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Critiques de Hafid Aggoune (33)
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Anne F.

L'histoire d'Anne Franck est universelle, atemporelle, symbole de l'injustice, du génocide, de la tragédie. On oublie souvent qu' avant d'être tout cela, Anne Franck n'était qu'une adolescente comme les autres, avec ses doutes, ses états d'âme, ses peurs, ses joies...



Loin d'être un simple hommage, le récit d'Hafid Aggoune redonne vie à la jeune fille qu'elle était.



De même que la vie d'Anne Franck a basculé, celle du narrateur vacille. Un de ses élèves a commis l'irréparable et ses épaules ploient sur la responsabilité de cet acte. Que se serait-il passé si lui, modeste enseignant de collège, n'avait pas agi ainsi ? Des victimes auraient-elles été épargnées ? Le responsable se serait-il livré à cet acte atroce ?



La fenêtre l'attire comme un aimant pour clore définitivement sa vie. Mais le doute demeure, ce fil ténu qui nous relie encore à un quelque chose qui n'est autre que l'essence de ce que nous sommes. Alors il écrit. A Anne. Parce que c'est avec ses écrits que tout a commencé. Parce qu'il n'y a qu'elle qui peut le comprendre, témoin muet de sa descente aux enfers. Témoin muet de sa lente agonie.



Sa plume gratte le papier, s'anime alors que le souffle revient dans les poumons de la fillette. Ses joues rosissent, ses yeux se remplissent de larmes, elle est, pendant une nuit, vivante sous les mots du narrateur. Anne Franck n'est pas que l'histoire de la Guerre. C'est l'histoire d'une vie, trop tôt achevée.



Les émotions ballotent cet échange silencieux. La détresse du narrateur, le réconfort qu'il trouve dans les mots également.



Ce récit possède une force incroyable, celle d'un homme qui puise au plus profond de lui-même pour la vérité, un homme qui cherche des réponses dans sa propre histoire, celle de la respiration et du sourire d'une fillette enfermée par l'injustice. Dans ma gorge, les mots se sont noués devant cette communion entre l'Histoire, ce passé et ce présent qui dialoguent et se confondent pour dresser un hymne à la différence, un hymne à la tolérance. Parce oui, tout est possible. Le message d'espoir est le reflet de celui qui battait dans le cœur d'Anne. Les choses peuvent changer, il faut y croire. Et ne pas détourner le regard pour répondre à de vains intérêts.



Un texte d'une rare richesse, un petit bijou.



PS : je me suis même replongée dans le journal d'Anne Franck. Je l'avais, comme bon nombre de personnes, étudié au collège et je pensais le connaître. Las, combien je me trompais ! Les années ont passé et mon regard n'est plus le même sur ce récit. Il n'en est que plus beau. Merci Hafid Aggoune pour ce retour aux sources...
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Anne F.

Hafid Aggoune est né à Saint-Etienne et c'est lors d'une fête du livre à Sainté que j'ai pu le rencontrer. A l'époque (ça remonte à plus de 10 ans je pense) je m'étais fait dédicacer son livres "Les avenirs". je n'ai pas réellement de souvenirs précis de ma lecture mais je me souviens que j'avais aimé son écriture.



Ce livre est une longue lettre d'un homme qui a décidé d'en finir avec la vie. Il prends alors la plume pour expliquer son acte au cours de la nuit précédent celui-ci...



Le narrateur est professeur, il est terrassé par l'acte (un attentat meurtrier) d'un jeune homme qu'il a eu en cours. Le professeur se sent terriblement coupable de n'avoir pas su et pu éviter le pire. Il ne se remet pas de n'avoir pas su instruite et éduquer ce jeune homme qui en est arrivé à cette terrible extrémité ...



Ce jeune professeur a de plus une vie pas facile (séparée de sa compagne) et eu une enfance douloureuse dans ses relations avec son père (une homme dur et parfois violent).



Cette lettre sera l'occasion pour cette homme de nous expliquer ce qu'il ressent, son état d'esprit.



Peu à peu, cette lettre va lui permettre de redécouvrir cette jeune fille, il va alors l'imaginer encore vivante et libre et y puiser une force profonde...



Cette lettre va être comme un "exorcisme" car son écriture va conduire l'auteur à se réconcilier avec la vie, avec toutes les valeurs que cette jeune fille met en avant dans son journal.



L'optimisme, la joie de vivre, l'enthousiasme, l'ouverture sur les autres, l'écriture et la lecture. Toutes ces valeurs, cette jeune fille du haut de ses 15 ans, les porte de façon admirable.



