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Critiques de Graeme Macrae Burnet (184)
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L'Accusé du Ross-Shire

Ce bouquin est très original et j'ai du mal à le classer dans une catégorie : roman noir sans doute. L'histoire se passe au milieu du XIXe siècle dans la campagne écossaise où les gens ne parlaient guère que le gaélique. L'atmosphère est bien décrite dans un vocabulaire qui sonne juste. Le déroulement lent n'a provoqué aucun ennui pour ce qui me concerne. J'ai été prise par l'histoire et j'ai eu envie très vite de connaître la fin. Vraiment à découvrir.

Une mention spéciale pour le vocabulaire et la formulation, et bien sûr pour la traduction qui n'a pas dû être facile.
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L'Accusé du Ross-Shire

Lachlan le Large, un régisseur nouvellement nommé sur le domaine où travaille notamment le paysan, le Noir MacRae décide d’humilier ce dernier et sa famille pour une histoire de mouton.

Roderick, le fils MacRae, souffrant tellement de toutes ces humiliations, se met en tête de tuer Lachlan le Large mais trouve sur son chemin le jeune fils et la jeune fille de ce dernier qu’il achève sans états d’âme.

Nous assistons à l’enquête préliminaire, au procès nourri par la Science des médecins formés dans leur coin à l’époque des balbutiements de la psychiatrie…

Tout est joué d’avance, le paysan triple meurtrier, le pauvre régisseur n’ayant fait que son boulot…

Ce roman « historique » dans ce que les éléments du meurtre ont été inspirés par un authentique triple meurtre français, est très bien construit. L’auteur a fait un travail de recherches considérable sur la vie des paysans en 1800. C’est une reconstitution tout à fait plausible de la vie misérable et sans horizon d’une famille de paysans à cette époque. Quel que soit le pays, c'est le thème universel des opprimés.



Merci aux éditions Sonatine et à Babelio de m’avoir fait découvrir cet auteur sympathique bourré d’humour que j’ai eu le privilège de rencontrer et dont je lirai volontiers la prochaine sortie chez Sonatine de la traduction du roman The Disappearance of Adele Bedeau : La disparition d’Adèle Bedeau.

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Une patiente

Je me suis intéressée à ce livre parce qu’il fait partie de la sélection pour recevoir le Prix The Booker Prize 2022 et je dois dire que le résumé m’a fait très envie.



La psychologie me fascine autant qu’elle me fait peur alors je n’ai pas hésité très longtemps pour me plonger dans ce livre.



Je ne saurais déterminer s’il s’agit d’une fiction ou de faits réels, j’ai essayé de faire des recherches, je n’ai pas trouvé de Arthur Collins Braithwaite, je suppose donc qu’il s’agit d’une fiction mais je dois dire que l’auteur a semé le doute dans mon esprit car le livre est écrit de la même manière qu’un récit ou une biographie.



Je me suis quand même laissée emportée par l’écriture mais je pense que ce livre ne plaira pas à tout le monde, moi-même, j’ai préféré certains passages à d’autres.



J’ai trouvé assez moyen l’histoire du psychothérapeute Collins Braithwaite par contre j’ai adoré quand sa fameuse patiente a prit le relais et a raconté son histoire. Les deux récits s’alternent, ce qui fait que le temps n’est pas trop long sauf sur la fin, vous savez ce fameux moment où on a hâte que ça se termine.



La fin est un poil décevante et finalement le plus intéressant (je veux parler de la relation du psychothérapeute et de sa patiente) à été bâclé et n’a finalement que très peu d’intérêt alors que c’est ce qui est mis le plus en avant dans le résumé. C’est dommage car à mon humble avis, il y avait du potentiel pour créer une histoire à couper le souffle et qui aurait pu me marquer pendant très longtemps !



Allez maintenant place à la lecture suivante… NEXT !
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L'Accusé du Ross-Shire

L’auteur de ce roman nous présente cette histoire sous une forme originale : sous couvert d’une découverte documentaire sur un de ses aïeuls, il écrit à la fois un roman policier (même si l’énigme est éventée dès le départ) mais aussi un roman historique et une peinture de la société écossaise durant le XIXe. Tout d’abord un résumé rapide de ce qui s’est passé dans la préface. Puis les dépositions de quelques témoins qui nous montrent Roderick Macrae sous des profils différents, voire opposés. Après, le gros morceau du roman, le témoignage écrit du coupable : le récit d’un jeune homme intelligent, vivant dans une pauvre ferme écossaise. Le récit d’un médecin, spécialiste d’anthropologie criminelle afin de déterminer de l’état du prévenu. Enfin le procès proprement dit.

La famille Macrae, depuis la mort de la mère et surtout la nomination d’un nouveau constable, Lachlan le Large, subit les humiliations et sanctions de la part de ce dernier, mettant en péril le fragile équilibre économique de la ferme. De son côté, Roderick montre un côté lunaire, un jeune homme souvent maladroit, distrait et incompris par les autres gens du village. Et également amoureux de la fille du constable. et peu à peu, dans la tête du jeune homme, s’impose l’idée que se débarrasser de Lachlan le Large est finalement la solution à tous les problèmes de sa famille.

