hauteurs !
Sinon comment ferait-il pour devenir mon étoile ?
Tout ce qui est inquiétant dans l'avenir et tout ce qui jadis faisait frémir les oiseaux à jamais envolés, est en vérité plus rassurant encore et plus familier que votre "réalité". (page 147)
Je ne pourrais croire qu'à un Dieu qui saurait danser.