Hafid Aggoune grâce à ce livre nous donne vraiment envie de relire Le Journal D'Anne Frank , je l'ai d'ailleurs emprunté à la bibliothèque du collège où il se trouve en grande quantité, preuve qu'il continue à être étudié et lu et c'est tant mieux.



Anne, tu vis toujours en chacun de nous, nous, tes lecteurs si nombreux.



Ton sourire qui orne la couverture de ton Journal édité grâce à ton papa est un hymne à la vie, cette vie qui t'a été ôtée de manière si barbare...



Je ne peux que me souvenir de toi et espérer que ces actes ne se reproduisent pas, ils ne doivent pas se reproduire, c'est ce message que je porte en moi grâce à ton journal. Voilà que moi aussi je m'adresse à toi Anne...



Ce livre est vraiment une belle façon de repenser au journal d'Anne Frank,

de le mettre en valeur, de le mettre en résonance avec le présent.



Il faut le lire, le faire lire et le relire, il permet de porter haut et fort les valeurs que cette jeune fille a su nous transmettre par delà sa mort grâce à son père qui l'a fait éditer.



Merci Hafid Aggoune pour ce roman miroir !



Cette lettre il va l'adresser à Anne Frank.
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Quelle nuit sommes-nous ?

Si vous espérez lire un roman dense avec une histoire haletante, je vous conseille de passer votre chemin.

Si par contre la qualité d’une écriture est capable de vous bouleverser, de faire monter en vous une boule d’émotion, au point d’éprouver le besoin parfois de relire certaines phrases pour vous imprégner de la magie des mots, alors je crois que voilà un livre fait pour vous.



Comment s’appelle le narrateur ? Samuel Tristan ou alors Sahel, Salim ou encore Saji ? Les identités changent au fil des rencontres et des pays traversés, Sidi Ifni, Djerba, Alexandrie, Beyrouth, Jérusalem ou Venise.



Pourquoi est-il parti un beau jour, ou plutôt, une belle nuit de chez ses parents

avec pour tout bagage quelques vêtements et un sac de livres ?



A la suite de son héros, Hafid Aggoune nous prose une réflexion sur la liberté, la prise de responsabilité pour un ado lorsqu’il décide de partir, mais également une ode à la littérature et au pouvoir des livres.



« Fuguer est le contraire d'un suicide : on part pour vivre. »



«Lire relève du pouvoir divin d'être hors du temps, hors du lieu, hors du corps»



Je referme ce livre avec la certitude d’avoir découvert un auteur au talent exceptionnel.

Je remets ce livre dans ma PAL pour le relire très vite et à nouveau me laisser envoûter.







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Et la colère monta dans un ciel rouge et noir

Ouvrier pauvre de Rio, Da Silva s’est battu pour que son fils privilégie les études au ballon rond. Henrique est ainsi devenu professeur de lettres. Il a voyagé, publié des romans, mais il enseigne toujours dans la favela de son enfance, espérant sauver au moins quelques gamins de la misère, de la délinquance, de la drogue. « C'était la littérature contre les armes, l'imaginaire contre la drogue, un combat perdu d'avance que le Professeur menait sans baisser les bras. »

Bien que passionné de foot, Henrique milite contre la gabegie occasionnée par la Coupe du Monde au Brésil. Son militantisme est attisé par sa rage et sa soif de vengeance lorsque des répressions violentes contre les manifestants touchent ses proches.



Colère. Ciel rouge et noir. Le titre et les premières lignes du récit annoncent du sanglant et du sombre. Cette trame 'policière' habille de manière peu convaincante un thème intéressant : le gaspillage de l’argent public pour des manifestations sportives internationales aux enjeux financiers monstrueux. Un gaspillage d’autant plus flagrant, indécent et révoltant lorsque la population locale vit dans la misère, connaît de graves problèmes sociaux et/ou politiques.

On connaît le problème, il n’est pas nouveau, on s’en indigne de loin, on s’estime impuissant alors on ne lève pas le petit doigt, complices passifs, et cet immobilisme pantouflard entretient le phénomène. Pas le choix, c’est le système, etc., et puis on en profite, d’une manière ou d’une autre, du fond de notre fauteuil.

Le foot ne m’intéresse pas, donc ma mauvaise conscience ne se situe pas là, mais dans d’autres domaines comparables - exploitation des ouvriers qui produisent ‘mes’ biens de consommation, entre autres.



