Guillaume Guéraud

Un miroir sur le mur. Quatre collégiens dans son encadrement. Leur regard intense dans leur regard éteint. Quartes survivants. Deux 6èmes et deux 3èmes. Deux filles et deux garçons. Peut-être dévastés . Ou peut-être un peu plus vivants qu'avant.

La mort les englobait tous sans distinction. À croire que tout être vivant en valait finalement un autre.

Plus elle tentait de maîtriser la peur et plus la peur la maîtrisait.

Elle allait mourir. Sûrement. Ils allaient tous mourir. Certainement. Ils allaient tous mourir et personne ne pourrait les sauver. Évidemment.

- C'est fini, t'inquiète pas, je crois que c'est fini...
Mais il mentait - et il le savait. Rien ne signifiait que c'était fini - au contraire. La foudre frappait encore - moins frénétique mais toujours menaçante.

Plus de morts que de vivants dans la cour. Et presque tous les vivants connaissaient presque tous les morts. Certains connaissaient même désormais plus de morts que de vivants.

La plupart ne faisaient pas de bruits quand ils mourraient. Même pas le bruit d'un insecte qu'on écrase. Seuls ceux qui avaient peur hurlaient. Mais la plupart de ceux qui mourraient n'avaient pas le temps d'avoir peur. Et quand la mort leur en laissait le temps, alors la force leur manquait pour manifester leur peur en hurlant.

Des mecs avaient bien tenter de la brancher à Miami, mais elle les confondait tous avec les alligators.

- Tu veux un bol de chicorée ? elle m'a proposé.
La chicorée, quelle horreur, j'avais oublié que ce truc existait. C'est un jus obtenu à partir de la racine d'une endive au jambon, si je me souviens bien, et ça remplace le café pour les gens énervés.

A cause de son antiaméricanisme primaire qui n'épargne que le cinéma des années cinquante et rien d'autre, mon père ne supporte pas McDo. Il raconte que les hamburgers sont spécialement conçus pour étouffer le peuple, le rendre obèse, le ramollir et l'empêcher ainsi de faire la révolution. Il n'a jamais mis les pieds dans un fast-food. Pire, il n'a jamais bu de Coca de sa vie.
(p. 78-79)

"Un peu de guingois" est une formule d'autrefois qui doit signifier " complètement de traviole".

Elle est forte et elle fout la trouille, ma grand-mère, elle passe pas son temps à traîner au lit comme celle du Petit Chaperon rouge. Et elle aurait pas peur de se faire dévorer par les loups s'il y en avait autour de chez elle, au contraire, je peux même vous garantir que c'est elle qui le mangerait.

- Félicitations, jeune homme ! Le surprit une vieille dame. Il voyait souvent cette vieille dame flâner dans le jardin. Elle avait des yeux étincelants, où des éclats de lotus rouge virevoltaient. Elle lui rappelait quelqu’un. Mais il ne savait pas qui …

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Catastrophe ! Le vaisseau est en perdition mais ne cédez pas à la panique ! Un sidérant va sauver cet équipage sidéral ! Les flammes dévoraient le Meteor 8 et la brèche ouverte dans sa carlingue rendait l'air suffocant. Robert mit les gaz pour faire marche arrière mais le vaisseau était devenu incontrôlable et il ne fit que tournoyer en décrivant une série de lamentables loopings.

(citation choisie par Quentin)

Tang-le-Tigre était un cruel despote qui effrayait et affamait la population depuis des années. Il avait de fins sourcils tordus. Et de longs ongles pointus avec lesquels il déchirait les entrailles de ses ennemis.
Plusieurs terreurs faisaient partie de sa garde rapprochée. L’ÉPOUVANTABLE LI-PING ,surnommé L’Épine , qui savait manier sept poignards a la fois.

(citation écrie par: Naoufal Donat)

J'aperçois le Last Chance Saloon au loin et je prends cette photo. La distance et l'éclairage le font ressembler à un établissement fantomatique sorti d'un médiocre film d'horreur. "Il est mort…"Je le répète sur des tons différents. Mais impossible d'en trouver un qui parvienne à me convaincre.

- Je suppose que t'as toujours pas la télé... j'ai grimacé.
Elle m'a aussitôt collé une taloche derrière la tête.
- Bon sang! J'ai pas besoin de télévision! Je te l'ai déjà dit cent fois! Tous ceux qui la regardent finissent avec le cerveau empoisonné et se mettent à baver comme des crétins devant n'importe quoi sans plus se préoccuper de leurs voisins!
- Mais t'as pas de voisins... je lui ai fait remarquer.
- Tant pis! Je préfère m'occuper dans mon jardin pendant que les jeunes imbéciles de ton espèce restent le cul posé devant leur écran!
Le mot "cul" a froissé les oreilles de mes parents.
- Louis n'a que dix ans... a rappelé ma mère.
- Et alors? Il a quand même un cul!

[...] la veille de mon entrée en sixième, ils [mes parents] se sont séparés.
Je ne sais plus trop pourquoi j'ai choisi de rester avec mon père. Peut-être parce que c'est lui qui avait l'air le plus triste.
(p. 13)

Sing Lung lui brisa une à une toutes les phalanges qui lui restaient.
Et Usu Feng lui trancha les poignets rien qu'en secouant sa chevelure coupante