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Citations de Harald Gilbers (115)


Le Parti aidait certes des mères célibataires à mettre leurs enfants au monde – si ceux-ci étaient bien sûr de « sang pur » –, mais il ne le faisait pas par philan­thropie. Dans cet endroit en apparence idyllique, on était aussi en état de guerre. Même si ce qui se tramait dans ce centre n’avait aucune influence directe sur la situation actuelle sur le front russe, on préparait les conflits futurs. Les nazis renforçaient leur armement, non pas avec de nouvelles machines meurtrières, mais avec du matériel humain. Chaque femme de ce pays avait le devoir de fournir le plus d’enfants possible au régime ; en récompense, on lui décernait la croix d’honneur de la mère allemande pour avoir donné à la patrie des fils qui serviraient à l’avenir de chair à canon. Dans les foyers du Lebensborn devaient naître les futurs cadres du Parti. Une élite au sang pur qui, dans l’esprit de Hitler, prendrait par la suite les rênes du Reich.
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L’enfer, c’était un lieu qui grouillait de monde. Un lieu auquel certains essayaient d’échapper à cor et à cri, pendant que d’autres y affluaient dans l’espoir de trouver un refuge. Où des infirmières du NSV complètement débordées distribuaient aux réfugiés du thé infect et de maigres tranches de pain tartinées d’une bouillie à l’eau et à la farine frelatée. Où les renfoncements d’un couloir servaient de toilettes publiques, faute d’alternative. Où des hommes et des femmes, pantalons baissés et jupes relevées, faisaient leurs besoins en plein jour devant tout le monde. Où des gens se précipitaient dans des wagons vides et attendaient ensuite durant des heures jusqu’à ce que les trains démarrent à la faveur de la nuit. Cet enfer sur terre avait un nom. On l’appelait la gare de Silésie.
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— Alors comme ça, vous êtes juif, Oppenheimer ?
— En effet.
— Ça peut arriver, commenta le ministre. Mais le Hauptsturmführer Vogler semble tenir vos talents de commissaire en grande estime. Cela étant, personne ne doit apprendre que vous êtes d’origine non aryenne. S’il n’y avait pas votre nom pour vous trahir, on pourrait vous prendre pour un citoyen allemand de sang pur. Je suppose que vous bénéficiez d’un autre logement pour la durée de l’enquête ?
Oppenheimer le regarda d’un air étonné.
— J’habite dans une maison juive.
— Et comment faites-vous le matin pour vous rendre au travail ?
Oppenheimer hésita. Il ne savait pas où le ministre voulait en venir. Vogler répondit pour lui :
— L’un de mes hommes passe le prendre tous les matins. Nous avons aménagé un bureau pour lui dans la colonie de Zehlendorf.
Goebbels bondit de son siège.
— Vous avez perdu l’esprit, Vogler ? Il faut mettre un terme à ces trajets inutiles. Fournissez-lui un logement près de son bureau, mais en aucun cas dans une maison juive !
Il pivota vers Oppenheimer et ordonna :
— Jusqu’à la fin de cette enquête, je vous relève de votre appartenance au peuple juif. À partir de maintenant, vous serez traité comme un Aryen. Un point c’est tout. Vogler s’occupera du nécessaire. Merci, messieurs.
Complètement dérouté, Oppenheimer ne sut que répondre. Il ignorait que le ministre de la Propagande avait le pouvoir d’exclure quelqu’un de sa communauté religieuse. Qu’allait-il se passer à présent ? Son prépuce repousserait-il par l’opération du Saint-Esprit ?
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- Sous Hitler, on pouvait prouver notre bravoure.

J'étais dans le Volkssturm, Jo a même été au front. On pouvait voir d'autres pays, on nous donnait de beaux uniformes. Partout, on était respectés. C'étaient des temps héroïques. Pas comme aujourd'hui. Maintenant, les jours se suivent avec monotonie, les étrangers se moquent de nous et notre patrie n'est plus qu'un tas de gravats.