Le sujet est intéressant, l'ambivalence des sentiments de cet homme est bien exprimée, et quelques formules font mouche. Dommage que l’intrigue elle-même paraisse artificielle et qu’on n'aille pas au-delà de constats via le regard du personnage principal. Mais il s'agit d'une nouvelle, pas d'un roman, encore moins d'un documentaire/essai.

Quoi qu'il en soit, le message passe, et savoir que l'auteur de cette nouvelle est un "authentique passionné de football" donne encore plus de poids au propos.

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Les avenirs

Les Avenirs. Pierre se reconnecte au monde après des années d'absence. Au fur et à mesure de son "réveil", on découvre son histoire et ce qui l'a amené à réagir après toutes ces années.
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Anne F.

A l'occasion de la rentrée littéraire 2015, Hafid Aggoune publie Anne F. Pour de multiples raisons que je garderai pour moi, cet opus ne pouvait être que le dernier ouvrage lu et chroniqué de 2015. Et comme prévu, comme anticipé, comme deviné, surtout comme escompté et espéré, c'est un énorme coup de cœur émotionnel.



Ayant eu le grand bonheur de rencontrer et de sympathiser avec l'auteur lors du salon de livre de Brive, et en gardant un souvenir mémorable de ce moment, il me tardait de découvrir son dernier opus. Vu la couverture, vu le thème, vu les événements de cette fin 2015, cela s'annonçait comme un moment compliqué mais salvateur. Je le dis d'emblée, je n'ai pas été déçu!



"Anne, si les beaux soirs peuvent encore exister et donner vie à des nuits de paix, et que les jours se succèdent pour laisser aux Hommes de bonté la force de rebâtir sur des ruines, alors toi et tous les peuples réduits en cendres en en larmes aurez donné votre part pour fertiliser le monde et le reconstruire inlassablement."



Oui ces phrases résonnent étrangement et douloureusement.

Oui cet ouvrage prend une drôle de signification quand on a vécu et subit les événements de Janvier et Novembre dernier.

Oui Hafid nous offre un superbe message de paix, de tolérance, d'espoir et surtout de vie... Se souvenir du passé pour ne pas renouveler les erreurs (vaste chimère? utopie? espoir?, ...), le pouvoir et la force des mots en direction des jeunes.



"La paix naîtra lorsque les hommes et les femmes chercheront l'Autre dans le miroir."



Anne F. est une lettre rédigée durant sa dernière nuit par le narrateur qui veut en finir avec la vie à Anne Franck, sa petite sœur.



"C'est à l'époque du début de mon Journal que tu es devenue ma petite sœur, sœur d'écriture, sœur de solitude, sœur dans les moments difficiles, sœur dans cet amour pour l'école que je ressentais dans mon profond et sincère respect pour celles et ceux qui nous enseignent, et plus tard dans mon amour pour les bibliothécaires, les libraires, les éditeurs, et tous ceux qui œuvrent autour des livres, les miens, ma famille, celle que j'ai choisie."



C'est l'histoire revisité de Anne Franck... mais aussi du père de cette dernière... mais aussi de celle du narrateur... mais aussi du père du narrateur (la comparaison entre l'écrivain et le marathonien est sublime)... Bref, de multiples histoires de vie sont narrées dans ce livre. Elles se ressemblent toutes, elles se rapprochent, elles se confondent. S'y ajoutent des messages forts sur l'importance et la beauté de la vie, sur le rôle des enseignants, sur la culture en général et le besoin de cette dernière pour instruire, enseigner la littérature et combattre les horreurs.



"Les enseignants sont les gardiens de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, cerbères du temple, architectes de la société à venir, ceux à qui a été confiée une tâche immense dans un monde multiethnique, multiconfessionnel, complexe, illisible, pour qui se contente du conformisme, de l'évidence, de l'apparence. "



Émotionnellement difficile, très émouvante et souvent bouleversante, l'écriture de Hafid Aggoune est délicieuse. De longues phrases fluides, recherchées, détaillées, si poétiques; un style riche et travaillé pour être à la fois compréhensible et explicite; des chapitres courts alternant entre la vie de Anne Franck, celle du narrateur ou des pères de l'un ou de l'autre... l'auteur fait un sans-faute dans la construction de son livre. J'ai vraiment beaucoup apprécié et ai dévoré chaque ligne avec délectation. On ne peut qu'être touché, ému. Il est réellement impossible de rester indifférent à tout cela.



"On aimerait ne pas être aspiré par l'oubli. On laisse une part de soi, dans un enfant, un livre, des projets. On éduque, on écrit, on construit pour ne pas disparaître, pour que nos jours aient un sens, pour que quelque chose de beau nous arrive."



