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Critiques de Gabriel Josipovici (33)
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Dans le jardin d'un hôtel

L’histoire d’une rencontre entre un homme romantique et une femme entourée de mystère.



Ben est en vacances avec sa compagne Sandra, dans un hôtel des Dolomites, quand il remarque Lily. Elle est seule, belle et attirante. Sandra, sa compagne, ne voulait pas vraiment de ses vacances, elle subit et Ben supporte sa mauvaise humeur.



Lily est en pèlerinage suite aux confidences de sa grand-mère qui a vécu une rencontre platonique mais intense dans les jardins d’un hôtel. Elle a une vie compliquée, son couple est en crise mais celui qui lui manque est le chien de son compagnon. Grande randonneuse, elle entraîne et épuise Ben qui s’accroche et force les confidences de la jeune femme. Je le sais car j’ai écouté les conversations de Ben et Lily et celles de Ben et ses amis Rick et Francesca.



Ce roman est écrit en dialogues, un peu comme un scénario de film. C’est différent de mes lectures habituelles, surprenant, comme si j’avais écouté des conversations qui ne m’étaient pas destinées.



D’ailleurs, j’ai appris par Francesca que Ben est incapable d’avoir une relation simple, il tombe toujours sur des femmes bizarres que personne ne comprend et dont il se lasse au bout de quelques mois. Et Sandra me demanderez-vous ? Vous avez la réponse dans une citation !



Un peu déroutée par le style, des répétitions dans les dialogues, les personnages s’écoutent-ils réellement ? Des thèmes importants comme la guerre, la transmission générationnelle, les choix de vie, l’amitié et d’autres plus légers comme la séduction et l’attirance. Il y a de l’humour également.



À dire vrai, je ne sais quoi penser de cette lecture déconcertante.
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Dans le jardin d'un hôtel

L'art de la conversation, de l'effleurement. Des dialogues profonds, parfois tacites, toujours avec cette légèreté qu'a la vie telle qu'elle passe sans être comprise. Avec son usuelle et souriante délicatesse, Gabriel Josipovici se fait allusif pour évoquer tout ce que l'on n'a pas su, ou pas tout à fait, être. Comme une ombre, une silhouette montagneuse, le passé revient tel un endroit possiblement retrouvé, la mémoire d'une disparition.
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Hotel Andromeda

Entre les mystérieuses boîtes new-yorkaises de Joseph Cornell et l’horreur toujours oubliée – incarnée ici en Tchétchénie -, conduire avec obstination l’interrogation sur les places que nous pouvons, voulons et devons donner à l’art et à ses mécanismes magico-analytiques.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/18/note-de-lecture-hotel-andromeda-gabriel-josipovici/



Comme Patrick Beurard-Valdoye cherchant et trouvant le mécanisme technique et formel pour rendre compte intimement du collage sériel et insulaire de Kurt Schwitters (« Le narré des îles Schwitters », 2007) et bien que ne surgissant pas du tout du même horizon poétique, Gabriel Josipovici attache toujours, me semble-t-il, une importance fondamentale à la manière dont son écriture, pour un ouvrage donné, se met au diapason (sonore ou non) de la matière humaine et artistique qui l’imprègne. On se souvient ainsi avec forte émotion de l’activation d’un mode musical classique (« Goldberg : Variations », 2002) ou contemporain (« Infini : L’histoire d’un moment », 2012), d’un mode discursif itinérant (« Moo Pak », 1994), voire d’un mode silencieux presque cloîtré (« Tout passe », 2006), pour ne citer que quelques exemples de cette fusion artistique et littéraire très résolue.