Mais au-delà de cet événement macabre, c’est la situation de la population écossaise qui est décrite, une population pauvre sous la domination de grands propriétaires terriens anglais, distants et laissant de « petits chefs » faire le sale boulot à leur place et asseoir leur emprise. Cet aspect social et historique apporte indéniablement un plus à ce qui pourrait n’être qu’un policier historique de plus. Une belle surprise.
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L'accident de l'A35

Comme dans "La disparition d'Adèle Bedeau" , ce roman emmène le lecteur dans la petite ville de Saint-Louis , en Alsace .

Bien qu'il y ait un semblant d'enquête , ce n'est pas vraiment

un roman policier .

Comme dans le livre précédent de , "L'accident de l'A35" est un roman d'atmosphère : Graeme Macrae Burnet y fait suinter l'ennui de la province , l'importance des apparences .... ambiance Simenon et Chabrol ....

Les moindres faits et gestes des personnages principaux sont disséqués , analysés et tout comportement, même banal , peut susciter commentaires , interrogations , suppositions ...

Je ne me suis pas ennuyé mais je n'ai pas été passionné non plus ...

une énorme impression de redite !

Si le prochain opus de cet auteur est de la même veine , ce sera sans moi .







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L'Accusé du Ross-Shire



Comme dans "la disparition d'Adèle Bedeau" (que j'ai beaucoup aimé), l'auteur joue avec son lecteur, entre fiction et réalité, construisant un roman qui bouscule les habitudes. L'alternance des points de vue oblige à sans cesse remettre en question les certitudes. Cette fois encore, pas de héros sympathique, mais une succession de personnages antipathiques, englués dans leur vie morne. La reconstitution d'un hameau perdu au fin fond de l'Écosse en 1869 est tout bonnement stupéfiante, on s'y croirait !

Attention toutefois : les amateurs de thrillers avec rebondissements et retournements de dernière minute n'y trouveront pas leur compte. Burnet livre ici une histoire âpre, sombre, sans fin rocambolesque.
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L'Accusé du Ross-Shire

Sur la demande de son avocat, Roderick Macrae, jeune homme de dix-sept ans, incarcéré pour le meurtre de trois personnes, livre son témoignage sur les évènements qui l'ont conduit à devenir un assassin.



La première partie est consacrée à la vie de Roderick dans les Highlands au XIXe siècle. Il nous raconte comment une vie déjà difficile peut devenir insurmontable quand le sort s'acharne sur une famille de pauvres paysans. La mort de la mère a fait sombrer la famille dans une tristesse que le père ne peut enrayer. Ce père est un personnage assez sinistre, enfermé dans une religion toute tournée vers la punition des péchés, réels ou à venir, qui parle peu et semble subir les évènements avec fatalité.



La nomination de Lachlan le Large comme constable du village, accable un peu plus la famille Macrae. L'inimitié entre les deux familles est tenace et du haut de sa fonction Lachan va pousser les Macrae à la faute de façon constante . Couchant avec la fille, utilisant le fils pour ses travaux, reprenant sans cesse le père sur le respect de règles connues de lui seul , il arrivera à obtenir l'expulsion des Macrae. Cette expulsion poussera Roderick à tuer Lachlan mais aussi sa fille et son fils , crime pour lequel il va être jugé.



La deuxième partie , retrace le procès. L'avocat de Roderick plaide la démence . Les témoignages des uns et des autres se succèdent pour tenter de faire le portrait de Roderick. On découvre au travers des médecins "psychiatres" les balbutiements de cette spécialité et le poids de leur science sur l'avenir de l'accusé.Leur savoir s'établit au prix d'un grand mépris pour les plus pauvres mais ils ont eu le mérite de poser les premiers jalons d'une nouvelle spécialité médicale. Ils ne sont pas les seuls à mépriser ces paysans des Highlands, tout homme de la ville , aussi petite soit-elle, toute personne ayant une once de pouvoir les prend pour des individus sales, stupides et plus proche de la bête que de l'homme sans tenir aucun compte des conditions de vie.



Les différentes pistes pour expliquer le geste de Roderick restent ouvertes, préméditation ou non, objet réel de la rancoeur de l'accusé... à chacun de se faire une idée.



C'est un roman passionnant par son côté historique, un versant permet de "voir" la vie d'un pauvre écossais , vie rugueuse s'il en est et un autre donne à voir la justice et la médecine de cette époque.smilesmile



Je remercie Babelio et les éditions Sonatine pour ce roman.
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L'Accusé du Ross-Shire

Page Facebook: Pascale Bookine

Blog: pascalebookine.eklablog.com



«His Bloody Project» («L’Accusé du Ross-shire») m’a attirée par sa qualité de finaliste au Booker Prize et par les nombreux éloges dont il faisait l’objet : présenté comme un «formidable puzzle romanesque » et un «thriller hors norme», mélangeant drame judiciaire et contexte historique, il avait a priori tout pour me plaire. Au risque d’aller à contre-courant de la majorité des avis (ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière ;-) ), je dois reconnaître que j’ai terminé cette lecture avec un avis mitigé et un léger sentiment de déception.



Les recherches généalogiques de l’auteur sont à l’origine du roman : en effet, Graeme Macrae Burnet y trouve trace d’un certain Roderick Macrae, jeune homme de dix-sept ans accusé en 1869 d’un triple meurtre particulièrement barbare dans un petit village des Highlands. Le roman est basé sur le récit de Roderick, présenté en alternance avec des témoignages, des rapports médicaux, des articles de presse, des extraits de son procès, le tout offrant au lecteur une vision des événements tragiques l’ayant mené devant ses juges.



