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Citations de Hanya Yanagihara (203)


Une relation ne procure jamais tout. Elle ne peut que te procurer certaines choses. Tu prends toutes les qualités que tu souhaites chez quelqu’un - l’attrait sexuel, disons, ou l’art de la conversation, ou le soutien financier, ou encore la compatibilité intellectuelle, la gentillesse, la loyauté - et tu choisis trois de ces qualités. Trois - c’est tout. Peut-être quatre si tu es très chanceux. Le reste tu dois le chercher ailleurs. Ce n’est que dans les films qu’on trouve quelqu’un qui t’offre toutes ces choses. Mais on n’est pas au cinéma. Dans le monde réel, on doit identifier quelles sont ces trois qualités avec lesquelles on veut passer le reste de sa vie, et ensuite chercher ces qualités chez quelqu’un. C’est ça la vraie vie. Tu ne vois pas que c’est un piège ? Si tu continues à essayer de tout trouver, tu finiras seule.
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« Mais ce sont quand même tes parents, lui disait Malcom à peu près une fois par an. Tu ne peux pas simplement cesser de leur parler. » Pourtant cela se pouvait, cela arrivait : il en était la preuve. Comme n’importe quelle autre relation, pensait-il, celle-ci exigeait un entretien, une dévotion et un soin constants, et si aucune des deux parties ne voulait faire d’effort, pourquoi ne dépérirait-elle pas ?
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Aussi éprouvait-il de la reconnaissance à l'égard de ses amis pour l'avoir relativement si peu sondé, l'avoir laissé être lui-même, une prairie déserte, anonyme, sous la surface jaune de laquelle la terre noire grouillait d'os calcifiés lentement métamorphosés en pierres.
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«Un homme qui passe son temps à se lamenter sur son sort n'a rien de séduisant », répétait souvent sa grand-mère.
Et une femme, alors ?
« Tout aussi peu séduisant, mais compréhensible, répondait-elle. Une femme a largement de quoi se plaindre. »
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Il gardait les rideaux fermés la plupart du temps, mais on pouvait les ouvrir tous d’un coup, et l’espace apparaissait alors comme un rectangle de pure lumière, le voile vous séparant du monde extérieur soudain d’une minceur incroyable. Il a souvent le sentiment que son appartement est un mensonge : celui-ci suggère que la personne qui y vit est quelqu’un d’ouvert, d’énergique, de généreux dans ses réponses, et, bien sûr, il n’est pas cette personne. Lispenard Street, avec ses alcôves, ses dédales obscurs et ses murs qui avaient été repeints de si nombreuses fois que l’on pouvait sentir les stries et les cloques, où les papillons et autres insectes s’étaient retrouvés entre les couches, constituait un reflet bien plus exact de qui il était.
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.. ces joies, le plaisir que me procurait sa présence étaient inextricablement liés à mon amour pour elle. Aujourd’hui, cependant, ce plaisir a disparu, il est remplacé par une autre sensation plus profonde et plus douloureuse aussi. C’est comme si je ne pouvais pas m’empêcher de la voir multipliée par trois : l’ombre de l’enfant qu’elle était, la réalité de ce qu’elle est maintenant, la projection de celle qu’elle est maintenant, la projection de celle qu’elle pourrait devenir. Je pleure la première, je suis dérouté par la deuxième et redoute la troisième. Je n’avais jamais mesuré tout ce que j’avais considéré comme allant de soi pour son avenir, jusqu’à ce qu’elle sorte du coma si profondément transformée.
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Mon identité se modifiait en fonction des quartiers que je traversais. À Manhattan, on me pensait noir, mais à Harlem, on savait que je ne l'étais pas. On s'adressait à moi en espagnol, en portugais, en italien et même en hindi, et quand je répondais que j'étais hawaïen, les gens me répondaient invariablement qu'eux-mêmes, un frère ou un cousin, y étaient allés après la guerre, et me demandaient ce que je faisais à New-York, si loin de chez moi, alors que j'aurais pu batifoler sur une plage avec une jolie petite hula.
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«Eh bien, répondit Edward au bout de quelques secondes, nous pourrions aller chez moi, si cela vous convient - j'habite tout près. »
David fut surpris de cette proposition, mais elle lui plut, car n'était-ce pas exactement ce genre de comportement qui l'avait poussé vers Edward depuis le début ? Une promesse de liberté d'esprit, un joyeux mépris des conventions, un rejet des vieux usages et des conventions ? C'était un garçon de son temps, et en sa présence, David se sentait jeune lui aussi, si bien qu'il accepta aussitôt, enhardi par l'irrévérence de son nouvel ami.
