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Gaëtan Picon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070420629
162 pages
Gallimard (18/09/2001)
4.09/5   17 notes
Résumé :
Les Poésies comprenant Le Nageur d'un seul amour suivi de Portrait de Jules et de Récit de l'An Zéro

Par Georges Schéhadé
Que lire après Les Poésies, édition augmentée de 'Le Nageur d'un seul amour'Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je suis venue à la rencontre de ce poète, par la grâce d'un seul poème, découvert sur un site de poésie , je l'ai déjà cité, j'en retranscris ici les premiers vers:

" Ce n'est pas des mots pour rien ce poème
Ce n'est pas un chant pour personne cette mélancolie
Voici l'automne et ses froides étoiles
Il reste assez de vent pour s'enfuir"...

Il fait partie de ce recueil et il m'avait emplie de bonheur et de vague à l'âme à la fois, m'avait marquée sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi. J'ai voulu connaître l'univers de Georges Schehadé, libanais d'expression francophone, dont la vie s'est partagée entre Beyrouth et Paris, et qui est mort en 1989.Il a été aussi auteur de théâtre, avec des conceptions scéniques novatrices.

Les poèmes s'échelonnent entre 1969 et 1985. Dans une dimension un peu intemporelle, ils révèlent un monde onirique souvent, où l'enfance retrouvée ou plutôt réinventée est primordiale, un monde hanté par des visions surréalistes, entre nostalgie et émerveillement. La lune, la nuit, les jardins sont très présents.Le premier poème que j'ai lu reste mon préféré mais j'ai été touchée par de nombreux autres, il y a une atmosphère ésotérique, mystérieuse, dans ses textes, qui m'a attirée, et des métaphores inattendues et superbes. Comme dans ces vers:

" Une hirondelle a longé le soir
Elle est sans couleur sans force
Cette saison ne passera pas sans un nouvel astre
Son azur est chaud de toutes les nuits"

Cependant, les poèmes d'inspiration religieuse ne m'ont pas tellement plu et je suis restée hermétique à certaines associations de mots, peu compréhensibles pour moi.

Une approche intéressante en tout cas de ce poète assez énigmatique mais émouvant . Et des images saisissantes qui restent ancrées en moi, comme " la lune est un cristal de bonheur" ou " celui qui rêve se mélange à l'air"...
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Recueil retraçant la poésie écrite sur plusieurs
années par ce poète libanais de langue française
Georges Schehadé, né à : Alexandrie, le 02/11/1905
et mort à : Paris , le 17/01/1989.

Les différentes parties de l'ouvrage :
. Poésies I (1938)
. Poésies II (1948)
. Poésies III (1949)
. Poésies IV. Si tu rencontres un ramier (1951)
. Poésies V (1972)
. Poésies VI. le Nageur d'un seul amour (1985)
. Poèmes

Parmi les thèmes abordés l'enfance, l'amour
le natal pays, la mère, la nature, les jardins,
les symboles chrétiens – Dieu – églises
– anges, la poésie, sont truffés de visions
surréalistes.

Une écriture fluide, limpide, liquide voire
aqueuse offre un rayonnement surprenant
tout en grâce et simplicité.

On notera l'absence totale de ponctuation.


Ainsi les quelques citations ci-dessous à
déguster sans modération.

Poésies I (1938)
II
Je rêve en criant dans la maison des feuilles
C'est moi c'est moi disait la chanson fatiguée
Oh qu'on la délivre
Et que je m'en aille en emportant
Le mannequin de perles
Les bois sont morts
Et par la plaie les feuilles s'envolent
p.19


Poésies I (1938)
VIII
Une nuit de belles larmes comme des troupes
Une nuit de poésie
Devant les carpes de la fontaine
Ma bouche dans vos larmes jusqu'au sel

Jusqu'où irons-nous en Amour
Vous qui êtes à l'image de Dieu
p.30


Poésies I (1938)
XIV
Ô soleil Ô lune
Ô poésie de mon enfantement
Les comètes annonçaient les présages des grappes
Mes tantes causaient en mourant
Et dans les arbres dormait la femme de la vieillesse
Ses colombes et ses serpents
p.44