D’un point de vue historique et littéraire, le roman est effectivement une œuvre de qualité : bien écrit, parfaitement documenté, il nous plonge avec réalisme dans la vie d’une petite communauté écossaise du 19ème siècle : les difficultés quotidiennes, l’exercice (arbitraire) du pouvoir, le fonctionnement de la justice. Il nous offre également une perspective et une réflexion intéressantes sur la question de la responsabilité de ses actes et de la difficulté à la déterminer.



Ma déception est donc plutôt celle d’une amatrice de romans policiers et d’énigmes, dans la mesure où j’ai attendu vainement ces moments délicieux où l’on se fait surprendre. Ceci est peut-être dû à la contrainte historique, l’auteur étant sans doute limité dans sa liberté littéraire par des faits auxquels il souhaitait se tenir. En outre, la succession des points de vue génère par moments des répétitions un peu fastidieuses (le point positif étant que cela permet de rappeler l’ensemble des données) et l’attribution du récit au narrateur, Roderick, m’a paru peu plausible : est-il réellement concevable de trouver une telle qualité d’écriture et d’analyse chez un jeune homme pour le reste si peu adapté à la vie sociale ?



Sans être un mauvais roman, loin de là, «L’Accusé du Ross-shire» n’a donc pas été, à mon sens, à la hauteur des éloges que j’avais pu lire -en particulier, ses qualificatifs de «truly ingenious thriller» ou «mesmerising literary thriller», qui sont sans doute en partie à l’origine de ma déception. Je pense qu’il plaira davantage aux amateurs de romans historiques -de ce point de vue, il remplit parfaitement le contrat- qu’aux lecteurs en quête de mystère et de thrillers, car c’est là selon moi que le bât blesse. A vous de juger...
Lien : http://pascalebookine.eklabl..
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Une patiente

Parmi tous les genres de littérature, ma préférence va aux thrillers psychologiques. Quand j’ai une baisse de moral, par exemple, je me plonge dans un bon petit thriller pour me rebooster. Cela peut paraître bizarre, mais je ne suis pas la seule à faire ça. Quand j’ai vu La patiente de Graeme Macrae Burnet sur NetGalley, je me suis dit que cette lecture serait parfaite comme doudou et pour me faire oublier mes dernières lectures numériques qui ont été petites déceptions. Spoiler : bof.



L’histoire démarre de manière originale : l’auteur Graeme Macrae Burnet qui se documente sur le psychothérapeute Arthur Collins Braithwaite qui a exercé dans les années soixante en s’intéressant à une thérapie innovante, reçoit les journaux intimes d’une jeune femme écrits alors qu’elle consultait Braithwaite. Le roman alterne entre le journal et la biographie de Braithwaite écrite par Graeme Macrae Burnet, qui finit par nous questionner : Braithwaite a-t-il existé ? Spoiler : nan, je ne vous dis pas !



La sœur de la jeune femme qui consulte le psychothérapeute, Veronica, s’est suicidée à vingt-trois ans alors qu’elle semblait avoir tout pour être heureuse. L’autrice des journaux intimes pense reconnaître sa sœur dans un portrait fait par Braithwaite. Elle décide donc de le consulter pour en savoir plus et tenter de comprendre le geste de sa sœur. Mais pas sous son nom pour ne pas être reconnue. Elle se crée donc le personnage de Rebecca Smyth, une femme complexe et décomplexée qui offre à notre jeune femme une liberté qu’elle ne s’autorise pas.



Tous les éléments sont réunis pour passer un moment un peu en apnée, un peu inconfortable, un peu malmené. En avançant dans l’histoire, on découvre l’alter ego de Rebecca Smyth s’effacer et vaciller. Un psychothérapeute que personnellement je fuirais comme la peste tant il semble fou et même malsain (là, c’est mon point de vue, je reste persuadée qu’un type comme lui finirait par me broyer).



Je n’ai absolument aucune idée de pourquoi je n’ai pas accroché. Peut-être l’atmosphère générale ? Quoi qu’il en soit, si j’ai bien aimé, le rendez-vous n’a pas eu lieu avec La patiente. Dommage. Mais il n’a surtout pas eu lieu avec le psychothérapeute et là franchement, ouf !
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Une patiente

J’ai lu "Une patiente" de Graeme Macrae Brunet.. et j’en suis restée.. perplexe..



📚📚 En lisant la quatrième de couverture .. ce fut le coup de cœur !, Une jeune Londonienne brillante, est dévastée par le suicide de sa sœur. L’incompréhension s’installe. Mais, lors de la lecture du livre d’un célèbre psychothérapeute, elle tombe sur le cas « Dorothy » dont les ressemblances avec sa sœur sont.. troublantes!

Elle va donc décider d’entamer une thérapie avec ce psychothérapeute un peu particulier sous le nom de Rebecca Smith. Le jeu est pervers et l’issue incertaine, elle y jouera quand même.



💭💭 Cette histoire qui avait tous pour plaire s’est avérée décevante pour ma part.. j’avais de grandes attentes aux vues de ce résumé alléchant..