Le commissaire s'était déjà rendu compte qu'une partie de la population regrettait les idées nationales-socialistes. Toutes les victimes innocentes du nazisme et la défaite dévastatrice subie par Hitler et ses suppots suffisaient à prouver que cette idéologie dégradante ne valait rien, mais elle semblait indéracinable. Oppenheimer n'avait rien contre une certaine dose de patriotisme, tant que celui-ci n'était pas employé pour dénigrer les autres peuples. Mais la frontière était vite franchie.
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Oppenheimer n’avait jamais adhéré à la représentation chrétienne de l’enfer. À ses yeux, c’était avant tout une image dissuasive, que l’on retrouvait dans beaucoup de religions. Menacer d’une punition quiconque commettrait un péché avait servi pendant des millénaires à refréner les pulsions primitives des hommes, mais Oppenheimer était persuadé que ce concept était dépassé. Le châtiment divin après la mort avait été remplacé ici-bas par les poursuites judiciaires. Il avait toujours pensé qu’une sanction pénale n’était pas qu’une mesure de représailles, mais devait aider le criminel à revenir sur le droit chemin.[...]
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«Richard, versprichst du mir, abzutauchen ?»
Oppenheimer grummelte unverständlich vor sich hin. Er hasste es, wenn Lisa ihm ein Versprechen abverlangte. Das war ihre Art, Befehle zu geben.
(«Richard, tu me promets de te mettre à l'abri ?»
Oppenheimer grommela dans sa barbe. Il détestait ça, quand Lisa lui soutirait une promesse. C'était sa façon de lui donner des ordres.)
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Il examina attentivement les cheveux noirs gominés de Goebbels et son nez proéminent. Vogler, avec ses traits grossiers, ne correspondait pas non plus à l’idéal de beauté national-socialiste. Oppenheimer sourit intérieurement. Dans cette pièce, lui, le Juif, était celui qui ressemblait le plus à un Aryen. C’était le monde à l’envers.

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Il était déjà arrivé plusieurs fois à Oppenheimer d'être surpris par une alarme alors qu'il circulait en ville. Dans ces cas-là on n'avait pas le choix : il fallait ouvrir l'oeil pour trouver un panneau indiquant un LSR*. Brehm, son collègue, lui avait raconté récemment avec un sourire amusé que les plaisantins de Berlin avaient donné à cette abréviation une autre signification : "Lernt schnell Russisch".**

*Luftschutzraum : abri antiaérien
**Apprenez rapidement le russe
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Oppenheimer ferma les yeux pour oublier un instant la sinistre cave dans laquelle ils étaient désormais enfermés. Dehors, au même moment, les armées alliées se préparaient à livrer l’ultime bataille contre les troupes du Reich, mais personne ne pouvait prédire combien de temps encore durerait cette folie.
Tandis qu’il serrait Lisa dans ses bras, Oppenheimer réalisa que plus rien ne les séparerait désormais. Il avait enfin fait ce qu’il lui avait toujours semblé trop risqué.
Il avait pris Lisa par la main et s’était enfoui avec elle. Jusqu’à ce lieu.
Le reste suivrait. Car il pourrait s’en tirer, trouver le bonheur avec la personne qu’il aimait.
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Des experts avaient estimé qu'il y avait dans les rues de Berlin cinquante-cinq millions de mètres cubes de terre et de pierre, onze millions de mètres cubes de bois et plus d'un million de tonnes d'acier. Le volume total des ruines représentait environ soixante-quinze millions de mètres cubes. En d'autres mots, évacuer tous les débris des bombardements risquait de prendre plus d'une vingtaine d'années. D'après certains, avec les décombres de la ville, on aurait pu construire jusqu'à Cologne un mur de trente mètres de large sur cinq de haut.
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- J'aimerais tester la qualité du matelas, dit Oppenheimer en quittant ses chaussures.
(...)