Coup de cœur incontesté et incontestable, ne passez pas à côté de Anne F. A lire, à relire, à conseiller, à transmettre!



C'est une lecture très forte qui invite à redécouvrir Anne Franck mais aussi à être humble, à ne pas oublier la tolérance, les valeurs républicaines de notre nation, l'ouverture aux autres, le vivre ensemble, chacun avec ses singularités ou ses différences. Pour ce fabuleux hymne à la vie, au courage, à l'ouverture d'esprit, je n'aurai que deux mots pour conclure cette chronique: Merci Hafid!



5/5








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Anne F.

Seul titre de la rentrée littéraire contemporaine reçu, Anne F. fait partie de ces ouvrages courts qui laissent leur empreinte et se distinguent des quelques 500 autres livres parus ces dernières semaines. Comme beaucoup, j’ai lu le Journal d’Anne Frank quand j’étais adolescente. J’avais été touchée par les mots de l’adolescente et impressionnée par sa détermination et son courage face à sa situation. Aujourd’hui devenu un symbole fort et beaucoup étudié en cours, ce journal intime n’a pas pris une ride et semble plus d’actualité que jamais.

Hafid Aggoune revient avec justesse et beaucoup d’émotions sur le destin et la personnalité de cette adolescente à la fois hors du commun et en même temps si proche de chacun d’entre nous. Une lecture brève qui oscille entre sourires sincères et larmes aux yeux.



Le narrateur est un professeur de français. La quarantaine, il nous explique que ce sont les livres qui l’ont construit et l’ont « sauvé » de sa condition lorsqu’il était adolescent. Il entretient un rapport assez fort avec la littérature. Or, un jour, son élève le plus prometteur commet un acte symbolique répréhensible pendant son cours ; choqué, notre narrateur exclut le coupable de sa classe et plus généralement de sa vie. Plus tard, l’adolescent rejeté est à l’origine d’un attentat lors d’un marathon parisien. Honte et culpabilité rongent le professeur qui se persuade que s’il n’avait pas abandonné son élève et avait été à son écoute, le pire n’aurait pas eu lieu.



Ce livre se présente en fait sous la forme d’une longue lettre que le narrateur rédige à destination de la jeune Anne Frank dont il a relu le journal quelques heures plus tôt. Lorsqu’il aura mis un point final à son écrit, il souhaite en finir. Ses derniers mots ne sont pas pour sa femme adorée mais bien pour cette jeune adolescente courageuse et pleine de vie qui elle, n’a pas pu faire le choix de vivre plus de quinze années.



Rédigé à la première personne du singulier, cette lettre d’adieu émeut. Cet enseignant passionné par son métier touche par ses réflexions, ses doutes, ses faiblesses… Il fait de nombreux parallèles entre sa vie et celle d’Anne, rapprochant les caractères de leurs parents respectifs et cette passion commune pour la littérature.



Mais outre ses comparaisons entre leur vie respective, le narrateur revient surtout sur le symbole qu’est devenu Anne Frank au fil des années. J’ai surtout été frappée par la réflexion qu’il mène sur qui aurait pu devenir l’adolescente si elle avait vécu. Il l’imagine femme de lettres ou impliquée dans la politique. Je n’avais jamais imaginé Anne Frank au-delà de son journal et j’ai apprécié ce nouvel horizon. De la même façon, j’ai vraiment aimé qu’Hafid Aggoune revienne plusieurs fois sur l’image que l’on garde de la jeune fille. Notre imaginaire a été marqué par les éditions poche qui présente un portrait d’elle souriante. L’auteur nous parle maintes et maintes fois de ses photographies, enfant puis adolescente, insistant toujours sur son air heureux, sa bonne humeur communicative mais aussi son sérieux, assise à son bureau, une plume à la main.



On croyait connaître l’histoire d’Anne Frank après avoir découvert son journal, mais Hafid Aggoune nous donne quelques approfondissements et nous expose de nouvelles facettes de la personnalité et du destin de la jeune fille. Après cette lecture hommage, nombreux seront ceux qui, comme moi, auront envie, je n’en doute pas, de (re)lire le fameux Journal et nous y trouverons certainement de nouveaux messages insoupçonnés et cette dose d’espoir qui pourrait nous faire défaut en ce moment.
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Anne F.

Il est professeur de français, pur produit de la méritocratie, et modèle d’intégration. Sa passion c’est sa langue d’adoption, le français qu’il enseigne. Un jour un de ses élèves " dérape", et lui, refuse de fermer les yeux.