La quête de vérité s’est transformée en quête de reconstruction pour le personnage principal. La thérapie entamée n’est que très peu mentionnée, j’ai même eu du mal à saisir le lien, s’il existe, entre ce psychothérapeute dont je connais la vie par cœur tellement elle y est longuement racontée, et le suicide de la sœur de Veronica, qui est sensé être la pièce maîtresse le l’histoire mais dont on ne parle que lors du premier chapitre.

Nous assistons plus à la perdition de la sœur de la victime, dont les failles psychologiques sont grandes et marquées que à la recherche d’un lien entre thérapie et suicide. Alors même si le jeu qu’elle entreprend est sûrement pervers l’issue en est loin d’être incertaine..



🤍Je tiens à dire que malgré ma déception due à mes grandes attentes, ce livre est très bien écrit, l’histoire n’en reste pas moins touchante et sa lecture enrichissante ! 🤍

✖ Je pense ne pas avoir su saisir la face cachée de l’histoire, captée l’atmosphère, peut être suis-je trop terre à terre pour ce genre d’ouvrage 🤷

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L'accident de l'A35

Je me suis faite avoir par le titre : ce roman ne se déroule pas façon Fast and Furious comme sur une autoroute. Il est au contraire plutôt lent.



L’action se déroule dans les années 80, je dirais : pas de téléphone portable, les trains desservent encore les petites gares.



Il y est question de notaires de province en Alsace, d’adolescence (période difficile) et d’enquêtes de police étranges.



Je découvre l’auteur et son inspecteur Georges Gorski en pleine séparation avec son épouse et au penchant alcoolique.



J’ai aimé qu’il s’occupe de cet accident au départ banal. En revanche, son acolyte de Strasbourg prêt à tout pour clore son affaire m’a horripilé.



Quel étrange adolescent que Raymond, qui vole un couteau qui lui plait chez un antiquaire, qui suit une jeune fille qui sort d’un immeuble. Pauvre adolescent….



J’ai aimé m’arrêter dans des troquets qui ne payent pas de mine, avec leurs habitués, leur patron indéboulonnable et les regards en coin.



Un roman introspectif d’un certain art de vivre dans une petite ville.



L’image que je retiendrai :



Celle du nombre de bières consommées, normal, en Alsace.
Lien : https://alexmotamots.fr/lacc..
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L'Accusé du Ross-Shire

L'auteur a fouillé les archives concernant l'un de ses ancêtres pour nous conter, de façon romancée, un triple meurtre qui survint en 1869 dans les Highlands écossais.

Roderick Macrae, un jeune paysan, assassine froidement le constable du village et sa famille pour venger son père, victime de ses brimades et des nombreuses injustices subies. En prison, Roderick couche sur papier le récit de sa vie et les raisons qui aboutiront aux meurtres. Malgré son milieu et un comportement parfois bizarre, il possède un talent certain pour s'exprimer et pour écrire.

L'auteur divise son roman en trois parties bien distinctes, ce qui en fait son originalité. La première partie est la transcription de ces écrits. C'est surtout une façon de décrire l'existence de ces paysans peu instruits, travaillant une terre qui appartenait à une sorte de seigneur et gérée par le constable local, personnage élu par les habitants du village mais généralement très mal vu car il usait et abusait de son autorité. Lachlan « le Large » dépassa les bornes et fut donc assassiné par Roderick. On rentre vraiment bien dans cette atmosphère faisant parfois penser au Moyen Age.

La seconde partie reprend les rapports des médecins qui ont interrogé l'accusé pour tester son degré d'aliénation mentale. Nul doute que ces rapports vaudraient actuellement la prison à leurs auteurs. Les êtres humains sont divisés en classes en fonction de leur apparence, de leur instruction, de leur milieu. Les êtres « inférieurs » comme Roderick se caractérisent par la longueur de leurs oreilles, par un faciès peu régulier et autres incongruités avancées comme scientifiques. Cela donne au lecteur l'idée de ce que pouvait être la science anthropologique au XIXème siècle, même si c'est quelque peu caricaturé ici.

La dernière partie nous envoie au tribunal lors du procès. Et d'un coup, on change d'époque. le déroulement de ce procès, reproduit presque mot-à-mot, serait digne des meilleures Assises de notre époque. Malgré l'évidence de la culpabilité de Roderick, qui a avoué dès le début et n'affiche pas le moindre remord, le Président veillera à ce que la Défense puisse s'exprimer longuement pour faire croire à l'aliénation mentale. Les jurés semblent convaincus de l'importance de leur jugement et se gardent de toute précipitation. Impressionnant, et l'on se rappelle ici que la Grande-Bretagne fut pionnière dans l'application d'une vraie justice.

Un dernier mot sur la quatrième de couverture, qui comme souvent, tente d'appâter le lecteur potentiel par tous les moyens. le roman est qualifié de « thriller hors normes » Il n'y a ici aucune raison de trembler. Le récit de Roderick est sobre au possible, même quand il décrit ses meurtres très violents. J'ai vu aussi ça et là les mots « suspense », « polar »… Si le suspense consiste à être impatient de lire la suite, alors tous les bouquins que l'on apprécie sont des romans à suspense, même ceux de la Comtesse de Ségur !

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L'accident de l'A35

Une bonne surprise pour moi cette lecture !

