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Critiques de Fyodor Sologoub (18)
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Un démon de petite envergure

"L'homme, ce petit monde de folie..."

(Goethe, "Faust")



Merci à la masse critique d'avoir proposé, à côté des nouveautés, aussi cette réédition d'un classique de la littérature russe (1905), qui n'a décidément rien d'un "roman de petite envergure".

le nom de Fiodor Sologoub m'était inconnu, et je découvre un roman drôle, burlesque, et surement l'un de plus "décadents" de l'époque pré-révolutionnaire. Et aussi terriblement "russe" - où ailleurs aurait-on l'idée de casser les pieds des verres à vodka, afin de ne plus pouvoir les reposer sur la table sans les avoir entièrement vidés ?



On est pourtant bien loin des démons de Goethe ou d'Hoffmann, qui apparaissent dans un nuage de souffre pour satisfaire les ambitions folles des protagonistes. "Un démon de petite envergure" est un roman sur la médiocrité, et la progression de la folie de Peredonov est monstrueusement comique - on n'a aucune sympathie pour le personnage, et on ne peut suivre sa déchéance qu'avec une grimace de dégoût.

Il y a bien une "petite créature grise", qui se montre de plus en plus souvent au fur et à mesure que la raison de Peredonov vacille, mais elle n'est pas réelle... un démon de midi ?



Ardalion Borissytch Peredonov est professeur du collège dans une petite bourgade provinciale anonyme. Sa seule obsession est l'avancement social, qu'il croit mérité et inévitable. Il se croit irrésistible et spirituel; chaque femme désireuse de se marier avec lui. La réalité est tout différente - Peredonov est un mauvais professeur détesté de ses élèves, vantard, égoïste, prétentieux et sans scrupules.

Son entourage n'est guère mieux - dans les prétendues "amitiés" ne se cachent que calomnies, jalousies et suspicions.

Ainsi, quand sa Varvara utilise un subterfuge d'une fausse lettre d'une personne haut placée, qui promet à Peredonov une nomination au poste d'inspecteur, elle déclenche, à son insu, la lente descente de son mari dans la paranoïa et la folie.

Pourquoi cette nomination, dont tout le monde est déjà au courant, ne vient-elle toujours pas ?



Peredonov, déjà suffisamment "monstrueux", commence à voir le mal partout. Tout le monde, le chat y compris, veut le calomnier, dénoncer, anéantir. Tout est sombre - même les paysages sont le reflet de l'âme du professeur - il fait toujours moche dans le livre.

Sologoub est imbattable pour décrire la progression de la paranoïa - d'abord les gens, puis les chats et les moutons, la créature grise qui ricane...

La façon dont il parle de la terreur qui inspirent à Peredonov les cartes à jouer est inoubliable !



Un bal masqué se prépare dans la ville, et on sent qu'il va inévitablement se passer "quelque chose"; une sorte d'apothéose. C'est presque ça...

Mais Sologoub garde l'horreur ultime pour le dernier chapitre. le destin du professeur est alors définitivement scellé.



le roman a dû faire parler de lui à sa parution, mais plutôt à cause de l'histoire parallèle à celle de Peredonov - cette épisode de la jeune fille qui séduit un collégien. Etrangement, les sentiments "réels" de Ludmilla et Sacha, qui créent un scandale dans la société hypocrite, font plutôt penser à une bulle d'air frais, par rapport au reste du roman.



Au début, je pensais beaucoup à Gogol et ses "Âmes mortes". Mais le personnage pathétique de Peredonov est difficilement comparable avec le calculateur Tchitchikov. Vers la fin, je pensais plutôt aux atmosphères un peu surréelles, créées par Vitold Gombrowicz.

La vie provinciale est décrite avec beaucoup de mordant, mais Sologoub se moque plutôt des qualités humaines que de la société en général.

Sa ville est un peu irréelle - cela pourrait se passer n'importe où et n'importe quand.

En tout cas, une belle lecture... et un auteur à découvrir !





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Un petit homme

Surprises, étonnements et donc bonheur !

Ce joli livre-objet édité chez "Tendance négative"

renferme une drôle d'histoire.

Il commence par la page 52 et va décroissant.

Elle, est grande, grosse et fière de l'être

Lui, est haut fonctionnaire mais, tout petit.

Raillé par ses collègues, il décide de changer

l'image de son couple si moqué et controversé.