Dans « Hotel Andromeda » (2014), traduit en français en 2021 chez Quidam par Vanessa Guignery – sa deuxième belle réussite avec Gabriel Josipovici, après « Dans le jardin d’un hôtel » (1993) en 2017, depuis que le si regretté Bernard Hoepffner nous a quittés -, pour établir cette correspondance avec les boîtes si spéciales de Joseph Cornell, il a fallu à l’auteur trouver à la fois des matériaux simples, réputés sans noblesse et sans héroïsme, bribes de quotidien et conversations en apparence anodines comme reflets subtils du bric et du broc infra-ordinaire inscrit dans les boîtes, et du carburant souverain, en écho au précieux insolite pouvant surgir des brocantes new-yorkaises, véhiculé par l’irruption de l’horreur tchétchène (renvoyée pour nous normalement au bruit de fond de l’Occident) dans les mots fiévreux et pourtant calmes d’un mystérieux photo-reporter digne du grand Stanley Greene. Par le patient truchement de la critique d’art Helena, et dans le mouvement même de ses interrogations (et de cette scansion unique construite par les « dit-elle / dit-il » de Gabriel Josipovici, telle qu’elle avait pu être discutée lors d’une mémorable soirée à la librairie Charybde en 2014, ici, avant celles de 2016 et de 2017), il se poursuit ici, plus belle que jamais, cette constante investigation à propos de ce qui constitue l’art pour nous, de ce qui le rend largement irréductible aux algorithmes de l’intelligence artificielle développée par Ian Soliane dans son « Basqu.I.A.t », par exemple, et de ce qui peut résonner en nous du monde, de ses images transformées en mots et en pensées poétiques.
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Hotel Andromeda

Helena est en apparence le personnage principal de ce roman. Mais nous ne saurons pas grand-chose sur elle au final. Elle habite Londres, a une sœur, Alice, qui travaille dans un orphelinat en Tchétchénie et qui ne donne pas de ses nouvelles. Helena écrit des livres sur l’art, sur les artistes, qui ne se vendent pas beaucoup, mais ses parents lui ont laissé des revenus qui lui permettent de ne pas avoir besoin de gagner sa vie. Donc elle écrit ou tente de le faire sur Joseph Cornell et ses boîtes, elle est tout particulièrement fascinée par la série consacrée aux hôtels, dont l’Hôtel Andromeda du titre. Elle parle de ses tentatives pour écrire son livre avec ses voisins, une vieille dame et un écrivain, son amant occasionnel. Mais son quotidien est perturbé par l’arrivée de Ed, un photographe tchèque, qui dit venir de Tchétchénie et connaître sa sœur. Il se fait héberger par Helena, ils parlent un peu de son travail, et un peu de la situation en Tchétchénie, même si Ed n’est pas loquace.



Peut-être qu’au final c’est Joseph Cornell qui est le personnage principal du dernier opus de Gabriel Josipovici. La vie et l’oeuvre de l’artiste américain sont ici évoquées très précisément, l’air de rien, dans les conversations qu’Helena a avec les gens qu’elle croise. Le livre qu’elle souhaite écrire se trouve en réalité contenu dans les échanges des pages du roman. Il y a à la fois la vie et une analyse de l’oeuvre, fascinante et riche. Tout cela l’air de rien. Sans oublier en contrepoint, les échanges sur la guerre, sur les valeurs, sur l’évolution du monde et de la civilisation. Ce qui pose évidemment le sens de l’art et de la création dans une autre perspective.



Comme toujours chez Gabriel Josipovici, c’est brillant, profond, très complexe, sous les allures de conversations, de quelque chose de quotidien. Finalement, la question principale est pourquoi les artistes, certains artistes, sont si importants pour nous. Comment arrivent-ils à dire à notre place et donner une forme plus palpable à nos ressentis et idées. Qu’est ce qui pousse certains d’une manière irrépressible à faire œuvre, qui va résonner, en dehors des effets de mode, d’une valeur marchande, d’une forme d’utilité. L’art est-il une fuite ou au contraire une autre approche de réalité, aussi forte que l’action. Questions sans réponse univoque, on ne peut que constater une forme d’évidence de la création, de son besoin et de sa résonance.
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Hotel Andromeda

La création mise en dialogue, les mots pour décrypter la réalité mise en discussion ; la vie elle-même sous le signe de l'altérité. Dans un livre diablement malin, entre essai, biographie, roman et critique d'art, Gabriel Josipovici retrace la présence de Joseph Cornell. Hotel Andromeda crée une boîte, un redoutable dispositif narratif pour interroger, à travers les horreurs de la guerre ou celles plus intimes, le langage de notre être au monde.
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Hotel Andromeda

