AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gabriella Zalapì (40)


J'ai 29 ans. Mes désirs tombent, s'enfoncent dans l'insonore. Impossible d'envisager une vie de perfect house wife pour le restant de mes jours. J'aimerais abandonner ce corset, cette posture de femme de, mère de. Je ne veux plus faire semblant.
Commenter  J’apprécie          10
Franco est un homme tiède, sans courage. Sa vie s'étend sur quelques mètres carrés. Parler avec lui s'est restreindre mon horizon, restreindre mon vocabulaire, restreindre mon imaginaire. Franco porte une minerve qui m'epêche de regarder à gauche et à droite, et moi une camisole de force de perfect house wife. Où allons-nous ainsi?
Commenter  J’apprécie          10
10 mai 1965
Franco, avec son dos de prêtre, m’exaspère. Je n’en peux plus:
de ses petits gestes maniaques lorsqu’il plie ses habits
de sa manie de se moucher bruyamment avant de se coucher
de ses affreux pyjamas rayés, cadeaux de sa mère
de ses crachats sonores lorsqu’il se lave les dents
de son corps blanc et flasque
Avant, pour l’éviter, j’invoquais une excuse en m’éclipsant de la chambre, maintenant je ne dis plus rien. La répétition a engendré un silence complice. Je sors et vais m’asseoir au pied du lit d’Arturo qui dort comme un petit ange. Dans la pénombre, son visage et son souffle m’apaisent. Lorsque je quitte Arturo, cette sorcière de Nurse ouvre immanquablement la porte et me demande d’une voix basse et pourtant aiguë « Est-ce qu’il y a quelque chose qui ne va pas ? »
J’ai repensé à ce mot, « Nurse ». Je réalise qu’il contribue à mon sentiment de vivre avec une étrangère. Elle reste impénétrable. Qui est cette Frieda? Oui, elle a de la famille dans le Nord de l’Angleterre ; oui, elle aime la musique classique ; oui, elle suit un régime très strict; oui, elle va à la messe tous les matins. Franco dit «Qu’elle fasse son métier, c’est tout ce qu’on lui demande.» Il l’a recrutée via une agence très réputée de gouvernantes professionnelles et elle exerce ce métier depuis trente ans. Et alors? Je rate des occasions d’aimer mon fils.
A faire:
Aller chez le coiffeur
Acheter les médicaments pour Arturo
Commander du champagne
Lampe
Commenter  J’apprécie          10
INCIPIT
21 février 1965
Ce matin, lorsque j’ai ouvert les yeux, j’étais incapable de bouger. Mon corps semblait s’être dissous dans les draps et baignait dans une sueur toxique. Ce n’est qu’en entendant la gouvernante – Nurse comme elle désire être nommée – que j’ai sauté du lit. Elle était sur le pas de la porte avec Arturo. Où allez-vous? «Nous allons à l’école, of course», a-t-elle dit de son petit air choqué. Elle m’a pratiquement claqué la porte au nez. Puis je me suis souvenue qu’hier soir au dîner, j’avais promis à mon fils de l’emmener en classe ce matin. J’ai eu honte.

3 mars 1965
Je perds mes cheveux. J’ai des migraines. Je grossis à vue d’œil et ne rentre plus dans mes habits. Ma nouvelle habitude : dès que Franco part travailler, j’étends des draps noirs sur les miroirs.
Hier il m’a reproché de ne pas savoir donner des ordres aux domestiques. D’être trop gentille avec eux. Il y avait du mépris dans sa voix. En disant trop gentille, il a bien décomposé les syllabes et des bulles de salive s’accumulaient sur les côtés de sa langue qui roulait. Il persiste à appeler Maria «la bonne».

4 mars 1965
Nurse m’épie l’air de rien avec sa tenue d’infirmière. J’aurais dû la faire partir dès le début. C’est elle qui m’a interdit d’allaiter Arturo et de le garder près de moi la nuit. Elle a pris trop de place entre lui et moi, avec son chignon parfait, sa peau lisse, sa petite moustache drue, ses règlements, ses yeux bleu glace.

12 avril 1965
Rendez-vous ce matin à 9h au cabinet du notaire Via Cavour avec Oncle Ben. Nous avons finalement résolu les derniers petits conflits liés au testament de Nonna.
Tout s’est passé dans le calme. J’étais anesthésiée. J’ai hérité de ce qui revenait à Papa: une importante somme d’argent, la moitié des meubles de Villa Clara (où vais-je les mettre?) et les six appartements de Florence (une entrée d’argent mensuelle). Cette affaire qui a traîné si longtemps est finalement close. Je suis heureuse de savoir que jamais je ne dépendrai financièrement de Franco.
Chez le notaire, j’ai réalisé que cinq ans se sont écoulés depuis la disparition de Nonna. Pourtant je me surprends encore, quand le téléphone sonne, à croire, à espérer entendre sa voix. Et cette sidération qui suit. Cette déception.
Quand est-ce que je reverrai Oncle Ben? À l’aéroport, j’ai mesuré à sa démarche combien il a vieilli. Lui rendre visite à Londres absolument.