Nous pénétrons doucement dans l'absurdie

où s'entrechoquent les règlements

liberticides russes en tous genres

et le pouvoir des potions magiques....

Maldonne ! Et c'est monsieur qui rétrécit !

Alors, le format de la police

et la dimension des pages diminuent avec lui..

C'est un régal d'inventivité !

il faut presque une loupe pour déchiffrer

les caractères se rapportant à monsieur.

Ceux, concernant madame

ont la taille majestueuse

des ZU des tableaux d'ophtalmologistes.

Le profit capitaliste pourrait bien

être la morale de cette histoire ...

Mais un coup.de vent et...





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Un démon de petite envergure

Je n'irai pas au-delà de la page 121, car je m'ennuie trop. Il ne s'est encore rien passé. Un éditeur d'aujourd'hui aurait fait supprimer toutes ses dizaines de pages inutiles. Je ne sais pas ce qui pourra bien advenir au personnage principal dans la suite du roman, mais tant pis car Peredonov n'est ni sympathique ni antipathique, donc il laisse indifférent. J'étais pourtant motivé par ce beau livre, mon premier roman russe. Quelle déception !
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Un démon de petite envergure

Ayant lu quelques critiques totalement discordantes de ce roman russe réédité pour la quatrième fois depuis sa parution en 1907, je m’y suis collée de bon coeur, étant adepte de cette littérature.

J’ai été happée par ce gros roman, sans bien encore en comprendre le pourquoi.

L’écriture, très certainement, qui donne à ce roman sur la psychose une magnifique forme littéraire.

Parce que le personnage principal , un professeur de collège, Peredonov, est un être abject , pervers , manipulateur au-delà de toute imagination normale pour son état, délateur de ses élèves auprès de leurs parents, pour le plaisir de savoir qu’ils seront fouettés, une carpette avec les puissants, bref un sale type, que dis-je, un salopard de première. Ses vilenies courent sur 500p, la première moitié montre le délire de persécution et la parano de cet homme, puis vient ensuite la vraie psychose, Peredonov est bel et bien devenu fou, absent du réel, et ce jusqu’au crime.

Les personnages secondaires n’attirent pas plus la sympathie, dans une petite ville les rumeurs galopent, et tous les mauvais penchants s’expriment dans ce roman. Le principal du collège est peut-être à extraire de ce lot d’abrutis.

Et pourtant, ce roman m’a scotchée, bizarre, je n’irai pas voir un psy pour autant…
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Ombres

Merci à Seblac de m'avoir fait découvrir ce texte de Fédor Sologoub, que d'ailleurs je ne connaissais pas non plus.

Je ne vais pas vous refaire le résumé de l'oeuvre, juste vous dire que l'on se sent saisi par ce texte, comme l'enfant puis sa mère le sont par ces ombres qui remplacent peu à peu, à leurs yeux, les objets.





Challenge 19ème siècle
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Le démon mesquin

Téléchargé sur le site gratuit (une mine d'or) de la bibliothèque russe et slave, chez Bossard, traduction de H. Pernot et L. Stahl, 1922. C'est cette version que j'ai lue et non la réédition de 2018 sur une traduction de 1977 de George Arout.

Un roman classique de la littérature russe qui fait le lien entre Les âmes mortes de Gogol et le maître et Marguerite de Boulgakov. Un des aspects spécifiques à la littérature russe est qu'elle mélange sans vergogne et réconcilie des styles aussi différents que la farce burlesque, le fantastique modernisé des contes d'autrefois et le pamphlet politique et social souvent dissimulé, censure oblige, derrière les deux précédents. A ce titre, on peut dire que, ni Dostoievski, encore moins Tolstoi, les deux écrivains russes les plus célèbres en France, n'en sont pas représentatifs. On pourrait par contre parler de Gontcharov (Oblomov) ou Lermontov (UN HÉROS DE NOTRE TEMPS) et, plus récemment, Viktor Pelevine (La vie des insectes).

