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Citations de Patrice Gueniffey (97)


"J'ai été un peu affecté de la catastrophe de Robespierre...". L'était-il parce qu'il se retrouvait du côté des vaincus? Parce qu'il voyait s'écrouler les espoirs placés dans la protection des Robespierre ? Ou parce qu'il était sincèrement attaché à Augustin ? [...] Augustin incarnait aux yeux de Napoléon un jacobinisme modéré et responsable qui s'opposait au jacobinisme violent d'un Fréron ou d'un Barras.
(p. 170 et page 172)
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Napoléon travailla et retravailla son plan tout l'été. "Quand je fais un plan de campagne, dira-t-il, je n'ai plus de répit que je n'aie fini, que mes idées se soient assises. Je suis comme une femme en couches".
Page 185
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Patrice Gueniffey
Entretien accordé à Eléments, n°185, août-septembre 2020.
Question : cette volonté d'effacer de l'espace public certains personnages historiques n'est-elle pas le signe d'un profond manichéisme, et d'un refus de comprendre et d'accepter l'histoire dans sa globalité et sa complexité ?
Patrice Guéniffey : Je pense que la situation actuelle s'explique par une ignorance crasse de l'histoire, effet de l'effondrement de l'école que je viens d'évoquer. Comment expliquer autrement les inscriptions ("esclavagiste") et autres dégradations des statues du général de Gaulle ou même de César ? Avant tout, les gens du Cran et autres indigénistes sont des imbéciles. Le pire, c'est que l'ignorance s'est tellement répandue qu'il n'y a pas vraiment de réaction. Qui est César ? Et Colbert ? Qui le connaît vraiment ? Au fond, plus personne ne sait de quoi on parle : quand on débaptise un lycée Colbert pour l'appeler Rosa Park, c'est que l'on ne sait plus qui est Colbert ni Rasa Park. Même ceux qui s'excusent et mettent un genou à terre ne savent pas vraiment pour quelle raison. Se sentent-ils réellement coupables de "crimes" qu'ils n'ont pas commis ?
L'histoire est le domaine de la nuance, de l'incertitude, et non de la morale. Seuls les crétins et les ignorants repeignent tout en blanc ou noir et ont un avis tranché sur tout !
pp. 37-38
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Les contre-révolutionnaires confondent le cours de la Révolution avec ses principes, tandis que les révolutionnaires les séparent trop rigoureusement. Toute la difficulté est de penser ensemble ce que la Terreur a eu de contingent et ce qu'elle a eu de nécessaire.
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De Gaulle allait fêter ses cinquante ans en 1940 à cet âge, Napoléon avait depuis longtemps conquis puis perdu l'Europe. Général à 24 ans, chef de l'armée d Italie à 27, premier consul à. 30, empereur à 35, vaincu à 45 et mort à 51 ans
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Napoléon n'était pas une tête brûlée comme Murat qui se lancerait à l'aveugle à la reconquête de son royaume de Naples et y laisserait la vie . Il s'accommodait de tout mais seulement jusqu'à ce qu'une occasion de faire mieux se présentât. L'important pour lui était de jouer la partie jusqu'au bout .
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En investissant la volonté du pouvoir engendrer l'histoire, et en faisant de la volonté un instrument au service de la construction du sociale par la raison, les hommes de 1789 ont inventé l'idée moderne de révolution.
Dès la fin de 1790, Burke donna l'alerte en mesurant, l'un des premiers, l'abîme de violence et de despotisme où pouvait conduire l'ambition purement volontariste visant à refaire une société à partit des droits abstraits d'individus soustraits à tout enracinement social ou historique.
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Napoléon avait fait croire aux Français qu’ils pouvaient renouer avec la suprématie qui avait été la leur au temps de Louis XIV et qu’ils avaient irrémédiablement perdue durant la guerre des sept ans tandis que de Gaulle rallongea de quelques années le pacte de la France avec l’universel, en effaçant fictivement les conséquences inéluctables du désastre de 1940.
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[Massacres de septembre 1792] Beaucoup s'enfermèrent à double tour, mais beaucoup d'autres continuèrent de se livrer à leurs occupations comme si de rien n'était : le soir, les théâtres faisaient salle comble. Un an plus tard, des foules immenses assisteront au supplice de Bailly, à celui de Marie-Antoinette, plus tard encore à ceux d'Hébert ou de Robespierre : des foules non pas de "tricoteuses", mais de bourgeois semblables à celui qui était passé avec les siens devant la prison des Carmes. Si les troubles civils ont une particularité, c'est d'éteindre toute compassion dans le coeur des hommes ordinairement les plus doux.