A Londres, l'appartement d'Helena est situé au-dessus de celui de Tom avec lequel elle semble entretenir une relation épisodique peut-être plus intellectuelle que charnelle et en-dessous de celui de Ruth, une vieille dame avec laquelle elle aime venir papoter autour d'une tasse de thé (nous sommes en Angleterre). Helena est historienne d'art, auteure de plusieurs essais biographiques sur des artistes ; son sujet actuel est l'américain Joseph Cornell connu pour ses étranges boîtes-collages (là, je vous raconte ça comme si je savais qui il était, or je dois avouer mon ignorance crasse qui m'a valu de demander un peu d'aide à Google) et Helena peine à avancer malgré son admiration pour le personnage et son travail. Il faut dire que la jeune femme s'interroge sur son utilité dans la vie, elle dont la sœur, Alice travaille dans un orphelinat en Tchétchénie (l'histoire de l'art n'est-ce pas une occupation futile alors que tant d'individus souffrent sur cette planète ? Nous y reviendrons.). L'arrivée d'un photo reporter, Ed qui se dit envoyé par Alice et en quête d'un hébergement pour quelques jours va offrir à Helena un nouvel interlocuteur auprès duquel se confronter à ses questions existentielles. Petit à petit s'esquisse une sorte de dialogue entre les échos de territoires en guerre reflets du chaos du monde et les souffrances de l'artiste en proie aux affres de la création. Les questions d'Helena sur elle-même percutent le parcours de Joseph Cornell que le lecteur découvre sous sa plume (et là, je dois vous rassurer car je vous vois déjà froncer les sourcils, craindre le pensum ou la diarrhée intellectuelle... Je vous arrête tout de suite, tout ceci se fait le plus souvent sous la forme de savoureux dialogues teintés d'une réjouissante ironie toute britannique). Et ces conversations nourrissent la réflexion d'Helena sur la meilleure façon de mettre en lumière la vie et l’œuvre de Cornell qui elle-même semble intervenir comme un antidote à la laideur.

J'avoue que l'ensemble est assez fascinant et que j'ai passé de longs moments sur internet à me balader parmi les fameuses boîtes après avoir appris à partir de quels matériaux l'artiste les concevait. La réflexion sur la place de l'art et de la culture dans nos vies est souvent centrale, elle n'est pas nouvelle mais c'est la façon dont elle est traitée par cette sorte de mise en abyme qui en fait toute la singularité et la saveur. Ajoutons à cela une atmosphère délicieusement anglaise, un art du dialogue des plus réjouissants qui donnent à la profondeur de l'ensemble un air de ne pas y toucher. Vraiment anglais, donc.
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Dans le jardin d'un hôtel

Gabriel Josipovici écrit la vie.

Ses livres sont des mystères, ils sont ce dont ils parlent. Ils me portent, me submergent, m’entraînent… des tourbillons de… de je ne sais quoi d’irrésistible et de fascinant. Ce jardin m'a toutefois semblé plus léger que ses autres livres, plein d’un rien si prenant qu’il en devient tout.
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Dans le jardin d'un hôtel

J'ai d'emblée été séduite par la forme du texte, presque exclusivement composé de dialogues, le dotant ainsi d'un rythme très dynamique, et donnant l'impression, par moments, de lire une pièce de théâtre. Cette méthode permet en tous cas à l'auteur de dégraisser son roman de toute digression inutile, et en même temps de le rendre très prégnant car malgré la rareté des descriptions, les échanges entre les personnages les rendent très vivants, et permettent au lecteur de les imaginer de manière très naturelle.



Le nombre de protagonistes à l'origine de ces échanges est lui-même assez restreint, Ben étant le principal porte parole de l'histoire ainsi relatée. Ce dernier évoque avec ses amis Rick et Francesca sa rencontre, lors d'un séjour dans les Dolomites, avec Lily. La jeune femme lui a confié l'expérience déroutante et bouleversante qu'elle venait de vivre à Sienne, en pensant retrouver le jardin d'un hôtel où sa grand-mère, une juive de Turquie, avait fait la connaissance d'un musicien avec lequel elle avait eu de longues conversations. Malgré sa nature platonique et a priori anodine, cette brève rencontre avait eu pour l'aïeule de Lily, dont cette dernière était très proche, des résonances profondes et intimes.



De se remémorer cet épisode, dont sa grand-mère n'avait confié le souvenir qu'à elle seule, a provoqué chez la jeune femme un tortueux questionnement quant à l'influence des destinées possibles mais non réalisées sur les êtres et leurs descendants, aux connexions invisibles qui lient les individus, à la manière dont les rendez-vous manqués, les coïncidences découvertes a posteriori, participent à une compréhension profonde de ceux qui nous ont précédés, et par conséquent de nous-mêmes.



