L'étoile reviendra sur le jardin détruit..., Georges Shehadé
lu par Céline Samie
Quand la nuit est brillamment éparpillée
Lorsque la pensée est intouchable
Je dis fleur de montagne pour dire
Solitude
Je dis liberté pour dire désespoir
Et je vais bûcheron de mes pas
Egarer les mensonges
Dans une forêt de bois
Pleine de justice et de romances
Les arbres qui ne voyagent que par leur bruit
Quand le silence est beau de mille oiseaux ensemble
Sont les compagnons vermeils de la vie
Ô poussière savoureuse des hommes
Les saisons passent mais peuvent les revoir
Suivre le soleil à la limite des distances
Puis - comme les anges qui touchent la pierre
Abandonnés aux terres du soir
Et ceux-là qui rêvent sous leurs feuillages
Quand l'oiseau est mûr et laisse ses rayons
Comprendront à cause des grands nuages
Plusieurs fois la mort et plusieurs fois la mer
Je vous ai annoncé un grand oiseau de douleur
Je vous ai annoncé un grand oiseau de douleur
Au soleil d'or des mois punis
Au soleil des vieilles argiles
Un chant vous déchirera d'une aube à l'autre
O belle comme la caresse des platanes
Vous n'avez pas vu la croix des hirondelles
Fougères de la mémoire
La neige salée des feuilles sur les puits
De la cendre sur vos yeux
Si vous avez péché comme les grandes verdures
Le temps est un vieillard qui a la malice des enfants.
Dans le sommeil quelquefois
Des graines éveillent des ombres
Il vient des enfants avec leurs mondes
Légers comme des ossements de fleurs
Alors dans un pays si proche par le chagrin de l’âme
Pour rejoindre le pavot des paupières innocentes
Les corps de la nuit deviennent de la mer
Si jamais tu reviens en terre natale
A pas lents comme un cheval dont le soir
Accroît la fatigue
Oh va dans ce jardin
Retrouver la rose méconnaissable
Le chrysanthème à la crinière de lion
D'immenses araignées volent avec des papillons
Comme dans les fièvres de l'enfance
Souris ou pleure mais ne crains rien
C'est l'ombre qui remue avant d'être nuit claire.
Quand les yeux se perdent dans le sommeil
Comme au fond d'un puits les visages
Il vient un songe avec ses paysages
Sur le dormeur de la nuit
Et c'est dans un ciel noir fuyant ses étoiles
Une fenêtre à l'aurore
Avec une tête penchée de femme
Et qui demeure dans le songe une énigme
(" Les Poésies")
Sur une montagne où se déshabille le vent
Quand les troubadours de la lune
Un soir d'été
Auront joué nos coeurs aux dés
Dans ce pays d'infortune
Toi plus belle que jamais
Tu passeras dans la brume
Ce n'est pas des mots pour rien ce poème
Ce n'est pas un chant pour rien cette mélancolie
Voici l'automne et ses froides étoiles
Il reste assez de vent pour s'enfuir
L'oiseau d'Afrique demande l'heure
Mais la mer est loin comme un voyage
Et les pays se perdent dans les pays
Ecoute a travers les ramures
Le bruit doré d'un arbre qui meurt.
Lorsque nous aurons
Des plages douces à toucher par le regard
Et cette vie où l'ombre s'écarte du jour
Le repos viendra avec ses trésors
Vous et moi sur la Terre des plages
Ô mon amour qui demandez au sommeil les voyages