p. 237
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Dans le tumulte de 1789 surgit donc l'idée moderne de révolution. En elle se marient plusieurs croyances : en l'efficacité de la raison ; en la malléabilité indéfinie du réel. La volonté mise au service de la connaissance pour transformer la réalité : telle est l'essence de la révolution moderne, mais aussi ce qui ouvre sous ses pas le gouffre du déferlement de la violence et de la terreur. Les croyances que je viens de désigner permettent en effet de concevoir le projet de reconstruire la société selon un plan tracé d'avance et affranchi de tout ancrage dans la tradition et dans l'histoire. Autrement dit, il n'est pas d'utopie, même extravagante, qui ne puisse, armée de la volonté politique, prétendre modeler la réalité. Dès lors, la terreur peut devenir l'aboutissement presque inévitable des efforts visant à faire coïncider l'idéal et la réalité, puisqu'il faudra pour finir supprimer la réalité et les obstacles qu'elle oppose nécessairement à l'idéal.

Sans doute, la transformation du réel par l'action de la volonté n'est pas en elle-même un phénomène nécessairement terroriste. Le supposer reviendrait en effet à nier la politique même, qui consiste précisément à appliquer la volonté à la réalité. La terreur devient en revanche un aboutissement plausible, voire dans certains cas fatal, lorsque l'action politique, méconnaissant les limites que lui opposent les circonstances, prétend atteindre toutes les fins qu'elle s'est assignées. Cessant alors de seulement viser à des compromis entre le bien rationnellement conçu et les pesanteurs réelles, la politique déserte le domaine du possible pour tendre à l'absolu.

L'association du "volontarisme" et du "constructivisme" constitue ainsi la première racine de la terreur révolutionnaire. L'histoire de la terreur dans la Révolution française ne commence, de ce point de vue, ni en 1793 ni même en 1791 ou 1792 ; elle est consubstantielle à la Révolution qui, dès 1789, se présente comme une pure aventure de la volonté.

p. 50
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L'absorption de la politique par la morale à laquelle aboutit, entre 1792 et 1794, le discours robespierriste sur la révolution, par ajustement, dévoilement et explicitation progressifs, constitue précisément le socle idéologique du système de pouvoir qui se met en place après la mort de Danton. Parce qu'elle est désormais mise au service de l'accomplissement des fins morales de la Révolution française, la Terreur reçoit un caractère indéfini. Elle n'a plus de fin convenable en termes de circonstances extérieurs ou objectives puisqu'il ne peut y avoir de fin à ce qui en justifie le déploiement : les passions, l'égoïsme des individus, les factions... ; seulement toujours plus de terreur, afin de « remplir les vœux de la nature, accomplir les destinées de l'humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la Providence du long règne du crime et de la tyrannie », et, un jour, substituer « toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et tous les ridicules de la monarchie* ».