Surtout, ne vous effrayez pas de ce que je viens d'écrire... le roman de Gabriel Josipovici est d'une indéniable limpidité ! A aucun moment il ne plombe son récit de la complexité des pistes de réflexion qu'il invite le lecteur à emprunter. Les thématiques évoquées ci-dessus sont induites sans être développées, l'auteur maniant avec un grand talent l'art de la suggestion. Il parvient en effet à exprimer l'essentiel sans l'énoncer, de manière furtive, dans les silences, à travers les hésitations, les tentatives avortées pour faire comprendre à l'autre ce que l'on a du mal à se formuler clairement à soi-même.



Et pour ne rien gâcher, ses dialogues distillent régulièrement un humour subtilement ironique, mais jamais malveillant, mettant en exergue toute la richesse de ses héros, dans leurs imperfections comme dans leurs générosités.
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Dans le jardin d'un hôtel

Un homme; Ben raconte à son ami Rick ses vacances, et surtout une rencontre qu'il a fait avec une femme, Lily, qui avait pour sorte d'obsession de retrouver un jardin dans un hôtel, dans lequel sa grand-mère avait passé une journée avec un jeune homme, au temps de sa jeunesse. Souvenir en apparence banal, fugitif, sans véritable incidence dans la vie de la grand-mère, mais pourtant qui semble être l'essentiel même, une sorte de point de fixation.



Une ouverture sur ce qui aurait pu être, un autre possible. Il faut dire que le jeune homme, brillant violoniste est disparu peut après dans les camps nazis. Et que la grand-mère a épousé un autre homme. Pour Ben aussi, cet été qui marque la rupture de son couple avec Sandra, et cette attirance pour Lily, qu'il n'arrive pas à formuler, peut devenir une sorte de point de fixation.



Tout cela sous le regard mi-amusé, mi-agacé de ses amis, Rick et Francesca, qui dans le quotidien, entre les promenades du chien, les repas, les enfants à gérer, n'ont pas forcément le temps ni l'envie de creuser du côté de l'indicible et du fugace.



Entièrement écrit sous forme de dialogue, dans une construction brillante, même si en apparence anodine, c'est un livre étrange, où il se passe peu de choses en apparence, mais où les possibles affleurent à chaque mot. Mais il faut prendre le temps, avoir la disponibilité, ne pas chercher à être ébloui. Un objet étrange, qu'il faut apprivoiser.
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Dans le jardin d'un hôtel

Comment dire ? Le roman dialogué, subtil et accompli d’un musicien du langage.



Ben vient de passer des vacances dans les Dolomites avec sa compagne Sandra, souffrante et acariâtre tout au long du séjour. Revenu à Londres, il raconte à ses amis Rick et Francesca les circonstances de la rencontre avec Liliane, dite Lily, pendant ces vacances où son couple battait visiblement de l’aile.

Lily, anglaise et marcheuse aguerrie, séjournait seule dans cet hôtel à son retour de Sienne, où elle avait retrouvé un jardin ayant joué un rôle central dans la vie de sa grand-mère, juive du Levant qui lui a transmis, entre autres, son prénom, et le souvenir d’une conversation dans ce jardin de Sienne avec un jeune violoniste juif assassiné quelques années plus tard par les nazis.



«Dans le jardin d’un hôtel», livre entièrement dialogué, s’ouvre avec la promenade des deux amis Rick et Ben, qui conversent en promenant le chien de Rick dans le quartier de Putney Hill. La conversation routinière des deux amis a plusieurs objets qui s’entremêlent, l’histoire du retour compliqué de vacances de Ben, son réveil dans l’appartement gagné par une sensation de vide, découvrant dans le silence matinal que sa compagne l’a quitté, les mouvements et l’attention portée au chien de Rick, diffusant d’emblée cette forme d’humour subtil et ironique qui imprègne les romans de Gabriel Josipovici.