30 avril 1965
Dîner à la maison avec Valentina, Felice, Matilde et époux.
Menu:
Timbalines de macaronis à la sauge
Filets de soles à la Diplomate
Petits pains de foie gras à l’aspic
Salade Jockey-Club
Mousse aux abricots
Ces dîners mondains sont une manière de faire diversion aux interminables tête-à-tête avec Franco. Je ne serai plus seule avec cette bouche qui mastique bruyamment. Avec cette tête qui se penche si bas sur l’assiette qu’elle pourrait se décrocher et se noyer dans le gaspacho. Ce soir, pas de «Quoi, qu’est-ce que tu as dit?»
Commenter  J’apprécie          10
30 novembre 1965.
De l'air. Quitter mon mari. Fuir. M'évaporer. Déménager. Défaire. Effacer. Détruire. Déraciner. Oublier. Ne plus discuter. Éviter la confrontation. Me protéger. T'abandonner. Crever. Pleurer. Je veux disparaître dans l'anonymat.
Commenter  J’apprécie          00
Franco, avec son dos de prêtre, m'exaspère. Je n'en peux plus :
de ces petits gestes maniaques lorsqu'il plie ses habits, de sa manie de se moucher bruyamment avant de se coucher, de ses affreux pyjamas rayés, cadeaux de sa mère, de ses crachats sonores lorsqu'il se lave les dents, de son corps blanc et flasque.

Avant, pour l'éviter, j'invoquais une excuse en m'éclipsant de la chambre, maintenant je ne dis plus rien. La répétition a engendré un silence complice.
Commenter  J’apprécie          00
Il paraît qu'un jour on se réveille affamé de ne pas avoir été ce que l'on souhaite. Où ai-je lu cette phrase ?
Commenter  J’apprécie          00
J’attends comme un rat aveuglé par une torche que quelque chose, un accident, un évènement fasse exploser ce tableau idyllique dans lequel je survis. Je négocie, je négocie, je négocie avec mon envie de tout détruire, mais serais-je capable de bâtir quelque chose ? .
Commenter  J’apprécie          00
10 avril 1966
Écrire ne m’aide plus. Je ressasse, je me complais dans mon malheur. Je m’épanche en espérant mettre de l’ordre à l’intérieur de moi mais je suis vite rattrapée par le sentiment que ma nouvelle organisation est un malentendu. Tout s’embrouille très vite. Je m’insupporte dans mon incapacité à être comme tout le monde. De quoi est fait le quotidien des autres pour être si vivable ?
Commenter  J’apprécie          00
Le temps qui passe ressemble à du mercure.
Commenter  J’apprécie          00
10 septembre 1965
Comment est-il possible qu’Arturo soit mon fils ? Oui, je l’ai mis au monde. Oui, c’est bien moi sa mère. Mais subsiste cette étrangeté : dès lors que je ne vois pas Arturo je ne pense plus à lui. Je l’oublie totalement. […] Je me sens étrangère avec lui. C’est comme si Arturo était né dans mon dos. Suis-je une mauvaise mère ?
Commenter  J’apprécie          00
5 août 1965
J’attends comme un rat aveuglé par une torche que quelque chose, un accident, un événement fasse exploser ce tableau idyllique dans lequel je survis.
Commenter  J’apprécie          00
Je dois m'extirper de là et résister aux mots castrateurs de Vati : "Laisse tomber tes rêves. On ne peut pas tout avoir."
Commenter  J’apprécie          00
Je saute d'une époque à l'autre, d'une voix à l'autre, d'un lien à l'autre. Et toutes ces personnes sur les photographies qui me regardent fixement et que je ne reconnais pas.
Faut-il organiser cette mémoire ou la laisser se décomposer dans le temps ?
Commenter  J’apprécie          00
Gabriella Zalapì
Sensation persistante de m'être fait piéger par Franco. Je ne trouve pas les mots précis pour qualifier cette impression. Je m'en veux d'avoir été aussi naïve en l'épousant. Mais que diable ai-je vu en lui ? Il n'en voulait qu'à mon nom, au passé prestigieux de ma famille. Je repense au déménagement, lorsque lui et ses parents se sont battus pour les meubles de Nonna.
Commenter  J’apprécie          00
Gabriella Zalapì
Après mon départ pour Florence, Mummy was not in the picture anymore. Je l'ai revue à vingt et un ans, le jour de mon mariage, cinq ans après. Je n'oublierai pas la phrase assassine qu'elle m'a lancée après m'avoir embrassé du bout des lèvres. " Ma pauvre Antonia, tu as vraiment un physique ingrat. Dieu merci, tu as trouvé un mari. "
Commenter  J’apprécie          00
Gabriella Zalapì
Un jardin doit inviter à la déambulation, au repos, à la méditation. Tu sais Antonia, je vais te dire un secret : les arbres ont des oreilles, ils savent écouter les confidences. Entoure-les de tes bras, parle...et observe bien, ils te répondront.
Commenter  J’apprécie          00
Gabriella Zalapì
J'ai épousé Franco aveuglée par le désir d'être aimée. Je me suis trompée.
Commenter  J’apprécie          00
Gabriella Zalapì
" Ne te plains pas, tu as une famille. C'est à toi de la rendre heureuse. Te rends-tu compte d'où tu vis ? De comment tu vis ? Tu devrais te sentir comblée." Il a beaucoup insisté sur le fait que Franco travaille beaucoup et que je dois supporter son silence. "C'est normal qu'il se désintéresse de toi, il est fatigué, il a beaucoup de soucis. C'est à toi de faire un effort. C'est sur toi que repose le bien-être de la famille, sans parler de l'éducation d'Arturo." Cette suite d'injonctions m'a coupé le souffle. J'ai eu l'impression de chuter et de m'écorcher les lèvres.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis heureuse de savoir que jamais je ne dépendrai financièrement de Franco.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gabriella Zalapì (184)Voir plus

Quiz Voir plus

test Yvain ou le chevalier au lion

Qui est Arthur Pendragon ?

Le roi de Camelot
Un chevalier des Indous
Un ami de Cheerlin
Idk

20 questions
119 lecteurs ont répondu
Thème : Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de TroyesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}