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Citations de Gaspard Koenig (274)


L’humanité s’était ruée pour comprendre l’infiniment grand des cieux mais restait balbutiante devant l’infiniment petit des sols.
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Les vers de terre sont des pharaons aveugles. Ils prennent le temps de vive, souverains d’eux-mêmes et maîtres de leur horloge biologique. Fuyant la lumière, ils sillonnent lentement leur royaume, se rétractant et s’allongeant comme des accordéons. Ils ne risquent pas de s’étouffer : ils respirent par la peau. Pour ne manquer de rien, ils entreposent leurs propres déjections et les réingèrent après fermentation. L’hiver, ils hibernent, roulés en boule dans une léthargie profonde. L’été, ils fuient la chaleur et se regroupent dans des chambres au frais, descendant plus profond à mesure que la température du sol augmente. Ils discutaillent en laissant passer la sécheresse. À leur mort au bout de deux ou trois ans, lorsqu’ils comparaissent devant Osiris qui pèse les cœurs, ils sont les champions : ils en possèdent cinq.
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Les Romains le savaient bien : Homo vient d’humus. Homo vit d’humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d’Homo. Simple.
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«Ver de terre, d’abord, ce n’est pas très gentil comme nom, c’est fait pour blesser. Il vaut mieux parler de lombrics pour leur redonner un peu de dignité scientifique. Famille : lombricidae. Espèce : lombricus terrestris. Et ces lombrics représentent la première biomasse animale terrestre. Autrement dit, si on les met tous sur une balance, ils pèseront plus lourd, et de loin, que les Homo sapiens, les éléphants et les fourmis réunis. Pour donner un ordre de grandeur, il y en a entre une et trois tonnes à l’hectare, en tout cas dans les sols où l’homme n’a pas posé ses sales pattes.»
Cette courte vidéo du professeur Marcel Combe qui circulait sur Youtube avait donné envie à Arthur de venir assister à sa conférence.
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Comme son héros Henry David Thoreau qui refusait de payer ses impôts à un État fédéral esclavagiste, Arthur ne voulait pas contribuer à la vaste machine de surveillance des citoyens et de destruction des sols. Les fonctionnaires étaient à ses yeux des collabos de l’agro-industrie, de mèche avec la FNSEA. Il n’allait certainement pas payer leurs salaires.
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Kevin se tut. Même si, incontestablement, Arthur avait raison, il n’aimait pas qu’on manque de respect aux anciens. Surtout à ces aigris qui avaient vingt ans dans les années soixante-dix et qui avaient tout changé à leur manière de faire. On leur avait vendu le progrès et ils l’avaient acheté comptant. C’était le pari le plus fou jamais tenté par une génération. Pari perdu, peut-être. Mais comment leur reprocher leur audace, leurs machines aux formes de vaisseaux spatiaux, leur soif de savoir inextinguible, leur espoir fou en un monde sans guerre ni famine ? De paysans, ils étaient devenus mécanos, chimistes, juristes, financiers et géopoliticiens. Leur échec était aussi celui de l’humanisme.
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La nature en sursis les invitait à philosopher. Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l'effondrement à venir.
(p.20)
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- Il y a tant de gens qui lisent ce journal ?

Mathilde le regarda sans rien dire, éberluée. Il semblait sérieux.

- Mais non, plus personne ne lit Libé.

- Alors...