La suite sur mon blog ici :
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Moo Pak

Lire Josipovici, c’est voguer, déambuler à ses côtés et aux côtés de ses personnages, c’est se nourrir d’une pensée érudite, foisonnante et contradictoire, en être émerveillé, c’est être (gentiment) bousculé ou à l’inverse se dire « oh oui, c’est ça, totalement ça », c’est se sentir en résonance avec une pensée-foutoir de vie.



Lire Josipovici, c’est prendre son temps, savourer avec lenteur toute la richesse du propos, c’est le poser et le reprendre afin de s’en imprégner, c’est sûrement le relire.



Dans « Moo Pak », nous divaguons aux côtés de Jack Toledano, écrivain, qui aime se promener dans les parcs et rues de Londres en compagnie de ses amis. C’est d’ailleurs un de ceux-ci qui nous rapporte les conversations de Jack sous la forme d’un seul paragraphe-monologue. Jack se confie sur sa vie et sur son prochain livre « Moo Pak » sur lequel il travaille depuis 10 ans, il discourt sur l’écriture et le travail de création, sur la société, sur la vie, livre sa pensée à contre-courant. En Jack, il y a du déraciné, du décalé, de l’inadapté plein de sagesse.



Lire Josipovici, c’est vivifiant, stimulant et nourrissant. Lire Josipovici, c’est lire un grand écrivain :



« Je pense aux grands écrivains, dit-il, non pas comme de grands enseignants mais plutôt comme de simples pelles et houes, qui aident à briser la terre dure, la terre apparemment aride de notre imagination, et la prépare pour la semaison et la croissance ultérieure des graines de notre propre imagination. »



Et si ce livre n’a rien d’un récit à suspens, sachez tout de même que la fin m’a vraiment surprise…



PS : et puis, je me relis, encore et encore, j’en discute et je me rends compte qu’il manque quelque chose. Lire Josipovici, c’est plus que tout cela, comme si tous les ingrédients dont j’ai parlé, une fois mélangés concoctaient une potion totalement mystérieuse (je serais bien incapable de l’expliquer et n’en ressens même pas le besoin) et ensorcelante. Josipovici, il faut le lire pour goûter cette magie…
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Tout passe

Un refrain, une ritournelle…

Des couplets sous forme de bribes de souvenirs, d’enfants qui passent, de réflexions sur la littérature…

Un homme réceptacle-interprète…

De la mélancolie, la mort qui plane, deux femmes…

Une fenêtre, un carreau cassé, une pièce vide…

Du silence, de la grisaille…

De la mélancolie, la mort qui plane, des souvenirs…

Une fenêtre, un carreau cassé, un visage…

Un refrain qui rythme la lecture, la respiration…

Un rythme : entre tension et abandon…

Comme la vie ici évoquée ?



Un homme à sa fenêtre, il se rappelle…

Souvenirs épars, essences de sa vie ?

Vie qui elle, se poursuit comme malgré lui au travers de ses enfants…



Un livre bref, délicat, mélancolique…

Un livre touchant… envoûtant !
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Infini : L'histoire d'un moment

Me voilà donc refermant ce livre merveilleux (oh oui, c’est une merveille) et découvrant le compositeur Giacinto Scelsi dont l’auteur s’est librement inspiré… et là, une autre merveille, des sons, des notes uniques et leur force de pénétration, oui, c’est le mot, elles me pénètrent, infiltrent chaque cellule de mon corps… et ça vibre à l’intérieur, ça n’en revient pas, ça ne connaissait pas, pas comme ça, pas si directement du son au corps…



Dans ce roman, Massimo, le majordome d’un compositeur italien (Tancredo Pavone, il est chantant ce nom, vous ne trouvez pas ?) nous relate tout ce que son patron lui avait raconté lorsqu’il était à son service et jusqu’à sa mort. Il nous parle de musique, bien entendu, mais plus généralement d’art, de création artistique, de vie, de spiritualité, de société, d’humains, d’éducation, d’amour… Et ce livre, il est amour : celui de Massimo pour son ancien patron, celui de Pavone pour la musique ou plus précisément le son et… pour la vie !