La culpabilité s’installe.

En s’adressant à Anne Frank dont il vient de faire découvrir le journal dans sa classe, se dévoile, se livre, lui l’amoureux des livres pour qui la culture et l’instruction n’allaient pas forcément de soi dans sa famille.

Lui fils d’ouvrier, pour qui le travail était élevé en vertu, ne comprend pas la dérive de certain. Replonger dans les écrits d’Anne lui permet de ne pas s’abîmer dans le désespoir, ni dans la tentation de l’abandon. Anne Frank fut à sa façon une résistante, lui, se doit de ne pas baisser les bras, et de continuer à croire dans le genre humain.

Et pour se donner du courage, il évoque la figure tutélaire du père, modèle de résistance, lui aussi, dans son domaine : la course à pied.



Ce court roman, remarquablement écrit prend sans doute ses racines dans ce qu’il s’est passé à Paris ce début d’année. On le ressent comme un cri, une injonction à relever la tête et à ne pas sombrer ; mais de la plus jolie manière qui soit : avec la force des mots simples et de la belle langue, sans pathos ni morale.



Une lecture forte qui invite à redécouvrir Anne Frank.
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Anne F.

Il y a des textes qui vous frappent en plein visage, alors que vous ne vous y attendiez pas le moins de monde … Il y a des textes qui paraissent anodins et qui, quelques heures plus tard, occupent une place importante dans votre vie… Il y a des textes qui dorment depuis des mois, des années dans votre bibliothèque, et qui ressurgissent un jour, vous sautent dans les mains et s’imposent comme une évidence. Le Journal d’Anne Franck était de ceux-là.



Comme pour Hafid Aggoune, ma lecture du Journal m’a bouleversée il y a quelques années, et depuis Anne m’accompagne au jour le jour. Comme pour Hafid Aggoune, je pense que cette jeune fille nous a donné une leçon de vie pour l’éternité; et qu’elle aurait pu devenir une grande dame, si elle n’était pas éternellement figée dans ses 15 ans. Car son Journal est incroyable de maturité, de sagesse, d’humour et de douleur.



« Je veux écrire à la jeune fille brillante qui aurait pu devenir une femme immense, un phare d’intelligence et de subtilité dans un chaos qui en a tant besoin.

J’écris à l’adolescence qui promet tant et aux adultes pour qu’ils n’oublient pas.

J’écris au début dans la vie et aux êtres qui cherchent un morceau de ciel au fond de leur misère.

J’écris à l’espoir qui s’en va de mon corps, de mes pensées. »



Le narrateur d’Anne F., par Hafid Aggoune, est professeur de français et chaque année, il fait découvrir ce Journal à ses élèves. A chaque lecture, il vibre, avec chaque élève qui la découvre, il partage sa passion, son goût pour la vie, son optimisme pour l’avenir de l’humanité. B. Jahrel est l’un d’entre eux, qu’il a particulièrement suivi pendant 2 ans, le poussant, l’élevant, admirant ses qualités littéraires. Mais après un été, Jahrel revient transformé, et un de ses premiers actes est de brûler le Journal, devant toute la classe. Blessé, le professeur le fait exclure de ses cours pour le reste de l’année. Quelques mois plus tard, un attentat au marathon de Paris. L’auteur ? Un jeune garçon de 16 ans, B. Jahrel.



Tout s’écroule pour l’enseignant, qui décide d’en finir. Mais pas avant d’avoir écrit une dernière lettre à sa « petite sœur », Anne Frank, pour expliquer son geste.



Cette lettre de 150 pages est juste sublime. S’y mêlent la peur du futur du monde, l’amour des autres, des élèves, de la littérature. S’y mêlent la vie d’Anne F. et d’un jeune garçon lui ressemble, qui s’est comparé à elle, passionné par la littérature et enfermé comme elle dans une vie étriquée, avec une relation compliquée à ses parents. S’y mêlent le désespoir d’un enseignant qui sait qu’il a échoué, et qu’il n’a plus rien à attendre de la vie …



« Jahrel est le nom de ma défaite, comme le nom d’une bataille perdue, celle qu’il fallait remporter à tout prix, celle dont tout dépend. Et je ne suis pas loin de penser qu’elle est celle pour laquelle mon pays, la France, se doit de sortir victorieuse, au risque de voir son avenir assombri pour de longues et difficiles années. »



