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Citations de Garance Solveg (25)


Le ventre de la danseuse se balance d’avant en arrière avec lenteur, tantôt bombé, tantôt creusé. On dirait qu’elle avance et recule à la fois. Elle est un chameau. Un chameau dansant les dunes, la lune et les étoiles. Un chameau sans maître ni troupeau dont seul le bracelet de fil rouge, semblable au moignon d’un chaîne arrachée, atteste la captivité ancienne.
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Cet air était à l’image de Tilda : dilué. Silencieuse, le cheveu filasse et les vêtements délavés, la joueuse de luth avait la consistance d’une goutte d’eau. En fait, c’était surtout ses mains qu’on remarquait. Des mains de vieillarde, plus ridées encore que celles de Thaïs, qui contrastaient avec la peau parfaitement lisse de son visage- elle n’avait pas trente ans.
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J’ai longtemps rêvé des retrouvailles avec ma sœur.
Imaginé qu’elle m’appelait à l’improviste, qu’elle répondait enfin à mes
lettres. Ou que je la croisais dans la rue, qu’elle me souriait avec chaleur et que
nous nous précipitions dans la pâtisserie la plus proche pour nous gaver de
yatsuhashi, nos gâteaux préférés à la douce saveur de cannelle.
Comme avant.
Que les années, ces presque trente années de silence, avaient effacé ma faute.
Jamais je n’aurais pensé que nos retrouvailles auraient lieu au service
d’hématologie de l’hôpital central de Kyoto, alors que j’ouvre la porte de mon
bureau pour appeler le premier patient de la journée.
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La nuit est tombée depuis longtemps et pourtant tout est blanc.
Blanc comme le sol tapissé de neige durcie dont les cristaux luisent de
manière surnaturelle.
Blanc comme l’épaisse fumée qui s’élance au-dessus des murailles pour
tourbillonner dans les airs.
Blanc comme les projecteurs exposant cruellement le bétail humain que les
Japonais rabattent à coups de cravache vers le centre de la cour.
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Et surtout, Hiromi comprenait à présent pourquoi il était si facile de se procurer de l’opium au Mandchoukouo, pourvu qu’on eût quelque chose de valeur à échanger. L’opium était une politique d’État. Les autorités nippones avaient tout intérêt à abrutir les peuples occupés, étouffant ainsi toute velléité d’esprit critique en eux.
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La danseuse portait encore en elle le parfum de la route. Une odeur chaude, mélange d’asphalte, de sable et de terre, émanait de chacun de ses pores, imprégnait ses cheveux tranchés au niveau des mâchoires, courait sous la plante de ses pieds nerveux.
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La nuit était tombée tel un paravent d’ébène, colmatant les trous dans les murs et réparant les planches branlantes. Des odeurs de ragoût, des lambeaux de conversation s’échappaient des baraques voisines. De loin en loin, chez les chanceux équipés d’une parabole, on entendant les bruits de matchs de foot et de série télé. La cour parut soudain immense à Alma. La maison, éclairée par des bougies vacillantes, prenait des allures de sanctuaire.
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Les vers avaient coulé en elle comme une ondée rafraîchissante. Elle avait vibré à chaque mot, à chaque image. Elle s’était vu tendre la joue pour recueillir le frisson d’eau, présenter ses cheveux aux brises d’automne, ruisseler sous la pluie d’orage. La beauté disposait d’un puissant pouvoir. Elle pouvait tirer un être du marasme, le faire tutoyer les étoiles.
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Chaque soir elle a recommencé, la même chanson. Petit à petit, cette voix est devenue tout pour moi. Elle m’absorbait totalement. Elle était un cri d’espoir et elle criait pour moi. Elle seule parvenait à pénétrer jusqu’à mon cœur, à bercer ma peine d’enterrée vivante.
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Alma détestait le Nouvel An. Elle détestait les invités de son père et celui qu'il avait convié ce soir-là, le notaire Sodeg, ne faisait pas exception à la règle. Mais plus que tout, elle détestait cette sensation que rien ne changeait. Que rien, peut-être, ne changerait jamais.
La jeune fille se courba pour présenter à Sodeg la soucoupe de feuilletés à la viande. Elle savait que son père l'observait, qu'il la battrait à la moindre maladresse.
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Un camion sortit de la forêt et remonta tranquillement la route. Tendu de bâches noirâtres, campé sur d’énormes roues, il paraissait broyer le bitume. Il dépassa la maison du notaire et avança en direction de Belrem, fendant les champs d’oliviers à une allure mesurée. Le bruit de son moteur, d’abord imperceptible, se rapprochait petit à petit en un vague bourdonnement. Le vent forcit. Quelque part dans la campagne, un chien hurla. Un pétale strié de rouge se détacha de la fleur de cactus, puis un autre, et encore un autre, de sorte qu’une traînée de sang sembla maculer le sol de la terrasse. Un deuxième camion, identique au premier, émergea à son tour des arbres. Les enfants osaient à peine respirer. Au moment où le second camion s’arrêtait devant la maison du notaire, une ombre gigantesque jaillit de derrière les petites et les recouvrit toutes entières.
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Nous investiguons ici les secrets les plus intimes du vivant.
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À la place du chef suprême en tenue d’apparat, pro leur descendant direct de la déesse du soleil Amaterasu, elle ne voyait plus qu’un gnome surgi des enfers.
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J’oublie cette révolte qui bouillonne en moi et qu hurle que je ne veux pas, que je ne veux plus de cette vie.
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Reine de quelques heures, elle se laissait cajoler, réchauffer par l’amour qui irradiait de chacune des cellules de sa grand-mère.
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Progressiste et avant-gardiste, ma sœur s’attachait à capturer le quotidien des laissés pour compte du miracle économique japonais. Bien sûr, elle avait pris fait et cause pour les burakumin. Ces équivalents des intouchables indiens continuaient de faire l’objet de toutes les discriminations possibles, malgré l’abolition officielle du système des castes à la fin du dix-neuvième siècle.
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D’abord, elle prend la forme d’un frémissement, un chatouillis à peine perceptible sous la plante des pieds. Elle remonte le long des jambes et des bras, se fraie un chemin à travers les muscles assoupis. Elle libère le rythme tatoué sous la peau, exhume le savoir enfoui sous les tendons. Elle enfle. Enfle et gonfle. Enfle et gonfle et cogne dans les veines, cogne, cogne et cogne jusqu’à la déflagration finale. Elle. La merveilleuse envie de danser.
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Les femmes y connurent un destin à la mesure des larmes dont s’accompagne leur naissance.
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Dehors, la pluie n’en finit pas de noyer le monde.
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La haine suintait des jolies lèvres de la femme. Elle se servait de sa langue comme d’une machette, tranchant les mots, se frayant un passage à travers eux comme dans une jungle hostile. Quels territoires boueux avait-elle traversés, sa rage en bandoulière ?
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