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Lorsque la voiture de Bertrand Barthelme, notable de province, s'encastre dans un arbre en quittant l'autoroute A35 et que son occupant y laisse la vie, cela semble être "un simple accident". Mais en parlant avec la charmante et jeune veuve, le commissaire Gorski, en proie à des problèmes conjugaux et avec l'alcool, décèle quelques incohérences et décide de s'intéresser de plus près aux circonstances de cet accident.

Le fils de la victime, quant à lui, va également tenter d'en savoir plus sur ce père dont il n'a jamais été très proche.

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Loin d'une enquête policière en bonne et due forme, nous avons là un roman qui nous plonge dans une ambiance à la Chabrol, plutôt brumeuse et sans rebondissements à tout-va. J'imagine fort bien un hommage à Simenon mais n'ayant lu que Pietr le Letton en 4ème et ayant détesté, je ne suis pas une référence en la matière...

J'ai beaucoup pensé à Ruth Rendell également, notamment au sujet de Raymond, le fils, en proie à des malentendus familiaux et des pulsions qu'il ne s'explique pas réellement. .

La mystification de la préface et de la postface, nous laissant penser à un texte retrouvé et entouré de mystère, a totalement fonctionné sur moi. Elle a d'autant plus fonctionné que l'auteur, écossais, réussit à restituer parfaitement l'atmosphère que l'on imagine régner dans une ville comme Saint-Louis, petite ville de province nichée entre Strasbourg et Mulhouse, dans les années 1970.

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J'applaudis des deux mains et je compte lire bientôt La disparition d'Adèle Bedeau.
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L'Accusé du Ross-Shire

Parfaite construction de ce roman qui regroupe plusieurs (faux) documents qui nous plongent dans l'Ecosse du XIXe siècle. Un coup de maître qui nous fait croire à un fait divers authentique en mêlant rapport d'avocat, étude et examen d'un éminent psychologue de l'époque sur l'accusé, extraits de témoignages etc. Un récit très bien ficelé où l'on se laisse surprendre, où l'on se prend d'affection pour l'accusé que l'on imagine si parfaitement dans son lieu-dit des Highlands admirablement décrit par l'auteur.

Hâte de lire son deuxième roman La disparition d'Adèle Bedeau !
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L'Accusé du Ross-Shire

Atmosphère ! Atmosphère !



Nous sommes dans les Highlands au 19ème siècle, La vie y est rude, le père est un vieux paysan rustique, qui se laisse aller à la mort de sa femme. Roderick, 16 ans, devient orphelin. Toute la vie de la famille, repose maintenant sur ses épaules.



Les difficultés quotidiennes, la dureté de son père, ainsi que les provocations et le harcèlement quasi journalier de Mr Mackenzie, surnommé Lachlan le Large ont fait que a 17 ans, il est arrêté pour un triple meurtre.



A-t-il perdu la raison ?



A-t-il prémédité les meurtres ?



Nous embarquons dans le système judiciaire d'un autre temps.





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La disparition d'Adèle Bedeau

Malgré le mystère omniprésent et la volonté de connaître le fin fond de l’histoire, l’antipathie du personnage principal et le brouillard omniprésent m’ont déstabilisée.



La disparition d’Adèle Bedeau n’est pas un roman policier comme les autres, et c’est peut-être cela qui m’a dérangée. Il n’y a pas d’enquête fixe à proprement parler qui nous inviterait à réfléchir, mais plutôt des actes et « non actes » qui embêtent et désorientent.



Certes, l’auteur fait preuve de prises de risques et de parti-pris originaux (notamment dans sa préface, en parlant d’une oeuvre rééditée et en se dédouanant ainsi, comiquement, de toute écriture), mais tout cela n’a pas réussi à m’emporter.



Un livre au rythme lent mais envoûtant (à sa manière) qui m’a laissée de marbre mais qui, je suis sûre, trouvera ses lecteurs et lectrices (si cela n’est pas déjà fait) !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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La disparition d'Adèle Bedeau

Je n'avais jamais entendu parler ni de ce livre ni de cet auteur. Pourtant si j'ai tout bien compris, il s'agit d'une réédition. Le livre aurait même été adapté par Claude Chabrol (et j'avoue que l’atmosphère générale du récit colle merveilleusement avec l'univers du réalisateur) mais la copie aurait été perdue, ou détruite, je ne sais plus. Ca intrigue tout ça non ?...



Manfred Baumann est un solitaire. Timide, inadapté, secret, il passe ses soirées à boire seul, en observant Adèle Bedeau, la jolie serveuse du bar de cette petite ville alsacienne très ordinaire.

Georges Gorski est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville. S'il a eu de l'ambition, celle-ci s'est envolée il y a bien longtemps. Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes premières enquêtes criminelles, qui depuis ne cesse de l'obséder.

Lorsque Adèle disparaît, Baumann devient le principal suspect de Gorski. Un étrange jeu se met alors en place entre les deux hommes.



Dans ce récit, nous sommes propulsé aux début des années quatre vingt dans une petite ville d'Alsace dans laquelle il ne se passe rien. Tout semble réglé comme du papier à musique, rien ne dépasse, rien ne se passe. Rien ne se passe non plus dans le petit café de la Cloche qui compte un nombre conséquent d'habitués et qui m'a fait penser un peu au café dans lequel travaille Amélie Poulain. C'est lisse, le temps passe et rien ne se passe (oui j'insiste) ...



