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Citations de Gregory David Roberts (120)


J’ai pressé mes lèvres contre le ciel noir et léché les étoiles. Son corps s’est emparé du mien et chaque mouvement était une incantation. Nos respirations chantaient toutes les prières du monde. La sueur dégoulinait dans les ravins du plaisir. Chaque mouvement est alors devenu une cascade de satin sur la peau. Sous les capes de velours de la tendresse, nos dos se convulsaient dans des tremblements brûlants, des poussées brûlantes, nos muscles achevant ce que les esprits avaient commencé et ce que les corps finissent toujours par gagner. J’étais à elle. Elle était à moi. Mon corps était un char et elle le conduisait jusqu’au soleil. Son corps était ma rivière et je devenais la mer. Et le faible gémissement qui unissait nos lèvres, finalement était le monde d’espoir et de chagrin que l’extase arrache aux amants au moment où elle inonde leurs âmes de béatitude.
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" On aurait pu marchander avec lui, tu sais, disait le grand Canadien depuis le coin sombre à l'autre bout de la chambre. On aurait pu marchander le prix de cette chambre avec le directeur.
Elle nous coûte six dollars par jour. On aurait pu marchander jusqu'à quatre. C'est pas beaucoup d'argent, mais c'est comme ça qu'on fait ici. Il faut marchander pour tout avec ces types. Il faut marchander avec eux, vieux. Si t'apprends pas à le faire, si tu te mets pas à penser comme ça, ils vont t'entuber, tous ces types. Les Indiens dans les villes, ils pensent qu'au fric.
C'est un pays génial, me fais pas dire ce que j'ai pas dit. C'est pour ça qu'on est revenus. Mais ils sont pas comme nous. Ils sont... merde, ils s'attendent à ce qu'on marchande, c'est tout. Il faut marchander à mort avec eux. "

Il avait raison au sujet du prix de la chambre, bien sûr. Nous aurions pu économiser un à deux dollars par jour. Et marchander est le truc à faire. La plupart du temps, c'est la manière à la fois astucieuse et aimable de conduire ses affaires en Inde.

Mais en même temps il avait tort. Le directeur, Anand, et moi sommes devenus amis au cours des années qui ont suivi. Le fait que je lui aie fait confiance dès le premier coup d'œil et n'aie pas marchandé, pas essayé de lui soutirer un dollar, que je l'aie respecté instinctivement et aie même commencé à l'apprécier, tout cela m'a rendu cher à ses yeux. Il me l'a dit plus d'une fois. Il savait, tout aussi bien que nous, que six de nos dollars n'étaient pas une somme extravagante pour trois Occidentaux.

Les propriétaires de l'hôtel recevaient quatre dollars par jour et par chambre. Le dollar ou les deux dollars supplémentaires, c'était le revenu quotidien que se partageaient Anand et ses trois garçons d'étage. Les petites victoires de marchandage remportées par les touristes coûtaient à Anand son pain quotidien et leur coûtaient à eux la chance de s'en faire un ami.
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"Le fanatisme est l'opposé de l'amour, ai-je dit, en me souvenant d'une des conférences de Khaderbhai. Un homme sage - un musulman, soit dit en passant - m'a dit un jour qu'il avait plus en commun avec un juif rationnel, raisonnable, qu'avec un fanatique de sa propre religion. Il a plus en commun avec un chrétien, un bouddhiste, un hindou, rationnel ou raisonnable, qu'avec un fanatique musulman. Je suis d'accord avec lui et j'approuve la même chose. Je partage aussi l'avis de Winston Churchill qui a un jour défini un fanatique comme quelqu'un qui ne changera pas d'avis et qui ne peut pas non plus changer de sujet de conversation."
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" "Ainsi, justice est faite, avait dit Qasim Ali ce soir-là, son regard couleur d'écorce se posant avec douceur sur les deux jeunes gens, parce que la justice est un jugement qui sanctionne et pardonne à la fois. La justice n'est pas faite tant que tout le monde n'est pas satisfait, même ceux qui nous offensent et doivent être punis par nous. Vous pouvez voir avec ce que nous avons décidé pour ces deux garçons, que la justice ne tient pas à la façon dont nous punissons ceux qui ont mal agi. Elle tient aussi à la façon dont nous essayons de les sauver".
