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Citations de Hanya Yanagihara (203)


Willem, s'entend-il appeler, protège-moi, aide-moi; fais-les partir, je t'en prie.
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Le problème, comme toujours quand on essaie d’être l’idéal de quoi que ce soit, c’est que les critères finissent toujours par varier, et que ce dont vous avez fait l’objectif d’une vie entière n’est pas une vérité unique mais une série d’attentes déterminées par une certaine situation. Si le contexte change, si les perspectives changent, alors vous n’êtes à nouveau plus rien. (p.317).
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Il y a une chose que j'ai apprise, il faut parler tant que les souvenirs sont frais. Ou bien, on n'en parle jamais.
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Récemment, il s'était demandé si la dépendance constituait une si mauvaise chose. Il tirait du plaisir de ses relations amicales, et il ne faisait de mal à personne, alors qui se fichait de savoir si cela relevait de la dépendance ou pas ? Et de toute façon, en quoi une relation amicale était-elle plus dépendante qu'une relation amoureuse ? Pourquoi considérait-on l'amitié admirable à vingt-six ans, mais suspecte à trente-six ? Pourquoi l'amitié valait-elle moins qu'une relation amoureuse ? Pourquoi ne valait-elle pas plus, même ? Elle consistait en ce que deux personnes demeuraient ensemble, jour après jour, liées non par le sexe ou l'attirance physique, par l'argent ou la propriété commune, mais seulement par un accord partagé de continuer, un dévouement mutuel envers une union qui ne pourrait jamais être codifiée. L'amitié comprenait d'être témoin du lent écoulement des malheurs d'un autre, ainsi que de longues périodes d'ennui, et d'occasionnels triomphes. Elle consistait à se sentir honoré du privilège d'être présent pour quelqu'un dans ses moments les plus sombres, et de savoir que l'on pouvait en retour se sentir déprimé en compagnie de cette même personne.
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Ce n'est pas seulement qu'il soit mort, ou la manière dont il est mort; c'est ce qu'il croyait en mourant. Alors j'essaie d'être bienveillant à l'égard de tout ce que je vois et, dans tout ce que j'aperçois, je le vois, lui
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Parfois il se demande s'il éprouverait ce sentiment même de solitude si l'on ne l'avait pas éveillé à l'idée qu'il devrait se sentir seul, que l'existence qu'il mène a quelque chose d'étrange et d'inacceptable.
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Mais comment était-on censé devenir adulte ? La vie de couple constituait-elle vraiment la seule alternative convenable ? (Mais alors, une alternative unique n'en était pas une du tout.)
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Mais aujourd'hui l'époque était à la réalisation de soi, une époque où se contenter d'une existence de second choix passait pour un signe de faiblesse innommable. En un sens, le fait d'accepter ce qui semblait devoir être son destin - autrefois considéré comme une forme de dignité - n'était plus à l'heure actuelle qu'une marque de couardise.
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Je me suis toujours demandé comment les gens avaient su que le temps était venu de partir, de quitter Phnom penh, Saigon ou Vienne. Que fallait il qu'il vous arrive pour que vous décidiez de tout abandonner, pur que vous perdiez l’espoir que la situation s'améliore un jour, que vous vous précipitiez vers une vie dont vous ignorez tout ? Je m'étais toujours imaginé que cette conscience vous venait lentement, lentement mais inexorablement, si bien que les changements aussi terrifiants que soit chacun d'eux devenaient inopérants de par leur fréquence même comme si les avertissements perdaient en urgence du fait de leur multiplication.
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Et puis un matin, une semaine plus tard, sa mère lui téléphona : Hemming était mort. Il demeura sans voix. Il ne parvînt pas à lui demander pourquoi elle ne l'avait pas informé de la gravité de la situation, parce qu'une part de lui savait pertinemment qu'elle ne l'aurait de toute façon pas fait. Il ne parvint pas à lui exprimer qu'il regrettait de ne pas avoir été là, parce qu'elle ne lui aurait rien répondu. Il ne parvint pas à lui demander ce qu'elle ressentait, parce que rien de ce qu'elle lui confierait ne serait suffisant. Il avait envie de hurler contre ses parents, de les frapper, de susciter quelque chose en eux - qu'ils s'effondrent de douleur, perdent leur contenance, reconnaissent qu'un événement terrible avait eu lieu, qu'avec la mort d'Hemming, ils avaient perdu une part vitale et essentielle d'eux-mêmes. Il se moquait de savoir s'ils le ressentaient véritablement de la sorte ou pas : il avait juste besoin de les entendre le dire, de sentir que leur calme imperturbable dissimulait autre chose, que quelque part en eux coulait un mince ruisseau d'eau vive et fraîche, grouillant de vies délicates, de petits poissons, d'herbes et de minuscules fleurs blanches, toutes tendres, si fragiles et vulnérables que l'on ne pouvait pas les regarder sans éprouver de la peine pour elles.
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une fois que l’on cessait d’y croire, le reste du monde vous emboîtait le pas 
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À quel moment, à force de poursuivre ses ambitions, devenait-on plus imprudent que courageux ? Comment savait-on quand il fallait renoncer 
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 Et de toute façon, en quoi une relation amicale était-elle plus dépendante qu’une relation amoureuse ? Pourquoi considérait-on l’amitié admirable à vingt-six ans, mais suspecte à trente-six ? Pourquoi l’amitié valait-elle moins qu’une relation amoureuse ? Pourquoi ne valait-elle pas plus, même ? Elle consistait en ce que deux personnes demeuraient ensemble, jour après jour, liées non par le sexe ou l’attirance physique, par l’argent ou la propriété commune, mais seulement par un accord partagé de continuer, un dévouement mutuel envers une union qui ne pourrait jamais être codifiée. L’amitié comprenait d’être témoin du lent écoulement des malheurs d’un autre, ainsi que de longues périodes d’ennui, et d’occasionnels triomphes.