Jusqu'au jour où Adèle, la serveuse du café de la Cloche disparait et met tout ce petit monde en émoi. C'est là que Manfred Baumann entre en scène. C'est un personnage extrêmement étrange avec lequel on n'aurait pas envie de devenir ami. Et pourtant, j'avoue que j'ai ressenti un attachement particulier pour lui. Pourquoi ? Je ne saurai pas vraiment l'expliquer mais sans doute parce qu'il a eu une enfance difficile et qu'il a une vie super bizarre. Quelque part, il fait un peu de la peine et je pense que c'est un peu pour tout ça que je l'ai apprécié.



Car Manfred est tellement bizarre et se comporte de façon tellement peu naturelle qu'il devient rapidement le suspect numéro un de l'inspecteur Gorski. Et là tout s'emballe. Enfin quand je parle d'emballement, il faut relativiser car le rythme du récit est plutôt lent et pourtant l'enquête avance à chaque page. On se concentre de plus en plus sur Manfred qui se conduit de pire en pire. Mais en fait, ce mec ne sait pas comment interagir avec ses semblables, il a un petit côté autiste.



C'est très psychologique, on tente de comprendre comment fonctionne Manfred et surtout, on se demande tout du long si il a réellement une implication dans la disparition Adèle. Je me suis retrouvée happée par ce bouquin que je n'ai pas pu lâcher jusqu'à en connaitre le dénouement. C'est très bien ficelé, on finit par se poser des tas de questions et on finit par trouver les réponses à tout ça. Et puis j'ai bien accroché avec le style de l'auteur, on ne s'ennuie pas une minute et chaque détail a son importance.



Un vrai roman psychologique qui nous emmène dans les sombres recoins de l'âme humaine.
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La disparition d'Adèle Bedeau

Signée GMB (Graeme Macrae Burnet), la préface de la Disparition d'Adèle Bedeau donne de nécessaires précisions sur la biographie de Raymond Brunet, l'auteur quasi inconnu de ce roman policier. Personnage assez falot selon GMB, Brunet finira par se suicider en se jetant sous un train après avoir entrevu une manière de vivre autrement plus excitante que la sienne, et y avoir renoncé par devoir. Claude Chabrol adapte en film l'unique roman de cet auteur l'empêchant de sombrer dans un oubli total et permettant à cette « [n]ouvelle édition établie par Graeme Macrae Burnet et Julie Sibony » de voir le jour…



Quand on tape dans un moteur de recherche La Disparition d'Adèle Bedeau plus Chabrol, on tombe sur le site https://physicalimpossibility.com/2015/08/27/la-disparation-dadele-bedeau-claude-chabrol-1989/ qui propose une curieuse bande annonce du film de Chabrol inspiré du roman éponyme de Raymond Brunet, film qui n'a d'ailleurs pas eu le succès escompté… On y voit défiler certains des acteurs fétiches de Chabrol, entre autres Bernadette Lafont et Jean Poiret (dans le rôle de l'inspecteur Gorsky) ainsi qu'Isabelle Adjani ; on entend la trompette de Miles Davis, un phrasé reconnaissable entre tous, surtout quand il s'agit bizarrement de la bande-son d'Ascenseur pour l'échafaud… Malheureusement, ce film de Chabrol est introuvable, même sur la Toile.



En fait, Brunet, pardon, Burnet nous propose une très brillante variation sur fond de roman policier. La préface accentue l'effet de réel, installe une connivence avec le lecteur qui pourra établir des liens entre la vie de l'auteur et celle du personnage. Par ailleurs, on se croirait parfois dans un exercice de style « à la manière de » Georges Simenon dont Burnet est un éminent spécialiste : les descriptions minutieuses, l'économie d'adjectifs, l'immersion dans les pensées erratiques du personnage, la mise en valeur de ses contradictions, le sentiment du ridicule, le souci du regard des autres, autant de caractéristiques qui appartiennent aux personnages des romans dits psychologiques plus qu'à la série des Maigret et qui frisent le pastiche. Simenon n'est pas le seul écrivain auquel Burnet rend hommage. le déterminisme qui pousse les personnages de Zola à agir passionne le jeune Manfred, le « héros », habituellement plutôt porté vers Camus, Sartre ou Hemingway : « Lui aussi était prisonnier des forces qui l'avaient façonné » pense-t-il de lui-même.



Le roman se construit sur l'alternance des points de vue des protagonistes : nous allons suivre tantôt Manfred Baumann tantôt l'inspecteur Gorsky, voir par leurs yeux et pénétrer dans leur tête. On aura la surprise de constater que, sous beaucoup d'aspects, ils se ressemblent… et que Manfred Baumann a tant de points communs avec son créateur, Raymond Brunet, que le destin de l'un peut passer pour une mise en abyme de celui de l'autre ! de fréquents retours en arrière éclairent en partie la paranoïa et les pratiques sexuelles du premier, ainsi que le manque d'assurance et le sentiment d'échec du deuxième : ces deux hommes estiment avec raison ne pas avoir choisi leur vie.



