Citations de G. H. David (111)
Cette soirée m'a laissé un goût amer, je suis en proie à des sensations contradictoires. L'assurance de la jolie brune m'a déstabilisé. On dit que les gens atypiques se reconnaissent, que les modes de communication s'accordent, conduisant naturellement l'un à l'autre ceux qui se ressemblent. Et cette fille me ressemble. Un pressentiment que j'ai eu tout de suite, une évidence désagréable qui me perturbe et que je dois réprimer au plus vite. Je déteste ce qui s'impose, je n'apprécie que ce que je provoque. J'aime être "à la source", je suis l'inéluctable cause, jamais la conséquence. Dès le premier regard, je n'ai pas cessé de l'observer, en quête d'un élément que je ne parviens pas à saisir. Je cherche quelque chose en elle, mais je ne sais pas quoi.
Et si ce n'était que l'attrait d'une proie particulière?
Le prédation est dans ma nature, je suis fait pour elle, sous toutes ses formes. C'est mon instinct qui me pousse à l'approcher, stimulé par le goût du risque et de la chasse.
Quoi de plus naturel en somme?
Il esquisse un sourire.
– Ça, mon fils, c'est un début de réponse.
Si tout cela tourne mal, nul ne sait ce qu'il adviendra de nous.
Je me recroqueville, elle a raison. Ils avancent dans les investigations, plus je suis convaincue que je dois
me défaire de cette emprise et plus la peur me glace.
– Nous sommes deux messagers, la donne change. Inversant l'ordre des choses !
– Et pour cause ! Pratiquez l'incarnation, c'est vivre sur le fil et hypothéquer son existence.
– Tu te sers de quoi ? Tu as d'autres vecteurs ?
– Non, ils sont spontanés.
Elle s'étrangle :
– Spontanés ? C'est impossible aucun messager ne peut travailler en libre-échange, tu imagines les
risques ?
Ne jamais s'attacher au défunts. Règle numéro un.
La sensation de mes membres disparaît enfin, tout autour de moi perd substance. C'est le moment.Deuxième étape : mon corps est autonome et mon esprit indépendant, la vision de l'entre-monde apparaît.
Il m'observe, tendu : il a provoqué la Joconde, elle sort lentement de son sommeil létal. Dans ce face-à-face nous oublions nos étreintes passionnées, les réveils tendre et les mots doux. Chacun de nous a réveillé les démons de l'autre et la métamorphose à de quoi faire flipper le plus aguerri des exorcistes.
Il y a entre nous comme une espèce d'attirance, de tension qui nous enveloppe et nous lie. Je suis triste, furieuse mais attirée. Nos pôles obscurs s'appellent.