Durant toute son existence, Pavone a cherché l’essence même du son et au travers de lui, l’essence même de la vie. Et de mon côté, je me suis sentie en communion avec ce drôle de personnage à la fois si exigeant (même dur parfois) mais si authentique et donc si attachant. En tout cas, je suis tombée de plus en plus amoureuse de ce livre à chaque page tournée. Je me suis régalée, je l’ai savouré, j’ai goûté l’émerveillement ému qu’il provoquait en moi et j’en éprouve plein de gratitude pour cet artiste qu’est Gabriel Josipovici !
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Infini : L'histoire d'un moment

Un court roman intéressant,où Massimo, ancien majordome d'un grand compositeur d'avant-garde, d'origine sicilienne ,Tancredo Pavone, est interrogé par un anonyme sur son maitre, après le décès de celui-ci.

Pavone, homme seul, divorcé parlait beaucoup à son domestique. En faites, il se parlait plutôt à lui-même. Un homme singulier, excentrique, maniaque de chaussures, trés imbu de son talent et ses origines aristocratiques et un original dans ses idées. Dans un échange à l'humour très british, Massimo, avec l'ingénuité de l'ignorance rapporte les propos de son maître, dans ses moindres détails .Sauf que ces propos ,qui parlent un peu de tout, et surtout centrés sur le phénomène de la création artistique, musicale en particulier, sont assez sophistiqués pour qu'il puisse s'en rappeler avec autant de précision. Et là est le talent de l'écrivain, qui à travers la bouche de ce naïf , qui refuse de jouer le jeu avec les questions relatives à la domesticité ou autres détails intimes, mais rapporte le reste, sans aucun jugement, nous fait savourer une forme romanesque originale, sans nous faire à aucun moment douter de la fidélité aux paroles entendues.A travers ce patchwork de propos on va peu à peu découvrir ce "pazzo".

Pavone ,un perfectionniste , aux idées pointues, qu'aucune performance de ses oeuvres ne satisfait ,/ qui ne se soucie ni de la reconnaissance de ses oeuvres, ni de leurs exécutions au grand public,/ à qui suffit d'écouter sa propre musique avec "son oreille intérieur ",/ Pavone qui cherche le son idéal dans une même note qu'il joue 666 fois et en fait même une composition,/ Pavone qui a horreur des médias qui pousse les musiciens à la " prostitution"/ Pavone qui considère l'Art comme " une trés trés grande voie " pour la transcendance"/ Pavone qui critique au vitriol de grands compositeurs ,(« Les Anglais n'ont pas eu de compositeur important depuis Purcell [...]. Ils ont un gâteau indigeste appelé lardy cake et leurs principaux compositeurs modernes, soi-disant, Sir Edward Elgar et Sir Ralph Vaughan Williams sont les équivalent musicaux de ce gâteau.»), mais aussi la haute société anglaise, l'Italie........ Pavone, aux propos parfois logorrhéiques ou tenant de la diatribe, une personnalité terriblement humaine, maniaque à l'infini, qu'on perdrait à ne pas connaître,malgré l'antipathie qu'il suscite .....





Librement inspiré de la vie du compositeur italien Giacinto Scelsi (1905-1988),que je viens de connaître à l'occasion de ce livre, donc double gain, Tancredo semblerait être son sosie, vu la similitude des biographies. L'auteur d'ailleurs remercie dans une note en fin de récit , la Fondation Isabella Scelsi, Rome, de l'avoir autorisé à incorporer des fragements des écrits de Scelsi dans son roman.



Première rencontre avec l'écrivain anglais Gabriel Josipovici, et sûrement pas la dernière !

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Tout passe

Un homme, seul face à une fenêtre fêlée. Répétitions incantatoires. Des bribes de vie. Des enfants qui ont grandi en arrière fond. Bref, et épuré.



C'est fascinant, une perfection formelle. Je suis un petit peu plus réservée sur le contenu. Il y a quand même un côté exercice de style. Très abouti dans son genre. Mais tellement pensé et maîtrisé. Cela fait aspirer à quelque chose d'un peu moins cérébral à la suite de cette lecture.

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Contre-Jour: Tryptique d'après Pierre Bonnard

Le titre laisse entendre que le livre va avoir pour sujet Pierre Bonnard. D'abord la fille du couple parle surtout à sa mère, elle a le sentiment d'avoir été chassée de la maison familiale, pas eu de place dans le couple que formaient ses parents. Puis la mère parle à sa fille, s'excusant ou pas, lui demandant sa présence. Et une lettre de conclusion écrite par le père-mari.