*Rapport du 5 février 1794, dans Robespierre, /Œuvres/ t.X, p.352.
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Au début de la Révolution, personne ou presque n'imaginait sérieusement que la France pût un jour cesser d'être une monarchie. La proclamation de la souveraineté de la nation n'empêchait pas la grande majorité des révolutionnaires de tenir pour sacrée la personne du roi, et même l'institution.
L'idée de transformer la France en république ne rassembla, jusqu'à Varennes au moins, qu'une poignée de sectateurs...
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Le mythe s’épuise à mesure que les passions qui l’ont entretenu s’éteignent : celles de la gloire, de l’héroïsme et de la guerre, celle-ci ayant été longtemps appréhendée comme une éducation à la vertu. Toute cette magie guerrière est morte avec les hécatombes du XXe siècle. Cependant, quelque chose parle encore aux imaginations modernes : la croyance, qui était déjà celle du jeune Bonaparte, et qui est la nôtre, que notre sort ne résistera pas à notre volonté. Bonaparte, c’est en quelque sorte le rêve de chacun et c’est sans doute pourquoi les asiles étaient pleins de fous qui se prenaient pour Napoléon : l’homme qui, sans ancêtres et sans nom, s’est créé lui-même à force de volonté, de travail et de talent.
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Patrice Gueniffey
Qu’a réussi de Gaulle? A repousser de quelques décennies la fin d’une histoire de France que 1940 avait irrévocablement condamnée. Il a embelli notre crépuscule. 214
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La terreur gît sans doute comme une virtualité inscrite au cœur de toute entreprise volontariste, sous la forme d'un recours à la violence pour dompter des choses ou des hommes. Elle constitue en cela un horizon possible dans tous les contextes. Mais sa probabilité augmente quand ce qui doit être déraciné — traditions, habitudes, inégalités, croyances, institutions — forme une réalité plus tangible. De ce point de vue, l'exception ne réside pas dans le cas français, mais dans le modèle américain de révolutions, qui résulte d'une conjonction de facteurs trop singulière pour être aisément reproductible. La révolution de 1776-1787 n'a pas eu d'héritiers, tandis que celle de 1789 trouva plus tard des émules dans d'autres vieilles nations historiques où le poids des obstacles nourrissait la passion révolutionnaire.
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Des morts royales, il en est de violentes : Henri III et son successeur Henri IV meurent poignardés, Louis XVI, décapité et, avant eux, Henri II, des suites d'une blessure reçue lors d'un tournoi. Même les rois peuvent mourir bêtement, le cas d'Henri II le montre. Sans doute, aucun ne trépassa comme Eschyle, assommé par une tortue qu'un vautour avait lâchée sur son crâne chauve qu'il avait pris pour un caillou, mais dans un temps où les portes étaient basses, Louis III (882) et plus tard Charles VIII (1498) se fracassèrent la tête contre un linteau qu'ils n'avaient pas vu.
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Patrice Gueniffey
Entretien accordé à Eléments, n°185, août-septembre 2020.
La destruction du modèle français d'assimilation ? Avant d'en accuser des groupuscules comme SOS Racisme ou de pseudo-philosophes comme BHL, ou les médias, il faut l'imputer à la destruction systématique de l'école depuis le vote de la loi Haby sur le collège unique en 1974. Fatalement, après un demi-siècle de rupture de la transmission, on en paye les conséquences. Notez d'ailleurs que la destruction de l'école est exactement contemporaine, à un an près, du décret sur le regroupement familial qui, devant entraîner une mutation démographique profonde, aurait dû inspirer à nos dirigeants le souci de préserver l'école coûte que coûte. En définitive, c'est bien à deux générations politiques lâches, faibles, ignorantes et incompétentes, qu'il faut imputer le désastre actuel. (p. 37)
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En cela, Bonaparte est bien l'anti Robespierre. C'est précisément le soin avec lequel il veilla sur les intérêts de la France propriétaire et patriarcale qui avait à la fois gagné à la Révolution et souffert qui la lui attacha pour ainsi dire jusqu'à l'écroulement du régime .
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Disons d'emblée que l'idée d'un État instrument passif entre les mains d'une classe sociale est une absurdité.
P. 403
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A propos du vicomte de Barras, membre du Directoire : "Doté d'une grande prestance et d'une belle voix, il s'imposa bientôt comme le roi un peu crapuleux du nouveau régime. Il était à son aise au milieu de la nomenklatura qui avait vu le jour après Thermidor, dans cette société mêlée où se côtoyaient parvenus, révolutionnaires plus ou moins repentis, débris de l'Ancien régime, financiers véreux, généraux ambitieux et gens de lettres aspirant à voir renaître les salons d'autrefois. Barras menait une existence fastueuse et, dit-on, dissolue. On lui prêtait de nombreuses maîtresses, mais de méchantes langues assuraient qu'il agissait en réalité de favorites auxquelles il ne faisait pas ce qu'il préférait faire aux sémillants aides de camps dont il s'entourait." (p.122)
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