J'ai bien aimé ce roman et la qualité du jeu littéraire qu'il induit. Malgré leurs manques, leur lâcheté, leur tristesse, ou peut-être à cause de ces faiblesses, je me suis attachée à ces deux personnages carencés et profondément blessés. Baumann se trouve englué dans un véritable piège qu'il a lui-même posé. Gorski refuse d'évoluer et se cantonne dans les a priori qui le font douter de ses collègues : « le Credo de Gorski était que le travail de la police était une affaire de routine, de suivi strict de la procédure, mais il craignait que son mépris pour les conjectures ne soit au fond qu'une façon de se protéger contre le fait qu'il ne se sentait pas capable d'une approche plus intuitive ».



Le décor des deux bars (chacun le sien !), La Cloche et le Pot, ramène au cinéma de Chabrol et aux romans de Simenon, mais aussi, bien que l'histoire se déroule en France, dans une petite ville frontalière (la Suisse est à côté), dans les tableaux de Hopper, ceux avec ces bars chichement éclairés où tout semble immobile, même le temps…

Mais savez-vous où a bien pu passer Adèle Bedeau ?



Pour le Grand Prix des lectrices de Elle : merci pour tous ces livres !

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L'Accusé du Ross-Shire

Sonatine éditions vous propose ici un ouvrage difficilement classable qui flirte avec plusieurs genres : roman historique, roman noir, biographie, thriller… À la fois tout et rien de ça, ce roman fut une expérience de lecture aussi originale qu’intrigante voire dérangeante.



Originale, car l’auteur nous apprend que c’est en faisant des recherches généalogiques qu’il a découvert l’histoire de l’un de ses ancêtres, un certain Roderick Macrae, âgé de dix-sept ans, et arrêté en 1869 pour un triple meurtre plutôt sanglant. L’auteur nous propose alors de découvrir l’histoire de ce meurtrier telle qu’il l’a lui-même narrée dans un mémoire rédigé sur les conseils de son dévoué avocat, M. Sinclair. Sont également portés à notre connaissance différents documents : des témoignages, des articles de journaux, le compte-rendu du procès et des rapports de médecins. Une richesse documentaire qui nous pousse à nous plonger avec avidité et curiosité dans ce fait-divers historique peu banal.



Comment expliquer, si ce n’est par un accès de folie ou un acte motivé par une haine trop longtemps refoulée, qu’un jeune homme de dix-sept ans assez calme et gentil se transforme soudainement en un monstre capable de massacrer trois personnes ? Cette question ne pourra que vous tenir en haleine d’autant qu’au fil de la lecture, se dessine un véritable décalage entre le Roderick meurtrier et le Roderick qui prend vie sous nos yeux. À travers le récit de sa vie qu’il nous narre sous forme écrite depuis sa prison, le jeune homme nous apparaît plus pauvre bougre né au mauvais endroit dans la mauvaise famille que tueur sanguinaire. Et c’est pour cette raison que l’on cherche ardemment, derrière son récit, les signes d’une éventuelle folie ou, du moins, d’une certaine forme de méchanceté. Or, que nenni !



Ce que nous découvrons, c’est un garçon de dix-sept ans et ses conditions de vie peu reluisantes dans un village écossais isolé du XIXe siècle : maisons d’habitation que les gens partagent avec le bétail, précarité qui semble la norme, pouvoir politique écrasant, et surtout injuste… Si l’on ajoute à cela une famille endeuillée par la mort de la matriarche, il est certain que Roderick ne partait pas dans la vie avec les bonnes cartes en main. D’ailleurs, l’auteur nous offre une réflexion pertinente et intéressante sur la notion de déterminisme social et la possibilité pour quelqu’un de sortir de son milieu d’origine. Si certains habitants de ces Highlands aspirent à une nouvelle vie loin de l’Écosse, Roderick, quant à lui, n’a pas vraiment ces rêves de grandeur et de voyages. Écrasé par le poids des responsabilités familiales, il doit ainsi travailler dans la ferme familiale aux côtés de son père afin de subvenir aux besoins de sa famille. Et ceci même si de par ses capacités intellectuelles, il aurait pu aspirer à une autre vie et à cette liberté de choix dont il est totalement privé. C’est un peu comme si sa route avait été tracée pour lui avant sa naissance et qu’il n’avait pas le droit d’en dévier ni même de songer à le faire…



Mais le jeune homme semble assez bien vivre les choses. Résigné, il ne montre pas vraiment de velléités de rébellion contre l’ordre établi jusqu’à ce que les abus de pouvoir d’un odieux voisin, qui s’acharne sur sa famille, ne deviennent trop insupportables…Un peu comme une cocotte-minute sous pression, il va donc finir par exploser devant les nombreuses injustices qui frappent les siens, mais face auxquelles personne ne réagit. À commencer par ce père qui semble complètement absent de sa propre vie et de son foyer, si ce n’est pour donner des coups. Mais même si la vie de Roderick est difficile et sa famille injustement traitée, cela n’explique pas la violence avec laquelle il va soudainement se transformer en un monstrueux tueur. N’y a-t-il pas de la folie derrière son geste ? C’est, dans tous les cas, ce que va essayer de plaider son avocat lors du procès du jeune homme.