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Mais ce qu’Andy ne comprit jamais a propos de lui était la chose suivante : il était un optimiste. Chaque mois, chaque semaine, il décidait d’ouvrir les yeux, de vivre une nouvelle journée dans ce monde. Il s’y astreignait quand il se sentait si affreusement mal que parfois la douleur semblait le transporter dans un état autre, où tout, même le passé qu’il tentait avec tant de peine d’oublier, paraissait s’estomper en un lavis de gris. Il s’y obligeait quand des souvenirs l’empêchaient de penser à quoi que ce soit d’autre, quand se rattacher à son existence actuelle, s’empêcher de bouillir de désespoir et de honte exigeait un véritable effort, une véritable concentration. Il s’y contraignait quand il était épuisé d’essayer, quand se réveiller et se mettre debout requérait tant d’énergie qu’il lui fallait réfléchir allongé dans son lit aux raisons de se lever et de réessayer, quand il aurait été beaucoup plus simple d’aller dans la salle de bains, de décoller de leur cachette, sous le lavabo, les sacs en plastique contenant ses compresses de coton, ses lames de rasoir, ses lingettes imbibées d’alcool et ses pansements et de rendre les armes, tout simplement. Ces jours-là étaient de vrais mauvais jours.
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parfois, durant ces séances (il s'était mis à les considérer comme une sorte de cours intensifs qui lui permettraient de remédier à ses lacunes culturelles), il surprenait Willem en train de l'observer d'un air indéchiffrable et se demandait ce que ce dernier avait pu deviner à son propos. par moments, il devait résister au désir de s'ouvrir à lui. il lui arrivait de penser que, peut-être, il se fourvoyait. avouer à quelqu'un que, la plupart du temps, il comprenait à peine ce dont les gens parlaient, qu'il n'entendait rien à leur langage commun lorsqu'ils évoquaient leurs impairs et frustrations d'enfants, le soulagerait peut-être. mais finalement, il s'en gardait, car admettre l'ignorance de ce langage impliquerait d'expliquer celui que lui parlait.

pages 150-151
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Même si souvent il a moins l'impression de vivre que de simplement exister, d'être mû à travers les jours plutôt que de se mouvoir lui-même à travers eux.
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- Je suis désolé, Andy, dit-il.
- Je sais que tu l'es, répondit Andy. Mais tu n'as pas pas besoin de demander pardon... pas à moi en tout cas.
- À Harold, fit-il.
- Non, le corrigea Andy. Pas à Harold non plus. Juste à toi-même.
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La psychothérapie, les psychothérapeutes, promettaient une rigoureuse absence de jugement ( mais n'était-ce pas une impossibilité, le fait de parler à une personne sans qu'elle vous juge ?), et pourtant, derrière chaque question, se trouvait un sous-entendu, qui vous poussait gentiment mais inexorablement vers la reconnaissance d'une faille, vous incitait à résoudre un problème dont vous ne connaissiez pas l'existence. Au fils des ans, il avait eu des amis qui avaient été convaincus que leur enfance avait été une enfance heureuse, que leurs parents les avaient fondamentalement aimés, jusqu'à ce que la psychothérapie les rende sensibles au fait qu'ils n'avaient pas été heureux, qu'ils n'étaient pas heureux. Il ne voulait pas que cela lui arrive ; il ne voulait pas qu'on lui dise que sa satisfaction n'était finalement pas de la satisfaction, mais un fantasme.
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Parfois la pression pour atteindre le bonheur devenait presque oppressante, comme si celui-ci était une chose à laquelle tout le monde devait et pouvait accéder, et que le moindre fléchissement dans cette quête vous était en quelque sorte imputable.
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Mais le mois d'euphorie passa, janvier arriva, Willem partit en Bulgarie pour son film, et les anciennes craintes resurgirent, accompagnées de nouvelles. Ils étaient convoqués au tribunal le quinze février, le prévint Harold, et, grâce à un léger changement d'emploi du temps, Laurence présiderait. Maintenant que la date était si proche, il avait l'âpre et inéluctable impression qu'il risquait de tout gâcher et il se mit, d'abord de manière inconsciente puis assidue, à éviter Harold et Julia, convaincu que si on leur rappelait de façon trop active ce dans quoi ils s'engageaient ils changeraient d'avis. Aussi, quand ils vinrent en ville pour voir une pièce la deuxième semaine de janvier, il prétendit être à Washington pour le travail, et lors de leurs coups de téléphone hebdomadaires, il essayait d'en dire très peu et d'écourter la conversation. Chaque jour, l'improbabilité de la situation devenait dans son esprit de plus en plus énorme et vive ; chaque fois qu'il apercevait son reflet d'affreux zombie clopinant sur la façade vitrée d'un immeuble, il avait la nausée : qui, en vérité, voudrait de cette chose? L'idée qu'il pourrait appartenir à quelqu'un d'autre lui paraissait de plus en plus grotesque, et si Harold le revoyait ne serait-ce qu'une fois, comment pourrait-il ne pas en venir à la même conclusion?
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