Le démon mesquin, livre de 1907, est typiquement dans cette lignée, et en constitue un véritable fleuron. L'histoire démarre comme une simple peinture de moeurs autour des manoeuvres que concocte Peredonov pour obtenir un poste d'inspecteur et des manoeuvres de plusieurs femmes autour de lui pour se faire épouser par ce fonctionnaire – un statut très prisé dans la russie tsariste de l'époque. Ces manoeuvres vont virer de part de d'autres à l'obsession et l'état mental de Peredonov va partir dans la psychose et les hallucinations de toutes sortes. Une histoire d'adolescent androgyne vient un peu s'intercaler et brouiller un peu les pistes sans que le lien avec le fil directeur me soit clairement apparu.

Le roman va crescendo virer dans la paranoia et la folie de Peredonov jusqu'à un final meurtrier (un peu décevant, peut-être le seul bémol de mon point de vue) précédé d'une scène de bal/concours de costumes très réussie.

Si le contexte est très situé, le rapport à l'avancement social, aux mariages d'intérêt et aux dérèglements mentaux qui en résultent sont totalement d'actualité - comme le dit Bobby_The_Rasta_Lama dans sa longue analyse, « cela pourrait se passer n'importe où et n'importe quand »

Et c'est ce qui en fait un roman résolument moderne.

399 pages qui se lisent sans effort, style fluide, une découverte très réussie et dont je vous conseille fortement la lecture 😉
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Un démon de petite envergure

Peredonov est un misérable professeur. Tous ses élèves ont peur de lui, il est arriviste et extrêmement imbu de sa personne. Il se voit déjà à la tête du collège, il se voit même inspecteur, persuadé d'avoir la princesse dans la poche qui lui apporterait son soutien. Il s'aime, sa confiance en lui est infaillible. Toutes les femmes sont amoureuses de lui et cherche à l'épouser : comme il le dit, bientôt il sera riche ! Mais souvent, ces femmes qu'on cherche à marier le choisisse par dépit, et contrairement à ce qu'il pense, ne l'aime guère.



Je suis allée jusqu'au bout de ce roman, même si j'ai fini par une lecture en avance rapide. J'étais curieuse de savoir ce qu'il allait advenir de ce bonhomme : si le karma allait faire son boulot !



Mais voilà, le roman n'est pas malsain, ce n'est pas dérangeant de suivre les aventures de Peredonov, les personnages sont hauts en couleur. Certains sont d'ailleurs tout aussi méchants que lui. On sent que Sologoub se moque en réalité des grands drames plein de sentiments du XIXème siècle, ces drames amoureux où les gens sont riches, ou le deviennent, où les gens tombent en pamoison, où Saint-Pétersbourg est magnifique et l'herbe autour de la Datcha toujours verte. Ici, il n'y a que de bas instincts, les rumeurs sont vulgaires et se répandent comme une trainée de poudre, elles sont exagérées et ont des conséquences. Les personnages sont débraillés ou trop parfumer, ce hurlent dessus et s'embrasse sans ambages.



Le vrai problème ? C'est l'écriture chiante à mourir. Désolée pour ce terme, mais c'est soporifique à souhait. Si bien que ça glisse et qu'on n'arrive pas vraiment à s'intéresser au sort de ces personnages, le livre tombe des mains car on se met tout bonnement à ronfler. Même la vilénie, l'absurdité et la malice ne font pas de vagues ! Alors que tout le sel est là ! Sans doute est-ce pour montrer l'humanité vraie, l'humanité démoniaque, et donc, pas besoin d'en faire des tonnes... Certes ! Mais qu'est ce qu'on s'ennuie !
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Un petit homme

Encore un petit livre des éditions Tendance Négative, qui aime à mettre en scène ses textes et qui trouve avec ce choix un terrain de jeu parfait. Ici, un homme de petite taille se sent humilié par la taille impressionnante de sa femme. Voulant remédier à la situation, comme on pouvait s’y attendre, il ne fait que l’empirer.

Voici donc une belle satire du culte de l’apparence et du qu’en-dira-t-on, à laquelle s’ajoute une belle pique lancée à la course au profit. Ce n’est pas un livre optimiste, aucun des protagonistes n’est véritablement sympathique, mais c’est une petite nouvelle qui se lit avec plaisir, et la mise en page originale des éditions Tendance Négative, dont c’est la deuxième création que je lis, rend la lecture ludique, sans masquer le côté grinçant du texte.
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Un démon de petite envergure

Téléchargé sur le site gratuit (une mine d’or) de la bibliothèque russe et slave, chez Bossard, traduction de H. Pernot et L. Stahl, 1922. C’est cette version que j’ai lue et non la réédition de 2018 sur une traduction de 1977 de George Arout.

