Gregory David Roberts

Le destin a un pouvoir absolu sur nous. Exempt dans deux choses: le libre arbitre et les mensonges.

No-one, in the world I'd left behind me, knew where I was. No-one, in the world of Bomba, knew who I was. In that moment, in those shadows, I was almost safe.

C'est un fait chez celui qui est amoureux: souvent il n'accorde aucune attention à ce que lui dit l'être aimé, alors qu'il est véritablement en extase devant la façon dont c'est dit.

"Les indiens sont les Italiens de l'Asie, a déclaré Didier avec un sourire à la fois plein de sagesse et d'espièglerie. On peut dire également, de façon tout aussi juste, que les Italiens sont les Indiens d'Europe, mais je crois que vous me comprenez. Il y a tellement d'italien chez les Indiens, et tellement d'indien chez les Italiens. Ce sont deux peuples de la Madone - ils exigent la présence d'une déesse, même si la religion n'en fournit pas. Tout homme dans les deux pays, est un chanteur quand il est heureux, et chaque femme une danseuse sur le chemin de l'épicerie du coin. Pour eux, la nourriture est la musique du corps, et la musique la nourriture du coeur. La langue indienne et la langue italienne font de chaque homme un poète et rendent magnifique n'importe quelle banalité. Ce sont des nations où l'amour - amore, pyaar - font d'un gangster du coin de la rue un chevalier, et d'une paysanne, une princesse, ne serait-ce que pour la seconde où son regard croise le vôtre. C'est le secret de mon amour pour l'Inde, Lin: mon premier grand amour était italien."

Ils auraient pu te prendre ton fric, le fric de Khader, te laisser partir, et puis demander à d'autres flics de t'arrêter et de te renvoyer chez toi. Mais ils ne l'ont pas fait et ils ne le feront pas, parce que tu as touché leur coeur, vieux, leur putain de coeur d'Indien. Ils ont vu tout ce que tu avais fait, et la façon dont ces gens dans le bidonville t'ont aimé, et ils se sont dit: "Bon, il a déconné en Australie, mais il a fait des trucs vraiment bien ici. S'il paie, on le laissera partir". Parce que ce sont des Indiens, vieux. C'est comme ça que nous arrivons à faire tenir ce pays de dingues - avec le coeur. Deux cents langues différentes, bordel, et un milliards d'habitants. L'Inde c'est le coeur. C'est le coeur qui nous maintient ensemble. Il n'y a pas un autre endroit du monde avec un peuple comme mon peuple, Lin. Il n'y a pas de coeur comme le coeur indien.

[...] Quand c'est tout ce que vous avez, cette liberté est un univers entier de possibles. Et le choix que vous faites entre la haine et le pardon peut devenir l'histoire de votre vie.

I, p.11.

Voilà a-t-il conclu. Le monde est dirigé par un million d'hommes méchants, dix millions d'hommes stupides et cent millions de lâches. Le reste, nous, six milliards d'individus, nous faisons ce que l'on nous dit de faire !

Chaque personne au monde, m'avait dit Karla un jour, a été indienne au moins une fois dans une vie antérieure.

Chaque personne au monde a été indienne au moins une fois dans une vie antérieure - Karla

Chaque personne au monde a été indienne au moins une fois dans une vie antérieure.

Les nouvelles racontent ce que les gens ont fait. Les potins racontent combien ils en ont joui.

Qu'est-ce-qui caractérise le mieux l'espèce humaine?
La cruauté ou la capacité d'en éprouver de la honte?
....c'est le pardon qui fait de nous ce que nous sommes.

La premiére du marché ou que ce soit est la suivante: ne laissez jamais quiconque savoir ce que vous pensez, sachez toujours ce que l'autre pense de vous.

Elle adorait le mec. Elle l’a fait pour lui. Elle aurait tout fait pour lui. Il y a des femmes comme ça. Il y a des amours comme ça. La plupart des amours sont comme ça, d’après ce que je vois. On a le cœur comme un canot de sauvetage surpeuplé. On jette son orgueil par-dessus bord pour le maintenir à flot, puis son respect de soi et son indépendance. Au bout d’un moment, on commence à jeter des gens par-dessus bord – ses propres amis, tous les gens qu’on connaissait. Et ça ne suffit pas. Le canot continue à s’enfoncer et on sait qu’on va couler avec. J’ai vu pas mal de filles à qui c’est arrivé. Je crois que c’est pour ça que l’amour me dégoûte

« La police a fermé toutes les fumeries d’opium de la ville, sauf quelques unes. … Que devient Bombay sans son chandu – son opium – et ses fumeries ? Où va le monde ? C’est une honte ! » …
« Qu’est-ce qu’en a tiré Rafiq, si vous permettez que je pose la question ? Ce truc sur la fermeture des fumeries d’opium. Pourquoi il a marché dans cette combine ?
— Marcher dans la combine ? » Didier a froncé les sourcils. « Mais c’était son idée. Il y a plus d’argent à faire avec le garad – l’héroïne brune – qu’avec l’opium. Et maintenant tous les pauvres qui fumaient du chandu (opium) fument du garad (bien plus addictif). Rafiq contrôle le garad. … Si vous contrôlez un trafic, celui de la drogue, vous pouvez avoir une influence sur celui des armes… L’argent et le pouvoir.

Les rats arrivaient par centaines, par milliers : des vagues noires de bêtes qui couraient et couinaient, déferlaient dans les allées et coulaient autour de nos jambes comme l’eau d’une rivière en crue. Ils étaient énormes, plus gros que des chats, gras et crasseux, fonçant dans les allées comme une horde qui aurait eu trois couches d’épaisseur. Ils continuaient de couler autour de nous, à hauteur de cheville, de tibia, de genou, les uns sur les autres, percutant mes jambes avec une violence incroyable. Derrière nous, ils se dirigeaient vers les égouts des tours d’habitation aux appartements cosus, comme ils le faisaient toutes les nuits, traversant le bidonville depuis les marchés voisins. Par milliers. Les vagues noires ont paru déferler pendant dix minutes encore, même si ça ne pouvait être aussi long. Finalement, ils étaient partis. Les allées étaient parfaitement nettoyées de leurs ordures, et le silence emplissait de nouveau l’atmosphère.
« Merde, c’était quoi…. Ce truc ? a demandé Karla, jusqu’à présent restée bouche bée.
— Ces foutues bestioles passent ici toutes les nuits, à peu près à la même heure. Personne ne s’en soucie, parce qu’ils nettoient tout et n’ont rien à faire de toi, que tu sois à l’intérieur de ta hutte ou que tu dormes par terre dehors. Mais si tu te mets en travers de leur route et que tu paniques, ils passent sur toi et te laissent aussi propre que les allées.

Le monde est dirigé par un million d’hommes méchants, dix millions d’hommes stupides et cent millions de lâches… Les hommes méchants constituent le pouvoir – les riches, les politiciens, les fanatiques de la religion – dont les décisions gouvernent le monde et le propulsent sur la trajectoire de cupidité et de destruction.

Notre sang et notre sueur sont salés avec une densité presque identique à celle du sel dans l’eau de mer. Nous portons les océans en nous-mêmes, dans notre sang et dans notre sueur. Et nous pleurons des océans dans nos larmes.

Une partie de la honte que nous éprouvons quand nous sommes violés est celle d’être humain.