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Citations de Gretel Ehrlich (16)


Nous avons tendance à le nier, et pourtant malgré toute notre richesse, nous ne nous reconnaissons plus dans nos biens matériels. Il suffit de regarder nos maisons pour constater que nous construisons "contre" l'espace, de même que nous buvons "contre" la souffrance et la solitude. Nous "remplissons" l'espace comme si c'était une coquille vide, avec des choses dont l'opacité nous empêche de voir ce qui est déjà là.
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J’ai passé des heures dans un pick-up qui montait à un campement, à l’aube, sans qu’aucune parole ne soit échangée ; j’ai connu des repas où les seuls mots prononcées étaient : « Merci, m’dame » marmonnés à la fin du dîner. Le silence est profond. Plutôt que des paroles, c’était un regard que l’on partage. Observé avec intensité, le monde se transforme. Le paysage fourmille de détails, et sur le fond de ce décor, le moindre geste se détache avec une précision presque douloureuse. L’atmosphère entre les gens est tendue. Les jours se déroulent, baignés de leur propre musique. Les nuits deviennent hallucinations, les rêves des prémonitions.
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Pour être dur, il faut être fragile. La douceur est la vraie pugnacité.
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Nous autres Américains, nous aimons ajouter, remplir, comme si ce que nous avons, ce que nous sommes n'était pas suffisant. Nous avons tendance à le nier, et pourtant malgré toute notre richesse, nous ne nous reconnaissons plus dans nos biens matériels. Il suffit de regarder nos maisons pour constater que nous construisons contre l'espace, de même que nous buvons contre la souffrance et la solitude. Nous remplissons l'espace comme si c'était une coquille vide, avec des choses dont l'opacité nous empêche de voir ce qui est déjà là.
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Le mutisme de l'animal a les qualités purifiantes de l'espace : nous délaissons nos séduisantes spéculations intellectuelles par lesquelles nous mesurons l'ampleur de nos misères pour réagir dans des situations d'urgence. L'animal nous rattache au présent ; à ce que nous sommes à cet instant précis, pas à notre passé ni à ce que nous valons aux yeux de notre banquier. Ce qui apparait clairement à l'animal, ce ne sont pas les fioritures qui étoffent notre curriculum vitae affectif, mais ce qui en nous est le fleuve et le lit : agressivité, peur, insécurité, bonheur ou sérénité. Parce qu'ils ont la capacité de déchiffrer nos tics et odeurs, nous leur sommes transparents et, ainsi exposés, nous sommes enfin nous-mêmes.
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Parce que ces hommes travaillent avec des animaux, pas des machines ni des numéros, parce qu’ils vivent en plein air dans des paysages d’une beauté torrentielle, parce qu’ils sont assignés à un lieu et un quotidien embellis par d’impressionnants impondérables, parce que des veaux naissent et meurent dans leurs mains, parce qu’ils vont dans la montagne comme des pèlerins pour connaître le secret des wapitis, leur force est aussi de la douceur, leur dureté, une rare délicatesse.
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L'automne nous enseigne que tout accomplissement est aussi une mort; que la maturité est une forme de déliquescence. Les saules, à force de rester près de l'eau, commencent à rouiller. Les feuilles sont des verbes qui conjuguent les saisons.
Aujourd'hui, le ciel est une hostie. Placée sur ma langue, c'est une plénitude qui s'est déjà désintégrée. Dessous, elle fait battre mon coeur si fort que tout mon être se tend vers les splendeurs de l'hiver. A présent, je sais la fragilité à laquelle cette saison aspire. Sa vulnérabilité ne peut plus être corrompue. La mort est sa pureté, sa douce boue. La ribambelle d'orages qui défilent à travers le Wyoming, tels des éléphants se tenant par la trompe, faiblit et pleure jusqu'au silence.
Plus de soleil, plus de vent, ni de chutes de neige. Les chasseurs sont partis; les oies des neiges se dandinent dans les champs. Déjà, les wapitis sortent des montagnes pour gagner les refuges où ils seront nourris. Leurs grands bois tomberont bientôt comme on décroche les lustres d'une salle de bal. Sans eux, la lumière de ces jours d'automne, baignés de ce que Tennyson appelle "une parodie de soleil", aura totalement disparu.