- Plus personne sauf les autres journalistes. Ils vont se jeter sur toi. Un entrepreneur validé par les gardiens du temple libertaire, c'est de l'or. J'ai déjà reçu deux messages : BFM et la matinale d'Europe l. Tu vas devenir une star.
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J’ai été jusqu’au bout de mon expérience et j’ai constaté que nous étions déjà condamnés. Nous profitons encore un peu, ivres morts, du sursis que nous donnent les dernières gouttes de pétrole. Des matières organiques décomposées durant trois cents millions d’années dans les bassins sédimentaires, et bues en deux siècles, à pleines rasades.
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L’étranger restait pour Kevin une notion assez abstraite, qu’il considérait avec une bienveillante indifférence. Il s’y serait volontiers rendu s’il avait eu une bonne raison de le faire. À défaut, il ne voyait pas l’intérêt de consacrer tant de temps, d’argent et d’énergie à se translater d’un point à l’autre du globe. Pour qui avait la patience de regarder autour de soi, l’exotisme se trouvait partout. Le moindre cours d’eau ressemblait aux chutes d’Iguazù, la moindre rencontre aurait rempli un roman : question d’échelle.
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« Sans vers de terre, résuma Marcel Combe, plus de terre. Ce n'est pas un hasard si l’astrophysicien Hubert Reeves explique que la disparition du ver de terre est au moins aussi préoccupante que la fonte des glaciers. » Arthur se sentit accablé. Voilà qui n'allait pas arranger ses crises d'éco-anxiété.
(p.17)
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— Notre technique marche. Ta technique, celle que tu as mise au point. On connaît désormais le rythme de traitement et les rendements en compost. Quand l’usine du Limousin sera ouverte, il n’y aura plus aucun problème. D’ici là, il faut s’arranger. Encore quelques mois, au pire, un an. Avec le cash qu’on a en réserve, on pourra lancer la production très vite dès que tous les permis seront délivrés.
— Je ne vois pas de quelle production tu parles. On a menti. Il faut tout arrêter.
— Ne fais pas la tête, partner ! C’est de bonne guerre. Comme on dit dans la Valley : « Fake it until you make it. » On n’a fait de mal à personne.
— L’incinération, c’est le pire des…
— D’accord ! Ça représentera quoi, au final, ce qu’on a brûlé ? Une goutte d’eau dans l’océan du carbone. Alors que notre projet, il va changer le monde pour de bon.
Kevin fit la moue.
— Le monde du déchet, en tout cas. Veritas va justement mettre fin à tous ces fours à merde répugnants. On ne peut pas se faire hara-kiri, si près de la réussite ! Je dirais même qu’on n’en a pas le droit. Moralement.
Kevin se sentit fléchir. Il aurait voulu s’appesantir sur cette idée. « Moralement. » Au Petit Lutetia, Arthur lui avait parlé de deux types de morale, l’une intentionnelle, l’autre conséquentialiste.
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"Ce sont les lombrics, vous le savez, qui assurent l'essentiel de la vie du sol. Grâce à leur incessante digestion, qui leur permet d'ingérer chaque jour l'équivalent de leur propre poids, ils décomposent les matières organiques en éléments biogènes qui pourront ensuite alimenter les plantes. On estime que les lombrics avalent et rejettent chaque année trois cents tonnes à l'hectare. Oui, vous avez bien entendu, trois cents tonnes ! En fait, la terre sur laquelle vous marchez, la terre qui nous donne à manger, c'est en bonne partie du lombric, c'est-à dire du caca de ver de terre. Voilà pourquoi le grand Charles Darwin estimait que notre lombric est l'animal le plus important de I'évolution naturelle. Sans lui, tout s’écroule. »

- Ah oui, Darwin, murmura Arthur.
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Arthur prit conscience qu'on devait être mercredi. Il avait perdu le fil du calendrier ; plongé d'une aube à l'autre dans la marche continue des saisons, il ignorait désormais la monotone succession des semaines et des week-ends.
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Arrivé à la Souterraine, Kevin avait pris sa résolution. Il partirait vers le sud, en suivant le GR 654 qui le conduirait dans les forêts profondes et montueuses, sur les anciennes voies romaines bordées par les chênes et les charmes. Il passerait à travers les clairières où émergent des ruines de fours à pain et des chapelles couvertes de lierre. Il verrait des salamandres glisser dans un éclair jaune. Il croiserait peut-être des castors, de retour dans les rivières. En passant par la plaine, il s'arrêterait devant des vaches brunes qui le dévisageraient en ruminant. Dans les bourgs, il se glisserait entre les maisons en pierre aux volets fermés. Il irait où ses pas le mèneraient, comme il faisait ado.
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Jobard avait des remords, flairait l’air du temps, faisait quelques gestes de bonne volonté, abandonnait un ou deux pesticides. En vérité, rien n’était moins raisonnable que cette agriculture raisonnée. C’était la bannière de ceux qui savaient ce qu’il fallait faire et faisaient semblant de le faire. Arthur aurait presque été plus compréhensif avec un bon vieux céréalier de la plaine sincèrement persuadé des vertus de la chimie.
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Arthur leva les yeux au ciel. Il n'avait pas l'habitude d'être sermonné sur son écriture.

- il faudrait une chute un peu cinglante.

Arthur tapa avec agacement : « Longue vie à la vie, mort aux morts-vivants ! »

- Ça te va, cette fois ?

- Parfait. 1-2-2.

- Comment ?

- L'enchaînement de syllabes idéal pour les slogans. Ça donne du rythme. Blanche, croche noire, croche noire, et on recommence. Longue... vie-à... la-vie ! Mort... aux-morts... vi-vants !

- Tiens ! En effet. Longue... vie-à... la-vie ! Mort... aux-morts... vivants I
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La nature en sursis les invitait à philosopher. Ils ne refaisaient pas le monde, comme les générations précédentes. Ils le regardaient se défaire et tentaient de se trouver un rôle dans l’effondrement à venir.
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Les secrétaires ont beau avoir été rebaptisées collaboratrices et tutoyer leur employeur, elles n’en restent pas moins inchangées à travers les siècles, toujours jeunes et féminines, toujours à servir de défouloir.
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Les romains le savaient bien: Homo vient d'humus. Homo vit d'humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d'Homo. Simple.
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