Car ce qui se cache sous ce dialogue magnifique, c’est la comparaison entre la terreur nazie, d’abord insidieuse puis éclatante, et le terrorisme sous-jacent qui tourne la tête à des enfants que l’école, la famille, la société, ont perdu à jamais. Pour qui le futur n’a plus d’attrait, pour qui la mort est le seul avenir. Alors que pour Anne Frank, la vie était le seul avenir possible, la joie le seul modus vivendi, car elle avait confiance en l’humanité, en la bonté de l’âme humaine, sans se douter qu’elle se trompait … Mais même si elle n’a pas pu vivre cette vie dont elle rêvait, son Journal a permis à d’autres de le faire. « Tu as fait en deux années recluses plus que beaucoup ne font en 80 ans d’existence, toi qui a eu les ailes brisées dans ton élan pour la vie. » Et le plus bel hommage que l’on ait pu faire à cet élan, ça a été de donner le nom d’Anne Frank à un astéroïde, « petit corps d’encre, de roche, de métaux et de glace voyageant à l’infini dans une immensité, sans frontière ni barbelés, seule encore, mais libre. Non, Anne, tu n’as pas vécu pour rien. »



Car ce cri d’agonie d’un homme perdu est aussi un cri d’espoir : espoir dans la vie, dans l’éducation, dans la culture, dans l’amour fraternel. C’est le cri d’un homme qui sera sauvé par la littérature, encore une fois, après que celle-ci ait sauvé tant de gens, même si elle a échoué à sauver une jeune fille de 15 ans en 1944 et un jeune garçon en 2015. Le cri d’un homme qui nous dit qu’il faut encore espérer, encore et toujours.



« La paix naîtra lorsque les hommes et les femmes chercheront l’Autre dans le miroir. »



Un magnifique roman, qui donne envie de (re)découvrir le Journal, et cette merveilleuse jeune fille.



« Anne, tu n’es pas vraiment morte. Tu resteras éternellement jeune, à l’image des Dean et Monroe que tu n’as pas connus et que tu aurais aimés, figures d’un XXe siècle contrasté, déchiré entre les abîmes les plus inhumains et le glamour d’un monde moderne dédié à l’image et aux rêves comme si la seule issue était la fiction. »
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Les avenirs

Pierre Argan se réveille d’une vie léthargique après 60 ans passé dans les affres d’un esprit en souffrance. Il va se réveiller d’un temps non vécu, d’une vie qu’il n’a su que voir sans participer, une vie qu’il n’a fait que subir sans jamais rien ressentir. Mais un jour, il se réveille, son esprit enfin s’ouvre au monde qui l’entoure.



Le récit est écrit avec des passages de l’enfance de Pierre Argan puis des sauts dans sa nouvelle vie éveillée, réveillée. Mais on sent que son esprit est encore endolorie par cette vie sans vécue. C’est surtout dans ces moments là que moi en tant que lectrice je me suis perdue, mais n’étais ce pas le but recherché, se perdre dans cet esprit naissant qui réapprend à ressentir, à recevoir des émotions, à ré-apprivoiser ses souvenirs.

la suite sur le blog :
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Quelle nuit sommes-nous ?

Je me souviens de ce moment où il a pris le livre entre ses mains. C’était au Quai des livres, rue Laurier, un lieu que j’affectionnais et qui a disparu depuis.



Nous avions tous deux été touchés par le titre, par la question que l’auteur posait et à laquelle ni l’un ni l’autre ne pouvions répondre. Quelle nuit sommes-nous? nous demandait Hafid Aggoune. A-t-il su trouver réponse à ce point d’interrogation, lui qui a emporté le livre avec lui?



Je ne suis pas à même de répondre alors que je viens de fermer le livre, encore imprégnée par certaines phrases qu’il me semble avoir lues ce soir d’octobre pour mieux les oublier. Pour mieux les retenir. Comme celle-ci : « Mon espace est le lieu du regard, l’errance d’une vie au milieu d’autres. »



Alors que Samuel aux 100 prénoms, le narrateur de Quelle nuit sommes-nous? va, de ville en ville, en quête de lui-même, c’est nous qui poursuivrons notre quête. Affirmant tout comme lui que « rien ne dure, sinon le renouvellement de nos regards en soi, sur le monde, sur autrui. »



C’est un beau livre que signe Hafif Aggoune. Un livre où tout se bouscule alors que rien ne bouge. Un livre sur soi, sur l’autre, un livre sur les livres et les paysages, sur les gens et sur ce qui nous pousse à rester ou à fuir. Un livre dont j’avais oublié l’existence et qui a croisé ma route dans une autre librairie d’occasion. Un livre que j’ai ouvert au hasard sur ces mots : « C’est pour cela que j’aime tant les livres : l’instant de la lecture est un absolu fait de rien et de tout, une concentration de tous les possibles posée sur la légèreté d’une feuille. »



Ne serait-ce que pour cette phrase, pour cette première rencontre avec ce livre dont je me suis souvenue, Quelle nuit sommes-nous? vaut tous les détours et toutes les questions. Même celles auxquelles on ne trouver jamais une seule et unique réponse.
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Et la colère monta dans un ciel rouge et noir

Le monde se remet à peine des défaites de supporters de la compétition sportive mondiale la plus célèbre et voici que je découvre l’ouvrage de Hafid Aggoune, Et la colère monta dans un ciel rouge et noir ….