Un roman classique de la littérature russe qui fait le lien entre Les âmes mortes de Gogol et Le maître et Marguerite de Boulgakov. Un des aspects spécifiques à la littérature russe est qu’elle mélange sans vergogne et réconcilie des styles aussi différents que la farce burlesque, le fantastique modernisé des contes d’autrefois et le pamphlet politique et social souvent dissimulé, censure oblige, derrière les deux précédents. A ce titre, on peut dire que, ni Dostoievski, encore moins Tolstoi, les deux écrivains russes les plus célèbres en France, n’en sont pas représentatifs. On pourrait par contre parler de Gontcharov (Oblomov) ou Lermontov (UN HÉROS DE NOTRE TEMPS) et, plus récemment, Viktor Pelevine (La vie des insectes).

Le démon mesquin, livre de 1907, est typiquement dans cette lignée, et en constitue un véritable fleuron. L’histoire démarre comme une simple peinture de mœurs autour des manœuvres que concocte Peredonov pour obtenir un poste d’inspecteur et des manœuvres de plusieurs femmes autour de lui pour se faire épouser par ce fonctionnaire – un statut très prisé dans la russie tsariste de l’époque. Ces manœuvres vont virer de part de d’autres à l’obsession et l’état mental de Peredonov va partir dans la psychose et les hallucinations de toutes sortes. Une histoire d’adolescent androgyne vient un peu s’intercaler et brouiller un peu les pistes sans que le lien avec le fil directeur me soit clairement apparu.

Le roman va crescendo virer dans la paranoia et la folie de Peredonov jusqu’à un final meurtrier (un peu décevant, peut-être le seul bémol de mon point de vue) précédé d’une scène de bal/concours de costumes très réussie.

Si le contexte est très situé, le rapport à l’avancement social, aux mariages d’intérêt et aux dérèglements mentaux qui en résultent sont totalement d’actualité - comme le dit Bobby_The_Rasta_Lama dans sa longue analyse, « cela pourrait se passer n'importe où et n'importe quand »

Et c’est ce qui en fait un roman résolument moderne.

492 pages qui se lisent sans effort, style fluide, une découverte très réussie et dont je vous conseille fortement la lecture 😉
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Un petit homme

Vous aimez les fables ? L'humour décapant au 10 000 ème degré ? Très courte, lue en moins d'une heure, cette fable caustique raconte le désir de Saranine, un fonctionnaire russe, de faire rétrécir sa femme dont la taille lui porte ombrage. Pour ce faire, il utilise une potion et se retrouve l'arroseur arrosé puisque c’est lui qui la boit par accident et rapetisse à vue d'œil. D’homme puissant qui veut tout dominer, il se retrouve relégué au rang d’objet.



Je ne connaissais absolument pas Fiodor Sologoub, surnommé le Schopenhauer russe ! Ce poète dramaturge use de multiples métaphores et images pour exprimer son pessimisme du début de XXe siècle. Il exploite de nombreux préjugés de cette époque jusqu'à leur paroxysme avec un talent de conteur digne des mille et une nuits. L'humour grinçant qui se dégage ainsi que le format du livre à variable géométrique avec les pages et polices de différentes tailles dans un ordre décroissant ajoutent à l'expérience de lecture et au délice de cette découverte !
Lien : https://alinebouquine.fr/un-..
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Un petit homme

Parfois, rarement toutefois, la forme d’un livre épouse son fond à la perfection, avec une recherche de l’esthétique tendant à l’exercice de voltige. C’est précisément le cas ici avec cette nouvelle de Fiodor SOLOGOUB (1863-1927) où le format du livre rend un hommage visuel courageux et ambitieux.



Explication : cette nouvelle de quelques dizaines de pages met en scène un fonctionnaire russe sans envergure, Saranine, petit homme chétif et maigre, époux d’Aglaïa, grande femme forte voire grosse qui lui fait physiquement de l’ombre. Saranine le vit mal et rencontre un arménien dont le pouvoir est de posséder une potion ayant le don de faire rapetisser les êtres. Il va tester cette mixture sur Aglaïa.