Oppenheimer voulut s'étirer voluptueusement lorsqu'il remarqua la mine réprobatrice de Lisa.
- Ca coupe vraiment toute envie, fit-elle en posant les poings sur les hanches.
Son regard était rivé sur le mur derrière lui. Oppenheimer se retourna et découvrit le cadre accroché au-dessus de la tête de lit. En se redressant, il vit le Reichsfürhrer Heinrich Himmler qui l'observait gravement à travers ses lunettes rondes.
Himmler était-il ici pour inciter ses ouailles de la SS à concevoir de futurs petits nazis ?
- Trop, c'est trop, grogna Oppenheimer en tournant le cadre.
- Je préfère que tu me le dises tout de suite : y a-t-il d'autres portraits de bonze du Parti dans la maison ?
- C'est un vrai musée des horreurs, répondit Oppenheimer. A la cave, au-dessus de la radio, se trouve un portrait de notre ami Goebbels. Et nous en avons également un de Göring boudiné dans son uniforme. Devine où il est accroché.
- Dans le garde-manger ?
Lisa se mit à pouffer. Cela faisait bien longtemps que le commissaire ne l'avait pas entendue rire.
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Qu'est ce qui était le pire : torturer les vivants ou souiller les morts ?
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L'objet était une preuve indubitable que Frau Dargel avait travaillé dans un camp de concentration. Il s'agissait d'un porte-monnaie en cuir humain. Sur la peau tannée, on pouvait voir un tatouage représentant des flammes dansantes.
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Mais les métamorphoses étaient toujours difficiles. Ce n'étaient pas seulement la chair et les os qui se détruisaient avant de prendre une nouvelle forme, non, l'esprit devait être, lui aussi, mis en pièces. L'homme avait dû d'abord mourir afin de découvrir le but de son existence. Il avait été élu pour tenir le livre des morts. Depuis qu'il avait compris cela, il évoluait dans un royaume intermédiaire. Il n'appartenait plus au monde des vivants ni à celui des défunts. Rien ne pouvait l'atteindre.
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A travers le pare-brise sale, Oppenheimer distinguait à peine l'arrière arrondi de la voiture KdF* de Hauser. La voiture était vendue au prix très attractif de neuf cent quatre-vingt-dix reichsmarks. L'organisation Kraft durch Freude avait mis en place un système d'épargne original. Les foyers modestes pouvaient ainsi verser chaque semaine cinq marks sur un compte spécial pour payer leur véhicule. Mais jusqu'à présent, aucune automobile n'avait été livrée. Avec l'argent récolté, le régime avait financé la construction de l'usine Volkswagen près de Fallersleben. Depuis le début de la guerre, celle-ci ne produisait cependant que des modèles modifiés destinés au front.

*Ancêtre de la Volkswagen Coccinelle, la voiture KdF a été conçue par Ferdinand Porsche sur la demande d'Adolf Hitler. Elle portait le nom d'une organisation de loisirs, Kraft durch Freude ("La Force par la joie"), qui dépendait du Front du Travail.
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Instauré par l'URSS, le blocus de Berlin avait comme objectif d'user les Alliés occidentaux, afin de les inciter à quitter l'ancienne capitale du Reich. Mais ceux-ci ne cédèrent pas et décidèrent d'emprunter la voie des airs pour approvisionner leurs secteurs.
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L’endroit était froid, aseptisé. Seul le tic-tac sonore de la pendule murale transformait le silence en secondes.
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Prologue

Weydorf, zone d’occupation soviétique
Lundi 6 mai 1946

Oswald Klinke se figea brusquement. Il croyait avoir entendu quelque chose choisi derrière lui. Un bruit qui n’avait rien à faire là où il s’est trouvé.

Nerveux, il jeta un coup d’œil alentour. Il semblait être seul au milieu du vaste champ d’orge. Un amoncellement de nuages ​​menaçants avait masqué le soleil printanier. Le vent charriait l’odeur de l’orage naissant et faisait frémir les épis. Non loin de là se dressait un mannequin de paille, coiffé d’un chapeau et vêtu de haillons flottants. Son visage sans yeux paraissait se moquer du promeneur inquiet. Mais ce n’était pas lui qui avait attiré l’attention de Klinke. D’ordinaire, les épouvantails ne respiraient pas bruyamment.

L’inconnu était-il déjà à ses trousses? À cette pensée, Klinke frissonna. Il revenait d’un enterrement. Depuis Pâques, le glas avait déjà sonné quatre fois. Et, à présent, il devinait que la cloche ne tarderait pas à tinter de nouveau s’il ne se montrait pas vigilant.

Il avait commis une erreur en coupant à travers les champs pour rentrer chez lui. S’il avait longé la grand-route, il aurait été en sécurité parmi les habitants du village. Mais ici, il ne pouvait pas compter sur personne.

Mieux valait peut-être feindre de ne rien avoir remarqué. Maintenant qu’il était prévenu, c’était lui qui bénéficiait d’un certain effet de surprise sur son poursuivant. De manière ostensiblement nonchalante, il marcha jusqu’à un arbre qui s’élevaitau bord du chemin et se pencha pour refaire ses lacets. Du coin de l’œil, il scruta le champ d’orge.

Klinke essaya de maîtriser sa respiration. Malheureusement, il n’était pas homme de sang-froid – du moins quand était livré à lui-même.