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"Pour vivre bien ici, il faut savoir se débrouiller tant au plan affectif que matériel. Traditionnellement au moins, la vie d'un éleveur n'a rien à voir avec le matérialisme : elle représente les petits exploits dont l'homme, uni à l'animal, est capable, ainsi que les plaisirs simples -comme écouter la radio la nuit ou reconnaître les constellations. La dureté que j'apprenais n'était pas l'opiniâtreté du martyr, un héroïsme stupide, mais l'art d'endurer. Je me disais : pour être dur, il faut être fragile. La douceur est la vraie pugnacité".
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La vraie consolation, c'est qu'il n'y a nulle part de consolation. Nulle part, c'est-à-dire partout.
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La nuit, au clair de lune, le pays est rayé d'argent - une crête, une rivière, un liseré de verdure qui s'étend jusque dans la montagne, puis le vaste ciel. Un matin, j'ai vu une lune toute ronde à l'ouest, juste au moment où le soleil se levait. Et tandis que je chevauchais à travers un pré, je me suis sentie suspendue entre ces deux astres, dans un équilibre précaire. Pendant un moment, il m'a semblé que les étoiles, qu'on voyait encore, tenaient ensemble toutes choses comme des cercles de tonnelier.'
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A vivre et à travailler dans ces grands espaces, où la vue porte à l'infini, on finit par perdre ses repères. Un berger à qui j'avais demandé de me décrire le Wyoming, m'a répondu : C'est pas grand-chose ­ rien que du vent et des serpents ­ si bien qu'à force tu sais plus ni d'où tu viens, ni où tu vas... et ma foi, ça ne fait pas de différence...
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Parce que ces hommes travaillent avec des animaux, pas des machines ni des numéros, parce qu'ils vivent en plein air dans des paysages d'une beauté torrentielle, parce qu'ils sont assignés à un lieu et un quotidien embellis par d'impressionnants impondérables, parce que des veaux naissent et meurent dans leurs mains, parce qu'ils vont dans la montagne comme des pèlerins pour connaître le secret des wapitis, leur force est aussi de la douceur, leur dureté, une rare délicatesse.
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Tout arrive soudainement dans le Wyoming, la ronde des saisons, les changements de temps ; pour les gens, les brutales fluctuations de la solitude. Mais la bonne humeur va de pair avec cette austérité. La bienveillance est de tradition. Des inconnus se croisant sur la route se salueront de la main. Il est courant de voir deux pick-up stationnés côte à côte sur une piste de terre serpentant dans les broussailles. Les chauffeurs partagent une cigarette, dévissent leur thermos, se passent une timbale de café bouillant par les vitres abaissées. Ces rencontres sont l’occasion d’échanger des renseignements concernant plusieurs générations, car dans le Wyoming la vie privée de chacun est largement de notoriété publique.
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Tout l'automne, nous attendons une double voix: l'une dit que tout est mûr, l'autre que tout se meurt. Paradoxe subtil. Nous éprouvons ce que les Japonais nomment "éveil" -- un mot presque intraduisible signifiant à peu près "une beauté teintée de tristesse". Certains jours, il nous faut résister à une mélancolie qui rôde. Des rêves obsèdent comme des hallucinations: dans l'un, un mourant regarde, depuis l'intérieur d'un gros cocon, de jeunes étalons galopant dans une boue épaisse; leurs bourses éclatent et leur semence se répand sur le sol noir. Mes lectures me ramènent à cette pensée du dément moine zen Ikkyu: "Souviens-toi que sous la peau que tu caresses, le squelette est là, qui attend son heure." Mais un autre jour, je m'en vais à cheval dans la montagne. Sur fond de rocher, les trembles tendent leur gracieux cou de girafe et un autre bosquet, pas encore jauni, diffuse une clarté virginale qui transperce toute pesanteur.
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Garder les moutons, c'est découvrir un nouveau régime humain, intermédiaire entre la seconde et la marche arrière - un pas vif et ferme sans précipitation. Pas de chair superflue à ces journées. Mais le déplacement constant du troupeau de point d'eau en point d'eau, de camp en camp, devient une forme de quête. La quête de quoi ?
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Il n'y a rien de plus fragile qu'une femme, si ce n'est un homme.
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