Seulement voilà, au moment d’ingurgiter le liquide dilué dans un verre d’eau, Aglaïa échange les récipients et c’est Saranine qui vide le verre renfermant la potion. Il commence à rapetisser, toujours un peu plus…



Si SOLOGOUB propose ici une nouvelle fortement empreinte de fantastique, dans la droite lignée de certains formats équivalents de GOGOL (je pense au « Nez », au « Manteau », au « Portrait » notamment), c’est pourtant une allégorie, le texte étant une charge contre la cupidité de l’élévation sociale, l’antisémitisme (par le personnage de l’arménien), dénonce le carriérisme (SOLOGOUB avait une dent contre le fonctionnariat). C’est un rire nerveux qui se déclenche dans le lectorat devant certaines scènes burlesques ou grotesques, tellement il est évident que le fond du discours est virulent et dénonciateur, pointant du doigt une frange privilégiée et pourtant prétendument apathique de la société.



« Entre deux réverbères, il subissait une singulière transformation. Dans l’obscurité, il grandissait, et plus il s’éloignait de la lumière, plus sa silhouette devenait gigantesque. Parfois, Saranine avait l’impression que la pointe de son couvre-chef montait plus haut que les maisons, dans le ciel nébuleux. En se rapprochant de la clarté, il rétrécissait, jusqu’à retrouver ses dimensions d’origine et son allure de marchand oriental ». Satire sociétale poussée à son paroxysme, « Un petit homme » est de ces textes brefs qui apportent une force originale grandissant la diversité de la littérature. La traduction signée Christine ZEYTOUNIAN-BELOÜS est un exemple dans son genre.



Maintenant, place à l’objet. Première originalité : la pagination est à rebours, le texte commence à la page 53 pour se terminer dans une minuscule page 2. Car en même temps que Saranine rapetisse, les pages rétrécissent. Et dès qu’il s’agit d’orienter le cadre sur Saranine, la taille de caractères elle aussi s’étiole, devenant minuscule et à peine lisible, alors que celle-ci devient énorme lorsqu’elle évoque l’imposante Aglaïa ou la fait parler. Farce tragique, « Un petit homme » est, dans ce format, magnifié par l’inventive mise en page. Il apparaît que ce texte n’avait été qu’une fois disponible en France, dans le recueil de nouvelles « La lumière et les ombres » aux éditions Noir sur Blanc en 2002. Le voilà seul pour la première fois, grâce aux inventives éditions Tendance négative, et croyez-moi c’est un grand texte de littérature russe, il en a toute l’atmosphère requise.



La postface, dressant une palpitante mais courte biographie de SOLOGOUB, est quant à elle paginée en négatif (de – 1 à – 10). Elle nous apprend que cet auteur a connu un destin similaire à celui de grands noms de la littérature russe des XIXe et XXe siècles. De son vrai nom TETERNIKOV, Fiodor SOLOGOUB devient célèbre en Russie grâce à des récits pessimistes mettant en scène de petits fonctionnaires inutiles dont l’ambition est impulsée par le pouvoir de Nicolas II. Soutenant la révolution russe de 1905, il devient pourtant rapidement un farouche adversaire de celle de 1917. Censuré, empêché d’écrire à sa guise, il demande en 1919, en compagnie de sa femme, l’exil au gouvernement. Sans nouvelle pendant deux ans, il reçoit cependant une réponse positive. Sa femme se suicide… deux jours avant leur départ effectif. Fou de douleur, SOLOGOUB reste en Russie qui devient l’U.R.S.S. Méprisé, oublié, il s’y éteint en 1927. Son œuvre la plus célèbre reste le roman « Un démon de petit envergure » (également connu sous le titre « Le démon mesquin ») qu’il mit dix ans à écrire, entre 1892 et 1902.



Cette éblouissante version de « Un petit homme » est due aux éditions Tendance Négative qui poussent toujours plus loin l’originalité et font que l’on ne lit pas leurs publications de la même façon que toute autre. Elles restituent de manière à la fois ludique et troublante un texte ici oublié. Grand tour de force pour un objet resplendissant que l’on peut offrir tout en se faisant plaisir pour la beauté de la chose. Bravo et merci !



https://deslivresrances.blogspot.com/
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La lumière et les ombres

Recueil de nouvelles empreint de désespérance. L'homme peut-il trouver le bonheur... son bonheur ? dans un monde où les hommes sont cruels et ne reconnaissent pas le droit à la différence, où la sensibilité est considérée comme une faiblesse. La folie ou la mort ne peut être que l'issue pour ces destins fragiles et sensibles.