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Et si Manhattan était envahie par les eaux, une île qui ne soit plus qu'un réseau de canaux et de rivières, où les gens se déplaçent dans des pirogues en bois et où vous ramèneriez des filets regorgeant d'huîtres des eau troubles coulant sous votre maison désormais sur pilotis. Ou s'ils habitaient une métropole étincelante et complètement dépourvue d'arbres, entièrement couverte de givre, aux immeubles bâtis avec des blocs de glace empilés, où l'on chevauche des ours polaires pour se déplacer et où l'on ait des phoques comme animaux de compagnie, contre les flancs tremblants desquels on se blotirait à la tombée de la nuit à la recherche d'un peu de chaleur. Se reconnaîtraient-ils encore quand ils se croiseraient sur différentes embarcations ou que leurs pas feraient crisser la neige alors qu'ils se hâteraient de rentrer au coin du feu ?
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Grand-Père m’avait expliqué un jour qu’on décourageait l’évocation du passé, parce qu’elle rendait les gens furieux ou tristes, mais David, apparemment, n’était ni l’un ni l’autre. C’était comme s’il décrivait ce qui était arrivé non pas à lui mais à quelqu’un d’autre, à une personne qu’il ne connaissait pas vraiment.
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Avant la naissance de Jacob, j'avais demandé un soir à mon père s'il avait des paroles de sagesse à me transmettre. Je plaisantais, mais il l'a pris sérieusement, comme pour toutes les questions que je lui posais.
- Hum, a-t-il dit. Eh bien, la chose la plus difficile dans le fait de devenir parent est la capacité d'adaptation. Meilleur on s'avère en la matière, meilleur parent on est.
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Ils n’avaient pas d’argent, et nul ne savait combien de temps il leur restait à vivre. Se préparer à avoir trente ans, sans songer encore à quarante et moins encore à cinquante, c’était comme acheter des meubles pour décorer une maison de sable – qui pouvait dire quand elle serait emportée par la mer, et qu’elle commencerait à se détruire toute seule, à se désagréger peu à peu ? Il valait bien mieux utiliser l’argent gagné à la sueur de votre front à vous convaincre que vous étiez encore en vie.
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En vieillissant, il se met de plus en plus à songer à son existence comme une série de rétrospectives, jaugeant chaque saison qui passe comme s'il s'agissait d'un millésime, divisant les années qu'il vient de vivre en ères historiques : Les Années d'ambition. Les Années d'insécurité. Les Années de gloire. Les Années de désillusion. Les Années d'espoir.
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L'existence était effrayante, mystérieuse. Même l'argent de Malcom ne l'immuniserait pas complètement. La vie lui arriverait, et il essaierait d'y réagir, tout comme le reste d'entre eux. Tous - Malcom avec ses maisons, Willem avec ses petites amies, JB avec ses peintures, lui avec ses lames de rasoir - cherchaient le réconfort, cherchaient à posséder quelque chose qui ne serait qu'à eux, pour conjurer l'immensité, l'impossibilité du monde, l'implacabilité de ses minutes, ses heures, ses journées.
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Dans des moments plus généreux et empreints d’émerveillement, il s’imaginait Jude en magicien, dont l’unique tour consistait en la dissimulation, mais qu’il aurait perfectionné d’année en année, de sorte qu’aujourd’hui il lui suffisait de ramener un pan de sa cape de soie devant ses yeux pour devenir aussitôt invisible, même au regard de ceux qui le connaissaient le mieux. Cependant, à d’autres moments, il réprouvait amèrement ce tour de passe-passe, se sentait éreinté par toutes ces années à conserver les secrets de Jude et ne rien recevoir en retour hormis les bribes les plus avares d’informations, à se voir refuser la possibilité ne serait-ce que d’essayer de l’aider, de s’inquiéter publiquement pour lui. Ce n’est pas juste, pensait-il dans ces moments. Ce n’est pas cela l’amitié. C’est quelque chose, mais pas de l’amitié. Il avait le sentiment de s’être fait entraîné dans un jeu de complicité, auquel il n’avait jamais eu l’intention de jouer. Tout ce que Jude leur communiquait indiquait qu’il ne voulait pas qu’on l’aide. Mais Willem ne pouvait accepter cette idée. La question était : comment ignorer la demande de quelqu’un qui veut qu’on le laisse tranquille – même si cela signifiait mettre l’amitié en péril ? C’était une énigme navrante : comment aider une personne qui ne veut pas qu’on lui porte assistance tout en se rendant compte que ne pas l’aider revient à ne pas être son ami du tout ? Parle-moi, avait-il parfois envie de crier à l’adresse de Jude. Raconte-moi des choses. Dis-moi ce que je dois faire pour t’obliger à me parler.