Alors que la liesse populaire s’éprend des plus beaux hôtels, découvre des stades tous rénovés et un Brésil flambant neuf et touristique à souhait, Hafid nous fait découvrir la face cachée de la compétition : la misère, la saleté, et l’inhumanité dont sont victimes les habitants des principales villes brésiliennes, et tout ce que les médias nous cachent, ne nous laissant que l’euphorie véhiculée par les stars du ballon rond.

Parmi ce qu’on nous cache, il y a l’histoire d’un mari, d’un père, dont l’avenir et la vie ont été réduites à néant un jour ou sa femme et son fils tombent sous les impacts d’une balle perdue.

Depuis, perdu entre les visites au chevet de son fils mourant et son métier d’enseignant, il n’a qu’une idée en tête, faire entendre la vérité à ceux qui ne veulent pas l’entendre. Il faut que le monde voie l’enfer du décor !



J’ai parcouru cette histoire d’une traite, et même si je savais déjà par les médias que la coupe du monde n’était pas qu’une bonne chose pour le peuple brésilien, l’orientation prise par l’écriture de l’auteur permet une vision beaucoup plus intime et personnelle des dérives politiques liées à cet événement sportif de grande envergure.



Et la colère monta dans un ciel rouge et noir est paru aux éditions Storylab que je remercie pour m’avoir permis cette découverte.
Lien : http://serialreadeuz.wordpre..
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Les avenirs

Comment peut on écrire de manière si juste et si bouleversante sans avoir vécue l'histoire. La douleur est parfois insoutenable à lire. Difficile d en sortir indemne. Ce livre m a boulversée.
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Anne F.

Un très beau roman, une écriture qui touche énormément et un personnage (Anne) remis à l'honneur de façon incroyablement touchante.
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Les avenirs

C'est le côté mystérieux du résumé qui a attiré mon attention, ce livre ne rentrant a priori pas dans mes goûts habituels. J'avoue que l'incipit a achevé de me convaincre d'aller au bout de ma lecture :

"Un jour, j'avais dix-sept ans, j'ai disparu de moi."

Paf, et voilà, ma lecture était lancée pour 64 pages d'émotion et de réflexion. J'ai pleuré page 14.
Lien : http://unpapillondanslalune...
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Les avenirs

Dans ce premier roman, un jeune auteur évoque le parcours douloureux d’un homme qui après une enfance chez ses grands-parents algériens, va connaître l’amour auprès d’une jeune artiste peintre de religion juive, qui sera déportée sous l’Occupation nazie. Plongé dans un désespoir psychique intense, le narrateur passera près de soixante ans dans un établissement psychiatrique avant que le suicide d’un autre malade ne le libère de ses obsessions.

Beaucoup de thèmes enchevêtrés d’une façon pas toujours plausible, notamment sur le plan chronologique. Mais l’essentiel n’est pas là : ce livre est un ouvrage d’une grande densité poétique, écrit dans une prose inspirée d’une grande beauté, qui transmet les émotions et les images poétiques au delà du rationnel, sans pour autant qu’aucun mot soit gratuit dans ce texte : tout correspond, selon les vœux de Rilke (in Lettres à un jeune poète), à une grande nécessité intérieure, à une urgence poétique. Il faut donc saluer ce texte et le recommander vivement. Un poète est né.
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Anne F.

B.Jarhel, 15 ans, a commis un attentat à Paris lors d'un marathon. Son professeur de lettres, rongé par la honte et la culpabilité, veut attenter à ses jours. Ce soir-là, il relit Anne Frank et décide de lui adresser sa dernière lettre.

Pourquoi Anne ? Parce qu'elle symbolise l'enfance pétrifiée, parce qu'il se trouve avec elle des points communs : une judaïté que l'on cache, le refuge dans l'écriture, le rapport avec ses parents... Il la considére comme une petite soeur d'écriture, un symbole de paix et de courage qui va lui redonner espoir. Vaut-il mieux abandonner ou résister ? Un texte court et fort, une belle réflexion sur le pouvoir de l'enseignement face à la montée de l'obscurantisme.
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Anne F.