Magnifique !
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Bienvenue à Z : Et autres nouvelles de l'Est

Je suis incapable de parler de ce livre, tellement les nouvelles qu'il contient me semblent à des milliers de kilomètres. Je n'ai pas tout lu et ce que j'ai lu, je n'en ai rien retenu.
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La lumière et les ombres

Un ensemble de nouvelles sinistres à souhait au début (les 4 premières) puis, sans être plus optimistes, un peu moins étouffantes. L'ensemble est remarquablement prenant et bien écrit. A partir de la sixième nouvelle, les événements politiques russes (révolution de 1905) font une apparition discrète ou marquée suivant les nouvelles; mais l'ensemble est bien centrée sur les affres existentiels de l'humain, enfant, adolescent ou plus adulte. Un auteur qui n'a malheureusement pas beaucoup écrit après la révolution bolchévique, se transformant en traducteur de classiques français. Une magnifique découverte avec son roman Le démon mesquin qui se confirme dans les nouvelles.
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Un petit homme

C’est à la fois un conte fantastique et une satire sociale. L’ écrivain critique l’administration et la bourgeoisie russe. Il dénonce l’attraction du pouvoir, celui qui révèle la petitesse de l’ homme. Le héros, un fonctionnaire au « complexe de Napoléon » à l’origine bien malveillant, devient au long de cette courte histoire presque attachant. N’ayant jamais lu de littérature russe jusqu’à présent, je n’oublierai pas ce livre à la mise en page originale. J’ai particulièrement apprécié la note de l’éditeur qui permet notamment de comprendre pourquoi le colporteur médiéval prend ici les traits d’ un marchand arménien.
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Un démon de petite envergure

Ce roman russe du début du XX ième siècle aussi connu sous le titre de "le démon mesquin" nous trace le portrait de Peredonov un professeur d'une petite ville russe obsédé par son avancement. Peu à peu sous des dehors grotesques on voit le "héros" s'enfoncer dans la folie et sombrer dans une parano qui le voit soupçonner tout le monde de médire de lui et même le chat de le surveiller. Ce roman qui débute comme une sorte de farce va peu à peu tourner au drame. Sous une apparente légèreté de ton se cache une peinture au vitriol d'une certaine catégorie sociale russe. Le portrait que fait l'auteur des autres personnages qui gravitent autour du professeur Peredonov donne à l'ensemble du roman une tonalité que l'on n’a pas l'habitude de lire. Un ton surprenant et dans un premier temps déstabilisant mais qui peu à peu emporte le lecteur dans un plaisir de lecture. Un roman remarquable et marquant par son personnage principal qui ne laissera personne indifférent après sa lecture.



Un grand merci aux éditions du Rocher et a babelio de m'avoir permis de faire cette belle découverte.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Un petit homme

Cette très courte nouvelle est une satire féerique de la société russe du début du 20ème siècle : l'esprit mesquin du fonctionnaire, le racisme latent, le patriarcat... La rencontre avec l'arménien, ce personnage fantastique, est assez savoureuse.

Malgré tout, l'intérêt premier de ce petit opus réside dans la qualité du travail de l'éditeur @tendancenegative : l'objet est magnifique ! (Cela peut sembler superficiel, OK, seulement je revendique aimer le bel ouvrage !😉🤣) et la note de l'éditeur est très instructive !



Merci à @librairielalternative de mettre en avant des maisons d'édition plus confidentielles : belle découverte 😀
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Un petit homme

Un petit homme pour une petite nouvelle, écrite par un auteur russe de la fin du 19ème/début 20ème.



Une satire des fonctionnaires, une critique de la bourgeoisie russe, des faux-semblants et de l’ambition à outrance.

Fyodor Sologoub dénonce par le fantastique l’égo des élites et trouve sa métaphore dans cet homme, Saranine, qui voulant paraître plus GRAND que sa femme, va finalement rapetisser…



Il est important de souligner une fois encore, après ma lecture du « Papier peint jaune », le superbe travail éditorial des éditions Tendance Négative.

L’objet livre et la mise en page sont totalement au service du texte. La pagination va dégressif, les pages deviennent de plus en plus petites et la typographie varie du simple au double, permettant une belle immersion dans le texte.
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