Malgré tout, il était préparé. Un pistolet de la Wehrmacht était caché dans la poche de son costume noir. Durant les jours agités qui avaient suivi la défaite du Reich, il avait trouvé le Walther P38 et uniforme dissimulés dans un fossé non loin du village. Officiellement, les Allemands proposés plus le droit de possession d’une arme à feu. Si les occupants soupçonnaient quelqu’un de faire partie des derniers partisans d’Adolf Hitler, le malchanceux était aussitôt arrêté et disparaissait à tout jamais dans une prison soviétique. Mais comme il était très rare qu’une patrouille russe fasse irruption à Weydorf, Klinke avait préféré s’emparer du pistolet. Depuis, il le portait toujours sur lui. Après tout, il fallait pouvoir se défendre.

Comme il était le seul médecin dans cette pièce retirée, c’était lui qui avait examiné les quatre personnes mortes récemment afin d’obtenir les certificats de décès. Il avait vu les signes laissés par le meurtrier, mais il avait été incapable de les interpréter. Et maintenant qu’il comprenait ce que tout cela signifiait, il était probablement trop tard.

La principale prête à glisser dans la poche de son veston, il attendit que son adversaire se rue sur lui. Mais rien ne se passa. Au bout d’un moment, il perçut un bruit de sabots sur le sentier. Une charrette tirée par un cheval efflanqué avançait vers lui en cahotant.

Klinke poussa un soupir de soulagement. Le visage rond de l’homme qui menait la carriole lui était familier. C’était le vieux Richter. Comme toujours, ses cheveux hirsutes jaillissaient de sous le rebord de son chapeau. Vêtu de son complet du dimanche, il rentrait sans hâte chez lui. Présent lui aussi à l’enterrement, il n’avait manifestement aucune raison de se presser.

– Puis-je vous raccompagner, Herr Doktor? s’enquit-il en immobilisant sa charrette.

Le médecin s’empressa d’accepter l’invitation et grimpa sur le banc du véhicule. Richter fit claquer les rênes; pesamment, la carriole s’ébranla.

Klinke souleva son chapeau pour essuyer son front dégarni avec un mouchoir. Le malheur qui s’était abattu sur le village avait transformé sa vie en cauchemar. Toutes ses certitudes avaient été balayées. Les lieux et les gens qui l’entouraient étaient toujours les mêmes, mais plus rien ne serait comme avant.

Richter semblait ruminer des pensées similaires. Après quelques instants de silence, il émet un grognement rageur.

– Je sais, murmura Klinke en guise de réponse. C’est déjà le quatrième.

– Le quatrième d’entre nous, précisa Richter.

Klinke se contenta d’acquiescer de la tête.

Le premier cadavre avait été retrouvé dans une écurie, le crâne fracassé par le sabot d’un cheval. Le médecin avait d’abord cru à un accident tragique. Puis, cinq jours plus tard, une autre victime était décédée dans l’incendie d’une grange. À Weydorf, les pompiers volontaires étaient plus nombreux. La plupart des hommes dans la force de l’âge étaient partisans pour le front. S’ils n’étaient pas tombés pour Adolf Hitler, ils étaient portés disparus ou croupissaient dans un camp de prisonniers alliés. Tous les habitants du village avaient donc accouru pour combattre le feu. Seule une personne avait manqué à l’appel: le propriétaire de la grange. Au bout de quelques heures, on avait retrouvé son corps calciné dans les débris fumants du bâtiment.

Dès le lendemain, le bruit avait circulé dans le bourg que ces décès avaient quelque chose d’étrange choisi. Les deux suivants avaient confirmé la rumeur. Le troisième défunt s’était empalé sur une fausse, et le villageois qu’on venait d’enterrer avait eu la gorge tranchée. Klinke ne doutait plus un instant qu’un meurtrier sévissait à Weydorf.

Richter savait qu’il pouvait parler avec franchise au médecin. Tous deux partageaient de sombres secrets.

– Ce salopard ne prend même plus la peine de maquiller ses crimes, marmonna-t-il d’un ton rageur. Maintenant, il zigouille tranquillement nos gens en toute impunité. Est-ce que vous avez ordonné que le cercueil reste fermé à l’église, Herr Doktor?

Klinke opina.

– Que pouvais-je faire d’autre? Je ne voulais pas courir le risque de provoquer une panique dans le village.

Il aurait été impossible de dissimuler le cou lacéré de la victime sous le col de sa chemise. La vue de cette plaie béante avait hanté Klinke ces derniers jours. Une atroce paire de lèvres qui lui avait jeté un sourire railleur durant tout le temps où il avait examiné le cadavre.