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- Quel est le problème avec Félix, à votre avis ? avait demandé M.Baker.
La question le surprit et il hésita avant de répondre :
- Je ne pense pas que Félix ait un problème, monsieur, répondit-il prudemment. Je pense simplement qu’il n’est pas…
Heureux, faillit-il dire. Mais qu’était le bonheur, sinon une lubie, un état impossible à préserver, en partie parce qu’on se l’expliquait si mal ? Enfant il ne se rappelait pas avoir jamais été en mesure de définir le bonheur : il n’y avait que le malheur ou la peur – ou bien l’absence de malheur et de peur, la seule chose qu’il ait jamais souhaitée ou désirée.
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We all say we want our kids to be happy, only happy, and healthy, but we don't want that. We want them to be like we are, or better than we are. We as humans are very unimaginative in that sense. We aren't equipped for the possibility that they might be worse. But I guess that would be asking too much. It must be an evolutionary stopgap - if we were all so specifically, vividly aware of what might go horribly wrong, we would none of us have children at all.
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De vrais Hawaïens, d'authentiques Hawaïens, c'était la première fois que je l'entendais utiliser pareilles expressions, et bientôt elles me donneraient la nausée, autant parce que je ne les comprenais pas. Je savais seulement que, selon ce raisonnement, je n'étais pas un vrai Hawaïen. Un vrai Hawaïen était plus en colère, plus pauvre, il savait se faire entendre. Il parlait couramment la langue, il dansait avec énergie, il chantait de toute son âme. Non seulement il n'était pas américain, mais il se fâchait si vous vous vous avisiez de le considérer comme tel. La seule chose que je partageais avec un Hawaïen authentique, c'était la couleur de ma peau et mon sang, même si par la suite, on devait me reprocher aussi ma famille,, preuve manifeste de mes tendances à l'assimilation. Même mon prénom serait jugé insuffisamment hawaïen, alors qu'un roi des îles l'avait porté - c'était l'hawaïnisation d'un nom chrétien, et donc pas hawaïen du tout.
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Chaque année, ses chances s’intensifiaient et se multipliaient, et il ne cessait de s’étonner des actes de générosité dont il faisait l’objet, d’être surpris par des personnes qui entraient dans sa vie, si différentes de celles qu’il avait connues auparavant qu’elles semblaient appartenir à une espèce complètement autre : comment, en définitive, Dr Taylor et Willem pouvaient-ils être tous les deux désignés sous le même terme « d’être humain » ? Et Père Gabriel et Andy ? Et Frère Luke et Harold ? Est-ce que ce qui caractérisait le premier groupe existait aussi dans le second, et si c’était le cas, comment ce second groupe avait-il choisi d’agir différemment, de devenir autre ? Sa vie ne s’était pas seulement améliorée, elle s’était renversée, avait accompli un demi-tour complet. Il était passé de rien à une générosité embarrassante. Il se rappelait, alors, la confession de foi de Harold, selon laquelle l’existence travaillait à compenser les pertes qu’elle pouvait infliger, et en appréciait la vérité, même si parfois il lui semblait que l’existence ne s’était pas seulement contentée de compenser le sort qu’elle lui avait infligé, mais s’était surpassée de façon extravagante, comme si sa vie même l’implorait de lui pardonner, le couvrant de richesses, de toutes les belles et merveilleuses choses qu’il avait pu espérer, de sorte qu’il ne lui en veuille pas et l’autorise à se poursuivre.
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« Cher Jude, écrivait Harold, merci pour ton magnifique mot (même s’il n’était pas nécessaire). Tout dedans me ravit. Tu as raison ; cette tasse m’est très précieuse. Mais tu m’es encore plus cher. Alors s’il te plaît, cesse de te torturer.
Si j’étais une personne différente de celle que je suis, je pourrais dire que cet incident constitue une métaphore de l’existence en général : certaines choses se cassent, et parfois elles sont réparables, mais dans la plupart des cas, on se rend compte que, quel que soit ce qui se retrouve endommagé, la vie fait en sorte d’en compenser la perte, parfois de manière merveilleuse.
En réalité, je suis peut-être l’une de ces personnes après tout.
Amitiés, Harold. »
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