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Didier Levy était le pire passager que j'aie jamais connu en moto. Il me serrait si fort, il était si raide, qu'il m'était difficile de diriger mon engin. Il hurlait dès que nous approchions d'une voiture, glapissait quand nous accélérions pour en dépasser une. Dans les virages un peu serrés, il se tortillait de terreur et essayait de redresser la moto nécessairement inclinée. Chaque fois que je m'arrêtais à un feu, il posait les deux pieds à terre pour étirer ses jambes, avant de gémir à propos de ses crampes aux hanches. Quand je redémarrais, il laissait traîner ses pieds sur la route et s'agitait pendant des secondes interminables pour retrouver les cale-pieds. Et lorsque des taxis ou des voitures avaient le malheur de nous frôler, il leur donnait des coups de pieds ou brandissait frénétiquement le poing, l'air outragé. Au moment où nous sommes arrivés à destination, j'ai calculé que le danger rencontré pendant un trajet de trente minutes dans une circulation intense avec Didier était à peu près l'équivalent d'un mois de combat en Afghanistan.
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C'était terminé. Le silence avait remplacé tous ces hurlements. Abdullah s'est tourné pour nous regarder, la barre de fer posée sur l'épaule dans l'attitude d'un samouraï. Le sourire qui illuminait son visage juvénile et courageux faisait penser à un clair de lune sur le minaret de la mosquée blanche de Haji Ali.
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Cependant, le visage de Prabaker était complètement ouvert, sans ruse et sans rides, alors que celui de son père était profondément ridé, et lorsqu'il ne souriait pas, une ombre soucieuse couvrait son regard. C'était comme s'il avait fermé des portes à double tour en lui et montait la garde devant elles, avec ses seuls yeux.
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Chaque jour, quand vous êtes en cavale, représente la totalité de votre existence. Chaque minute de liberté est une histoire qui se termine bien.
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Il n'y a aucun homme, aucun pays, qui ne soit pas en guerre - Abdullah à Lin
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La dépression n'arrive qu'aux gens qui ne savent pas comment être triste.
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On est pas en Angleterre ou en Nouvelle Zélande, ou en Australie, où je ne sais où. On est en Inde, mec. C'est l'Inde ici. C'est le pays du coeur. C'est ici que le coeur est roi. Le putain de coeur. C'est pour ça que tu es libre. C'est pour ça que tu peux te balader sans te faire arrêter, même s'ils savent qui tu es. Ils auraient pu te baiser. Ils auraient pu te prendre ton fric, t'arrêter et te renvoyer chez toi. Mais ils ne l'ont pas fait et ils ne le feront pas, parce que tu as touché leur coeur, vieux, leur putain de coeur d'Indien. Parce que ce sont des Indiens, vieux. C'est comme ça que nous arrivons à faire tenir ce pays de dingues - avec le coeur. Deux cent langues différentes, bordel, et un milliard d'habitant. L'Inde, c'est le coeur. C'est le coeur qui nous maintient ensemble. Il n'y a pas un autre endroit au monde avec un peuple comme mon peuple. Il n'y a pas de coeur comme le coeur des Indiens.
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Après un mariage brisé, Lin craque, commence à se droguer sérieusement et enchaine les vols et attaques à main armée pour financer sa dépendance à l’héroïne.
Pourquoi le vol à main armée ? Peut-être l’influence des héros de la télé ?
Bonne question, que personne dans le système judiciaire - flics, avocats, juge, psychiatre et directeurs de prison – ne lui a jamais posée.
1980. Il s'évade de prison et atterrit sous une fausse identité dans les rues fourmillantes de Bombay, où il espère disparaître. Il pénètre peu à peu le monde secret de la " ville dorée ", où se côtoient prostituées et religieux, soldats et acteurs, mendiants et gangsters. Des Grecs, des Allemands, des Italiens, des Français, des Américains, des touristes venus de partout. Qui mangent, boivent, parlent, rient. Et des gens de Bombay – des Indiens et des Iraniens, des Afghans, des Arabes, des Africains. Mais combien parmi ces gens ont un véritable pouvoir, une véritable destinée, une vraie dynamique ?
Fugitif sans famille, Lin cherche inlassablement à donner un sens à sa vie, d'abord en improvisant un dispensaire dans un bidonville, « Docteur… docteur… docteur… » lui lancent ces pauvres ères en détresse et pourtant hiérarchisés dans une activité de récoltes et d’activités en tous genres. Il touchera le cœur de cette Inde, c’est dans ce bidonville que le cœur est roi. C’est pour cela qu’il est libre. C’est pour ça que le flic lui rend son passeport bidon. C’est pour ça qu’il peut se balader sans se faire arrêter à nouveau, même si ces flics savent qui il est. Lin le fugitif, mais aussi Lin … le docteur…
L’infiltration et l’intégration de sphères souterraines d’organisations secrètes passe par un rite initiatique pratiqué en pleine foule : il devra affronter un ours géant, le prendre contre lui et subir l’étreinte des pattes se refermant sur ses épaules, la force de la bête le laissant sans défense. C’est alors que bruit de la foule déclina. Syncope passagère ou évanouissement ? Non. L’ours se met à balancer, d’une patte sur l’autre. Dans cette étreinte forcée, il a l’impression de flotter.