– C’est exactement ce que cherche le meurtrier, reprit le médecin. Il veut semer la peur parmi nous. Sinon, il ne s’amuserait pas à graver ces maudits signe sur la porte des maisons où vivaient ses proies.

Richter secoua la tête avec véhémence.

– Des gamineries. Ce sont sûrement de petits vauriens des environs qui ont fait ça.

Lorsque Klinke était allé présenter ses condoléances à la famille de la première victime, il avait remarqué un symbole gravé sur la porte de l’habitation. Comme le signe grossièrement sculpté n’avait aucun sens au premier regard, il n’y avait pas d’attention prêté.

La peur était venue plus tard, après le troisième meurtre. C’était à ce moment-là que le médecin avait compris. Traversant fébrilement le village, il avait observé que toutes les maisons des hommes assassinés étaient marquées d’une étrange figure.

– Je ne crois pas aux coïncidences, rétorqua-t-il. Le meurtrier sait exactement ce qui s’est passé ici. Il pense que nous sommes coupables. Et à présent, il nous élimine l’un après l’autre.

Ayant soudain du mal à respirer, Klinke desserra son nœud de cravate et ouvrit le premier bouton de sa chemise.

Richter grimaça.

– Mais que signifient ces satanés symboles? Pourquoi le salaud chercherait-il à se trahir? Pour nous pousser à alerter les flics?

– Il sait que nous n’irons pas voir la police.

Richter garda le silence. Puis il approuva lentement du chef.

Les deux hommes parcoururent le reste du chemin sans un mot. Klinke ne cessait de jeter des coups d’œil autour de lui. Mais il eut beau scruter le paysage, il ne vit aucune trace de son poursuite.

Richter tira sur les rênes en arrivant devant le domicile du médecin. Ce dernier descendant de la charrette et traversa son potager. Derrière lui, il entendit l’attelage se remettre en branle.

Au même moment, le soleil de midi perça les nuages. Légèrement ébloui, Klinke glissa la main dans la poche de son pantalon pour sortir son trousseau de clés. Lorsque ses yeux se sont habitués à la soudaine clarté, il s’immobilisa. Un symbole était gravé sur sa porte d’entrée.

S’arrachant à sa stupeur, il fit un pas en avant. C’était la même figure qu’il avait remarquée chez les quatre victimes.

Elle représentait un être humain. Cette fois, le tueur avait fait preuve de plus d’application, et Klinke s’aperçut qu’il avait voulu d’un homme porté d’une paire d’ailes.

Il frissonna. Ainsi, l’assassin voulait l’avertir. C’était la fin. Il avait trop longtemps bercé d’illusions.

Virevoltant sur lui-même, il s’élança dans la rue pour rattraper la carriole qui s’éloignait. Il agita furieusement les bras et poussa des cris.

Surpris, Richter se retourna. En voyant le médecin affolé, il arrêta son cheval.

Klinke le rejoignit et posa la main sur le flanc de la charrette.

– Il faut prévenir les habitants du village, glapit-il, hors d’haleine. C’est moi le prochain sur la liste! Nous devons partir d’ici. Sur-le-champ !
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Les hautes bibliotheques remplies de livres semblaient constituer une sorte de rempart spirituel qui protegeait Hilde de la folie qui faisait rage a l'exterieur du domaine.Les oeuvres bannies trouvaient ici un asile et une gardienne courageuse
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Avec le recul, c'est peut-être mieux que l'attentat ait échoué. Bien sûr, c'est important qu'on ait tenté au moins une fois de renverser le pouvoir. Ne serait-ce que pour montrer qu'il existe dans notre pays une opposition. Néanmoins, que se serait-il passé s'ils avaient vraiment tué Hitler ? Oui, le régime aurait été mis à bas, pourtant une nouvelle légende du "coup de poignard dans le dos" serait née. C'est tragique pour toutes les victimes qui vont encore tomber, mais on ne se débarrassera complètement de l'idéologie nazie que si Hitler et sa bande se plantent en beauté. S'ils doivent capituler, tout le monde reconnaîtra qu'ils ne sont qu'un ramassis de gens méprisables. De cette manière, ils ne pourront pas imputer la défaite à d'autres. Ce n'est ainsi qu'on prouvera l'absurdité de toutes ces foutues théories d'une race supérieure. P 47
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