Poésies II (1948)
IV
Comme ces lacs qui font très mal
Quand l'automne les couvre et les bleuit
Comme l'eau qui n'a qu'un bruit mille fois le même
Il n'est nul repos pour toi ô ma vie
Les oiseaux volent et s'enchaînent
Chaque sommeil est d'un pays
Et toi dans les feuilles de cette plaine
À l'avant de ton visage tant d'adieu
p.60


Poésies II (1948)
VIII
Ô mon amour il n'est rien que nous aimons
Qui ne fuie comme l'ombre
Comme ces terres lointaines où l'on perd son nom
Il n'est rien qui nous retienne
Comme cette pente de cyprès où sommeillaient
Des enfants de fer bleus et morts
p.64


Poésies II (1948)
XVII
Il pleut sur vos genoux des médailles de nuit
Et toujours sur vos plaies ce soufre d'ange
Vous qui dormez d'une rose habillée
Nous serions mieux ensemble
Mêlés à Dieu dans les églises bien-aimées
p.73


Poésies III (1949)
IV
À Pierre Robin.
Quand l'oiseau se déchire avec son chant
Les feuilles incertaines de leur mélancolie
Parfois cessent leur plainte
L'air au loin finit et ne veut plus entendre
Nous passons alors avec nos chiens de dimanche
Sur le ciel et dans le verger
Et pour l'exil de nos images
Nous donnons une ombre à chaque enfant du soir
p.78


Poésies III (1949)
XV
Sous un feuillage indifférent à l'oiseau salarié
Je dis que les pommes sont justes et belles
Dans la tristesse du matin
Je parle d'une rose plus précieuse
Que les rides du jardinier

Parce que les livres sont dans les chambres
Parce qu'il y a de l'eau dans le corps des amants
p.89


Poésies IV. Si tu rencontres un ramier (1951)
II
Dans le sommeil quelquefois
Des graines éveillent des ombres
Il vient des enfants avec leurs mondes
Légers comme des ossements de fleurs
Alors dans un pays lointain si proche par le chagrin de
 l'âme
Pour rejoindre le pavot des paupières innocentes
Les corps de la nuit deviennent la mer
p.94


Poésies V (1972)
XX
Il y a loin
En Asie joliment longue
Le nageur d'un seul amour
p.128


Poésies VI. le Nageur d'un seul amour (1985)
VI
Son corps avait la douceur de l'eau dans les mains
Un collier bleu marquait sa faiblesse
Pour elle la rose écrit son poème
Et le matin a tous les regards
Montagnes lointaines où les gens d'autrefois
La pluie qui appelle
— Cette femme n'est pas un songe
Elle doit être morte maintenant
L'image accompagne le vent pour elle
p.134


Poésies VI. le Nageur d'un seul amour (1985)
XIV
À travers l'or des bougies
Dans vos habits toute rouge peinte
Je vous retrouve dans une église la nuit
Icône de très douce patience
Et c'est folie si près de vous et de ne pas voir
Dans vos yeux humbles comme la nuit et plus noirs
Ce poème encore jamais écrit
p.142
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Ce recueil de poèmes de Georges Schehadé est un vrai petit bijou. Gaëtan Picon, qui a écrit la préface, utilise les mots exacts pour évoquer cette poésie qui nous prend de l'intérieur : "Quel est donc le secret de la séduction, d'où viennent cet éclat de rosée, ce tintement de cristal, que chacun reconnaît, et cet air de fraîcheur toujours si délicieuse ? D'où vient qu'en touchant la tristesse du poème, nous la perdions dans le poème ?". Il y a là une "senteur unique" et "incomparable".
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Les arbres qui ne voyagent que par leur bruit
Quand le silence est beau de mille oiseaux ensemble
Sont les compagnons vermeils de la vie
Ô poussière savoureuse des hommes