Puis c’est l'échec en faisant ses premières armes dans la mafia de Bombay.
Il prendra acte que le monde est dirigé par un million d’hommes méchants, dix millions d’hommes stupides, et cent millions de lâches. Les hommes méchants constituent le pouvoir – les riches, les politiciens, les fanatiques de la religion – dont les décisions gouvernent le monde et le propulsent sur sa trajectoire de cupidité et de destruction.
Des milliers de réfugiés iraniens et afghans transitaient par l’Inde et essayaient d’obtenir l’asile politique au Canada, en Australie, aux Etats-Unis et ailleurs. Lin apprendra tout sur la falsification de passeports, et au bout d’un certain temps, il mettra en place un système de double-shuffle, voyageant d’un pays à l’autre, échangeant billets, visas et passeports avec ces réfugiés. Cette quête le conduira jusqu'à la guerre, à la prison et ses tortures, et à une série de trahisons sanglantes.
Puis à la rédemption, enfin.
Mais les clés du destin de Lin se trouvent entre les mains de son mentor, Khader Khan, parrain de la mafia, à la fois criminel, saint et philosophe, et surtout de Karla, femme mystérieuse, belle et dangereuse dont Lin tombe follement amoureux. Ce roman ample et épique nous plonge dans une Inde fascinante et marque l'entrée en littérature d'une voix extraordinaire.
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Chaque jour, quand vous êtes en cavale, représente la totalité de votre existence. Chaque minute de liberté est une histoire qui se termine bien.
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J'étais amoureux d'elle, mais je n'étais pas sûr de pouvoir lui faire confiance. C'est un fait incontournable de la vie du fugitif : il est plus facile d'aimer que d'accorder sa confiance. Pour les gens qui se sentent en sécurité dans le monde, c'est évidemment le contraire qui est vrai.
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Cependant, pour honorer les formalités de la tradition, j’ai maudit le propriétaire des taxis à la fin de notre négociation, en me servant de la malédiction la plus polie et la plus horrible du monde des affaires en Inde : Je vous souhaite d’avoir dix filles et qu’elles fassent toutes un beau mariage. Ce qui constitue une série de dots susceptibles d’épuiser la plus solide des fortunes.
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Aujourd’hui, de longues années plus tard et bien des voyages après ce premier trajet dans ce train bondé, je sais que la mêlée violente et la déférence courtoise sont toutes les deux des expressions d’une même philosophie : la doctrine de la nécessité. La quantité d’énergie et de violence nécessaire pour monter dans le train, par exemple, n’était en rien supérieure à la politesse et à la considération indispensables pour que le voyage dans des compartiments bondés soit aussi agréable que possible
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Les policiers font preuve d’une dextérité particulière pour ce tour de prestidigitation qui consiste à cacher et à empocher des billets avec une adresse que leur envient les escrocs du bonneteau. Le grand type a pris l’argent en me serrant la main des deux siennes, a passé sa paume sur sa poitrine comme s’il chassait des miettes après avoir mangé un sandwich, puis il s’est gratté le nez avec une innocence contrefaite. L’argent avait disparu. Il a pointé le doigt vers un couloir étroit. Nous étions libres d’entrer.
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Je sais maintenant que les instants d’amour et d’honnêteté doivent être saisis au vol, et mis en mots, parce qu’ils ne reviendront pas. Incapables de s’exprimer, de s’épanouir, de vivre dans ce qui se dit de cœur à cœur, ces sentiments se dessèchent et tombent en poussière dans la main qui essaie trop tard de les retenir.
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Il y avait tout simplement trop d’argent en jeu. Et l’argent, si la pile monte assez haut, c’est comme un grand parti politique : ça fait autant de mal que de bien, ça met trop de pouvoir dans les mains de trop peu de gens, et plus on en détient, de ce pouvoir, plus on se salit les mains.
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Nous pouvons nier le passé, mais ne pouvons échapper à ses tourments, puisque le passé est un fantôme qui marche en compagnie de la vérité de ce que nous sommes, jusqu’à notre mort.
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