Citations de Gemma Malley (179)
Debout à la fenêtre de son bureau, Richard Pincent profitait distraitement de sa vue panoramique sur Londres, symbole même de son pouvoir et de sa réussite. Il se sentait fatigué, malade... et inquiet.
Le pouvoir. La réussite. Il avait déjà l'impression de les perdre. Il fit quelques pas vers son bureau et s'y agrippa. Puis il se mit à respirer lentement. Inspirer...Expirer... Il finirait par trouver la solution. Aucun problème ne lui résistait.
Il entendait encore résonner en boucle les propos confus d'Albert à propos du "cercle de la vie". Le cercle de la vie? Comment fallait-il comprendre ces mots?
-Un jour ou l'autre, nous partons tous. Et d'autres viennent nous remplacer. Je ne suis qu'une feuille, Peter. Une feuille tombée d'un arbre pour l'aisser place à un bourgeon. Protège ses bourgeons, d'accord ? Et veillez les uns sur les autres.
Anna se redressa brutalement dans son lit, le cœur battant et le visage en sueur. Il avait beau faire nuit noire, elle se leva d'un bond et se précipita dans la chambre de Molly. Délicatement, elle tourna la poignée de la porte et s'agenouilla au pied du berceau de fortune. S'autorisant enfin à respirer normalement, Anna contempla sa fille endormie. [...] Tout allait bien. Molly allait bien. ce n'était qu'un mauvais rêve. Un cauchemar . Comme tous les autres.
De temps à autre, la fillette lâchait un soupir et tendait le bras dans son sommeil, comme pour atteindre un objet inexistant. Puis elle roulait sur le côté en suçant son pouce et, peu à peu, son doigt ressortait de sa bouche. Anna connaissait tout cela par cœur. Chaque nuit, depuis des semaines, elle avait regardé son bébé dormire, rassurée de voir que ses craintes n'étaient que le fruit de son imagination et que personne n'était venue lui voler son enfant. [...]
- Anna ?
La jeune femme sursauta. Debout dans l'encadrement de la porte, Peter l'observait d'un air intrigué.
- Qu'est-ce que tu fabriques ?
Elle rougit.
- Rien.
- Encore en train de la regarder dormir, hein ?
Elle se mordit la lèvre.
- Je... voulais juste...
Elle soupira
- J'ai fait un cauchemar.
- Laisse-moi deviner, murmura Peter. Les Rabatteurs ?
Elle croisa son regard. Ses yeux pétillaient avec tendresse.
- Non, pas cette fois, dit-elle en se relevant pour le rejoindre. J'ai rêvé de Sheila.
Et le pire, réalisa Anna - à sa grande honte, car rien ne devrait pourtant être pire que Mrs Pincent planifiant la mort de Peter -, le plus douloureux c'étaient ces paroles qui s'étaient enfoncées en elle comme la lame d'un couteau et que Mrs Pincent avait employées pour la décrire; ce mot d' "endoctrinée", qu'elle avait éructé, comme s'il s'agissait d'une chose répugnante dont elle aurait voulu se débarrasser.
Peut-être était-il grand temps de cesser d'écrire en effet, songea-t-elle en feuilletant les pages. Cesser d'écrire pour commencer enfin à vivre.
La vérité c'est que rien n'est tout blanc ou tout noir . Il n'y a que des nuances de gris
Je pense qu'on ne devrait jamais imposer sa présence.
ceux qui ont peur de la mort sont ceux qui n'ont pas vécu.
Elle se souvenait d'une époque, du temps de sa jeunesse, où l'énergie était encore disponible à volonté et où les gens pensaient que le recyclage suffisait. […] Avant que les politiciens soient contraints à l'action, parce que leur nouvelle vie éternelle signifiait qu'eux-mêmes, et non les générations futures, auraient à subir les conséquences de la dégradation climatique mondiale.
- Le droit?( il gloussa. Son sourire s'élargit et les rides apparurent de ses yeux à sa bouche, des rides profondes qui donnaient à sa figure une telle chaleur et une telle profondeur qu'Evie s'aperçut qu'elle n'avait plus peur de lui.) Le droit, c'est ce qui permet à une civilisation d'exister. Le droit, c'est ce qui évite à la société de sombrer dans une mêlée de vengeance et des crimes.
C'est le problème des rêves, vous voyez - on les déforme. Personne n'a le même. Et les rêves, quand ils deviennent réalité, ne sont jamais comme vous l'aviez prévu, jamais comme vous l'aviez espéré.
Personne n'a besoin de vivre toujours. Je pense qu'on ne devrait jamais imposer sa présence.
Parce qu'il suffisait d'une brebis galeuse pour contaminer tout le troupeau...
Il semblait si sûr de lui, si gonflé d'énergie et de curiosité, qu'Anna se sentait à la fois intriguée et mal à l'aise en sa présence. Les Surplus apprenaient la passivité, l'obéissance, or l'étincelle qui brillait dans les yeux de Peter lui donnait le sentiment d'observer quelque chose d'interdit, comme si elle se laissait entraîner dans un tourbillon en sachant pertinemment que le courant était sans doute trop fort et qu'elle ne savait peut-être même pas nager.
Oserez-vous me dire que le programme de stérilisation des Surplus n'a jamais existé, peut-être ? Oserez-vous dire à Anna qu'après toutes vos salades sur la "révolution" et "l'espoir des générations futures" elle ne pourra jamais avoir d'enfants ? Qu'elle ne pourra jamais devenir mère parce qu'on lui a trafiqué ou endormi le ventre, appelez ça comme vous voudrez ? Parce que moi, c'est au-dessus de mes forces.
"Je sais Où-Est-Ma-Place"
Il lui fallait cette sensation de se savoir acceptée pleinement, telle qu'elle était.
[...] l'étincelle qui brillait dans les yeux de Peter lui donnait le sentiment d'observer quelque chose d'interdit, comme si elle se laissait entraîner dans un tourbillon en sachant pertinemment que le courant était trop fort et qu'elle ne savait peut-être même pas nager.
Et je sais aussi que je ne signerai pas la Déclaration, même si cela me rend différente, voire suspecte aux yeux des autres. Personne n'a besoin de vivre toujours. Je pense qu'on ne devrait jamais imposer sa présence.
L'heure incorporée avait été l'une de ces Idées-Neuves pour Surplus développées à une époque où les foyers étaient encore relativement récents. Le temps n'était pas du coté des Surplus, disait Mrs Pincent ; le temps faisait parti de ces choses qu'ils ne méritaient pas. Les légaux avaient tout leur temps devant eux, mais les Surplus, eux, n'en étaient que les esclaves, comme le leur rappelait chacune des sonneries stridentes de Grange Hall annonçant les repas, le réveil ou l'extinction des feux.