Citations de Hédi Kaddour (127)
[...] le "cum" si fréquent qu'il en est naturel, c'est-à-dire qu'il n'a pas l'air d'avoir été installé par une voix humaine entre deux objets, mais de faire matériellement partie de ces objets qu'évoque la voix.
Elle essaie de ne pas vieillir, d'avoir un visage comme un masque, qui lui donne l'air d'une vieille.
Nous l'avons tous laissée grandir en jouant au cerceau, en riant. Et maintenant elle peut tuer ou faire tuer qui elle veut...
Ils étaient les représentants de cette fraction des hommes lisses, ni courtisans ni comploteurs, qui étaient l'appui par défaut - sinon par conviction - du pouvoir impérial.
Car Brutus, Cassius et Caton n'étaient plus que les reliques à froideur de marbre d'un passé devenu impossible.
On était perdu et en même temps prisonnier des histoires de Pétrone. Il brisait ses histoires, brisait son discours, semait des énigmes.
Qu'est-ce que ce règne où chacun se croit à tout moment en danger de mort ?
Domitien est comme Junon, il n'est pas un monstre, il a besoin de se rendre fou pour tuer. Si les méchants n'avaient aucune bonté, ils seraient moins dangereux.
Il en revient aux obscénités, c'est bon signe, c'est qu'il a renoncé aux délicatesses du crime.
Elle se voit déjà avec Publius, un goût de sel sur les lèvres, à la proue de la trirème qui les emmène, dans des claquements de voile, vers l'Asie Mineure, comme Ovide, vers le Pont-Euxin...
Ou plus loin dans les terres, sable et soif.
Les gens n'ont pas peur d'irriter les dieux, ils ont peur de devenir pauvres, et pas seulement de devenir pauvres, ils ont peur de ne pas être assez riches. (pp.352-353)
Toute force a sa faiblesse, surtout quand elle se croit sûre d'elle-même. (p.322)
Il frappe des innocents, et, mieux encore, des innocents qu'il aime, c'est le fond de ses actes, il aime faire des choses qui l'amène à se détester et, du fond de cette détestation, à multiplier les forfaits, les ignominies qu'un reste d'amour de soi eût repoussés, ça fait de lui quelqu'un d'incontrôlable, ce qui n'est pas sans avantage politique car il n'est pas mauvais qu'on ne sache jamais ce que veut vraiment le maître et dieu, c'est même ce qui en fait un dieu. (pp.318-319)
Un Romain se doit toujours de faire le geste qui assurera sa réputation. (p.253)
Les dieux le tourmentent du pire des tourments pour un homme fort: le tourment du ridicule. (p.225)
La croyance qu'on réussit à tromper son maître, c'est ce qui fait la meilleure servitude, la plus rentable pour le maître. (p.217)
Si les méchants n'avaient aucune bonté, ils seraient moins dangereux. (p.131)
Ce qui se fait de pire en matière d'escrocs, les escrocs déguisés en belles âmes... (p.93)
C'est cela la tyrannie, quand les actes honorables d'un citoyen romain deviennent comme autant de petites fautes de tragédie. (p.44)
Quant au peuple, il n'est plus qu'une plèbe. On ne lui parle plus, on lui lance du pain et parfois des sesterces. Cette plèbe ne s'assemble plus au Forum mais au Grand Amphithéâtre, ou au cirque, et quand elle applaudit le Vainqueur ou le Conquérant, ce ne sont pas des généraux mais des chevaux, du parti vert ou du parti bleu, des partis qui peuvent même s'affronter en combats mortels, comme à la guerre. Tandis que certaines des plus respectables matrones de la Ville n'ont plus qu'une ambition, qu'une fierté : se transformer en montures à jockeys...