En fait les liens avec la vie de Pierre Bonnard sont des plus lâches voir inexistants : il n'a pas eu de fille avec son épouse par exemple, ce qui d'ailleurs n'est pas incompatible avec le livre au final. Il peint, une femme sortant de la baignoire. Elle est morte avant lui. Mais à part cela, inutile de chercher des événements de sa vie dans le livre. Qui est fait de deux monologues (ou d'un seul) qui se répondent mais pas vraiment.

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Moo Pak

Moo Pak est un livre fascinant, mais dont il est très difficile de parler. Aucune intrigue, aucun récit dont le résumé plus ou moins habile ou alléchant ne peut permettre de meubles un ou deux paragraphe de commentaire et de lancer facilement la note de lecture. Deux types marchent et l'un d'entre eux parle. Quelque chose dont on ne pourra jamais faire un film. Art, musique, littérature, voilà les sujets qui reviennent le plus. Mais dans un désordre apparent. La figure de Swift, homme et écrivain revient en particulier à de nombreuses reprises et donne par une déformation le titre du livre. Mais plus encore l'objet du livre est la façon dont les mots s'articulent, se répondent, s'entrelacent, en phrases, en unités de sens. Et d'une certaine façon nous assistons et participons à la naissance d'un livre. D'un livre peut être pas écrit par l'auteur, mais qui étrangement n'en est que plus réel et plus dense.



Si vous ne comprenez pas très bien ce que je viens d'écrire, il ne vous reste qu'une solution : lire Moo Pak pour essayer de comprendre.

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Goldberg : Variations

Les fameuses variations sont une œuvre de Bach, dont la composition est entourée d’une sorte de légende. Elles auraient été conçues à la demande d’un homme richissime, le comte Kayserling, qui souffrait d’insomnies. Un élève de Bach, Goldberg, au service du comte, aurait été chargé de les jouer pendant les nuits sans sommeil du comte, pour tenter de le distraire lors de ces moments difficiles. Cette version, rapportée par Forkel, le premier biographe de Bach, sur la foi des souvenirs de deux de ses fils, a été contestée par la suite, aucune trace matérielle d’une transaction n’ayant été retrouvée. Peu importe, mythe ou réalité, cette histoire reste attachée à ces pièces pour clavier, rendues célébrissimes par Glenn Gould.



Gabriel Josipovici nous conte donc, en trente chapitres (comme les 30 variations à partir de l’aria de départ) une histoire, ou plutôt des histoires. Celle de Mr Westfield qui souffre d’insomnies. Et qui fait venir un écrivain, Goldberg, pour l’endormir, en lisant. Il a bien essayé au préalable un musicien, mais ce dernier a vite été renvoyé, ne faisant vraiment pas l’affaire. Mais Mr Westfield se montre exigeant : il veut que Goldberg lui lise non pas des livres, mais des histoires écrites spécialement pour lui dans la journée, des histoires qu’il ne connaît pas encore. Alors nous lisons des chapitres ; dans certains nous découvrons des personnages proches de Mr Westfield. Ou de Goldberg. Ou autre chose. Enfin, un écrivain qui imagine toute cette histoire. Tout en voyageant. Se faisant quitter par sa femme. Voilà vous avez une idée de ce qui vous attend si vous ouvrez ce livre.



Si un seul qualificatif pouvait résumer un tel livre, ce serait pour moi « éblouissant ». C’est d’une virtuosité impressionnante. Tout en étant d’une profondeur qui ne l’est pas moins. Je serais bien incapable d’en faire une analyse poussée, j’imagine très bien un lecteur érudit et disposant de beaucoup de temps faire des rapprochements entre les variations de Bach et les chapitres de Josipovici. Je n’ai ni le temps, ni l’envie de disséquer. Je peux juste vous dire que si vous voulez lire un livre étonnant, d’une grande richesse, qui risque de vous déstabiliser, mais aussi de vous émerveiller, tentez l’aventure.

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Infini : L'histoire d'un moment

C'est fort sympathique, mais autant aller relire les 3 volumes de Scelsi chez Actes Sud...
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Infini : L'histoire d'un moment

Arraché aux confidences de son serviteur, le parcours d’un compositeur rageur et obsessionnel, en 150 énormes pages.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/15/note-de-lecture-bis-infini-lhistoire-dun-moment-gabriel-josipovici/


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