Les saisons passent mais peuvent les revoir
Suivre le soleil à la limite des distances
Puis - comme les anges qui touchent la pierre
Abandonnés aux terres du soir

Et ceux-là qui rêvent sous leurs feuillages
Quand l'oiseau est mûr et laisse ses rayons
Comprendront à cause des grands nuages
Plusieurs fois la mort et plusieurs fois la mer
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Récit de l'an zéro


Ils se rencontrèrent au bord d’un bassin
pour donner à boire à leurs montures
par nuit claire
trois Mages et trois chevaux
Mais lorsqu’ils se penchèrent
ils se multiplièrent
ils furent six dans l’eau.
Six Mages et six chevaux
voilà le premier miracle !

Or quand ils furent en selle
Mages (et chevaux) volontiers reconnurent
avoir été dupes de leurs images
par nuit claire
Ils rirent (et en convinrent)
au souvenir de l’eau.
En attendant l’Étoile avait disparu
et lorsqu’ils levèrent la tête
le ciel était brillant et absent.

L’Étoile était accrochée à un figuier
derrière une feuille
(bâillant une figue l’avait retenue).
L’arbre cette nuit fut bel et bien battu
par trois personnages barbus.
Ainsi fut délivrée l’Etoile captive
au milieu de hennissements et de cris
(et sans égards pour les vertus
d’un arbre centenaire).

L’Étoile glissa sur un rail
et reprit sa course
laissant sur le figuier transi
une laine blanche.
Devant la bonté de l’Étoile brillante
ils eurent remords d’avoir
maltraité un vieil arbre
et s’en excusèrent auprès de leurs ombres
(étant seuls et faute de mieux).

Les voilà à leur tour partis
les trois Mages
remuant leurs gros sourcils
par nuit claire
Et tandis qu’ils serraient
les riches présents de leurs coffrets
(or, encens et myrrhe)
leurs chevaux abandonnaient sur l’herbe
du beau crottin doré comme l’avarice.

Melchior dit à Gaspard
Gaspard dit à Balthazar :
« Réjouissons-nous car notre foi est la même.
« Les mêmes sont nos amours
« sur la route de Bethléem... »
Puis devant cette âme commune et nouvelle
ils se saluèrent et volontiers
reconnurent qu’ils étaient un
Un seul Mage sur trois montures.
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                III
                      À Jean-Claude Morin


    Sous le soleil violet du temps passé
     Dans le voyage des feuilles mortes
   Il était une fois un jardin sans fleurs
          Personne n'y venait
          Ni l'écho ni les âmes
À part quelques chasseurs fatigués par leur âge
          Qui traversaient par là


                IV

Comme un enfant d'autrefois dont le cri se perd
     Dans un verger de pommes blanches
   Quand la lune couvre tout de son amour
       Je revois dans un miroir désert
   Mes souvenirs avec des cannes blanches
  Et je ne sais pas qui d'eux ou bien de moi
           Est le plus à plaindre
      Tellement les années sont cruelles

       Lune légère ô miroir d'absence
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Sur une montagne
Où les troupeaux parlent avec le froid
Comme Dieu le fit
Où le soleil est à son origine
Il y a des granges pleines de douceur
Pour l'homme qui marche dans sa paix
Je rêve à ce pays où l'angoisse
Est un peu d'air
Où les sommeils tombent dans le puits
Je rêve et je suis ici
Contre un mur de violettes et cette femme
Dont le genou écarté est une peine infinie

(extrait de "Poésies II", 1958) - p. 57
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Ce n'est pas des mots pour rien ce poème
Ce n'est pas un chant pour rien cette mélancolie
Voici l'automne et ses froides étoiles
Il reste assez de vent pour s'enfuir
L'oiseau d'Afrique demande l'heure
Mais la mer est loin comme un voyage
Et les pays se perdent dans les pays
Ecoute a travers les ramures
Le bruit doré d'un arbre qui meurt.
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L'étoile reviendra sur le jardin détruit..., Georges Shehadé lu par Céline Samie
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