Citations de G. H. David (111)
Contrairement à ce que l’on croit, le Malin craint davantage les gens faillibles. Car les bienheureux, même s’ils offrent moins de prise, sont plus naïfs. Celui qui porte le stigmate de la défaillance connaît le subterfuge du menteur, le processus de manipulation, le piège des hypocrisies. »
Ils vous ont appris leur langue, leurs pratiques, sachant que les femmes qui détiennent le pouvoir de guérison et d’intercession auprès des esprits sont craintes et respectées ? Ces pratiques ne s’enseignent pas, elles se transmettent.
Je retrouve ma stabilité, bien campée sur mes deux pieds, les paroles se succèdent. En soi elles ne servent à rien, je le sais, mon latin n’est même pas correct et le diable parle toutes les langues. Ce qui compte c’est la mélodie et l’introspection qui attire l’entité maléfique qu’on a en face de soi. Encore faut-il avoir le don naturel qui vous permet de le faire, une compétence que je possède et dont je ne me sers pas pour la première fois.
Vous n’êtes pas sans ignorer qu’un esprit démoniaque est comme un mauvais génie. Soumis par la grâce divine, il ne peut interférer dans le monde des vivants que par nécessité d’équilibre. Pour transgresser les limites qui lui sont imposées, il faut qu’il soit sollicité. Il a alors besoin de celui qui l’appelle.
Il est charmeur, ambigu, joueur... et prêtre. Qu’est-ce qui me plaît le plus dans tout ça ? Qu’est-ce qui m’attire le plus ?Transgression des interdits, goût prononcé pour l’inaccessible : pas étonnant qu’une relation durable soit hors de portée pour moi ! Je ris nerveusement pour évacuer la tension impromptue que je ne devrais pas ressentir.
Me forcer à jouer la comédie n’est pas au programme, je n’en ai pas l’énergie. Je veux qu’on me foute la paix. J’enfile mon blouson et récupère mon sac qui traîne au sol près de la porte que je déverrouille à la hâte. Je fuis, une fois encore, elle n’est pas dupe.— Ne t’en vas pas Hélène ! Tu n’as pas le droit de rompre les négociations, c’est dégueulasse ce que tu fais !Je sais, j’en suis consciente, mais je ne peux pas donner plus. Ça lui brise le cœur, mais qu’importe si je suis toxique : je ne suis pas faite pour la vie de couple, les balades romantiques et les projets de famille.
J’oublie le monde qui nous entoure pendant quelques secondes, alors mon corps se contracte autour d’elle et sur lui-même. Ma respiration se coupe, je serre les dents, puis la tension se relâche peu à peu.Je n’ai pas fini, je dois la conduire à l’extase, elle. Encore languide, je rassemble le peu de forces qui me reste pour la retourner sans ménagement sur le canapé, je pince le bout durci de ses seins et elle crie, de plaisir. Excitée, elle n’attend plus que ça, que je lui fasse prendre son pied.
Je l’embrasse et elle minaude, je suis heureuse de la voir, même si la passion s’estompe en ces quelques mois de relation. Je n’ai jamais su être stable, je ne suis que la moitié de mon âme alors, impossible d’être accomplie. Surtout dans mes liaisons. Dans le salon la télé diffuse des clips sur une chaîne musicale thématique. Lounge musique pour baise médicinale sous conditionnement : un blister sur mes ébats.
Dans la vraie vie, on bosse sur des ordinateurs dont les écrans sont encore parfois cathodiques. Alors, autant vous dire qu’on est pas dans les experts Miami. Les locaux sont assez défraîchis, l’enduit a pris un sérieux coup il y a quelque temps à cause d’un prévenu, on y trouve aussi quelques tâches et fissures cachées par des affiches de ciné ou des posters. Essentiellement des héroïnes féminines vu que chez nous, on est toutes gay. Ou presque puisque je suis bi. En gros, de l’équipe, je suis celle qui bouffe à tous les râteliers, peu importe le flacon tant qu’on atteint l’orgasme.
Les chansons tout d’abord, un vrai bonheur pour vous faire saigner des oreilles. Ça tombe bien, c’est l’époque des otites. Si vous avez échappé à l’épidémie qui sévit dans ce domaine, vous aurez la joie de découvrir la gastro-entérite sous toutes ses formes, virale ou infectieuse, grâce à un coquillage farci de germes ou une bûche chocolat-listeria.
" L'homme, la femme, le démon : trois degrés de comparaison. "
Thomas Fuller
Chapitre 4 : l’homme mystère
Mahira
«… Les filles ont raison, il faut que j’aille de l’avant. Il est temps de percer le mystère. Je prends mon téléphone et lui envoie un message.
Il me faut plus.
Bien sûr, je n’ai pas de vibrations en retour….»
Deux âmes n'ont pas besoin de se toucher pour comprendre qu'elles s'appartiennent.
Comment quitter la Russie avec suffisamment d’assurance pour gagner la tranquillité, tenir les chiens en laisse : tous les chiens. Il me faut un billet de sortie, un aller simple pour une vie toute neuve. Et c’est là que subitement me vient l’idée, l’architecture de mon plan se dessine dans ma tête, le filet se déploie.
Tes lèvres, tes yeux limpides ou les courbes gracieuses de ton corps. J’ai beau détailler chaque centimètre, il n’y a aucun défaut. Ton teint est harmonieux, ponctué de petits grains de beauté, parsemés comme des cailloux sur un chemin.
De tous les hommes que j’ai connus, il est le plus secret. Je me demande si ce qu’il préserve de son passé est aussi difficile à porter que ce qui me hante. Mais l’instant n’est pas propice à la psychanalyse.
Jusqu’à présent, la peinture m’offrait cette fenêtre sur l’extérieur, un ailleurs salutaire qui ne me suffit plus. Parce que j’étouffe, je ne suis qu’une poule de luxe qui n’a pas d’autre utilité que de pondre des œufs d’or après avoir séduit des vieux coqs de basse-cour que l’on fait chanter en leur arrachant les plumes du croupion. J’ai beau gagner en célébrité pour mes propres œuvres, même dans ce domaine je trompe mon monde en réalisant des copies pour des escrocs. Pire qu’une poule, je suis le dindon de la farce et tout le monde se sert de moi sans scrupules.
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La vie, le temps, la maladie, rien n’est immuable, il faut toujours un plan B à tout. Tu crois que j’ai atteint le but ultime de mon existence et que plus rien ne m’importe ? Tu pensais que je me satisferais de faire sans cesse la même chose et que j’avais le secret de la jeunesse éternelle ?
« Quand on met la pression, c’est déjà trop tard. »
J’ai envie de changer, faire sauter la couverture. Me cacher, dissimuler la vérité, je fais ça depuis que j’ai treize ans et je suis à bout. Tout maintenir dans cet équilibre précaire est un effort constant et je suis aujourd’hui convaincue que, sur du long terme, c’est mission impossible.