Citations de Gaspard Koenig (286)
L'intégrité amène partout, non pas l'impartialité, pure vue de l'esprit, mais l'indifférence. (p.95).
Un certain niveau de corruption est sans doute nécessaire dans toute société pour pallier l'"inhumanité des codes" et la rigueur du droit des contrats. (p.80)
L'échange est à l'opposé de la forme impersonnelle de l'achat et de la vente: il garantit aux relations sociales une fluidité, une confiance, une humanité irréductibles à un phénomène de marché. Rien n'est moins interchangeable que l'échange. (p.78).
La nature de la corruption est de former des réseaux. (p.65).
Les héros de la corruption ont aujourd'hui leur buste en pierre dans les couloirs de nos universités. (p.16).
Les corrompus aiment le pouvoir, mais pas la guerre; ce sont des gens d'équilibre, des négociateurs qui se méfient des aléas d'une bataille. (p.21-22).
Kevin avait déjà appris à connaître ce personnage très parisien : le bon cadre à la carrière linéaire, à l'esprit agile mais étroit ; soutier anonyme du capitalisme n'en récoltant que les miettes, et compensant la médiocrité de son parcours par la conviction de se trouver à l'avant-garde du progrès social. (p.68)
Rien de nouveau sous le soleil. Il y a eu les curés, les chefs de section du Parti communiste, les psys. Ils incarnaient la croyance de leur époque : Dieu, le peuple, le Moi. Aujourd'hui, c'est le tour de la Nature.
La ligne très fine, presque imperceptible, qui séparait la satisfaction méritocratique du mépris de classe.
Le personnage qui y était décrit en dernière page lui ressemblait incontestablement. À s'y méprendre. Mais il dégageait une cohérence qui n'était jamais venue à l'esprit de Kévin, lui qui s'était toujours laissé happer par les événements. C'était comme si on l'avait soudain mis dans la prison de papier d'un destin.
En démocratie, pensa Arthur, le pouvoir accorde à ses opposants le plus vicieux des privilèges : l'illusion de la révolte. Une révolte tolérée, confortable et donc bénigne. Au moins, en Russie ou en Chine, on joue sa liberté sur un tweet. Ici, on se contente de l'épuiser.
Où est le courage de celui qui n'a rien à perdre ?
L'humanité s'était ruée pour comprendre l'infiniment grand des cieux mais restait balbutiante devant l'infiniment petit des sols.
"Qu'est-ce que l'Homme ? s'esclama Marcel Combe que plus rien ne pouvait arrêter. Étymologiquement, rien d'autre que de l'humus. Voilà pourquoi c'est l'humus qui sauvera l'Homme."
Nous bétonnons les terres et les coeurs. La société plante des êtres humains en rangées bien droites, désherbées au glyphosate. Les lois sont nos herbicides, le marché notre labour. Nous abattons les vieux arbres comme nous envoyons nos parents en ehpad ; nous arrachions les adventices comme nous jetons en prison les marginaux ; nous engrillageons les terrains comme nous installons des portiques dans les gares et des caméras dans les rues ; nous bourrons les champs d'engrais comme nous nous gavons d'informations inutiles ; nous encageons les poulets comme nous badgeons les employés ; nous attachons des tuteurs aux jeunes plants comme nous disciplinons les enfants à l'école.
L'écocide n'est pas limité à la vie des animaux. Il s'exerce avec la même violence sur la vie humaine, émondant les singularités , brisant les coopérations spontanées, étouffant toute joie. Nous bétonnons les terres et les coeurs. La société plante des êtres humains en rangées bien droites, désherbées au glyphosate. Les lois sont nos herbicides, le marché notre labour. Nous abattons les vieux arbres comme nous envoyons nos parents en Ehpad ; nous arrachons les adventices comme nous jetons en prison les marginaux ; nous engrillageons les terrains comme nous installons des portiques dans les gares et des caméras dans les rues ; nous bourrons les champs d'engrais comme nous nous gavons d'informations inutiles ; nous encageons les poulets comme nous badgeons les employés.
Présenter un visage à haïr, n'était-ce pas la dernière trace d'humanité dans un processus juridique formalisé a l'extrême ?
Relié au monde par les ondes et la lumière, Arthur connaîtra ainsi, par bribes, les mutations d'Homo Sapiens. Passeront tour à tour à ses pieds les guerriers surarmés protégeant l'eau et le grain, les errants faméliques sevrés de carbone, les druides adorant Gaia, Les enfants aux grands yeux et aux pieds plats jouant dans la paix du village, les Minotaures et les centaures mêlant la bête et l'homme.
Le capitalisme est un tas de déchets. Il y a ceux qui arrivent à en faire du bon compost, et les autres.
Résultat, elle avait réservé le Petit Lutetia, une ancienne brasserie de la rive gauche rendue prétentieuse et insipide par le génie maléfique du nouveau propriétaire, l'un des deux frères Costes. Cette dynastie de restaurateurs était spécialisé depuis plusieurs décennies dans le saccage des établissements parisiens les plus mythiques, transformés en temples du faux luxe avec serveurs recalés du mannequinat, playlist tambourinante et desserts noyés de chantilly.