Le livre prend la forme d'une lettre que son auteur, un professeur de lettres au fond du gouffre, prêt à un acte ultime, écrit à Anne Frank. Le récit se déroule sur un temps très court, une nuit, nuit pendant laquelle le narrateur fait revivre cette jeune fille brillante, lumineuse, éprise de liberté, passionnée de lecture, auteure. C'est à la relecture du journal de celle qu'il nomme sa "petite soeur juive", qu'il cherche une lumière qui pourrait l'éclairer, le tirer du désespoir et de la honte.



Ce texte, publié dans la collection "Miroir" chez Plon est un jeu de miroirs sous plusieurs aspects, miroirs entre deux époques, celle où vivait Anne Franck et aujourd'hui, entre le narrateur et Anne, entre leurs images paternelles...

Ces parallèles nous amènent à nous interroger sur notre société, la tolérance, l'ouverture aux autres, les valeurs républicaines mais aussi la quête d'identité ou la façon dont un individu se construit,...



"Nos époques ne sont pas éloignées, un large ciel enflé de ténèbres les relie, nous laissant parfois impuissants...

Si tu voyais le monde aujourd'hui, tu serais effarée par la place accordée à la haine, encore elle, et à l'ignorance, à la peur, à la terreur."



Ce qui dévaste ce professeur est d'avoir rejeté un de ses élèves, au moment où il avait le plus besoin d'aide, d'avoir failli à son devoir d'enseignant et à ses convictions républicaines, de n'avoir pas su être le guide.



"Les enseignants sont des gardiens de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, cerbères du temple, architectes de la société à venir, ceux à qui a été confiée une tâche immense dans un monde multiethnique, multiconfessionnel, complexe, illisible pour qui se contente du conformisme, de l'évidence, de l'apparence."



Le narrateur trouvera-t-il dans l'exemple d'Anne Frank suffisamment de courage pour résister au désespoir et faire face à la tâche qui l'attend?

Je ne dévoilerai évidemment pas le dénouement, mais cette lettre rappelle des valeurs essentielles et aborde des questions fondamentales qui nous concernent tous.



C'est le premier titre de cette rentrée littéraire que je lis et c'est vraiment un livre très fort et superbement écrit, dont je partage totalement le propos.

Je n'ai pas cessé de noter des citations au fil de ces 200 pages très denses.

C'est également un texte intime où le narrateur rend un très bel hommage à son père qu'il a appris à aimer, ce père qui les aimait mal, lui et son frère, mais les aimait tant et leur a permis de se construire.



"Je crois que la grande différence entre les êtres, quelles que soient leur origine ou leur milieu social, c'est l'amour que l'on reçoit et la nature de cet amour pendant l'enfance."



Je remercie vivement les éditions Plon qui m'ont envoyé ce très beau texte dans le cadre d'un partenariat organisé par NetGalley et qui redonne ainsi une modernité à ce texte essentiel qu'est le Journal d'Anne Frank.


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Les avenirs

Un destin incroyable que celui de ces deux jeunes gens, elle, Margot, jeune artiste peintre emmenée dans les camps de la mort alors qu'elle vivait son premier amour, lui, Pierre, qui va passer les cinquante années suivantes de sa vie dans un mutisme et un oubli total de ce drame de jeunesse. La belle écriture de Hafid Aggoune doit être soulignée, un tel travail sur le style nous fait souvenir de ces romanciers-poètes qu'étaient Blaise Cendrars, Francis Carco ou Pierre Mac Orlan, que seul un Le Clézio a su égaler depuis. Bravo donc ! Il faut lire ce livre deux fois (il est très court, c'est possible en une heure de temps) car le premier chapitre ne se comprend bien qu'à la lecture des deux ou trois suivants, qui l'éclairent d'un tout autre jour. Mais l'effort en vaut la peine. La critique est passée à côté d'un chef-d'œuvre (pas sexe, pas narcissique, pas bon ???). Dommage, mais on peut parier sur un regain de postérité, comme tant d'autres en ont connu...
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Anne F.

Un hommage à Anne Frank et une réflexion profonde et indispensable sur la nécessité de diffuser la culture, d’enseigner la littérature pour lutter contre l’horreur. Des passages un peu moins intéressants sur le narrateur lui-même mais cette seconde voix donnée à Anne Frank m’a bouleversée.


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