Que l’on adhère ou non à son opinion qu’il va défendre vaillamment, on ne peut que louer le sérieux et l’humanisme de ce professionnel qui va tout faire pour sauver son client de la potence. Une mission fort difficile si l’on considère que ce dernier reconnaît volontiers ses crimes et n’exprime aucun regret… Après avoir assisté à autant de mépris envers les habitants de la campagne qualifiés d’êtres inférieurs, j’ai apprécié de découvrir un personnage où ne pointe pas la condescendance derrière chacune de ses paroles. Il faut évidemment se remettre dans le contexte historique du roman, mais c’est assez dur de ne pas réagir avec véhémence devant les préjugés des « hommes instruits » envers ces « campagnards demeurés et faibles d’esprit ». M. Sinclair est donc le personnage que j’ai certainement le plus apprécié et qui, d’une certaine manière, redonne quelque peu foi en l’âme humaine.



L’auteur a fait le choix judicieux de porter à notre connaissance le déroulement du procès de Roderick, un procès qui se révélera intéressant à bien des égards. Il sera d’abord l’occasion de découvrir la psychologie criminelle telle qu’elle était conçue au XIXe siècle, et que l’homme moderne ne pourra que juger choquante, car principalement basée sur des a priori et stéréotypes… Ce procès sera également captivant par son aspect quelque peu théâtral : population fascinée par l’affaire et qui le fait savoir, des journalistes qui commentent le procès avec, pour certains d’entre eux, ironie, des informations que l’on découvre et que Roderick avait passées sous silence dans son mémoire nous poussant ainsi à nous poser des questions sur la véracité de son récit et/ou sur sa santé mentale… Les interrogatoires des différents intervenants, voisins/amis ou professionnels, présentent, en outre, un certain avantage : dynamiser un récit qui, en première partie, a pu se révéler parfois un peu contemplatif. On a donc l’impression que les choses s’accélèrent et que, petit à petit, l’étau se resserre autour de notre protagoniste.



J’avais l’habitude d’associer thriller et suspense haletant. Or, ici, le suspense n’est pas haletant, mais diffus dans la mesure où il se cache derrière toutes les questions que l’on se pose sur ce jeune meurtrier, sur la véracité de son récit, sur sa prétendue folie… D’ailleurs plus que de suspense, je parlerais d’une tension croissante qui vous fait guetter le point de non-retour qui va pousser un garçon intelligent et plutôt gentil à commettre l’irréparable. Et sur ce point, vous n’aurez pas de certitudes, juste éventuellement, au même titre que les membres du jury, votre intime conviction.



Enfin, bien que nous ne soyons pas dans un roman historique et que l’auteur reconnaît avoir pris quelques libertés avec l’Histoire, on ne peut que saluer son travail de recherche qui nous permet de nous immerger complètement dans cette campagne écossaise du XIXe siècle. Mais au-delà d’un contexte historique passionnant et bien restitué, le gros point fort de ce roman est, pour moi, le pari audacieux pris par l’auteur, et qui confère toute son originalité à son travail. Je ne peux pas vous en dire plus sur ce point si ce n’est que son idée est diaboliquement efficace et bien ficelée. Je ne m’y suis pas laissée prendre, mais j’ai adoré la gymnastique intellectuelle dans laquelle s’est lancé l’auteur. Et rien que pour ça, je lui tire mon chapeau !



En conclusion, L’accusé du Ross-Shire est le genre d’ovni littéraire que l’on aimerait voir plus souvent. Il nous offre un voyage prenant dans les affres de la condition humaine et nous pousse à nous interroger sur ce jeune homme devenu meurtrier par la force des choses à moins que ce ne soit par la force de sa nature. Ce sera à chacun de se forger sa propre opinion sur cette affaire hors norme qui nous plonge avec précision et intelligence dans un petit village des Highlands du XIXe siècle. Alors si vous êtes curieux de découvrir une histoire inclassable et originale, bien documentée d’un point de vue historique et savamment orchestrée, ce roman est fait pour vous.




Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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L'Accusé du Ross-Shire

Voilà un thriller palpitant qui nous fait douter de la frontière entre fiction et réalité, une enquête passionnante !



J'étais très curieuse de lire ce thriller du fait de son aspect historique mais aussi sur le doute de prime abord : est-ce basé sur des faits réels ou sur l'imagination de l'auteur ? En effet Graeme Macrae Burnet décide de partir à la recherche de ses ancêtres écossais et va par la même découvrir une affaire : un triple assassinat qui aurait été commis par Roderick Macrae, mais est-il le véritable coupable ? Malgré sa confession écrite, le doute s'installe et ce d'autant plus que les motivations ne sont pas évidentes, le mobile semble complètement absent.



J'ai littéralement dévoré ce livre, je trouve qu'il renouvelle complètement le genre et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord l'auteur y apporte une dimension personnelle puisque l'enquête, les indices sont propres à son propre ancêtre (ou n'est-ce que pure fiction ? Vous devrez le lire pour le savoir !). Il nous plonge dans ses investigations et dès lors nous avons l'impression d'être à ses côtés, de découvrir les rebondissements avec lui, de se questionner sur cet accusé du Ross-Shire... Coupable ou innocent ? Tous les documents sont entre vos mains...



C'est ainsi que ce livre devient très rapidement un excellent page turner, il permet par la même d'en apprendre plus sur le XIXe siècle, sur les Highlands, sur les mœurs de l'époque et des petites communautés isolées. Ce livre ne raconte pas une enquête, c'est une enquête à part entière en même temps que la mise en lumière d'un cadre spatio-temporel terrible et passionnant à la fois.



En définitive, un thriller absolument génial et incontournable !


Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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