Gregory David Roberts

Ce que nous appelons lâcheté est souvent une autre manière de dire que nous avons été pris par surprise, et le courage n'est parfois rien d'autre que le fait d'être bien préparé.

Un homme politique, c'est un type qui te promet un pont, même quand il n'y a pas de rivière.

" Monsieur! Monsieur! " a appelé une voix derrière moi. Une main m'a saisi par le bras.Je me suis arrêté. J'ai bandé tous les muscles nécessaires à la bagarre et serré les dents pour contenir ma peur.
" Ne cours pas. Ne panique pas " Je me suis retourné.
Un homme de petite taille se tenait derrière moi, vêtu d'un uniforme sale et ma guitare à la main. (...) C'était un nain, avec une grosse tête et dans les traits cette innocence étonnée du mongolien. Il m'a rendu ma guitare. " Votre musique, Monsieur, vous avez perdu votre musique, non?"
(...) lorsque j'ai souri, soulagé et surpris, le petit homme m'a souri à son tour avec cette sincérité absolue que nous redoutons et que nous attribuons aux simples d'esprit. (...) J'ai sorti quelques billets de ma poche et j'ai voulu les lui donner, mais il a reculé maladroitement sur ses jambes épaisses.
" Pas d'argent. Nous sommes là pour aider, monsieur. Bienvenue en Inde " a-t-il dit avant de repartir en trottinant vers la forêt des corps.

Ces Afghans ne sont peut-être pas les meilleurs hommes avec qui vivre, a soufflé Ahmed Zadeh qui gravissait péniblement le sentier derrière moi. Mais ce sont certainement les meilleurs hommes avec qui mourir !

Le despotisme ne méprise rien autant que les victimes qui ont raison.

Un cœur rempli d'avidité, d'orgueil ou de sentiments haineux n'est pas libre.

Il n'y a jamais rien de glorieux. Il n'y a que le courage et la peur, et l'amour. Et la guerre les tue tous, un par un. La gloire appartient à Dieu, bien évidemment. C'est ce que le mot signifie véritablement. Et il est impossible de servir Dieu un fusil à la main.

Chaque jour, quand vous êtes en cavale, représente la totalité de votre existence. Chaque minute de liberté est une histoire qui se termine bien.

Nous savons qui nous sommes et nous définissons ce que nous sommes en fonction des gens que nous aimons et des raisons que nous avons de les aimer.

Chaque fois que nous tournons la clé, nous enfonçons le couteau du destin, parce que chaque fois que nous mettons un homme en cage, nous l’enfermons avec la haine.

Qasim Ali a prononcé la sanction qui avait été choisie par un conseil d’amis et de voisins hindous et musulmans. La punition pour s’être disputés sur une question religieuse était la suivante : chacun devait apprendre par cœur une prière de la religion de l’autre.

À mesure que les kilomètres défilaient, que les centaines de gens vivant dans ces bidonvilles devenaient des milliers, puis des dizaines de milliers, je sentais mon esprit se tordre. J’avais l’impression d’être souillé par ma propre santé et par l’argent que j’avais en poche.

Tous les deux ou trois jours, il faisait son apparition devant ma porte, avec un sourire plein d’espoir et une pile de livres qu’il me tendait comme s’il s’agissait de trésors archéologiques.

Les hommes révèlent ce qu'ils pensent quand ils détournent les yeux et ce qu'ils ressentent quand ils hésitent. Avec les femme, c'est l'inverse.

l'amitié se mesurait à ce que les hommes font et endurent les uns pour les autres, non à ce dont ils se réjouissent ensemble.

« Voilà, a-t-il conclu. Le monde est dirigé par un million d’hommes méchants, dix millions d’hommes stupides et cent millions de lâches. Le reste, nous, six milliards d’individus, nous faisons ce qu’on nous dit de faire ! »

Ainsi justice est faite, avait dit Qasim Ali ce soir-là, son regard couleur d'écorce se posant avec douceur sur les deux jeunes gens; parce que la justice est un jugement qui sanctionne et pardonne à la fois. La justice n'est pas faite tant que tout le monde n'est pas satisfait, même ceux qui nous offensent et doivent être punis par nous. Vous pouvez voir, avec ce que nous avons décidé pour ces deux garçons, que la justice ne tient pas à la façon dont nous punissons ceux qui ont mal agi. Elle tient aussi à la façon dont nous essayons de les sauver.

Au début, quand on aime vraiment quelqu'un, la plus grande peur, c'est que celui que nous aimons cesse de nous aimer. Ce que nous devrions redouter, c'est que nous cessions de l'aimer, une fois qu'il est mort. Car je t'aime toujours de tout mon cœur, Prabaker. Je t'aime toujours. Et parfois, mon ami, l'amour que j'éprouve et que je ne peux te donner m'empêche de respirer. Parfois, même aujourd'hui, mon cœur privé de toi se noie dans un chagrin sans étoiles, sans rire et sans sommeil.

Car voilà ce que nous faisons. Nous mettons un pied devant l'autre. Nous levons les yeux encore une fois vers le monde qui grogne et qui sourit. Nous pensons. Agissons. Ressentons. Nous apportons notre petite contribution aux vagues de bien et de mal qui rythment le monde comme une marée. Nous traînons notre croix et ses ombres vers l'espoir d'une autre nuit. Nous poussons notre coeur courageux vers les promesses d'un nouveau jour. A force d'amour, cette quête passionnée d'une vérité autre. A force de désir, ce besoin pur et ineffable de salut. Car aussi longtemps que nous faisons attendre le destin, nous sommes vivants.

Mon réconfort, sur cette crête glacée, était le souvenir du visage souriant de Prabaker et le son de la voix de ma mère disant : Quoi que tu fasses dans la vie, fais-le avec courage, et tu ne te tromperas pas beaucoup...