Citations de Georgina Tuna Sorin (61)
Ce silence merveilleux m’entoure, me rassure… Je me vautre dedans, trop heureuse de retrouver ma liberté de mouvements. Puis je réalise le changement qui s’opère progressivement sous mes yeux : la lumière, d’abord tamisée, s’intensifie au fil des secondes au point d’en devenir aveuglante.Je n’entends plus les battements artificiels de mon cœur qui s’est tu. Mais qu’importe, je me sens bien, ici ; je n’ai plus peur, je suis euphorique. Cette lumière à laquelle je peine à m’habituer m’aveugle, mais ma vision encore troublée me permet malgré tout de deviner une silhouette au loin.
J’envie sa douleur, elle le renvoie à la vie. Mais moi, je n’ai que cette absence. De mots, je suis incapable de parler. De douleur, je ne sens rien. Je ne ressens rien si ce n’est cette peur qui ne me quitte plus. J’entends Mathis qui hurle toujours sa douleur. Ses cris déchirent la nuit, on n’entend que lui.
Le voir, l’entendre rire. Il est tellement beau quand il est heureux… Je ne veux pas y retourner, maman. Il le faut, Anna. Trouve les réponses. Mais à quoi bon, maman ? Elles ne changeront pas la fin de l’histoire…
J’étais si heureuse. Je crois que je suis amoureuse. Je ne m’y attendais pas. Il est parfait, maman, tu l’aurais aimé… Je ne vois rien, je suis dans le noir. Tout se brouille autour de moi, et pourtant je me sens bien. L’amour guérit toutes les blessures, Anna. Je n’ai plus mal, j’arrive au bout du chemin, maman. Encore un effort, Anna.
On prolonge simplement l’instant pour retarder le moment où la vie devra reprendre son cours. Après cette soirée, chacun le sait, on risque de ne plus se revoir tous ensemble avant un bon moment.
Je ne comprends pas ce qui les pousse à infliger de tels sévices à leur corps. Volontairement. J’ignorais la brutalité des lendemains de cuite. Mais puisque je la connais, désormais, je me fais la promesse de ne plus jamais la subir.
J’ai honte. Putain, je crois que j’aimerais m’enfoncer dans le sol et disparaître. Je leur tends mon majeur pendant que je continue de remplir la bassine, en espérant naïvement que ça les calmera. Évidemment, mon geste provoque la réaction inverse : ils se remettent à chanter de plus belle.
J’ai peur que tu aies honte de moi. Je dois y retourner, réparer mes erreurs. Tu ne peux pas changer le passé, Anna. Je ne veux pas retomber dans le noir. Le noir me fait peur, maman. Je sais, Anna. Je veux voir de nouveau, je veux comprendre pourquoi je suis ici, maman. La nuit m’effraie… Alors cherche la lumière, Anna.
Ces deux-là, surtout quand ils sont ensemble, restent droits dans leurs bottes, même quand ils ont tort. Encore plus quand ils ont tort ! Et ils prennent un malin plaisir à forcer le trait en voyant Sophie perdre patience.
Le vert de ses yeux et ses cheveux couleur blé subliment son teint hâlé, sa silhouette longiligne et son sourire bienveillant. Je crois qu’elle m’intimidait trop pour que j’ose l’aborder. Pourtant, les occasions ne manquaient pas puisque Sophie passait le plus clair de son temps avec elle.
Je me suis promis que ce premier chagrin d’amour serait le dernier : notre rupture, brutale et unilatérale, m’a privée de mon appétit, de ma joie de vivre et de ma dignité durant plusieurs semaines. Une douleur que je me suis appliquée à ne plus jamais ressentir. Encore moins pour un garçon.
Martin, c’est le beau gosse parmi les beaux gosses, incorrigible don Juan des temps modernes. Son physique n’a pourtant rien de commun ; rien chez lui ne répond aux canons de beauté traditionnels. À commencer par sa taille : un petit mètre soixante-dix, honorable, mais loin du mètre quatre-vingts malgré tout. Une corpulence plutôt charpentée et un visage marqué par une barbe de trois jours mal taillée lui donnent un côté sauvage, indomptable.
« Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par se lever. »
Surprise de ne pas voir son amie faire les cent pas devant l'aérogare, elle se met en quête de son téléphone, qu'elle touche du bout des doigts lorsqu'elle se retrouve violemment projetée au sol. Encore sonnée, elle lève la tête pour trouver un coupable à blâmer :
- Vous ne pouvez pas regarder où vous allez ? l'admoneste-t-elle.
L'homme, qui se masse la poitrine, affiche un sourire mi-outré, mi-amusé.
- Vous... C'est une blague ? Vous aviez le nez dans votre sac ! proteste-t-il en tendant le bras dans sa direction.
Elle souffle, accepte la main offerte par ce malotru pour l'aider à se relever. Tandis qu'elle fait un rapide état des lieux de son corps, elle redresse la tête pour observer son agresseur ; s'il n'était pas si arrogant, elle pourrait le trouver charmant. Mais ce physique de jeune premier, loin d'adoucir l'agacement d'Azelys, ne fait que l'accroitre : pour qui se prend-il à la fixer ainsi de ses grands yeux bleus ?
- Ca devient gênant...
Comment elle dit mamie, déjà ? Ah oui : on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
— N’oublie pas que tu es…
— Je sais. Je suis belle, je suis forte, je suis intelligente. Maman dit que c’est notre mantra. Un mantra, c’est une sorte de phrase magique. Elle affirme qu’à force de la répéter, on finit par y croire. Et c’est vrai que chaque fois que je prononce cette phrase, ça me donne confiance en moi.
C’est triste les gens qui n’ont pas de rêve, ils font quoi quand ils s’ennuient ?
Le courage m'a fait défaut ce jour-là, comme tous les autres. Je suis dégonflée et, selon l'une des rengaines préférées de Thomas, on à la vie qu'on mérite. La mort est un luxe que la vie m'a refusé.
J'arrive de bonne heure à l'école. Pap est en déplacement, et maman a une réunion, elle ne peut pas prendre le risque de se retrouver coincée dans les bouchons. Dès que les copains débarquent, je comprends que maman avait tort : ils se souviennent tous. De tout. Personne n'a oublié, même les parents me félicitent pour le livre.
[...]
Quand je passe à côté de Sara, elle me fait un croche-pied et je tombe.
- Oups ! Pardon, chuchote-t-elle en ricanant.
La peste ! Je sais qu'elle l'a fait exprès !
J'ai demandé à mes parents de m'inscrire au club de théâtre à la rentrée. Et ils ont accepté ! Puisque mes copains y vont depuis qu'ils ont cinq ans, il faut que je rattrape mon retard. Je compte bien décrocher un rôle dans le spectacle de fin d'année, et pas question de faire de la figuration !
Quand j'ai raconté mon rêve à mes copines, elles se sont moquées de moi. Elles m'ont dit que c'était impossible.
- Pour devenir une star, il faut déjà être une star, m'a rétorqué Alizée.
- Bah oui, c'est sûr, a ajouté Sara.
Elles m'ont dit ça comme si c'était logique, alors je les ai laissé parler. C'est triste les gens qui n'ont pas de rêve, ils font quoi quand ils s'ennuient ?